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Les trous béants

Je hais les maths. D’accord, le mot est un peu fort. C’est pour dire à quel point cette branche m’a scié la tête. Je hais les équations, de la première à la dernière. Sorti des quatre opérations de base, il n’y a plus personne.

trou,météo,maths,cerveau,littérature,exclus,filles,vent,nuages,rapaces,internet,limites,mozart,catégorie,euro,maître,prof,intelligence,rap,28 est quel pourcentage par rapport à 489? Raaahhh! 

 

Etait-ce une allergie personnelle? En partie probablement. J’étais de ceux qui n’y comprennent rien et qui, une fois cela admis, se demandaient le reste de l’année scolaire comment ils allaient boucher le trou de leur incompréhension. 

J’ai pourtant plusieurs fois demandé au prof de m’expliquer. Mais après deux tentatives il lâchait: «C’est comme ça. Que cherchez-vous à comprendre?» Et j’étais anéanti, exclus, jeté hors de cette antichambre de l’intelligence pure que sont les maths. A quatorze ans je voulais être météorologue: la somme de maths demandée m’en a découragé. Depuis je contemple les nuages, j’observe les mouvements du vent sur les ailes des rapaces et je lis les cartes sur internet, faute de pouvoir créer des modèles d’explication des interactions des masses d’air. 

Notez, quand je vois le métier de présentateur météo je me demande à quoi servent les logarithmes, pourquoi on monte les nombres à des puissances dignes d’une voiture de F1, combien de petits pois on peut aligner entre le zéro et l’infini, et comment il se fait que moins par moins égale plus. Si j’ai moins 10 francs dans mon porte monnaie, je n’ai rien. Donc comment pourrais-je dépenser 10 francs de plus et gagner de l’argent? 

 

Voyez la profondeur du trou. Béant.

 

Depuis j’ai compris alors que mon intelligence serait conditionnée. Conditionnée par mes émotions à comprendre pourquoi j’étais exclus, comment ne plus l’être, et par mon trou,météo,maths,cerveau,littérature,exclus,filles,vent,nuages,rapaces,internet,limites,mozart,catégorie,euro,maître,prof,intelligence,rapbesoin de trouver un champs de compétence. Je l’ai trouvé parfois en composition française. Surtout la fois où j’ai écrit ce que le prof pensait. Le thème: «Science sans conscience n’est que ruine de l’âme». Bateau, non? A dix-sept ans il y avait de quoi expurger mon cerveau de tous les clichés humanistes de l’époque. Peu important la pertinence de l’analyse pourvu que certaines sentences convenues y figurent. J’exagère un peu: ma bonne note était aussi due à une excellente mise en perspective de ma réflexion.

Cela tombait bien, car à part regarder les filles et attendre le moment où enfin  le garçon conclut et passe dans la catégorie des hommes, ce qui est une épreuve dont on sous-estime généralement la difficulté, j’aimais bien la philosophie. Je dis qu’on en sous-estime la difficulté parce que l’on croit souvent que c’est simple pour les garçons, on croit qu’ils sont valorisés socialement à semer leur graine tous azimuts, qu’en potentiels maîtres supposés ils n’ont qu’à lever le petit doigt pour que les filles se couchent à leurs pieds. Expérience faite, ce n’est pas ça. Vraiment pas. A dix-sept ans, on rame un peu.

Bref, adieu maths, géométrie et autre algèbre. J’ai appris que certains trous restent béants. Je ne toucherais jamais les centaines de milliers d’euro proposés aux mathématiciens qui sauront mettre en chiffres l’une des dix grandes énigmes matheuses du siècle. Certains trouvent la bonne réponse, cette réponse à une question propre à donner un infarctus à n’importe quel potache qui croit que les musiciens de rap sont les nouveaux Mozarts. Ceux qui trouvent ces réponses sont d’un autre monde.

