J’étais resté sur une déchirure. C’est difficile. Cela ne se suffit pas. Le coeur s’arrête, en panne, à moitié au-dessus du précipice. Mais quelle utilité? Socialement la déchirure n’a aucune valeur. La scène est figée depuis trop longtemps, elle est devenue comme un décor habituel: l’occident a tort dans toutes les configurations imaginables. Il est au banc d’accusé. Tous les autres sont victimes. Forcément victimes.
Pensez donc: l’occident - ou autrement nommé le mâle blanc - doit endosser le vilain rôle de plus grand prédateur de l’Histoire. Cela dans une époque où le culte de la victime est puissant, aussi puissant que l’a été celui du chef dans le passé. Ce culte de la victime grandit encore la faute, le péché originel judéo-chrétien.
Mais, est-ce que que Merah et ses amis salafistes sont de vraies victimes? Leur action a-t-elle une légitimité politique?
Mohamed Merah vivait dans une société ouverte et non pas dans un Etat policier comme l’est le pays d’origine de ses parents. Sa famille provenait d’une civilisation qui fut autrefois grande; elle n’a pas à se mésestimer. Mais une civilisation qui a aussi colonisé d’autres terres, jusqu’en Europe, pendant des siècles. Une civilisation qui a maltraité les juifs. Qui a pratiqué l’esclavage sur les africains noirs à un très haut degré. Qui a tué, détruit des cultures.
Alors de quel droit Merah et ses amis salafistes peuvent-ils accuser l’occident de problèmes qui leurs sont propres? Qu’a donc cette culture de mieux que l’occident? Quels méfaits a commis l’occident, que la culture arabo-musulmane n’aurait pas commis? Avoir installé Israël sur la terre de Palestine? C’était aussi la terre des hébreux avant qu’ils n’en soient chassés de force, et il n’y a jamais eu d’Etat palestinien. Les nations qui ont administré ces territoires les ont d’abord conquis par la force. Aucune d’entre elles n’avait de légitimité historique.
La frustration et la colère de Merah vient-elle d’un sentiment d’avoir été spoliés par la colonisation française? La France doit-elle réparation aux pays du Maghreb? Probablement beaucoup moins que la réparation due par les arabo-musulmans pour sept siècles d’occupation de l’Espagne.
Alors, si Mohamed Merah n’était pas un opprimé, pas un esclave, et venait d’une civilisation qui a pratiqué les mêmes crimes que l’occident, quelle légitimité avait-il à verser du côté obscur de la force?
Qui peut le dire? L’influence familiale joue un rôle. Il y a eu la violence et les coups du père, pendant que la mère accusait déjà l’occident de tous les maux. Ce n’est pas de l’éducation, c’est du dressage. Peut-être a-t-il pris les coups comme une punition causée par le grand méchant homme blanc. A chaque coup le mot «occident» sonnait comme un coup de fouet. Du dressage barbare. Même les ânes sont mieux traités.
Mais son grand frère Abdelghani, bien qu’élevé dans le même milieu, n’a pas suivi le même chemin. Quelque chose est donc propre à Mohamed. Est-ce une loyauté intense envers sa famille et particulièrement envers sa soeur, elle qui est aujourd’hui si loyale envers sa mémoire? N’est-ce que l’endoctrinement, ou y a-t-il une faille qui l’a rendu plus vulnérable? Pourquoi en a-t-il fait à ce point une question personnelle, jusqu’à donner sa vie pour être enfin estimé et faire des émules?
La piste d’un dérèglement psychique ne peut être écartée. Auquel cas on ne peut incriminer tous les musulmans de France et d’ailleurs. On a affaire, possiblement, à deux extrêmes: ceux qui ont un intérêt à semer la discorde dans le monde et qui assènent un discours de violence et de haine, et ceux dont le déséquilibre personnel fait des cibles potentielles de ce discours. Ceux-ci ont un probable déficit d’estime personnelle. Ils tentent de la compenser dans des crimes que l’habillage politique fallacieux ne saurait justifier.
