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L’enseignement de Jésus: un travail sur soi

Je n’accorde que peu d’importance à certaines questions autour de Jésus. Par exemple: a-t-il vraiment existé? Les traces historiques sont peu nombreuses et j’accepte ce fait. A-t-il voulu créer une religion? Il était juif et s’opposait aux prêtres de l’époque, mais je ne suis pas convaincu qu’il ait voulu faire dissidence pour lancer une nouvelle branche de l’arbre spirituel.

religion,christianisme,jésus,noël,travail sur soi,amour,pardon,bouddhisme,islam,hindouïsme,Son enseignement a été mis en écrit des dizaines d’années après sa mort: est-ce fiable? Ce qui m’importe dans les écrits est ce que les humains de l’époque ont voulu transmettre de l’enseignement. Nul ne peut affirmer que les évangiles représentent bien mot pour mot ce que Jésus a dit, ni même s'il a réellement existé en tant que personne. Mais peu m'importe: il s’en dégage un esprit. 

Enfin, parmi les questions des humains que Jésus rappelle en pierre angulaire, il y a: Dieu existe-t-il? Si c’est non, n’est-il qu’une invention destinée à asservir les humains et à les décerveler? Si c’est oui, comment le comprendre? Car il ne saurait s’agir d’une personne ressemblante à nous, d’un être virtuel qui parlerait notre langue. Il pourrait s’agir d’un concept métaphysique: Dieu en tant que travail sur soi-même, sur notre conscience externalisée. Une autorité spirituelle, par nous-même créée et attribuée, devenant une référence dans le but de limiter nos volontés de pouvoir absolu sur le monde et sur les autres humains.

Dieu comme juge des humains n’offre à mes yeux aucun intérêt spirituel. Les humains se punissent eux-mêmes suffisamment pour ne pas s’inventer un juge suprême, arbitraire et absolu, sorte de création machiavélique des humains, représentant le pire d’eux-mêmes, prêt à les jeter dans un feu éternel et sur lequel nous projetons allègrement ce que nous sommes! J’évacue d’emblée toute notion de jugement dernier et de punition éternelle comme l’enfer. Gouverner les humains par la peur et la soumission est indigne de Dieu, s’il existe. Les tyrans ne font pas autre chose. La vie éternelle elle-même me semble avant tout une invention pour combler nos angoisses d’être limités et exprimer notre désir de puissance: survivre c’est être plus fort que la mort, c’est laisser une trace de nous, c’est nous croire si indispensables que l’éternité écrira notre nom dans son livre d’or. Grosse prétention!

L’église en tant qu’institution à laquelle il faudrait obéir en lui donnant un pouvoir sur moi ne m’intéresse pas plus. J’admets la nécessité d’une unification des pratiques et interprétations, la mise en place d’un langage et d’une culture communs, d’un outil de transmission, et même, en toute laïcité, j’admets sa vocation à inciter à une pratique de vie et à des comportements qui auront forcément une incidence sur la société, par lesreligion,christianisme,jésus,noël,travail sur soi,amour,pardon,bouddhisme,islam,hindouïsme, valeurs transmises, par le travail sur soi produisant un aplanissement de nos comportements.

Mais ce qui reste le plus important pour moi est l’enseignement en lui-même. Je peux lire cet enseignement tel qu’il a été écrit et transmis sans me sentir obligé ni d’adhérer à une religion particulière ni de croire en un Dieu dont les représentations ne me parlent pas - et auquel je ne saurais «croire» de par cette forme d’esprit un peu magique qui caractérise les humains.

Je peux explorer cet enseignement pour les raisons suivantes:

1. Je m’y sens libre. Il n’y a pas de contrainte de type enfantin: «Si tu n’es pas sage, tu seras puni». L’enseignement de Jésus me laisse ma place d’adulte autonome. Les exemples de comportement qu'on lui attribue, avec les femmes par exemple, ou sa manière de poser les questions qui éveillent l'intelligence, sont pour moi des modèles avancés d'humanité.

2. L’enseignement n’est pas une simple liste de préceptes et contraintes, de menaces de punitions et de promesses de récompenses. Il ne cherche pas à faire peur ni à soumettre mais à rendre libre et conscient. Chaque part de l’enseignement est comme un principe fondamental que ma propre capacité d’adaptation et mon intelligence peuvent reporter sur différentes situations concrètes. Il donne le principe là où la plupart des autres enseignements ne donnent que les applications particulières sans en comprendre le pourquoi. L’obéissance aveugle est du même ressort que la tyrannie. Par exemple, la spiritualité tibétaine, ou l’islam, me paraissent être un ensemble de préceptes répondant à toutes les situations de la vie. Il n’y a plus de marge de liberté et d’adaptation. Alors que l’enseignement de Jésus est constamment adaptable et disponible à ma propre créativité.