Je ne m’aligne pas avec ce monde. Je connais mes limites. Quand j’ai vu que les profs de maths ne savaient pas expliquer les choses de manière à ce que je comprenne, et que d’autres élèves pigeaient tout du premier coup, je me suis dit que nous n’avons pas tous les mêmes compétences. Il y a les matheux et les littéraires. Encore des catégories! Décidément, nous ne sommes ni similaires ni égaux en compétences. Comme avec les filles. 

 

Les maths ne sont pas le seul trou béant que je me sois découvert. Il y en a eu d’autres. On apprend à vivre au-dessus du vide. On apprend même à considérer que les trous béants font partie de notre configuration. Voire de notre charme.


Mais ça, c’est une autre histoire.

 

 

Catégories : Humour, Philosophie 21 commentaires

Commentaires

  • Hommelibre c'est que vous n'avez jamais été mis devant le problème de la baignoire trouée et pour laquelle de nombreuses primaires ont réfléchi tellement c'était illogique de calculer le nombre d'heures afin qu'elle soit remplie
    Connaissant très bien l'auteur de cette farce universitaire ,j'ai compris en levant les yeux et voyant un camion avec des trous pour jeter les bouteilles passer à quelques mètres de ma fenêtre à qui il pensait déjà en ces temps là .
    Il savait que nous aurions à batailler pour trier des bouteilles qui seraient, sitôt mélangées sitôt brûlées .Oui le verre brûlé permet de faire des boues spécial goudron pour rafistoler les routes
    Comme quoi si vous n'aimez pas les maths demandez vous si le problème créé qui semble tellement farfelu n'est pas un prélude pour des temps bien supérieurs à votre existence comme ce fut pour ce recteur d'UNI encore dans les cœurs de nombreux anciens élèves et amis
    Et je suis certaine que nombre de politiciens se sont donné le mot:imitons-le ont-ils dû penser/rire
    tout bon dimanche pour Vous

  • Je continue à penser que l'on ne sait pas enseigner les maths, tout en ayant quitté moi-même la section scientifique du Collège de Genève au milieu des études pour un coup de coeur en faveur du latin et des lettres.

  • P.S.
    Je ne peux faire qu'une suggestion: qu'elles soient enseignées aussi tard que possible par des littéraires.

  • Vous me rassurez Mère-Grand.
    :-)

  • Comme vous, je fais partie des naufragés de maths. Que de sentiments d'impuissance, d'injustice et de révolte. Un peu d'humiliation aussi...
    Je me suis souvent demandée, si les personnes qui deviennent profs de maths ne seraient pas, par définition, dépourvues de la capacité de se décentrer et de se représenter la difficulté du non-matheux.

    Plus tard, j'ai compris que les déménagements successifs, les changements de langue m'avaient empêchée d'avoir un enseignement un peu cohérent.
    Toujours est-il que ce n'est qu'en maths que je n'ai pas réussi le numéro d'équilibriste. A mes yeux, c'est donc une matière spécialement exigeante et qui demande un état d'esprit particulier. Ceux qui y réussissent, peuvent vraiment être fiers. J'ai l'impression que c'est très gratifiant d'avoir la bosse des maths, elle est vraiment considérée une preuve d'intelligence irréfutable.

    En tant qu'enseignante, je suis confrontée au désespoir des élèves face à l'allemand. Cette langue demande beaucoup de travail ingrat de mémorisation. Il ne suffit pas d'en comprendre le fonctionnement et d'en accepter les différences par rapport au français. Généralement, l'élève fort en maths est d'accord de suivre jusqu'à cette étape.
    Mais ensuite, il faut être d'accord de passer du temps à répéter les mots, encore et encore. C'est perçu comme une activité stupide et une perte de temps. Il faut effectivement faire un peu preuve d'abnégation ou trouver des façons de faire qui soient variées et assez efficaces, pour qu'il y ait quelque récompense.
    Heureusement, les séjours linguistiques existent. Après déjà deux semaines, la motivation peut changer. En constatant que les germanophones sont des gens plutôt joviaux et très accueillants, on peut se prendre au jeu et toute la perspective change.
    Pour cela, les maths sont autrement ingrates: pas de pays des chiffres, où on pourrait saisir par le vécu et grâce à l'interaction avec les natifs, la pertinence de cette "langue" ou méthode d'appréhension du monde.