Cela rendrait compte d’une situation plus complexe qu’il n’y paraît. Car les musulmans que j’ai rencontrés chez eux, et ceux que je connais ici ou à Paris, sont des gens bien, des gens de bien. Des humains qui désirent vivre en paix, créer une famille, faire des affaires. Il y a donc plusieurs courants. Un courant expansionniste et guerrier, prêt à tout et amnésique sur ses propres crimes passés, et un courant beaucoup plus pacifique.
Dans cette perspective les éléments de la déchirure trouvent une place. Si l’on condamne les crimes de Mohamed Merah, s’il se peut qu’il ait été malade dans sa tête et son coeur, on doit aussi condamner les Etats qui font de leurs populations les prisonnières d’un régime mental carcéral, ainsi que les familles qui dressent leurs enfants à la haine, créant les facteurs qui favorisent l’émergence des troubles psychiques.
Images:1: expansion arabo-musulmane. 2: pièce d'eau à l'Alhambra de Grenade.
Commentaires
hello Homme libre
quelle horreur cette femme, aucune empathie pour les parents des victimes, et elle pousse sa poussette toute fière,déshumanisée!!!
bizzzouxxx!!!
Dans chaque famille nombreuse, il y a toujours un mouton noir. Dans le cas de cette famille Abdelghani est bien le mouton noir. Il est en couple avec une juive. Alors que toute sa famille déteste les juifs. Une haine des juifs, comme il en a existé dans l'Europe d'avant guerre, qui aurait poussé Mohamed à tuer des innocents, dont des enfants juifs. Le site de l'observatoire de l'islamisation a publié de nombreux tweets de musulmans, qui traitent Abdelghani de traitre, de collabo, etc.... c'est à en vomir. Mais je ne suis pas étonné. Les musulmans se complaisent dans leur rôle de victime grandement soutenus par la gauche, ici en Occident. En particulier en France, ancienne puissance coloniale qui a voulu se prendre pour les USA d'Europe et qui commence à prendre conscience qu'elle a échouée dans son entreprise. Elle va finir comme le Liban.
Bonjour hommelibre...
Rancoeur, rancune, ou comment se casser les bur... :-))
http://www.google.ch/search?hl=fr&output=search&sclient=psy-ab&q=Ismael+et+Israel&gbv=1&sei=6jqiUKylGMfLtAaSx4DYBQ
Bonsoir Absolom,
Merci pour ce lien très intéressant. La symbolique donne un sens là où on ne comprend pas. Car comment comprendre une telle haine, une telle violence, par un une réflexion rationnelle?
Mais on n'est pas sortis de l'auberge...
@ Sarah:
Terrible, n'est-ce pas?
Bizzzouxxx quand-même, ça au moins c'est fait pour se donner du bien! Et merci pour votre présence.
Bonsoir John !
" L’influence familiale joue un rôle. Il y a eu la violence et les coups du père, pendant que la mère accusait déjà l’occident de tous les maux. Ce n’est pas de l’éducation, c’est du dressage. "
Certainement, mais c'est surtout de la frustration née du déracinement, mais aussi de l'inculture. Lorsqu'on vous martèle à journées faites que les gentils sont à votre droite et les méchants à votre gauche et que jamais vous il ne vous viendrait à l'idée de remettre de tels dogmes en question en recherchant d'autres sources d'informations, cela s'appelle de l'endoctrinement.
L'endoctrinement est d'autant plus aisé que les victimes sont jeunes, peu cultivées, malléables, économiquement dépendantes (la mère de Merah par exemple), incapables de discernement.
Je me réfère encore au reportage de dimanche soir sur "M6" pour écrire ces propos.
Vous remarquerez dans les faits que les régimes autoritaires n'ont aucun intérêt à développer la culture, c'est-à-dire l'esprit critique de leurs sujets. C'est ainsi que l'on asservit. Voyez ce qu'il se passe dans les "madrassas", ces écoles coraniques au Pakistan, où les jeunes garçons passent leurs journées entières, des années durant, à réciter des sourates du Coran en arabe, une langue qu'ils ne parlent pas et ne comprennent pas davantage.
Ces "madrassas" sont en fait d'énormes lessiveuses qui lavent et formatent de jeunes cerveaux. A côté de ce "travail à la chaîne", le cercle familial de la famille Merah nous apparaît bien artisanal.
C'est effrayant !
Bien à vous !