3. Cet enseignement se fonde en particulier sur deux principes: l’amour, ou l’acceptation de l’autre, donc du non-soi, de sa propre limitation, l’amour qui suppose l’égalité car cet amour ne peut se nourrir de la domination - ce qui est révolutionnaire et entre dans un aspect de ma quête personnelle qui est de comprendre et désamorcer les mécanismes de pouvoir que les humains se donnent les uns sur les autres. L’autre principe étant le pardon, ce qui permet la réparation, le rétablissement de la liberté et de la lumière entre les êtres. Je ne peux considérer comme les hindous que quoi que nous fassions, nous ne faisons qu’alourdir notre karma. Je ne peux non plus accepter la charia musulmane qui exige de couper la main du voleur, ce qui ne fait que laisser la trace de la punition mais ne contient aucun pardon.


Rien que dans ces deux principes, l’amour et le pardon, je trouve de quoi analyser ma propre existence et dérouler un fil intérieur pour ma vie. Je suis bien loin d’avoir réalisé ces principes et mes fâcheries parfois sur certaines choses de la vie ne sont empreintes ni de pardon ni d’amour. Le chemin continue donc.

Ce chemin peut-il se faire valablement seul ou doit-il être encadré par une communauté et des référents ayant une meilleure connaissance du sens des textes? Cela reste ouvert. Je connais l’importance de partager son histoire personnelle pour l’évaluer dans la relation et l’alimenter d’autres regards et de questions pertinentes. Je sais aussi l’importance de bénéficier d’exégèses éclairantes, dont je me suis nourri il y a longtemps quand j’ai suivi à Genève l’AOT (Atelier Oecuménique de Théologie). J’en ai gardé l’idée d’une lecture adulte de la Bible. Je sais aussi qu’à naviguer tout seul dans les évangiles on peut en arriver à leur faire dire ce qui nous arrange et à évacuer de la sorte la force novatrice des textes.

Mais croyant ou non, adhérant ou non à une communauté, l’enseignement de Jésus reste le seul qui me laisse libre et donc est de nature à me proposer un véritable travail intérieur. Il ne se substitue pas à moi comme le ferait la répétition de préceptes obligés, mais ensemence ma propre conscience.

Catégories : Liberté, Philosophie, Psychologie 10 commentaires

Commentaires

  • Salut John,
    Personnellement, je considère l'homme Jésus (fils de dieu ???) comme l'arrière grand-père de la psychologie positive moderne et dont tu soulignes quelques éléments importants. Je les reprends et en ajoute d'autres :
    • Pardonnez à ceux qui vous ont offensé (le non-pardon, c'est boire du poison en espérant que l'autre soit malade).
    • Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse (principe de la balle au mur).
    • Aime ton prochain comme toi-même (on oublie trop souvent le toi-même).
    • Demandez et vous recevrez (on ne devient pas devin, même par amour).
    • Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre (Qui sommes-nous pour juger les autres ?)
    • Il est plus facile de voir la paille dans l'oeil du voisin que la poutre dans le sien (la paille étant l'ombrage de la poutre = projection).
    Et j'en passe.

  • Salut Yvon,
    Excellentes précisions qui montrent des aspects concrets du travail sur soi.

    Bonnes fêtes!

  • @Hommelibre Jésus était un homme très sage qui n'aimait pas les commèrages et il n'a jamais demandé aux humains de pratiquer* la nombrilite aigüe *mal épisodique qui s'est emparé des humains depuis qu'on leur a laissé entendre qu'il fallait faire un travail sur eux-même.
    Avec de nombreux effets secondaires à la clé dont le plus célèbre avoir peur se sa propre ombre et surtout ne pas avoir un radis en retour.A moins d'avoir des économies comme Depardieu qui lui comme d'autres a compris comment ne pas se prendre la tête pour un chouya de mesquineries et préféra travailler pour faire rire les autres que se tâter des poils divers
    Faire un travail sur soi a été vite adopté par les Socialistes qui depuis n'en font plus une et accuseront toujours les autres de ne pas avoir fait ce qui leur était réservé à eux en premier .Et pourtant tout le monde connait l'adage,on est jamais si bien servi que par soi-même .
    Quand aux jeux de rôles dont Jésus était fort amateur ils laissent deviner un être farceur qui savait l'humanité rester la même depuis sa création jusqu'à une éventuelle fin du monde à laquelle plus personne ne pourrait ajouter un mot excepté Silence on tourne peut-être,qui sait/rire
    très belle journée venteuse pour Vous