  • Voilà qui est curieux ! Moi qui aime bien explorer des notions quelques peu irrationnelles, et bien j'aimais bien les maths, c'était un défi, un jeux de l'esprit.
    Mes enfants ont faits encore plus fort que moi, mon fils ainé jouissait intelectuellement de comprendre que les maths reliaient tout.
    Par contre j'ai eu le même réflexe de rejet en biochimie, quand vis à vis de la constante d'Avogadro, le prof me répondit " c'est comme ça ", cette réponse m'avait profondément indigné et j'ai rejeté toute continuation de mes études. Même si j'avais de la sympathie pour ce prof, je me suis dit " ahh c'est comme cela que ça fonctionne ! il faut avaler sans questionner" Impossible pour moi.

  • C'est la théorie des ensembles qui m'a bloqué à 11 ans et le côté froid des profs de maths, presque dédaigneux je trouvais, mon père m'a payé 1 an des cours particuliers par un étudiant très bien, j'ai récupéré de la confiance.

    Sans devenir un champion, parfois je devenais très bon sur certain trucs et nul sur d'autres qui passaient pas. La physique, le côté appliqué m'ont beaucoup plu, alors qu'on voulait m'orienter en littéraire où je me débrouillais bien, 17 sur 20 en philo au bac aussi, j'ai persisté dans la technique et suis devenu ingénieur où j'ai peu besoin des maths, c'est surtout mon imagination qui fait le travail, un peu de statistiques de base et physique de base pour modéliser à la louche.

    L'Allemand appris sur le tard pour cause d'expatriation a été une vraie galère, surtout la mémorisation du vocabulaire qui souvent rien de commun avec le français et un peu avec l'anglais. Le der die das, l'accusatif ou le datif selon les verbes employés ou prépositions, l'enfer...

  • coucou Homme Libre,
    c'est le rendez vous des bon chasseurs ici ;))), je me colle à vous,
    trou béant.X = trou noire = énorme masse ;)))
    bizzzouxxx et bonne soirée!!!

  • L'allemand aussi en effet, Calendula. Mais comme vous le dites, avec de la répétition et de l'assiduité on pouvait s'en sortir. La répétition du vocabulaire était très rébarbative et les profs pas toujours inspirés. Ceux qui acceptaient de passer par là y arrivaient. L'allemand a des éléments logiques qui permettent tôt ou tard de comprendre la construction des phrases, même s'il faut passer par la mémorisation systématique et par une prononciation différente.

    Les maths n'ont pas le sens que peut avoir une langue. 2 + 2 est un code très sec par rapport à une langue. Les difficultés viennent-elles principalement du prof ou certains ont-ils des dispositions plus marquées que d'autres? Certaines clés bien communiquées facilitent les choses. Toutefois je me demande pourquoi certains pigent d'un coup et d'autres suent. On pourrait questionner jusqu'où l'éducation compense des différences, et si au fond il n'est pas plus utile de disposer d'esprits différents et pointus dans un domaine plutôt que de cerveaux équivalents. Victor Hugo et Einstein auraient-ils pu être interchangeables?

    Mais ce n'était pas mon sujet.

    La question des trous dans une langue est plus facilement rattrapable qu'en maths où la construction et l'acquisition des connaissances passe par des paliers indispensables.

    "Je peux dans langue piétiner grammaire, conjugaison et articles, et pourtant faire comprendre moi" :-)

    Mais en maths certains vides ne permettent pas d'aller au-delà de ces paliers.

