Vincent Cassel est too much. Il véhicule - entretient? - une image de sauvage urbain. Marié à la belle Belluci il réussi avec elle l’alliance du rasoir et de la gorge tendre, du couteau et de la poitrine généreuse, du pic à glace et du Martini. Un remake en reality show de la Belle et la Bête.
La Belle sait-elle épuiser son tempérament? Ses formes amples ont-elles fait s’enrouler sur lui-même son fil-de-fer barbelé de mari? Pas tout-à-fait puisqu’il garde assez de verre cassé entre les dents pour trancher sans nuance dans les débats du moment. Sa primarité assumée est frustrante mais après tout nous ne dormons pas avec lui. Nous pouvons reprendre nos interminables incertitudes après avoir entendu la tornade glacée de ses avis médiatisés.
Dans sa primarité il n’a pas tout tort. Libération en fait son cinéma - sa chronique cinéma - et après un portrait qui se veut décapant le journaliste reproduit quelques propos lapidaires du Vincent aussi maigre que l’autre. Mais qui a lui encore ses deux oreilles.
Cassel parle de Depardieu:
«Il n’a fait de mal à personne. Cet argent, il l’a gagné. Il en fait ce qu’il veut. Les gens sont en colère. Ils sont dans l’envie, la jalousie. Ils déversent leur haine sur Depardieu.» Et il laisse tomber, du haut de sa superbe «jet-laggée» : «A l’étranger, cette guerre des Schtroumpfs, ça fait juste marrer. Les fortunes et les talents s’en vont. Quelle est la capacité de la France à les garder ?»
Cassel vit au Brésil. De là-bas il commente cette «guerre des schtroumpfs» comme il l’appelle. Et au-delà du discours convenu qui stigmatise la richesse, il dit ce qui, à ses yeux, motive la haine contre Depardieu et les autres: la jalousie, l’envie.
On ferait passer cette haine, complément nécessaire de la jalousie, pour une vertu, qu’on ne s’y prendrait pas autrement: Depardieu est l’anti-France. Il pouvait être riche tant qu’il raquait. Maintenant qu’il veut raquer ailleurs pour éviter une fiscalité confiscatoire il est le mauvais. Le traître à la nation.
La question n’est pas Depardieu, ni un autre. C’est de mesurer le degré de jalousie personnelle qui motive un rejet. La fiscalité est un prétexte. La vérité est ailleurs, comme dirait l’agent Mulder en scrutant notre x-file personnel. Elle est dans ce constat, constat que le mythe de l’égalité absolue rend insupportable dans la tête d'un fiscalisé lambda: pourquoi lui, pourquoi pas moi? Pourquoi lui est-il riche et puissant, se demande le fiscalisé lambda, qui même avec un complément au black ne peut rivaliser avec Gégé? Pourquoi pas moi? Il pourrait aussi se poser cette question: pourquoi ai-je, moi aussi, mis l’argent comme valeur supérieure, moi qui, n’en n’ayant pas, devrais me tourner vers la philosophie? Pourquoi le peu d’argent aboutit-il au même résultat que le beaucoup d’argent: la haine de l’autre?
Vincent Cassel vient nous rappeler, crûment, une réalité humaine que les discours politiques tentent de masquer: derrière une certaine morale de société on trouve le moteur de la jalousie personnelle. Vue ainsi l’égalité est un concept qui favorise et amplifie la jalousie. il fut un temps où la jalousie était une attitude à combattre. Aujourd’hui elle est revenue en force. L’égalité qui en découle n’est plus un principe philosophique qui transcende les différences: c’est une revendication qui dresse les humains les uns contre les autres.
Commentaires
L'égalité, en démocratie, c'est l'égalité des chances de monter vers son excellence personnelle grâce au travail, à la créativité, au désir de faire mieux et plus loin. L'égalité, en dictature communiste, c'est de donner à tous le même salaire, la même voiture, le même appart, pour que tous ne puissent pas jouir davantage de la vie. Un pouvoir communiste qui castre les individualités et ordonne l'Ordre à sa Loi. Tout ce qui sort du discours officiel est donc corrompu, subversif, et traître. Il faut donc organiser les goulags, les procès expéditifs et les exécutions sommaires.
Vu sous cet angle, l'égalité est la plus tragique des dictatures puisqu'elle s'appuie sur la soi-disant solidarité humaine en mettant à sac ce sur quoi la solidarité doit se créer et s'organiser: la volonté de participer à un état de droit démocratique libéral et social.
Depardieu a vu, sur sa gauche, Mélenchon en train de gaver une bonne partie des Français à sa prose néo-communiste. Sur sa droite, Le Pen abreuver le peuple de sa parole bleue marine se voulant à l'écart du néo-fascisme mais qui en réalité pousse les Français de souche à ce fascisme et au racisme.
Depardieu a pensé puissamment Cyrano de Cahuzac, heu pardon, de Bergerac et en partant a laissé son héritage aux Français sur cette tirade bien à lui:
Enfin parodiant Pyrame en un sanglot :
« Le voilà donc ce nez français qui des traits de son maître
A détruit l'harmonie ! Il en rougit, le traître ! »
—Voilà ce qu'à peu près, mon cher, vous m'auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d'esprit :
Mais d'esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n'en eûtes jamais un atome, et de lettres
Vous n'avez que les trois qui forment le mot : sot !
Au nom de l'égalité je veux, que dis-je j'exige la plantureuse Monica comme oreiller !!!
@ Aoki: :-))))) Vous êtes sûr que vous voulez dormir?....
@ Pachakmac: Je vous lis beaucoup en vers ces jours. :-)
@Hommelibre,la jalousie existe dans de nombreux registres dont le commerce,sinon Migros n'aurait jamais vu le jour. C'est vrai on pourrait en parler longuement mais on sortirait du droit chemin de l'article du jour!
Cependant on peut lutter contre ce sentiment qui pour certains les conduisent à vivre en autarcie car quoiqu'ils fassent ou disent les deux mamelles jalousies et mesquineries s'abattent sur eux
La musique très souvent peut aider à en guérir ,surtout si on a la chance de découvrir le musicien Grec Giorgos Zampetas envoyé à une certains adresse E-mail/rire.
Lequel montre la manière préconisée par expo 02 au sujet des nombreux bienfaits psychologiques ressentis quand on casse des assiettes
Excellente journée pour Vous