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Vote blanc à l’initiative de l’UDC

J’ai voté blanc sur l’immigration. Je n’ai pu me résoudre au oui ou au non. Ma sympathie pour l’idée européenne, pour un projet d’Etats-Unis d’Europe, pour le sentiment d’être européen en plus d’être suisse, ne m’a pas fait adhérer au non.

suisse,UE,votation,immigration,xénophobie,droite,gauche,J’aurais pu ne prendre en compte que le principe de libre circulation, ou la paix instaurée par la création de l’Union Européenne. Ou le fait que la Suisse vieillit et ne renouvelle pas d’elle-même sa population. Ou un désir moral de partager. Ou la relative insignifiance aujourd’hui des différences frontalières. Ou de notre intérêt à faciliter notre accès au marché européen, facilité pour laquelle il y a une contrepartie. Dans tous cela il y avait des raisons de voter non.

Mais cela n’a pas suffit à me convaincre d’endosser la position des opposants. Le mot «xénophobe» a trop faussé la campagne. Il a fait l’effet d’un contre-argument. Stigmatisation n’est pas raison. Surtout quand on sait que, proportionnellement à sa population totale, la Suisse accueille à ce jour environ 3 fois plus d’immigration que par exemple la France, supposée «terre d’accueil». La xénophobie est donc un thème repoussant - mais pas dans le sens où ceux qui l’emploient le souhaitent. D’ailleurs cela continue depuis hier: xénophobes, xénophobes!... C’est désolant.

Le non a aussi été desservi par la grande peur instillée par les opposants, et par les menaces de «guillotine». Non, décidément, je ne suis pas motivé à voter sur ces thèmes, même si raisonnablement on ne peut rien exclure des éléments de décision. Mais ces éléments, la peur ou la xénophobie, montraient surtout une faiblesse dans les arguments contre l'initiative.

Sur le oui, j’accorde à un Etat le droit de décider de la gestion du territoire sous son administration, y compris donc de l’immigration. Je n’ai pas d’opposition de principe à cette réalité. Tous les pays le font, certains bien plus durement que la Suisse. Il y a forcément une limite à la capacité ou à la volonté d’accueil. Est-elle atteinte par le nombre actuel d’immigrants? Je n’ai pas la réponse.

J’ai donc voté blanc.

Et ce matin je n’ai pas le sentiment d’être dans une Suisse xénophobe, mais plutôt dans un Etat démocratique qui se donne les règles de conduites souhaitées par la majorité.

Après, on peut discuter de la notion de majorité. 50,3% de oui sur une participation de 55,8% des électeurs et électrices, cela ne fait que 28% des suisses en âge de voter. Mais c’est ainsi. On peut aussi analyser la structure du vote et en tirer toutes les conclusions qui renforcent le sentiment de victoire ou atténuent celui de défaite. Mais enfin, s’il n’y avait pas une volonté suffisante dans la population, compte tenu de l’analyse sociologique ou des aspects locaux, l’initiative aurait été refusée.

La Suisse donne sa réponse à un thème très sensible dans toute l’Europe. Ceux qui ont voté oui ne sont pas xénophobes ni partisans d'une droite extrême. Ceux qui ont voté non ne sont pas traîtres au pays ni plus humanistes que les autres. Voter ne procure pas de certificat de bonne conduite. La pesée des avantages et inconvénients doit primer sur la morale. Il en serait autrement si l’Europe était à feu et à sang.

Après la votation suisse, les européens pourraient se demander comment eux-mêmes gèrent leur immigration et pourquoi cette gestion engendre tant de tensions.

Catégories : Politique 30 commentaires

Commentaires

  • J'ai voté non, sans hésitation. Mais je comprend votre argumentation. En particulier, le rejet des anathèmes et des grands mots : au vu de sa capacité à accueillir, traiter et assimiler un grand nombre de migrants ces dernières décennies, la Suisse n'est pas xénophobe même si une frange des "animateurs" de la blogosphère le sont clairement. Le confortable anonymat qu'elle offre n'y est certainement pas pour rien. Mais les avocats attitrés de la posture "toutes portes ouvertes" ont aussi la responsabilité dans la montée de certains excès.

  • Merci pour ce joli billet qui me conforte dans l'idée que la Suisse peut et doit être un pays innovant, accueillant, industrieux et beau tout à la fois ! Un pays où le savoir-vivre s'accorde avec le savoir-faire. Un pays où le respect du passé contribue à créer l'avenir du pays pour les générations futures.
    Le seul choix entre les deux extrêmes étaient : un vote "blanc".

