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Le vent du sud

Les parfums de mai gonflent et se hasardent à la première averse. Mélange de terre, de fleurs et d’herbe. Avec ce quelque chose d’en bas. Un peu des tropiques a traversé la mer et monte sur le flanc ouest, vers l’océan, ou glisse dans la vallée du Rhône. La douceur saute par-dessus la Loire et caresse la Normandie.

mai,météo,douceur,regain,giono,printemps,C’est le beau mois de mai. Une moiteur raisonnable charrie sa belle humeur sur les terres d’Europe. Le vent s’est durablement mis au sud.

Un grand ciel clair pousse une longue écharpe de nuage.

Bientôt les prés déborderont de fleurs et de grillons.

Je ne m'en lasse jamais.


Pour le bonheur des mots, des mots choisis, charnels, voici un extrait de «Regain», de Jean Giono. A lire narines grandes ouvertes!

 


«Il est revenu le grand printemps.

Le sud s’est ouvert comme une bouche. Ca a soufflé une longue haleine humide et tiède,mai,météo,douceur,regain,giono,printemps, et les fleurs ont tressailli dans les graines et la terre toute ronde s’est mise à mûrir comme un fruit.

L’escadre des nuages a largué les amarres. Ca a fait un grand et long charroi des nues qui montaient vers le nord. Ca a duré ; à mesure, on entait la terre qui se gonflait de toutes ces pluies et de la vie réveillée de l’herbe. Enfin, une belle fois, on a vu bouillonner le ciel libre sous la poupe du dernier nuage.

Il est resté pourtant une balayure de ciel et elle flotte, accrochée au clocher d’Aubignane comme un linge autour d’une pierre dans un ruisseau.

On est là ; on n’ose pas encore commencer la peine de printemps, prendre la bêche ou le sac aux semences, commencer ; on n’ose pas. Il peut pleuvoir encore, d’un moment à l’autre ; on est directement sous le halètement du grand nuage, et le jeune jour blond est encore tout tremblant d’éclairs.

mai,météo,douceur,regain,giono,printemps,Panturle est assis près du rocher, sous le cyprès. Il a posé mains inutiles sur les genoux. Il fume. Il regarde sa fumée. Elle se déploie comme une chose vivante, elle a du corps. C’est que l’air est encore calme. Le vent n’est pas venu.

Il écoute.

Non, le vent n’est pas venu. On n’entend pas son pas dans le ciel, mais le sud est tout propre et ça ne tardera pas. Peut-être ce soir, peut être demain.»



Voilà. Un bonheur pouvant en entraîner un autre, que valsent les lilas de mai! Et en haut de la page, un autre clin d’oeil. Pourquoi se priver?


Catégories : Météo, Poésie 0 commentaire

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