En l’an de grâce 2043, un des objectifs de l’abolition était atteint: le mal était circonvenu. Les femmes, infantilisées, étaient sous la protection condescendante de l’Etat qui ne voulait pas reconnaître qu’elles pouvaient librement, de leur propre volonté, décider de vivre de relations sexuelles tarifées.
Toutefois ce ne fut pas sans difficultés. La majorité de ces femmes, recyclées dans des métiers peu valorisants, gagnaient en moyenne 10 fois moins qu’au temps où elles faisaient des passes. Elles avaient manifesté contre l’abolition, et seule une répression policière acharnée avait mis fin à cette rébellion contre la pensée correcte qu’elles étaient contraintes d’adopter. Les Chiennes de Garde de la morale avaient décrété la venue d'une société pure - prélude évident à la fascisation que personne pourtant ne voyait s'édifier.
Les sanctions contre les clients avaient également évolué. Au début des années 2010 on pensait qu’une simple contravention suffirait à décourager les demandeurs. Ce ne fut pas le cas. Ce le fut d’autant moins que les dames qui en vivaient recherchaient les clients. Comme leur prestation avait été décriminalisée par le pouvoir féministe de l’époque, il n’y avait plus de délit de racolage.
Car ce n’était pas la prostitution en elle-même que visait l’abolition, mais uniquement la demande, soit la sexualité masculine. Sans quoi, l’offre aurait été condamnée au même titre que la demande.
Des prostituées s’enhardissaient donc à héler les passants. Qui, bien que très hésitants, finissaient parfois par braver l’interdiction. Mais la police féministe avait prévu cela. Elle plaçait des guetteuses à tous les coins de rue pour débusquer ceux qui succombaient au chant des sirènes. Le système était parfait: des femmes incitaient à la consommation, librement et sans conséquence, des hommes qui eux se retrouvaient en prison dans l’heure qui suivait. Dans le même temps les sanctions avaient progressivement atteint la plus haute marche pénale: prison à vie pour une pipe et rétablissement de la peine de mort pour un coït.
La prostitution s’était alors déplacée dans des lieux écartés, de géographie compliquée. Elle était devenue clandestine. Les hommes les moins riches furent pénalisés. Ils devaient faire l’affaire à la sauvette, même en plein hiver, dans un stress épouvantable. Des mafias et réseaux criminels avaient saisi l’organisation de la prostitution clandestine. La prohibition, fruit du puritanisme féministe, enrichissait les gangsters.
Les hommes riches avaient, eux, des filières et des lieux privés où de fines soirées érotiques se déroulaient. Là, tout n’était que luxe et volupté.
Quoi qu’il en soit on ne voyait rien. Le gouvernement national-féministe qui s’était installé de manière prévisible - l’abolition de la prostitution n’étant que le début d’une longue chaine d’interdits touchant à la vie privée - criait victoire. Le pouvoir d'alors, n'ayant plus que la police des moeurs pour exister idéologiquement, s'était engouffré dans l'hypermoralisation de la vie privée. Il n’y avait presque plus de prostituées. Le rêve d’une société pure avançait. On allait ensuite interdire totalement le tabac, le café, l’alcool, le sucre, le gras, et supprimer certains mots du dictionnaire, comme: différence, sexe, amour, et tant d’autres qui de toute évidence confirmaient la descendance peu glorieuse des femmes toujours soumises. Enfin, c’était la théorie dominante, assénée par quelques femelles alpha.
La prostitution s’était donc déplacée dans des lieux improbables, catacombes, caves sordides, terrains vagues hors des cités. Les prostituées vivaient une situation bien plus précaire qu’auparavant, en particulier sur le plan sanitaire. Mais l’Etat autoritaire avait muselé la presse et interdisait toute enquête sur ce sujet.
Les étudiantes, elles, travaillant par internet, continuaient à se promener avec leur sac Vuitton et leur Rolex gagné lors d’une passe rafraichissante avec un micheton généreux. Elles avaient trouvé depuis longtemps le moyen de contourner la surveillance policière.
Cette surveillance se porta alors sur les soirées privées. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. La première insubordination fut le meurtre d’une policière en civil membre de la Brigade de la pureté des moeurs. Son corps jeté devant l’Elysée fit réfléchir les autres policiers. L’un d’eux pourtant, fier de son appartenance au parti national-féministe, voulu passer outre cet avertissement. Il décida d’arrêter tous les participants à une soirée privée se déroulant en plein air dans un jardin privé sur les bords de la Marne, au mois d’août.
Dans l’heure qui suivi, grâce à internet et aux téléphones portables, la France était dans la rue. Des foules délivrées de toute réserve mirent le feu à tous les symboles de l’Etat. En 48 heures la révolution libertaire avait balayé l’ancien régime féministe et un Comité des Libertés Publiques décrétait l’abrogation de toutes les lois de genre ou inspirées par le puritanisme. On considéra enfin que les femmes étaient libres d’elles-mêmes et donc de se prostituer si elles le voulaient. L’on dota la police de vrais moyens pour éradiquer les réseaux de filles de l’est afin qu’il ne subsistât que la prostitution choisie. Ce qui faisait beaucoup plus de monde que ce que l’on disait dans les années 2010, où l’on pouvait avancer des chiffres sans en administrer la preuve formelle. On découvrit alors qu’en effet les chiffres de la prostitution subie avaient été volontairement gonflés pour justifier une politique répressive et anti-sexe.