  • Jésus était un pote super pour les ados.Une volée de cathécumène saisit toute l'importance de sa colère contre les pharisiens dans le temple ,ce qui les poussa à répondre au pasteur qui leur demandait s'ils reviendraient à l'église après leur communion ? jamais ont-ils tous répondu en choeur,l'hypocrisie d'aujourd'hui est la même que celle du temps de Jésus.Comme quoi l'enseignement malgré certaines têtes en l'air avait porté ses fruit et le pasteur venait de vivre son premier auto-goal
    Mais c'était encore une époque ou les ados prenaient leur vie en main ne laissant plus celle-ci aux mains d'inconnus

  • Bonjour John,

    Que voilà un sujet délicat... car il s'adresse - malgré toutes les précautions oratoires prises - au plus profond de chacun, à savoir la foi qu'il peut ressentir ou dont il peut se sentir pénétré.

    Je ne vais donc pas répondre sur le sujet mais - vous connaissez ma passion de l'histoire - me référer à tous ceux des écrivains romains CONTEMPORAINS de l'existence de celle que l'on attribue habituellement à Yeshoua et qui n'ont jamais écrit un mot sur lui - même quand ils parlent de la Judée ou de la soi-disant persécution des Chrétiens par Néron (au sujet de ce dernier les historiens contemporains reviennent sur bien des idées que cette mauvaise langue de Suétone avait instillées en nous). Mais plutôt que de dresser une longue liste qui existe déjà, permettez-moi de vous renvoyer à une adresse sur laquelle vous la trouverez :

    http://atil.ovh.org/noosphere/romains.php

    Il est évident qu'elle va dans un sens relativement inverse à la liste que vous citez.

    Quant aux évangiles... il y aurait tellement à en dire... Pourquoi quatre évangélistes seulement alors que plus on va, plus l'archéologie découvre de nouvelles sources écrites aux premier et deuxième siècles de notre ère... et dont beaucoup étaient considérées comme inexistantes. Pourquoi donc ? Faut-il rappeler le travail de... comment dirai-je, disons de choix très influencé, très déterminant, très spécifique (je reste modéré)... quant au sens à donner aux évangiles fait aux quatrième et cinquième siècles surtout (mais également plus tard), quand la religion chrétienne fut acceptée et instaurée par Constantin (toujours, d'ailleurs, avec le même schéma d'une vision au cours d'une bataille (sinon à ses prémices)... Schéma que l'on retrouve si souvent! Un exemple (si célèbre): "Dieu de Clotilde, donne-moi la victoire et..." une victoire qui aurait eu lieu en 496, ah mais non, plutôt en 506, et puis pas à Tolbiac mais en un point indéterminé du Rhin... Enfin bref).

    Je n'ajouterai rien quant à la religion elle-même. Je suis personnellement agnostique.

    Mais je peux quand même dire que la recherche philosophique (philosophia : qui aime la sagesse) d'Héraclite, à Platon, en passant par Antiphon, Gorgias, Pythagore, ce que l'on connait de Socrate par Platon ou Xénophon ainsi que tant d'autres... sont des manifestations également, profondément humaines quant à l'approche de nos vies et de savoir ce qu'il conviendrait d'en faire... Et que les mots "amour" et "compréhension" des autres figurent dans leurs pensées et les textes qu'ils nous ont laissés, directement ou indirectement.

    Sans doute n'est-ce pas suffisant pour certains et c'est leur droit.

  • Bonsoir Fragkiskos,

    Les seuls évangiles admis par les églises sont en effet peu nombreux en regard d'autres textes, y compris récemment découverts. Sciences & Avenir de Janvier y consacre un article intéressant.

    Je n'ai pas connaissance de tous les textes apocryphes. Celui dit l'évangile de Thomas ne me semble pas apporter quelque chose de plus que les autres.

    Les penseurs grecs ont aussi une pensée très féconde. Je pense que, d'après la manière dont Jésus est présenté dans les évangiles, je suis très sensible à sa méthode qui questionne et qui renvoie à soi. Il donne peu de réponses mais il individualise et responsabilise chacun. Son enseignement n'est pas simplement à suivre mais à faire sien, à "manger" pour en faire sa propre chair. Tiens, cela me fait penser à la communion chez les catholiques, communion qui consiste à manger le corps du Christ. Comme pour faire sien quelque chose, incarner, rendre vivant, et ne pas simplement se soumettre ou reproduire un précepte.

  • Là, John, vous rentrez dans le domaine de la foi, et je ne me permettrai pas de discuter en ce domaine qui est très personnel et ne doit être remis en question par personne.

