L’île est située dans les quarantièmes rugissants. Des vents d’ouest soutenus, les westerlies, et les courants marins sauvages du détroit de Bass sont connus de tous les navigateurs.
Quelques jours après la course annuelle à la voile Sydney-Hobart, l’Australie est en feu. Le sud-est du pays et l’île de Tasmanie brûlent. Des incendies aussi graves que ceux de 2009 ravagent des territoires desséchés par une vague de chaleur exceptionnelle dans cet été austral.
Sur cette île située au large de Melbourne, et dont la longitude sud équivaut à celle de l’Espagne dans l’hémisphère nord, on attend pour demain des températures de 45°. Rien n’arrête le feu, sauf l’épuisement des prairies et des forêts pluviales. Ces forêts sont composées d’espèces uniques au monde et d’arbres parmi les plus vieux de la planète.
Le feu mange le sud de l’île. Des habitants, une centaine, sont portés disparus. Des réserves naturelles et un habitat où vit une faune sauvage sont détruits. Le diable est en enfer. Le diable de Tasmanie. Taz, pour ceux qui connaissent le dessin animé et le jeu vidéo. Ce petit marsupial est en risque d’extinction. Après la maladie, le feu.
La maladie, c’est un cancer de la face. Les diables de Tasmanie sont chamailleurs et se mordent souvent, particulièrement en cas de bataille pour une femelle. Pour des raisons encore inconnues leurs blessures ne guérissent plus et des tumeurs s’y développent. Quand elles atteignent toute la face le marsupial ne peut plus manger et meurt. 80% des individus ont déjà disparu depuis quelques années. Le gouvernement australien a établi sur une autre île de la région une colonie de diables sains et variés génétiquement pour tenter de sauver l’espèce. Une sorte de paradis pour diables.
Maladie spécifique à son espèce, feu détruisant son habitat: le diable de Tasmanie est en enfer.