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Tous discriminés, tous exclus?

Il y a une semaine c’était au tour des Vegan de défiler dans les rues de Genève pour dénoncer la discrimination dont ils seraient l’objet. La posture victimaire semble encore une fois être le dénominateur commun à tous les mouvements revendicatifs. A croire que nous ne sommes plus qu’une société de victimes qui ne savent que se plaindre, trouver des fautifs et chercher la protection de l’Etat-parent.

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Les Végan, végétariens et végétaliens, on fait leur «pride» il y a une semaine. Leur mode de vie exclut la viande et, selon la tendance, toute alimentation d’origine animale. Ce choix tient sur trois raisons principales: les risques de l’excès de viande sur la santé, le coût écologique élevé de l’élevage par rapport à l’agriculture, et le refus de l’exploitation des animaux au profit des humains.

Le premier point, soit l’impact de l’alimentation et de l’excès de viande sur la santé, est de plus en plus documenté mais encore controversé médicalement. Le deuxième point est un constat. L’alimentation animale utilise beaucoup de ressources naturelles et 30% des terres émergées. La surface de terre qui permet de nourrir un humain avec de la viande permettrait d’en nourrir 6 à 7 fois plus en moyenne avec des céréales. L’élevage industriel consomme beaucoup d’eau, de céréales et participe à la pollution de l’air (méthane) et des nappes phréatiques. La mise en culture et en pâtures de terres forestières pour l’élevage réduit la surface mondiale de forêts. Or la déforestation a une conséquence directe et forte sur le réchauffement climatique, entre autres par la moindre absorption du CO2, gaz à effet de serre qui se retrouve dans l’atmosphère plutôt que d’être piégé dans la végétation arboricole. La consommation exponentielle de viande contribue donc à une modification climatique importante et rapide.


Les animaux, esclaves moderne?

Esclaves? Pire. Les esclaves n’étaient pas élevés pour servir de plat de résistance. Les animaux le sont. L’usage ancestral légitimerait-il l’exploitation et la consommation des animaux? Quelle est la valeur de la vie animale - donc de la nôtre puisque nous sommes des mammifères, et que seule notre habileté nous donne une supériorité dominatrice sur les animaux? Tous les règnes animaux sont-ils équivalents?

La consommation de produits animaux implique plusieurs questions. Le pragmatisme faitvegan,discrimination,exclusion,combat,lutte,mariage gay,libération,conformisme,stigmatisation, utiliser tout ce qui est à disposition, pourvu que nous soyons capables de l’obtenir. Toute discrimination dans nos choix est en partie conséquence une idéologie. En ce sens le végétarisme est une idéologie puisqu’il implique un choix intellectuel argumenté et en partie philosophique, une différenciation de valeur, et un renoncement volontaire qui est une forme de contrainte. Il n’y a pas d’idéologie sans renoncement et contrainte.

L’alimentation à base de produits animaux ne va donc pas forcément de soi et le fait qu’elle soit chose courante est due à l’habitude et non à une réflexion. Mais c’est ainsi: la réflexion vient en général après l’action, du moins en ce qui concerne les modes de vie. On fait, on agit, avant de constater les conséquences bonnes ou mauvaises de l’action et de réfléchir à la manière ou au pourquoi l’on fait.


Discriminés, vraiment?

«Les gays sont mieux traités que les gens qui ne mangent pas de produits d’origine animale! Jamais un médecin ne dirait à un homo d’arrêter d’être homo. Par contre, beaucoup ne cessent de nous dire de manger de la viande!»

Cette affirmation est excessive. La discrimination est une notion précise: elle se manifeste par des empêchements, contraintes et interdit légaux, professionnels, concrets, appliqués de manière systémique contre une catégorie de population et qui ne semblent pas justifié par des raisons techniques. Or les personnes végétariennes ne sont pas empêchés de l’être. Elles trouvent tous les produits dont elles ont besoin dans le commerce, des livres, des forums, des congrès pour échanger.

Ces personnes sont-elles l’objet d’une hostilité sociétale particulière? Elles dérangent et questionnent, mais il n’y a pas d’empêchement systémique. Le fait que les non-végétariens les critiquent est-elle une discrimination? Certainement pas. La critique, ou même l’incompréhension et les conseils, justifiés ou non, font partie de la communication à l’intérieur d’un groupe. La différence questionne. C’est ainsi dans tous les domaines. Si elle ne questionnait cela signifierait que nous sommes en désintérêt des autres. Ce questionnement demande du temps avant de trouver une réponse grâce à laquelle les gens et les choses trouvent une place. Il n’y a pas de changement sociétal sans questionnement.


vegan,discrimination,exclusion,combat,lutte,mariage gay,libération,conformisme,stigmatisation,Une société de victimes?

