Il y a 35 ans il quittait définitivement la scène, un 9 octobre 1978. Un docu sur la TSR vient nous rappeler qui était cet homme. Jacques Brel. Attrapé par le cancer comme l’embrun par la vague. Avalé. Même les combattants meurent, lui qui n’aimait la vie que par les défis qu’elle lui soumettait.
Aux Marquises il avait recommencé à écrire et à enregistrer. Son dernier disque, le bleu avec les nuages, s’était vu pré-acheté à un million d’exemplaires en moins d’une heure. Brel avait atteint une maturité, un ampleur rare dans l’écriture de ses chansons. Qu’est-ce qu’une chanson? Qu’en reste-t-il après qu’elle ait été consommée, écoutée en boucle, oubliée? Qu’est-ce qui demeurera de lui, de Ferré et de quelques autres dans cent ans, alors que l’on célèbrera encore Victor Hugo?
Mais peut-on les comparer? Il y a dans les chansons, et dans celles de Jacques Brel en particulier, quelque chose qui entre sans frapper, comme par la fenêtre ouverte, qui se ferait sa place là, tout de suite, et que l’on accueille comme on accueille un ami qui nous rend visite.
Trois exemples, trois chansons. L’une, ancienne, pas la plus connue, mais si solaire: Une île, parue en 1962. L’autre, Marieke, cette femme qui est comme la terre: un chant d’amour jamais oublié. Dans la troisième, du dernier disque, la lumière s’est épurée. L’ombre est proche cependant; toutes les amertumes dont il se désensorcèle, peut-être. Mais encore, cette femme, si loin, si près: La ville s’endormait.
Une île
Marieke
La ville s’endormait