On connaissait la propension de nombre d’européens à se fouetter devant l’Histoire, s’attribuant - dans un sursaut d’orgueil - la paternité (ou la maternité) de tous les malheurs de la Terre. Cette prétention à être plus coupables que les autres est une illustration du sentiment de supériorité que nos concitoyens européens ont élevé au rang de grand art.
Après le vote de dimanche sur l’immigration, on atteint le summum du chef-d’oeuvre. Pour une fois les petits suisses produisent de grands ouvrages kuturels. Non, il ne s’agit pas du «J’ai honte» ou des autres fariboles de la même sauce que l’on lit ad nauseam dans la presse quotidienne.
Il ne s’agit pas non plus du fameux «C’est pas moi c’est l’autre» que l’on sort devant la police quand on vient de foutre le feu à la voiture des pompiers, alors que l’on a tous de la suie plein la gueule et qu’on devra passer au karcher collectif qu’on le veuille ou non. Dans démokratie, il y a krasse. Quelle horreur de devoir porter la krasse des autres, de devoir payer pour ce que l’on n’a pas voté!
Ben oui, c’est comme ça. Putain de démokratie!
Alors, ce grand ouvrage kulturel? Nous brûlons de savoir!
Il s’agit de l’expiation désirée, demandée à genoux comme une supplique:
«Europe, Sainte Europe, fouette-moi, bats-moi, fais-moi souffrir! Fais-moi la leçon que je mérite (au moins là on est payé au mérite!)! Lacère-moi, déchire-moi, arrache ma peau, brise mes os, je le veux, afin de punir ceux qui n’ont pas voté comme moi. Europe, Sainte Europe, telle l’Archange de la Justice, venge-moi par ton bras! Punis ces impies qui ne méritent que la mort morale!»
Bon, ce n’est pas dit en ces termes, mais l’idée y est: on demande à l’Europe de se venger, de nous venger, de punir la Suisse, et l’on comprendrait qu’elle cogne fort. On le désire même. On veut boire le calice jusqu'à l'hallali, ou à la lie, ce qui n'est pas mieux.
«Sainte Europe, mère de toutes les batailles, vient à notre secours et balaie ces gueux. Nous t’en supplions! Fais-nous mal!»
C’est signé par un citoyen suisse, qui se tient «droit dans ses bottes». Il ne lui manque que le fouet, la pince à testikules et un hymne martial. Il serait star du SM. Il faut bien préparer la rekonversion ékonomique (cliquer pour agrandir):
Commentaires
Ben, ça vient d'où, ce délire ?
C'est absolument parfait! La cohorte des journaliste courant à Bruxelles les fesses à l'air pour réclamer les verges, c'était fou. Et ça continue. Ce que pensent les autres Européens en revanche n'intéresse pas grand monde. Le Figaro l'a demandé à des lecteurs: 92% voudraient maîtriser leur immigration (je n'ai pas retrouvé le lien). Mais on le sait: tous les peuples de l'Europe de l'Ouest voudraient faire comme nous.Ils ne peuvent hélas le dire que dans les sondages, pas dans les urnes.
Gageons qu'en Suisse, les attaques contre la démocratie directe vont reprendre. Et "EcoPop" risque bien de ne pas passer la rampe de l"unité de matière".
Le peuple suisse est invité à voter suite à quoi il se fait insulter. Séismes divers promis, "sanktions" à venir... La Suisse, prospère, fière de son indépendance (indépendance, paraît-il désormais, inexistante, gommée, disparue, émission Cdans l'air), fière de sa neutralité ne réusssissait-elle pas à additionner les échanges, les rencontres, les contacts tant économiques que culturels, humanitaires (en évitant d'évoquer le scandale des évasions fiscales, sans doute)! A elle, la Suisse, de recevoir des leçons ou, à l'occasion, d'en donner?! Ce n'est pas son genre, direz-vous, cependant, toutefois, pédagogue dans les tripes, elle l'est.
Pour une fois que la France parle de nous...
Wawrinka qui gagne l'open d'Australie contre Nadal, c'est 18 secondes sur A2...
Quand ça risque de toucher leur morlingues, alors ça y va !
C'est minable !
Et c'est encore nous les couillons.
La cour de Karlsruhe est en train de mettre le boxon en Europe avec référendum allemand sur la constitution à l'horizon. Ou modification des traités de l'UE. Ca va être sportif... Quand on demande leur avis aux populations, les technocrates se rebiffent.
Inévitablement cela va faire des remous en Europe! C'est bien pour cela que les technocrates UE essaient de nous faire peur, nous menacent ou se taisent, voire se cachent.