    Je ne regrette pas de n'être pas météorologue. Ce que je sais de la météo me permet de me débrouiller très bien et avec plaisir (je bénéficie évidemment du travail de ceux qui ont posé des sondes, qui ont représenté les cartes, et des ingénieurs concepteurs de satellites). Je n'ai jamais cessé de scruter le ciel en y cherchant autant les atmosphères poétiques que le centre des perturbations et anticyclones, des ascendances sur les champs de céréales et les descendants d'orage. L'énergie que j'ai mise et que je mets encore à danser sur les vides participe à ma construction, le contournement de mon incompétence ou de mes manques dans un domaine ont forgé une pensée qui cherche ailleurs son ancrage.

    Je mesure aussi d'autres manques dont j'ignore l'origine, comme la résistance à passer par la répétition systématique et rébarbative sans avoir de gratification. D'un autre côté c'est aussi la vie qui cherche son écoulement et je ne cherche pas à tout prix l'évitement de la difficulté. J'ai choisi d'autres types de difficultés dans ma vie jusqu'à présent, et ma nouvelle vie en comporte encore d'autres. Avec toujours les même zones intérieures où plie le fer.

    J'évolue cependant, je le vois à mon écriture, au mouvent d'où elle vient en moi. L'une des histoire de mon dernier livre est un dialogue, une scène de ménage excessive où la mauvaise foi et la lutte de pouvoir est permanente. C'est drôle mais avec un sens bien cru. Avec une amie nous le mettons en scène et le jouons quand l'occasion se présente. A terme je vais écrire d'autres texte de dialogue de couple sur des ton différents et des prétextes différents. J'y trouve une facilité que je ne me connaissais pas, et un prof de théâtre à qui mous l'avons présenté il y a quelques jours a d'abord demandé si c'était du Marivaux - ce qu signifie que cela fonctionne.

    J'ai aussi commencé à écrire les textes d'un one man show incluant quelqzes chansons, si possible pour la fin de la'nnée.

  • Oh Oh, Calendula, mon comm précédent n'est pas d'une limpidité à toute épreuve. Quand j'écris très tard je fais des raccourcis... Vous l'aviez déjà remarqué je crois! :-)

    Ici mon dernier paragraphe ("J'évolue cependant...") signifie que, d'une autre manière, de dépasse un peu des résistances, je fais reculer la "zone où plie de fer", zone ancienne où je me retrouvais face au trou sans moyen de le contourner ou de le combler.

    Et "mouvent" en début de ce même paragraphe est un raccourci de "mouvement"...

  • Si cela peut vous rassurer, j'ai toujours été doué en math mais j'ai quand même été dégoûté, surtout dans le supérieur. Il n'y a aucune pédagogie. Les théorèmes et démonstrations sont jetés à la figure comme s'ils étaient tombés du ciel, à se demander si les profs comprennent eux-mêmes. Je trouve que c'est une insulte pour ceux qui aiment comprendre le fond des choses et qui doivent se débrouiller tout seul. Bref, l'enseignement des maths est devenu un prêt à penser pour singes savants qui veulent appliquer avec virtuosité mais surtout sans rien comprendre. Résultat, je préfère apprendre tout seul pour ne pas me polluer l'esprit.

    J'ai enseigné les maths à des littéraires, et je trouve que leur programme était carrément plus intéressant. De plus, je devais vraiment expliquer, trouver des exemples pertinents et non pas me contenter de débiter des formules abstraites. Je retrouvais le boulot véritable de l'enseignant.

  • @ Aoki:

    Nous passons chacun par des chemins étonnants. Est-ce une manière d'aborder les maths, une perspective particulière, qui vous a donnée ce plaisir d'y plonger? OU bien aviez-vous une disposition particulière malgré votre goût pour le mystère?


    @ Pli:

    Les ensembles me donnent d'emblée un contexte et mon esprit peut en partie fonctionner avec cela. Jusqu'au point où il faut quand-même passer par des données précises et très abstraites. Mais au fond vous avez aussi trouvé un chemin original. Les trous dans l'apprentissage ne sont pas des limites infranchissables.


