A Genève les transports publics ont innové depuis quelques années. Ils ont inventé des appareils fous destinés à faire rater le tram. Je veux parler des distributeurs de billets que l’on trouve à chaque arrêt, de part et d’autre des voies.
A moins d’être détenteur d’un abonnement, vouloir prendre un billet en le payant ou au moyen d’une carte prépayée relève d’Indiana Jones. On vous demande de devenir explorateur et de vous perdre dans la pensée du génie malfaisant et sadique qui a mis le système en place.
Imaginons que vous ayez consulté les horaires sur internet. Le site des Transports Publics Genevois donne, dans l’onglet Itinéraire, l’heure de passage des trams à un arrêt donné. Vous introduisez les arrêts de départ et d'arrivée, ainsi que l'heure de départ ou d'arrivée souhaitée. Le site vous propose deux ou trois horaires et précise à chaque fois l'itinéraire. C’est pratique: vous n’attendez pas dix minutes dans le froid si c’est un dimanche et vous gérez votre temps de manière optimale. Mais venons-en à ces fameux appareils.
Premier cas de figure: vous achetez un billet au distributeur. Normalement tous les appareils sont équipés de systèmes pour recevoir les pièces. Mais tous ne rendent pas la monnaie. Si donc vous avec une pièce de 5.- pour payer votre billet, vous devez choisir le bon distributeur, donc le bon côté. Les distributeurs sont souvent assez distants. Imaginez le dérarroi d'une personne âgée, handicapée ou d'un touriste faisant le tour de l'arrêt pour trouver le bon distributeur! Si vous n’êtes pas du bon côté, vous filez vite de l’autre, et même en supposant que personne ne vous oblige à faire la queue, le temps d’acheter votre billet (et les nouveaux appareils sont particulièrement lents) et votre tram a déjà filé.
S’il y a la queue, ou un touriste qui ne comprend pas le système, ou une personne âgée qui n’a pas ses lunettes, ce sont deux trams qui filent sous votre nez.
Deuxième cas de figure: vous avez acheté une carte à prépaiement à 20.- ou 30.-. Vous arrivez à votre arrêt: le distributeur ne prend pas ces cartes! Et oui: les nouveaux appareils ne fonctionnent pas avec le système de cartes prépayées. Les TPG vendent un produit - les cartes - qui est inutilisable sur environ la moitié des appareils - un par arrêt, ou deux par arrêt comme à Cité ou à Palladium.
Si donc vous avez prévu votre horaire et que vous arrivez à l’un de ces arrêts, bonne chance pour trouver rapidement le bon appareil. Le tram a filé sous votre nez et votre programmation est à l’eau. Les TPG vous ont indiqué un horaire, vendu un produit pour utiliser leurs véhicules, mais ce produit ne marche qu’aléatoirement.
- Dis papa, c’est quoi le foutage de gueule?
- Demande aux TPG, ils s’y connaissent!
Ajoutez à cela les distributeurs payants qui ne marchent pas: à Graveson par exemple, l’appareil côté nord refuse les pièces de monnaie depuis des mois. Et impossible de le signaler à la centrale: le système d’appel ne marche pas. Essayez avec cela de gérer votre temps de manière optimale! Pas la peine d'avoir cherché votre itinéraire sur internet: vous êtes piégé. Les TPG n'ont pas inclus dans leur timing les 2 ou 3 minutes nécessaires pour trouver le bon distributeur et obtenir votre billet.
Il y a quelques temps l’impunité dont avaient bénéficié des anciens contrôleurs des TPG qui avaient fabriqué de fausses cartes de police m'avait un peu fâché. Dans la foulée je m’étais fabriqué un faux abonnement histoire de provoquer le débat. Je l’ai utilisé trois fois, mais je n’ai pas été contrôlé. Ne prenant pas assez souvent le tram et la pertinence de ma micro-rébellion diminuant avec le temps, j’ai laissé tomber et j’ai recommencé à payer mes trajets.
Aujourd’hui pourtant il m’arrive encore d'être sur le point de ne pas prendre de billet. Non pas que je veuille resquiller. Mais parce que soit l’appareil distributeur ne prend pas les cartes à 20.-, soit il ne rend pas la monnaie, soit il est en panne. Après tout ce n’est pas à moi à faire le boulot des TPG et à supporter le fait que leur service est incohérent. Je n’ai pas à tester chaque appareil pour trouver le bon alors que le tram prévu dans mon timing va filer sous mon nez. Je n’ai pas à mémoriser pour chaque arrêt quel est l’appareil adéquat. Si le tram n’est pas là je veux bien faire le tour, mais s’il est là et que l'appareil le plus proche est dans un des trois cas de figure ci-dessus, je devrais monter sans billet. Et advienne que pourra.
J’ai l’argent ou ma carte à prépaiement sur moi: je suis donc prêt à demander mon billet à un éventuel contrôleur. Mais pas à combler les carences de service des TPG, à faire leur boulot, ni à me mettre en retard à cause de l'incohérence de leur service.
Quand à annoncer un problème d’appareil au conducteur pour qu’il me laisse le temps de prendre un billet à l’arrêt suivant, encore faut-il là aussi trouver le bon appareil et donc le bon côté de l'arrêt. J’ai essayé. Une fois. Je n’essaierai pas deux fois. A peine descendu, le conducteur est reparti!