Aujourd’hui c’est la confusion des notions: la simple critique est présentée comme une discrimination et une exclusion. Invoquer la discrimination à toute occasion comme un réflexe enlève le crédit de ce terme et exprime une volonté d'étouffer les débats à l'avance. La société devient trop fragile, trop victimaire, elle ne sait plus se confronter à elle-même intellectuellement. Non les Végan ne sont pas des victimes, non ils ne sont pas discriminés. La posture victimaire est à la mode et doit rapporter des statuts privilégiés? Cela conduit à un morcellement, une fragmentation de la société, une «somme des victimes» formant un monde de lamentation et de revendication où le moindre désaccord est stigmatisé. Cela tue tout débat intellectuel. La grande soupe victimaire est de plus en plus indigeste.

Je lis sur Libération, à propos de la manifestation contre le mariage gay d’hier à Paris: «La réac-pride se dégonfle». Réac-pride: pourquoi cette stigmatisation? Le droit au désaccord et à l’expression de ce désaccord n’est donc plus intellectuellement légitime? Qui sont ces intellos qui veulent tuer les débats en excluant les positions différentes par la stigmatisation et l’amalgame? Le conformisme actuel nie la différence. La société devient de plus en plus étouffante et le politiquement correct va tôt ou tard générer une révolte de l’esprit.

Nous sommes tous l’autre de quelqu’un, le différent, l’étranger. Nous devons l’assumer, faire agréer notre réalité. Nous n’avons pas de place de fait, à part le droit de vivre. Pour le reste tout se gagne. Toutes les sociétés jusqu’à la nôtre avaient des exigences à l’égard des individus qui la composent. Aujourd’hui les individus n’auraient plus que des droits à l’égard de la société-parent?

A éviter les vrais combats on devient incapable de valoriser notre existence. Le réel nous rattrapera.

Catégories : Philosophie, société 12 commentaires

Commentaires

  • Il vont encore nous faire chier longtemps ces ayatollahs herbivores???
    Comme si je bouffais de la viande trois fois par jour... Chacun son slip et chacun son assiette, nan mais sans blague!!

  • Je me marre car celles et ceux qui ne mange pas de viande mais des yogourts ne savent pas que la gélatine qui se trouve dans les produits allégés ou 0% est fabriquée avec de la couenne de porc ! Cette même gélatine se trouve également dans les crèmes pour les soins du visage ! Les bouffeurs de foin nous reproche de manger des animaux morts mais je n'arrive pas à manger des animaux vivants !

  • Le plus marrant est de les voir sur les photos brandir leur pancartes "Abolition viande/oeufs/lait/poisson" tout en se pavanant avec un perfecto en cuir. Tuer pour se nourrir c'est non, par contre tuer pour la mode et la cosmétique ne semble pas leur poser de problème de conscience.

  • Les vegans et leur sensiblerie naïve envers les animaux est consternante. C'est bien pour cela qu'on trouve ce genre d'individus uniquement en milieu urbain et aisé.... Ils sont déconnectés de la réalité et de la nature.

  • On pourrait- regrouper tous ces mouvements victimaires en une manifestation unique, on appellerait ça:

    "La victimisation pour tous"

    On pourrait ainsi faire un concours du plus oppressé et on offrirait des "Calimero d'or, d'argent et de bronze"

  • @ Alain: MDR!!!!!

    Excellente idée... :-)))

  • @Riro,sans doute font ils aussi partie des décroissants,du moins en tant que branche sectaire.Ces gens là sont encore pires et invivables que des Martiens qui eux on le sait adorent la viande humaine et celle des animaux.Ces Vegan font penser à des tics encore plus voraces par leurs théories complétement anarchistes
    Quand aux animaux esclave des temps modernes,.excusez du peu quand on voit les agriculteurs accusés de tous les maux souvent suite à de fausses images ou de textes complètement déjantés,eux sont esclaves d'esclavagistes qui n'ont encore rien compris à la vie sur terre.Le grand Architecte créa des animaux afin qu'ils soient toujours au service des humains et non l'inverse à les dorloter voire les materner
    Le New âge troisième vague revient , on sait qu'une mode se doit d'être personnelle ,qu'elle ne convient pas à tout le monde et qu'on habite en Suisse pays de la liberté de l'esprit et surtout du choix de sa propre alimentation sans chercher à inciter quiconque à nous imiter.Elle fait partie de notre sphère intime et l'on sait par expérience qu'un enfant à besoin de protéines animales ,le temps de sa croissance tout comme un ouvrier de chantier.présentez à ce dernier un plat sans viande
    Les végétaliens ne font pas de travaux lourds c'est toute la différence,et partis à l'étranger ils seront parmi les premiers à courir les marchés pour gouter toutes les viandes cuisinées sur place car adeptes du fameux, faites comme je dis mais pas conme je fais!