    @ Sarah:

    Coucou! J'aime votre histoire de X ... et de Y?
    A l'intersection des deux se trouve un moment-endroit magique. Un vide délicieux à combler avec intensité, fougue et finesse...
    Si la tête me tourne ce n'est pas d'alcool, c'est de danser avec vous sur le vide délicieux. Collez-vous, Sarah, c'est caliente, j'adore, je suis votre bon Terminator ;-) et les trous noirs me fascinent... :-)))

    Bonne journée et bizzzouxxx immodérés!!!

  • Je trouve que Sarah dispose d'un véritable talent pour enseigner les équations aux ados. :-)))
    les maths XXX !

    Trèves de marivaudages, je suis assez d'accord de penser que les enfants ne se développent pas de manière uniforme. En ce sens la standardisation des programme scolaires peut créer de véritables naufrages de la confiance. En ce sens j'ai apprécié globalement la pédagogie Steiner que mes enfants ont suivit, puisque l'on considère d'autres paramètres.
    L'enfant doit d'abord finir de maturer son fonctionnement organique, sa sensorialité et sa coordination corporelle avant de développer des efforts de pensée personnelle.

    Autrement dit on considère le corps, puis le monde émotionnel de l'enfant comme des conditions pour organiser dans son monde intérieur les enseignements qui lui sont dispensés.

  • Sub,

    merci pour ce commentaire qui pose bien la question de la pédagogie.

    Je n'imaginais pas que l'on puisse enseigner les maths autrement qu'en jetant formules et théorèmes à la figure, ou sans qu'il y ait un sens à ces formules, opérations, etc. A part de montrer que deux pommes plus trois pommes font cinq pommes, tout le reste était toujours très abstrait, d'une abstraction que je n'ai pas su comprendre (alors qu'aujourd'hui j'aime l'abstraction).

    A vous lire je me dis qu'on pourrait enseigner en inscrivant les formules dans une perspective d'utilité pratique, ou en donnant des exemples d'applications (technologiques ou autres). Pour moi la contextualisation est une aide précieuse, qui contribue à donner du sens.

  • Aoki, la pédagogie a parfois été considérée comme une fonction de remplissage autant que de transmission. On remplit de notions un esprit disponible. Ce n'est pas tout faux mais c'est insuffisant. L'intégration des connaissances peut en effet s'articuler avec le développement de l'individu. Apprendre n'est pas un automatisme, c'est une fonction complexe.

  • Les maths ! Notez le pluriel tout aussi important que le nom lui-même. Il y a en effet beaucoup de confusion sur ce libellé, son contenu et son incompréhension.
    Il y a lieu de distinguer en tout premier lieu math et calcul. (Il est des mathématiciens géniaux qui peinent à calculer, eh oui!). Ensuite dans le reste des mathématiques on trouve, pèle-mêle ou côte à côte de l'algèbre, de la géométrie et des théories encore plus particulières. Chacun peut y trouver "son" domaine sans trouver plaisir à tous les autres. Mais la force de beaucoup de ces disciplines c'est la capacité donnée (et exigée pour y adhérer) à une certaine abstraction, à travailler en se représentant les choses plus qu'en les maniant ou les touchant. La clé, il est vrai, est -dans de nombreux cas- la qualité du premier maître, c'est à dire de celui qui vous fait découvrir la première fois ce monde si particulier. Mais au fond n'en est-il pas de même pour beaucoup d'autre champs de l'apprentissage de la connaissance?

  • Je vois que presque tout le monde considère le problème l'échec de l'enseignement de la mathématique comme une sorte de fatalité. "Génétique" je suppose, puisqu'elle ne semble pas toucher les petits asiatiques.
    Je puis d'autant moins accepter cette conclusion, que Genève, "héritière de Piaget" a les périodes de formation des maîtres les plus longues du pays, particulièrement dans le primaire. Faut-il supposer qu'elles sont consacrées plus à des questions socio-idéologiques sur l'état de la pédagogie dans le monde que sur une véritable recherche capable de mettre en place un apprivoisement systématique et échelonné dans le temps d'une manière de penser qui n'est facile et familière qu'à une très grande minorité des élèves?