Enfin la France respira. L’on recommença à y couler des jours heureux. Quant à la Suède, la politique répressive anti-mâles avait fait de tels dégâts que les hommes ne bandaient plus et ne se mariaient plus. L’immigration seule payait encore les retraites des vieux. Immigration du sud et de l’est qui, par un étrange retournement, rétablit la puissance masculine et enraya l’effondrement de la population. L’espoir revenait d’un monde nouveau où hommes et femmes, différents et complémentaires, pourraient à nouveau faire la danse de la séduction et où le désir serait enfin libéré de la culpabilité que les femelles alpha avaient su instiller pendant quelques décennies.
Commentaires
Je ne comprends pas bien ce projet. Pourquoi ne pas punir plus sévèrement les réseaux de prostitution et y investir plus de moyens ? Notre système judiciaire est-il à ce point en faillite ? Comme d'habitude il n'y a pas d'estimation fiable sur l'étendue de ses prétendus réseaux. Il faut alors se résigner à utiliser la bonne vieille recette victimiste, inusable et indémodable = La Domination Masculine.
En ne sanctionnant que l'utilisateur (homme) et en protégeant la prestataire (femme) on crére une double discrimination fondée sur le genre et le sexe.
C'est un projet sexiste qui vise à la sexualité de l'homme. Un tel projet, si il était cohérent devrait s'attaquer aux réseaux de prostitution et non aux utilisateurs.
Par contre l'alliance "féministes - puritains", que du bonheur !
À propos , la déclaration récente et cinglante de Badinter à ce sujet à du bien calmer les anti- Ca a du leur faire drôle de se frotter à une véritable et neutre intellectuelle cette fois.
Il existe un échec certain du système allemand et néerlandais. Quant au système suisse il est à son tour en train de s'effondrer à cause la libre circulation qui anéanti la possibilité d'empêcher l'emprise d'organisation mafieuses.
L'UE devrait permettre à ses états membres de restreindre la libre prestation de service en ce domaine en leur permettant, par exemple, d'exiger une certaine durée de séjour effectif sur leur territoire pour pouvoir s'adonner à la prostitution. Et la Suisse devrait obtenir une modification de l'ALCP (accord de libre circulation avec l'UE) en ce sens. En attendant la Suisse devrait, s'il le faut, violer l'ALCP. La situation est grave. Il y a urgence. Les organisations mafieuses opèrent sur notre territoire. Et la traite des être humain est une chose immonde. Nombre de pays de l'UE applaudiraient la Suisse. Une telle action solennelle et revendiquée, seraient excellente pour l'image de la Suisse. Restreignont le droit d'exercer la prostitution à ceux et celles qui sont résidents depuis plus de 3 ans sur notre territoire avec des aménagements pour tenir compte des situations diverses et variées.
Il est d'ores et déjà possible d'instaurer une autorisation cantonale de se prostituer. La première des caractéristiques de cette autorisation de police est qu'elle ne devrait être délivrée qu'après une période d'attente de 3 mois et après que les requérant(e)s aient rendu suffisament vraisemblable qu'ils ou elles exercent leur profession en toute liberté. De plus des connaissances linguistiques suffisante devraient être exigée des prostitué(e)s afin qu'elles ou ils puissent communiquer avec les autorités de contrôle de la prostitution.
Exercer la prostitution sans autorisation devrait être lourdement sanctionné. Et les sanctions devrait aussi viser le client qui recourerait intentionnellement ou par négligence a une protituée dénuée d'autorisation. Une modification devrait être apportée au droit fédéral pour permettre l'infliction non pas d'une simple amende mais de sanctions pénales lourdes.
Mais bon, on ne fera rien, comme d'habitude. La situation va se dégrader, les organisations mafieuses prospérer et tout cela apportera de l'eau au moulin des prohibitionistes. Prohibitionisme qui ne conduira pas à l'abolition de la prostitution, mais favorisera les mafias. Elles ont prospérés pendant la prohibition de l'alcool. Elles surfent sur la prohibition des stupéfiants et elles continueront dans le domaine de la prostitution.
A croire que certains de nos élus sont corrompus.
A quant une initiative populaire réservant la prostitution à ceux qui résident sur le territoire suisse depuis un certain temps ?
@ CEDH:
En effet, maintenir une prostitution légale, protégée, cadrée, éviterait la clandestinité et maintiendrait les réseaux mafieux à l'écart.
Je ne sais pas si les élus sont corrompus, mais j'ai le sentiment qu'ils manquent singulièrement d'audace intellectuelle. Beaucoup aujourd'hui plongent dans un moralisme conformiste.