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Familles, le XXIe siècle vous hait!

Les femmes l’ont décidé: le PDC ne soutiendra pas l’initiative de l’UDC sur la fiscalité des familles. Dans son édito du Matin dimanche Ariane Dayer, rédactrice en chef, rebondit sur ce vote sanction obtenu grâce au lobbying semble-t-il intense de la section femmes du PDC. Tiens, eux aussi ont une section femmes? Et où est la section hommes, alors? Mais non, c’est pour faire moderne.

famille01.jpegMadame Dayer ne s’y trompe pas. Elle parle de guerre des sexes et de clivages entre membres féminins et masculins des partis. Ciel! Faudra-t-il désormais voter pour des représentants de son propre sexe si le lobbying communautariste prévaut sur la démocratie?

Elle cite aussi la phrase connue d’André Gide: «Familles je vous hais». Phrase qui depuis a fait des petits au vu de la déconstruction progressive des structures familiales. Ariane Dayer parle même de modernité. Une sorte de remake de la querelle des anciens et des modernes. Les anciens étant évidemment les mauvais. La mythologie progressiste n’est pas encore épuisée. Il y faudra encore un siècle ou deux. La rédactrice en chef va même jusqu’à suggérer que les partisans de l’initiative UDC sont des pétainistes. La réductio ad hitlerum se porte bien.

Deux ou trois choses à ce sujet.

D’une part il me semblait que chacun était encore libre de sa vie. Me serais-je trompé? Les familles divorcées, recomposées, où les enfants sont éduqués par des puéricultrices, sont-elles l’avenir de l’Homme? Et les familles où la mère (éventuellement le père) reste au foyer sont-elles le passé de la femme? Foyer: mot banni, honni, tabou!

Il est vrai que les lois simples peinent à cerner la complexité du monde actuel, surtout en ce qui concerne la famille. Pourtant il en faut bien. On ne peut se résoudre à inventer une loi par individu. La multiplicité des situations et des représentations catégorielles font progressivement exploser la société vers un patchwork d’entités sans plus de lien. Pourquoi un parti ne chercherait-il pas aussi à soutenir un modèle intégrant plutôt qu’un modèle diluant? Les socialistes en soutiennent un autre. Chacun ses valeurs.

D’autre part l’image véhiculée par madame Dayer, selon quoi la mère à la maison est un retour au passé tient du cliché plus que du réel. On voit l’atteinte féministe à la cervelle de journaliste: on ne connaît pas l’Histoire, on l’invente selon le besoin du moment. Ainsi dans les familles paysannes d’antan, femmes et hommes travaillaient sur l’exploitation. Nombre de femmes étaient également engagées auprès d’artisans, ou vendaient sur les marchés. Le modèle familial était déjà élargi et l’enfant souvent confié. Cette famille élargie s’occupait beaucoup des petits: oncles, tantes, grands-parents. En réalité ce qui semble historiquement nouveau c’est la famille centrée sur les parents et l’enfant. C’est une image bourgeoise du XIXe siècle, soit une réalité très minoritaire.

Enfin, parler de Pétain, soit de la collaboration et du nazisme, à propos de cette initiative UDC, c’est quand-même pousser le bouchon très, très loin. Je trouve très malvenu de peindre le diable hitlérien sur le visage du 1/3 du pays. Je ne soutiens pas l’UDC. Je trouve par contre qu’il y a des limites à la stigmatisation sans arguments. Juste sur une image de supposée «modernité». Dire qu'il paraîtrait que ce sont les femmes qui ont inventé la famille et la monogamie. En moins de cent ans le modèle a été déconstruit. Et aujourd'hui défendre le modèle intégrant serait assimilé à quelque chose de l'ordre du fascisme.

A croire que le XXIe siècle hait les familles.

Catégories : Féminisme, Politique, société 5 commentaires

Commentaires

  • Ce qui me surprend dans cette argumentaire ancestral de la femme au foyer, c'est cette tendance à la victimisation des féministes qui est parfaitement anachronique.
    De nos jours, le partage du travail s'impose de plus en plus. Certains économistes, à l'instar de Jeremy Rifkin, prévoient la fin du travail. Autant dire que si les deux parents peuvent encore travailler à plein temps, c'est juste un luxe qui ne durera pas. Et rien n'indique que la femme perdra son job avant son compagnon.
    Nombreux sont les hommes qui aujourd'hui prennent plaisir à s'occuper de l'intendance familiale et laissent volonté leur femme à ses aspirations carriéristes.
    La raison pour laquelle l'initiative de l'UDC a de bonnes chances de passer ne réside pas dans la défense des valeurs classiques (et rétrogrades pour certains), mais plutôt dans l'opportunité que présente un soulagement équitable des charges familiales, tous modèles confondus.

  • @ Pierre Jenni

    "Nombreux sont les hommes qui aujourd'hui prennent plaisir à s'occuper de l'intendance familiale et laissent volonté leur femme à ses aspirations carriéristes."

    10% des femmes donnent la priorité à leur carriére par rapport à leur vie de famille.

    lire le livre de susan Pinker le sexe fort n'est pas celui que l'on croit

    http://www.scienceshumaines.com/entretien-avec-susan-pinker-les-femmes-ne-sont-pas-les-clones-des-hommes_fr_25077.html

  • Bonjour John,
    Tu écris : "Dire qu'il paraîtrait que ce sont les femmes qui ont inventé la famille et la monogamie." Dis-moi, pour quelles autres raisons la famille et la monogamie auraient été créées sinon pour assurer la survie de la femme ? Pour que les pères soient assurés qu'ils travaillent pour leurs propres enfants ? Il me semble évident que la famille et la monogamie est une création qui avantage les deux sexes.

  • Bonjour Yvon,

    La famille est clairement une stratégie protectrice et de survie. Les deux sexes en sont évidemment avantagés car la survie de l'un ne va pas sans celle de l'autre.

    Certaines hypothèses anthropologiques attribuent la création de la famille et de la monogamie à la femme plus qu'à l'homme. La femme avait une raison majeure de vouloir un espace protégé: elle allaite, donc nourrit et pendant la période de la fin de la grossesse et les mois qui suivent elle était vulnérable. Intéresser les hommes soit au sentiment de couple soit à celui de la paternité a été une excellent stratégie. Mais y avait-il une autre possibilité?

  • L'alliance et la collaboration est une stratégie qui existent depuis le début de l'univers, comme s'il s'agissait d'un génie intrinsèque à la vie.
    Comme ce que Spinoza entendait par le thème "conatus" .
    L'aspect grégaire et l'organisation sociale en termes de culture est quelque chose qui s'est développé avec les vertébrés supérieurs. C'est l'expression de ce génie naturel qui s'applique à l'étage mammiférien. La meute et ses codes est l'expression du cerveau émotionnel propre aux mammifères.
    La spécificité humaine et son néocortex consiste à se faire une représentation intérieure abstraite du monde et faire des choix actifs et créatifs. Mais on sait neurologiquement parlant que ces choix sont toujours reliés au cerveau émotionnel, voir relié parfois au cerveau réflexe reptilien.

    C'est d'autant plus vrai que seul les vertébrés supérieur ont un sommeil avec une phase paradoxale qui active les deux centre nerveux inférieurs. Comme si, nos pensées abstraites devaient prendre un bain plus instinctif et proche de la nature de la vie.

    Autrement dit, la négation de notre composante sociale instinctive ne peut que conduire à quelque choses d'aberrant qui ne se relie plus aux forces de vie.

    Et encore les tenants de théories progressistes reliées à plus rien du tout, ferait bien de faire une cure de sommeil bien profond.

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