  • @ Uranus:

    Vous avez sans doute raison, mais c'est ainsi que l'on disait.
    Et même par morceaux, chez moi le trou demeure... :-)

  • @Mère-Grand,
    Mes enfants ont eu droit à un enseignement des mathématiques très bien pensé et cohérent (Ecole Primaire genevoise). Elles ont eu de bonnes bases et n'ont jamais souffert comme moi. C'est justement en regardant ce qu'elles faisaient, que j'ai compris comment j'avais été larguée, dans ma jeunesse nomade : les notions sont arrivées dans un grand désordre et il m'a manqué beaucoup de pièces du puzzle.

    Je vois le problème de l'enseignement des mathématiques dans le cadre général de la scolarisation. Comment fait-on pour que les enfants soient preneurs de la matière, aussi compliquée ou sèche soit-elle, à prime abord ? Comment leur donner envie de croire qu'ils peuvent être des matheux, des germanophones, des géographes ou des champions en dictée ? Chez les petits, il faut une dose de ludique : des énigmes, des astuces, des couleurs, des personnages.
    Primordial : donner la possibilité de la réussite, et une certaine la gratification, qui découle de l'obstacle surmonté. Ensuite, trouver la gradation de la difficulté qui ne soit pas décourageante, ni nivélante par le bas.
    Depuis PISA, on a beaucoup étudié les particularités des différents systèmes. Pour l'enseignement des maths, un pays est particulièrement peu performant : la France. Dans leur système, on stresse les élèves au maximum, en mettant l'accent sur la performance, en plaçant la barre très haut et en décourageant au maximum. Cela permet aux meilleurs d'émerger, mais on perd le plus grand nombre. C'est à l'opposé de "l'effet Pygmalion".
    Les élèves se voient comme des incapables et les faits leur donnent raison.
    C'est une sorte de cercle vicieux.

    Cela a été bien étudié, beaucoup de personnes ont cherché à améliorer les démarches. Je me souviens du nom de Stella Baruk, mais cela date déjà.

    Il faut savoir, par ailleurs, qu'il est très difficile de recruter des enseignants de mathématiques. Peu de jeunes s'inscrivent aux études et ceux qui les terminent, trouvent des jobs bien plus intéressants et valorisés dans la banque, la recherche dans tous les domaines, l'informatique, la météorologie ? etc.
    Pourtant, si je pense à mes jeunes collègues, je n'ai que l'exemple de gens très ouverts, incroyablement motivés et dévoués, alors qu'ils enseignent cette matière que je continue à voir comme un épouvantail.
    Et puis, il faut bien l'avouer, je suis un peu envieuse : pour les élèves, il est nettement plus valorisant d'être bon en maths qu'en allemand...

  • John, le prof qui vous a dit que c'est comme ça il n'y a rien à comprendre est un abruti. Il n'a rien d'un enseignant en tout cas. Les maths ne sont que compréhension ! C'est de la logique pure et remplacer la logique par de l’appris par cœur cela conduit forcément les élèves à décrocher à un moment ou à un autre.

    Pour ce qui est de votre incompréhension de la raison pour laquelle moins par moins donne plus, il suffit de remplacer les signes mathématiques par du langage. Pensez à la double négation. Par exemple "Je ne crois pas que Dieu n'existe pas" peut être remplacé par "Je crois que Dieu existe". Moins par moins donne plus, c'est la même chose. De même "Je crois que Dieu n'existe pas" est équivalent à "Je ne crois pas que Dieu existe". Donc où que l'on mette la négation le résultat est négatif. Moins par plus donne moins et plus par moins donne moins aussi. C'est par ce genre d'exemple qu'on peut permettre à des non-matheux de comprendre les maths.

  • En effet Kad, vu comme ça cela prend du sens, un sens littéraire qui m'est plus familier. Merci!

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