Je précise que les TPG ont deux sortes de distributeurs. Sur les nouveaux on ne pourra jamais utiliser la carte prépayée, pourtant très pratique quand on n’a pas de monnaie et qu’un abonnement n’est pas utile. Pas très futé.
Il incombe aux transports publics genevois d’offrir un service fonctionnel, rapide et cohérent. Les clients n’ont pas à combler les carences de prestations ou à entrer dans le jeu du sadique qui a organisé les appareils de manière à leur faire rater leur tram. Ce n’est pas écrit TPG sur leur front.
Commentaires
Ah, j'ai ri mais c'est pas drôle du tout!
Merci de prévenir l'étrangère et possible touriste "lunettée" que je suis!
Belle soirée Homme Libre.
Avez-vous envisagé de ne plus payer du tout ? Si vous êtes si rarement contrôlé, cela ne devrait pas être un problème. Évaluez la fréquence moyenne des contrôles par mois (probablement beaucoup moins que 1) et multipliez-la par le montant d'une amende. Je ne serais pas étonné si l'amende revient moins cher sur la durée que de payer un abonnement (ou des cartes, tickets, etc., qui coûtent normalement plus cher que les abonnements).
Hommelibre, montez sans billet, moi cela fait longtemps que je ne prends plus de billet
@ Dirait-on pas la grande palmeraie de Tizi-Ouzou ?:
En effet la probabilité d'être contrôlé est très faible. Mais cependant je ne cherche pas à ne pas payer (même si l'idée d'une gratuité des TPG est séduisante), mais à ce que le système soit simple pour les utilisateurs. Parce que mettre en place différents types de distributeurs avec des fonctionnalités différentes, ce n'est pas vraiment très rationnel... Pourquoi les nouveaux ne prennent-ils pas la carte à prépaiement?
Si je vais dans votre idée, le coût d'une amende mensuelle serait plus élevé que l'usage habituel que j'ai des TPG. Il faudrait faire l'expérience: à quelle fréquence moyenne est-on contrôlé?
La probabilité d'être contrôlé doit dépendre de vos habitudes de fréquentation des TPG. Si vous passez beaucoup de temps chaque jour à voyager, le risque est forcément plus grand. Mais si vous êtes comme la plupart des gens, et que vous restez, mettons, entre 10 et 20 minutes dans le bus deux fois par jour, la probabilité de tomber sur un contrôle est forcément plus faible.
Sur le site des TPG (http://www.tpg.ch/controles-et-constats1), je trouve que l'amende est de 120 CHF la première fois et 240 CHF la seconde. On ne dit rien des suivantes, mais je suppose que ce doit être toujours 240 CHF. L'"Abonnement mensuel régional court" est de 72 CHF pour les adultes (http://www.tpg.ch/fr/abonnements1). Donc, si vous êtes contrôlés avec une fréquence égale à p fois par mois, vous payez en moyenne (en négligeant la première fois qui est vite passée) 240 * p CHF par mois. Avec l'abonnement, vous payez 72 CHF tous les mois. Sur une durée assez longue (pour amortir les fluctuations stochastiques), vous avez intérêt à resquiller si 240 * p < 72, soit si p < 72 / 240 = 0,3. Donc, si vous êtes contrôlé moins de 0,3 fois pas mois en moyenne (moins de 3,6 fois par an), vous feriez mieux de ne pas vous enquiquiner avec les distributeurs. Arrêtez simplement de prendre vos tickets, vous ferez des économies et vous vous simplifierez la vie.
Votre démonstration est intéressante. L'inconnue est le nombre de fois où on sera contrôlé. Il tient en effet à la fréquence des déplacements. Peut-être aussi aux lignes empruntées, et éventuellement aux horaires?
Les contrôles suivent probablement un plan d'affectation des contrôleurs, plan qui doit tenir compte de ces paramètres. J'imagine qu'ils sont plus fréquents sur les lignes du centre ville et à des heures où les employés ne sont pas à table. J'imagine même que les heures de pointes sont évitées, car quand les gens sont déjà comprimés comme des sardines, le passage d'un contrôleur doit être difficile et mal ressenti.
Pour ma part je n'utilise pas assez souvent les TPG pour justifier un abonnement. L'amende d'un contrôle sans billet (qui peut survenir sans algorythme particulier, donc même deux fois dans un mois) pourrait ne pas être amortie.
Mais je n'exclus pas de voyager sans billet dans les circonstances que je décris, soit quand la problématique des distributeurs peut me mettre en retard ou m'obliger à changer mon organisation. Car il s'agit là d'un service à la clientèle qui n'est pas correctement proposé. Il doit bien y avoir un texte de loi sur un tel sujet?
hello homme Libre,
mais c'est la jungle, Genève!!!
faut vous mettre au vélo comme Cécile Duflot ;)))!!!
bizzzouxxx!!!
Coucou Sarah,
Ouaip, la jungle. Même que les contrôleurs ont des poils partout...
;-)))
Je fais du vélo. Même sans Cécile, qui n'est pas vraiment mon genre de femme... Je l'utilise (mon vélo, pas Cécile!!!) autant que possible, mais parfois c'est trop loin. Je ne suis pas Lance Armstrong...
Bizzzouxxx Sarah!!!