  • La Suisse accueille 23,8% d'immigrés, mais c'est aussi parce qu'elle naturalise bien moins aisément que d'autres, la France en particulier, qui accueille officiellement 11,1 % d'immigrés (states officielles ONU), soit 2 fois moins et pas trois. Si l'on y ajoute les personnes devenues françaises automatiquement à la naissance (droit du sol) alors qu'en Suisse elles doivent entreprendre une démarche de naturalisation, on dépasse les 21%. Donc des taux assez proches, notamment dans les grandes villes.
    Mais c'est un faux problème, en Suisse comme en France, les régions qui votent le plus contre les étrangers sont celles où il y en a le moins. Très nettement. Et vice versa. A Genève, on est à 40% d'étrangers. Cela vous pose un problème ?
    Je ne crois pas, ou bien ?
    Est-ce donc oui ou non de la xénophobie (littéralement "peur de l'étranger")? A mon avis et stricto sensu, oui. Clairement.

  • @ States:

    Je compare les 200'000 personnes migrantes nouvelles en France annuellement, pour 65 millions d'habitants, aux 80'000 pour la Suisse pour 7 millions d'habitants. De cette comparaison je compte environ 3 fois plus de migrants nouveaux en Suisse en proportion à la population. Je n'ai pas compté les naturalisations, ni les permis d'établissements.

    La différence entre les régions qui ont voté contre l'initiative et celles qui l'ont accepté peut interprétée comme vous le faites mais c'est une option parmi d'autres. On pourrait aussi dire que les régions qui l'ont acceptée, ayant moins d'étrangers, voient moins d'utilité économique à leur présence que Genève ou Bâle.

    Je n'y vois pas automatiquement, ou indiscutablement, de la xénophobie - si tant est qu'il soit moralement répréhensible de vouloir limiter l'apport de populations nouvelles sur un territoire.

    Je pense qu'il peut y avoir un débat sur cette question au-delà de la stigmatisation.

  • Ce sont les zones les plus dynamiques économiquement, avec les plus grandes villes et où il y a le plus d'immigrés. Enfin, la Suisse fait comme elle veut...

    Souvent, je suis contacté par des chasseurs de tête suisses, je me tâte, ca m'a l'air pas mal la Suisse vu de l'extérieur. Maintenant, quelle est l'ambiance de travail dans les entreprises, je ne sais pas.

  • Pour les mêmes raisons que vous j'ai aussi voté NON. Très bon blog que le vôtre.

  • Indubitablement il y a entre la plus légère même xénophobie et le racisme une équivalence: la peur de l'inconnu.

    La démagogie n'est que la justification de nos propres craintes. La question est de savoir si le besoin de justifier correspond à la réalité: il est inutile de justifier le besoin de se nourrir, de boire, d'être aimé, etc.

  • Je vous approuve, Hommelibre. Lorsque ni le oui ni le non ne nous convient, alors le vote blanc s'impose.

  • Je serais intéressé de connaitre la proportion de votes blancs.
    Pour moi, les questions de fond tournent toutes autour de la croissance.
    http://posttenebraslux.blog.tdg.ch/archive/2014/01/28/la-croissance-au-coeur-des-questions-252369.html
    Au risque de passer pour un doux rêveur, je souhaite que notre vote ne favorise pas un repli identitaire, mais plutôt une prise de conscience de l'aberration de cette fuite en avant vers toujours plus de croissance dans un monde forcément limité.
    J'ai la faiblesse de penser que c'est une des préoccupations des Suisses. Mais ce sont peut-être des projections...

  • "J'ai la faiblesse de penser que c'est une des préoccupations des Suisses. Mais ce sont peut-être des projections..."
    En tout cas, je suis sur la même ligne. Je n'aime pas les votes blancs, cela dit.

  • Voter blanc, cela me fait penser à quelqu'un qui est incapable de prendre une décision.
    On avance dans la vie en prenant des décisions, pour soi, pour sa famille, pour son job et sa vie, alors se mettre sur la touche quand il s'agit de la communauté dans laquelle on vit, me déçoit d'autant plus que d'autres peuvent en pâtir!
    Dans ce contexte bien précis cela me parait paradoxal, car comment ignorer ce qui se passe autour de nous, alors que d'autres veulent nous faire croire que nous devons regarder au loin pour être des bons gens!

  • Géo, mieux vaut un vote blanc que pas de vote du tout.

  • Kissa@ vote blanc = pas de vote du tout.

  • Certes, les votes blancs comme les votes nuls ne sont pas comptabilisés. Mais il ne s'agit pas d'abstention de vote.