  • Comme l'homme a des dents pour manger de tout, y compris des canines pour la viande, il est clair qu'il est omnivore. Ainsi, cela n'a rien de bizarre que l'on mange de la viande.
    Dans bien des pays, on ne mange traditionnellement pas de grandes quantités de viande, p.ex. en Inde ou même en Chine, si j'ai bien compris. Au Japon, on est plutôt friand de poisson. Il n'est pas nécessaire de dévorer des quantités énormes de protéines animales, pour être en bonne santé, mais elles contiennent des substances qu'il est difficile d'obtenir ailleurs, sauf à prendre des compléments alimentaires.
    Hommelibre a énuméré plus haut des raisons pour réduire sa consommation.
    Je ne sais pas quels étaient les slogans des "végans". S'agissait-il vraiment de réclamer que tout les monde fasse comme eux, par la force ?
    Les changements d'habitudes alimentaires sont un sujet très délicat - il n'y a qu'à voir combien il est difficile de simplement manger moins, si on est en surpoids. Ces décisions de régime doivent vraiment venir de l'intérieur, à moins qu'on ne se retrouve dans des périodes de disette, comme nos ancêtres, qui avaient bien d'autres soucis que nous avec la nourriture.

  • Calendula: en effet la dentition de l'humain est celle d'un omnivore. Il peut changer pour des raisons mentales, ou devoir s'adapter à un changement d'environnement, mais il n'est pas fondamentalement végé. J'ai même en mémoire quelque part un article laissant entendre que le cerveau humain aurait grossit, il y a très longtemps, grâce à la consommation de viande.

    Pour les végé, je n'ai pas vu tous leurs slogans, mais cette citation que je reproduis dans mon billet m'a fait tilt.

  • Dire que la viande animale, volaille et les poissons comestibles vont disparaître dans un probable futur proche pour cause de surpopulation, gaspillage et appétit vorace de certains qui ne pensent pas aux plus démunis.
    Si en plus on y rajoute ce cirque des végétariens, on va finir par bouffer des insectes, du chat et du chien...
    A mon avis le problème est plus à voir au niveau de la consommation de chacun, que de dire "ouais bouffer pas de viande pour être gentil avec la race animale" selon la théorie hippiesque des bisounours

  • @hommelibre,

    Ce parallèle entre l'homosexuel et le "vegan" est effectivement particulièrement acrobatique et déplacé. Dans un sens, ils ont réussi leur coup, puisqu'on parle d'eux, mais est-ce vraiment das un sens favorable ?
    Un message aussi puéril ne donne pas envie de les prendre au sérieux, ni de devenir adepte de leur concept.
    Au lieu de s'affirmer positivement et d'être effectivement fiers de leur conviction, ils s'affichent comme un mouvement qui copie la démarche des autres
    et qui manque de créativité.
    Ils veulent que les médecins s'informent au sujet de leur choix de vie ? Pour être efficaces, ils devraient faire preuve de davantage d'énergie et trouver des gimmicks plus convaincants et originaux.
    (Si non, on va croire que les protéines animales ont vraiment une fonction dans la vigueur du cerveau ..;-)

  • Calendula: acrobatique, en effet. Un peu provocateur même. Mais le mécanisme en action est le même, et la juxtaposition rappelle que c'est un mécanisme courant.

    Le mécanisme victimaire achève de décomposer le vieux monde. Quelque chose de neuf va émerger, un mouvement post-68 qui en gardera une partie de l'héritage mais bousculera nombre de croyances et de silences que, paradoxalement, mai 68 à imposé au monde. Vous êtes dans l'enseignement, vous le savez bien.

    L'égalité va se retourner et casser les privilèges des victimes. La protection inouïe dont bénéficient les victimes proclamées de la société va disparaître. L'égalité ne supporte pas cette situation de privilège. L'ensemble des équilibres intellectuels sur lesquels la société repose vacillent. Le monde est à repenser de fond en comble. Débarrassé des idéologies. La gauche disparaîtra avec la fin de l'ère des victimes. La responsabilité de l'individu reviendra en première ligne. Entre autres. Cela prendra encore 30, 50 ou 100 ans. Mais l'ère des victimes et des guerre fratricides est finie en soi, même si concrètement il pourra encore y en avoir.

    Oups, j'ai amorcé un prochain billet... :-)

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