La tribune des JO est régulièrement utilisée à des fins politiques. Rien de neuf à cela. Attaquer les Jeux garantit une forte médiatisation. Ceux de Sotchi seraient les plus décriés de l’Histoire, selon un commentateur de la RTS. Difficile de distinguer le vrai du faux dans tout ce qui a été dit. Beaucoup d’affirmations, peu de vérifications, et des contradictions. Et puis la campagne anti-Sotchi - et peut-être anti-russe - s’inscrit dans une longue suite de politisation des JO. Rafraîchissons-nous la mémoire.
100 ans de politisation
En 1920 les Jeux d’Anvers se sont déroulés en comité restreint. L’URSS, l’Allemagne et l’Autriche en avaient été exclus par les vainqueurs de la Grande guerre. En 1936 à Münich la politisation était menée au profit du régime nazi. L’Europe avait demandé le boycott et proposait en parallèle des jeux populaires en Espagne. Ils n’eurent pas lieu à cause de la guerre civile. 1936 fut un grand hymne au régime nazi.
Lors des JO de Londres de 1948 l’Allemagne, le Japon et l’URSS sont exclus des jeux. En 1952 à Helsinki les athlètes soviétiques sont logés à l’écart des autres. En 1956 à Melbourne la Suisse, l’Espagne et la Hollande boycottent les jeux pour protester contre la répression soviétique en Hongrie. 1964: la Chine est absente des JO de Tokyo à cause de la présence de Taïwan. 1968 à Mexico: des athlètes afro-américains, poings levés sur les podiums, utilisent leur victoire comme un tract politique. En 1972 les JO devenaient un champ de bataille pour une faction palestinienne, avec 17 morts dont onze membres de l’équipe d’Israël.
En 1980 les JO de Moscou sont boycottés par les USA pour protester contre la guerre en Afghanistan. Réponse du berger à la bergère: les pays de l’est - sauf la Roumanie - boycottent Los Angeles en 1984. Les jeux de Pékin en 2008 ont été l’occasion d’une vaste propagande contre le régime chinois à cause de l’occupation du Tibet.
Comaneci, icône féministe?
D’une manière générale, pendant la guerre froide, les JO étaient un terrain de combat idéologique. Les deux superpuissances affichaient leur supériorité par le nombre de médailles reçues. Le dopage y contribuait, à l’ouest comme à l’est.
Ces jours sort un livre sur Nadia Comaneci, écrit par Lola Lafon. L’auteur ressort la championne du placard pour en faire une femme victime. Elle y parle du corps féminin contrôlé, de l’androgynité de la silhouette la faisant échapper à son genre (vidéo plus bas). Nadia Comaneci est politisée après-coup en icône féministe. L’auteur ne signale cependant pas que les corps de tous les athlètes étaient contrôlés et le sont toujours, femmes et hommes. Faudrait qu'elle ouvre les yeux, la Lola. La performance reste une gloire pour un pays, une ville, une fédération, des entraineurs, des élus, pour une politique du sport et ceux qui l’encouragent. Quant à l’apparence, on n’envoie pas au JO des athlètes qui ne sont pas au top physique, ou au top esthétique selon les disciplines. Rien que de normal. Une performance aux JO a toujours signifié un changement de vie pour l’athlète, en Roumanie comme en occident, et une aura pour le pays. Mais reconnaissons à Lola Lafon un opportunisme efficace: sortir un livre sur Comaneci le jour d'ouverture des JO, c'est une bonne promo. Ajouté d'une dose de féminisme, d'une phrase sur la dictature de la mode, c'est bon pour le business.
Aujourd’hui Sotchi
Les jeux de Sotchi sont le prétexte à une vaste campagne de dénigrement contre Vladimir Poutine, jugé trop autoritaire par certains. Venant de la France, c’est cocasse. Poutine est actuellement l’homme qui rétablit un équilibre mondial multipolaire et défend une culture européenne. Il contrarie la volonté d’hégémonie des pays qui soutiennent l’intégrisme islamiste. Les lois liberticides à propos des gay? Des homosexuels ont été malmenés dans ce pays, et cela n’est pas juste. Même dans une culture européenne marquée par le christianisme la liberté individuelle doit prévaloir. Il suffit de rappeler l’épisode de la femme adultère pour situer la démarche chrétienne. Toutefois il faut préciser que seul le prosélytisme auprès des mineurs est interdit par la loi russe, rien de plus.
Que le lobby LGBT fasse pression sur les instances politiques après avoir proclamé haut et fort son mépris et sa discrimination contre les pères est croquignolet. Je rappelle ici le slogan vu en 2013: «Mieux vaut une paire de mères qu’un père de merde». J’en profite pour dire que c’est faux: mieux vaut un père de merde qu’une paire de mères. Parce que deux mères ne feront jamais un père. C’est à cela que je penserai en regardant quelques épreuves à la télévision. Les LGBT peuvent éteindre leur télé et méditer sur leur violence hétérophobe et androphobe.
Il y aura peut-être quelques manifestations, et quelques commentateurs télé trop heureux de pouvoir taper sur Poutine. Il est possible que l’on entende plus fort les opposants ukrainiens, dont une partie appartient ouvertement à l’extrême-droite régionale, cette extrême-droite avec laquelle les Femen auraient eu des liens à une époque.
Tout cela va durer deux semaines, puis les mêmes se prépareront à condamner le Mondial de foot au Brésil, à cause des expulsés des favellas. On devrait bien y trouver de quoi fabriquer une autre icône.
Business, as usual.
Welcome Sotchi 2014!
Commentaires
"En 1936 à Münich la politisation était menée au profit du régime nazi. L’Europe avait demandé le boycott et proposait en parallèle des jeux populaires en Espagne."
De quelle Europe parlez-vous ? Jamais entendu parler de ça...
Merci pour ce récapitulatif.
Du coup ça fait drôle d'entendre tous ces sportifs qui estiment que le sport doit primer sur les considérations politiques.
Géo: un effet de mon eurosympathie...
:-)
Cette histoire de JO, c'est de la merde !!!
De la merde, Corto ? t'es devenu gentil tout d'un coup ?