  • @ Corélande:

    C'est extrêmement rare que je vote blanc. Je ne suis pas frileux pour prendre des décisions ni des positions. Mais ici, je suis resté sans pouvoir me déterminer.

    Je viens d'entendre trois patrons de PME sur TTC. A les écouter je me dis que les opposants ont brouillé les cartes avec des propos stigmatisants alors que les arguments économiques de ces trois entrepreneurs paraissent valables.

  • VOTER NON, EVIDEMMENT !
    Alors que le problème posé est d'importance et ne peut être balayé d'un revers de main. Mais le problème - quel modèle de développement pour ce pays ? - méritait mieux que l'intitulé démagogique voulu par ses initiants xénophobes. Que sur le fond, tel qu'elle est formulée, l'initiative contrevient à des accords internationaux qui DOIVENT être respectés - elle aurait donc donc dû être invalidée - et que, last but not least, si immigration importante il y a, c'est que la demande de main d'oeuvre est forte : les électeurs qui ont soutenu cette initiative s'en plaindraient-ils ?
    C'est donc du modèle de développement de ce pays dont on doit maintenant parler ! Avec raison cette fois.

  • «Après, on peut discuter de la notion de majorité. 50,3% »

    Il y a un président qui a été élu avec un score similaire qui se prend pour la queue de la poire et qui a imposé un gouvernement de crétins à l'autre moitié du pays.

  • "C'est donc du modèle de développement de ce pays dont on doit maintenant parler ! Avec raison cette fois."
    C'était très exactement le but. Et vous pouvez laisser tomber l'accusation de xénophobie. Une stupidité répétée à tout bout de champ ne devient pas une vérité pour autant...
    HL@ "les arguments économiques de ces trois entrepreneurs paraissent valables."
    Rien n'est dit sur ces contingents, qui sont à négocier entre partis...

  • Il y aura en effet une réflexion de fond sur les besoins et les objectifs de la Suisse. C'est un des enseignements à tirer de ce vote.

  • @ States, encore ceci:

    J'ai toujours vécu à Genève, j'ai l'habitude de cette ville cosmopolite depuis des siècles. Dans d'autres régions on doit encore faire comme le Petit Prince et le renard; s'apprivoiser. Je ne pense pas que Saint Exupéry était xénophobe, pourtant il reconnaissait la nécessité de l'apprivoisement.

    Moi, cette image m'aide à accepter ceux qui ne pensent pas comme moi.

  • States, vous devriez penser plus souvent au Renard et au Petit Prince, quand vous parlez des féministes et des libéraux de gauche, parce que ce sont aussi des êtres humains vous savez.
    Vous ne vous en rendez plus compte, mais vous ne déparez plus du tout dans le magnifique éventail d'excités extrémistes de cette plate-forme.

  • "Surtout quand on sait que, proportionnellement à sa population totale, la Suisse accueille à ce jour environ 3 fois plus d’immigration que par exemple la France, supposée «terre d’accueil»."

    "terre d’accueil" la folie douce de bobo de gauche, une immigration ne doit se faire que si un pays manque de main d’œuvre pas pour d'autres raison. ce qui n'est pas le cas de la France depuis des décennies, on ne manque pas de main d’œuvre et on a 3 millions de chômeurs comptabilisés, et nous avons une dette qui s’élève à 1000 milliards d'euros !!! alors qu'un immigré n'est pas un coût que s'il est qualifié ce qui est rarement le cas, en plus nous sommes incapables d’assimilé les descendants des immigrés de la première heure, on les materne au lieu de leur imposer le respect pour le pays d’accueil.

    on s'est débarrassé d'anciens pays colonisés qui nous coûtaient un bras mais par bonté on a accepter qu'ils nous envoient chaque année un contingent de travailleurs erreur maintenant il ont réunis leur famille.

    http://www.marianne2.fr/Michele-Tribalat-au-Monde-Verifiez-vos-chiffres-sur-l-immigration_a183057.html

    http://www.marianne2.fr/Michelle-Tribalat-devoile-une-face-cachee-de-l-immigration_a189981.html

  • les immigré dans la loire on vient d’accueillir 2000 kosovars logés dans les hotels à 60 € par personne et par jour, les gamins sonts accompanés par les assistantes sociales qui leur offrent des play station à 300 € l'unité, voilà l'exmple d'une immigration parfaitement inutile.

  • 1) Achetées en gros les play stations peuvent être très bon marché et même, dans certaines conditions, pratiquement gratuites.