Personne ne s'attendait à ce résultat et en plus on en parle comme jamais on a parlé de la Suisse à l'UE!
Maintenant, nous, il faut faire le dos rond jusqu'à fin mai!
@ Géo:
J'ai parodié le petit texte du bas (j'ai coupé le nom de l'auteur) paru sur un réseau social. Et il n'est pas le seul dans ce genre. Sur FB un collègue blogueur proposait de cesser Erasmus tout de suite:
"L'Union européenne serait bien inspirée de suspendre Erasmus. Ainsi peut-être les jeunes prendraient conscience de la nécessité d'exercer leur droit de vote."
...
Demander à l'Europe de nous cogner pour nous punir, c'est quand-même rare.
"Pour une fois que la France parle de nous..."
Le "C dans l'air" de hier soir était exceptionnellement bon. Et fait ressortir cruellement la nullité de Infrarouge...
"Barde disait encore ce matin, "plus possible que des entreprises viennent s'installer en Suisse avec cette votation"."
Tiré d'un commentaire sur la plateforme 24 heures.
Personnellement, j'ai voté pour cette initiative UDC exactement pour cette raison .
Souvenez-vous de ce délire entre Vaud et Fribourg à propos d'Amgen : pour un peu, les citoyens auraient dû contribuer par leurs impôts à faire venir cette entreprise. Et après le secret bancaire, c’est la fiscalité des entreprises qui va être dans le collimateur de ceux qui nous entourent et sont beaucoup plus forts que nous.
Cette politique d'attirer les entreprises multinationales avec un pot de miel aussi grossier qu'une quasi suppression d'impôts d'un côté et de donner la parole pratiquement tous les jours à Amnesty International pour dénoncer ces entreprises, cela ne va pas. Il faut être adulte et choisir. Migros a subsidié un reportage de Arte sur Nestlé qui accusait cette multinationale d'un crime abominable : mettre de l'eau en bouteille !
Ras le bol de cette connerie des médias ! Tous leurs articles dénoncent la vilenie de l'abominable Glencore, de l'affreux X-strata, de l'exécrable Vale. Presque toutes les émissions de la Première de RTS consistent à les dénoncer, elles et leurs crimes horribles. Et l'autre partie des émissions de la dite chaîne consiste à nous faire vivre le quotidien des émigrés, les véritables héros modernes selon eux. Cette xénophilie totalement exacerbée a des conséquences et le OUI à l'initiative UDC en est une : le peuple voit de mieux en mieux que la plupart des journalistes ne sont que de vulgaires propagandistes chargés de faire passer la gauche dans les votations. Ils ont donc perdu absolument toute crédibilité et leurs seuls arguments pour s'opposer à l'initiative ont consisté à traiter les partisans de xénophobes et d'essayer de semer la peur du bâton de l'Empire...
Alors quoi de plus normal que ces gens souhaitent que l'Europe frappe fort pour leur donner raison ?
Allo...allo...mais alloooo! Bruxelles ne répond plus!
Plus de mandat pour les questions institutionnels, c'est rayé de l'Agenda!
@homme libre:
Rebonjour et toujours du même remarquable dernier numéro de la revue "Le débat",un excellent article sur le sujet que vous réabordez à très juste titre:
"L'universel ou le néant?Retour sur le malaise français" qui expose la version française de ce problème:
http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Revue-Le-Debat/Le-Debat178
Merci pour ces liens, Montagnard. Au fait j'ai lu "Le nouveau syndrome de Vichy", que vous aviez conseillé. J'en suis ravi et nourri. Je vais le relire pour encore mieux intégrer.
Merci,aussi,ci cela vous intéresse vous trouverez des articles de lui sur la revue en ligne Cityjournal (en anglais).
Dans son dernier et remarquable livre (que je vous conseille car c'est un modèle de rigueur dans l'analyse des sophismes politiques et des conditions nécessaire pour vraiment utiliser des données démographiques dans un débat politique),Michèle Tribalat fait référence à ce texte dans sa version anglaise ,car à l'évidence elle ne connaissait pas alors l'existence d'une version française.
" Assimilation:la fin du modéle français."
Editions du Toucan 2013
@ Géo
"C dans l'air " n'a rien à voir avec "Infrarouge" parce que les invités ne sont pas polarisés, ni vraiment politisés, pour ou contre un sujet.Ce sont des observateurs cela fait toute la différence. Les débats sont bien plus paisibles et donc beaucoup plus clairs pour ne pas dire éclairant.