    Je ne faisais qu'évoquer des éléments d'histoire qui, eux, appartiennent à tous le monde. :)

    Cordialement

    Fragkiskos

  • En ce qui concerne le rite oui, mais sa symbolique peut être extraite de la foi. Je ne suis pas croyant (quoiqu'expliquer mon sentiment intérieur prendrait du temps; disons que je ne suis pas preneur des représentations de Dieu ni du concept généralement admis à son sujet, et encore moins de la soumission et du jugement dernier; je n'adhère à aucun mouvement ou religion).

    Mais dans la méthode de Jésus je trouve quelque chose de proche de la Gestalt, si vous connaissez un peu cette thérapie-philosophie. Une méthode qui interroge, demande où l'on en est personnellement, loin des théories et des comportements convenus.


    PS: je regarde en ce moment Planète. Une émission sur l'Egypte ancienne. Et justement, il est question de chars de guerre: l'Egypte fut pour la première fois entièrement envahie par les Hyksos, guerriers du nord venus sur des chars. Le Pharaon les a ensuite repoussés de la même manière. Il est aussi question de l'entrainement des guerriers sur chars, qui prenait des années.
    :-)

  • Il faut avoir la foi pour manger du chien. Qu'en pense jésus?

    http://www.tdg.ch/vivre/societe/suisses-continuent-manger-chiens-chats/story/10121142

    Aime ton prochain comme toi-même (on oublie trop souvent le toi-même).

  • Bonjour John,

    Ce que vous appelez la "Méthode de Jésus" est ce que l'on a fait dire à celui-ci comme Platon a fait dire un peu ce que pensait Platon de Socrate pour en faire une image de la "virtus", ainsi que l'auraient exprimé les Latins. Il est difficile de s'y inscrire puisque l'on ne sait pas grand chose de ce qu'a dit le premier (jamais de son vivant en tout état de cause) et que je trouve plus intéressant ce que dit, sans l'embellir, Xénophon du second (interprétation tout à fait personnelle).
    Étant donné que je peux parler plus librement de Socrate qui s'est illustré plusieurs fois au combat en sauvant une fois la vie d'Alcibiade qui lui rendra la pareille (au cours d'un autre combat où Socrate devra prendre la fuite) et une autre fois celle de Xénophon, je peux m'exprimer plus librement à travers lui qui semble avoir tenté, toute sa vie, une approche de l'homme à travers l'homme qu'à travers la personne de Jésus qui représente un acte de foi - je me répète - pour des millions de croyants que je n'ai aucune envie d'offenser.

    Pour en revenir à votre P.S., je connais bien les émissions de "Planète" sur l'antiquité, à l'instar de celles qui passent sur les chaînes "Histoire" et "Toute l'histoire" sans oublier "Arte".
    Puisque nous avions parlé de batailles de chars et que les reconstitutions qui sont proposées sur ces chaines de télévision laissent largement à désirer (malgré le concours très généralisé ici comme au cinéma de l'informatique) je peux vous citer le titre de quelques ouvrages qui font toujours autorité en la matière ainsi :

    - Littauer, Mary Aiken & Crouwel, Joost H. : Wheeled Vehicles And Ridden Animals in the Ancient Near East (Handbook of Oriental Studies).
    - Littauer, Mary Aiken & Crouwel, Joost H. : Chariots and Related Equipment from the Tomb of Tutankhamun.
    - Littauer, Mary Aiken & Crouwel, Joost H. : Selected Writings on Chariots, other Early Vehicles, Riding and Harness.
    - Crouwel, Joost H. : Chariots and other means of land transport in Bronze Age Greece
    - Crouwel, Joost H. : Chariots And Other Wheeled Vehicles in Iron Age Greece
    Et enfin tout récemment de ce dernier :
    - Crouwel, Joost H. : Chariots and Other Wheeled Vehicles in Italy Before the Roman Empire.

    L'anglais est le prix à payer (Monsieur Crouwel est hollandais et Madame Littauer qui vient de décéder était américaine), avec l'allemand, l'italien et l'espagnol pour avoir une vue la plus complète possible en histoire. Si vous approchez un de ces ouvrages en B.U., vous verrez qu'elle était, par exemple, la complexité de la fabrication d'une roue de char à l'époque de T(o)uthmès III, plus connu sous son nom grec de Touthmosis.

    Pardon de m'être éloigné du sujet initial mais je pense avoir dit ce que je croyais peut-être intéressant, sans dépasser ce que j'entends dire, sur un sujet aussi particulier que celui de la croyance.

    Bonne journée à vous :)

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