    2)On suppose que les gamins et les couples font en sorte qu'il y a plusieurs habitants par chambre à 60€ la nuit. 2000 divisé par au moins 4 probablement

  • non elles n'étaient achetées en gros, les assistantes sociales étaient avec à carrefour.

  • @ States:

    Libéraux de gauche: qui par exemple?
    Les féministes? Peut-être n'avez-vous pas encore ouvert les yeux.
    Pour le reste, bof. Stigmatisation, peu signifiante, as usual.

    Remarquez: j'ai fait comme vous: court.

  • @homme libre,

    Bonjour,

    Voici un article et un livre et une recherche qu'il présente qui pourrons aider à mieux prendre la mesure des choses:

    http://www.lapresse.ca/opinions/201102/24/01-4373710-le-mythe-de-limmigration.php

    Vous pouvez y ajouter les travaux du démographe anglais d'oxford David Coleman ainsi que la traduction de l'article De Paul Collier enseignant à Oxford aussi (économiste)dans le dernier et passionnant n° de la revue
    "Le débat":
    "Immigration:mesurer les avantages et les coûts de la diversité"

    http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Revue-Le-Debat/Le-Debat178

  • Malheureusement, cela ne veut rien dire: vous ignorez, nous ignorons tous, si un quelconque accord PREALABLE existe ou non; ni de quel genre il serait éventuellement. C'est comme les plantes: on voit la grandeur de ce qui dépasse mais on ne voit pas le volume des racines ... sauf investigation spécifique. Y-avez-vous procéder?

  • Malheureusement, cela ne veut rien dire: vous ignorez, nous ignorons tous, si un quelconque accord PREALABLE existe ou non; ni de quel genre il serait éventuellement. C'est comme les plantes: on voit la grandeur de ce qui dépasse mais on ne voit pas le volume des racines ... sauf investigation spécifique. Y-avez-vous procéder?

  • Quand on s'adresse à la Suisse, on emploie un autre langage. Qu'elle soit de bonne ou mauvaise volonté, on lui met indifféremment la pression pour que jamais elle ne se remette en question.

    Au delà de ce vote, on pourra décrypter plus finement les deux résultats, d'un côté (le pour) comme de l'autre (les contre)et on trouvera une grande palette de réponses loin d'être simplistes.
    Bref. Les migrations semblent être motivées par deux raisons principales: la guerre et la misère économique en ce qui concerne les travailleurs. La thésaurisation et les affaires en ce qui concerne les très aisés.
    Ces mouvements incontrôlés ou incontrôlables peuvent devenir des pouvoirs insaisissables. Donc non maniables.

    Mais puisqu'on se concentre sur la principale raison économique, il y a lieu de chiffrer les avantages (apport en création de richesse exprimé par un plus quantifiable au PIB) et les inconvénients (coûts divers, y compris sur le plan culturel et civilisationnel).
    Si l'Europe a érigé la libre circulation des personnes comme la colonne vertébrale qui soude les autres postulats économiques, ce n'est vraiment pas pour le bienfait des personnes. On peut dès lors suspecter que les personnes ne sont que des vecteurs de la surenchère à l'exploitation. Mais à un certain niveau et surtout si un pays ne veille plus sur la qualité de ses immigrants, il va subir le poids du revers qui consiste à devoir les prendre en charge vite et gratuitement.

    Certains pays de l'UE commence à douter du bienfait de l'immigration. Sans doute en a-t-il fait une comptabilité plus critique...
    Toujours est-il que même des pays très prospères comme l'Allemagne finit par être pris de panique à constater la forte contraction économique partout où elle a l'habitude d'exporter. elle qui vit essentiellement de l'exportation pour soutenir cette Union Européenne et sa monnaie, elle est, pour l'instant, seule à la porter. Mais si la demande n'est plus au rendez-vous, que va-t-elle faire?
    En Suisse, nous en sommes là.
    Le grand ceci, le grand cela, chacun sa métropole avec ses frontaliers des Bilatérales participe aux 60% de son économie exportatrice. Et si les débouchés mondiaux et européens diminuent, que va faire la Suisse de ses travailleurs étrangers en surnombre?
    Va-t-elle les mettre à la charge des travailleurs suisses? Les renvoyer chez eux? Les stocker où et comment?

    Qu'on soit pour ou contre cette initiative, la plupart des Suisses ne croit pas en cette croissance infinie. Elle pense même que nous sommes à l'apogée de la croissance et la périgée est attendue.

    http://french.ruvr.ru/2013_12_18/Sujet-d-actualite-Voisins-ou-intrus-0902/

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