Elle est agendée pour l’automne sous le nom de Sex Factor. Le casting n’est pas encore fixé: 16 candidats - 8 de chaque sexe - devront s’affronter sous l’oeil d’un jury professionnel. Et sous ceux, nombreux, des internautes qui consommeront les images sur internet.
Il fallait s’y attendre: ce genre d’émission utilisera tout jusqu’à l’usure totale de la corde. Cela fait peut-être partie d’une satyre que ce qu’on l’on nomme «réalité». Parce que que passer dans une émission sous l’oeil des caméras, dans des scénarii improbables, c’est une réalité bien fabriquée. La réalité devient le théâtre monnayé de la réalité.
Qu’est-ce qu’une telle émission peut avoir d’attractif pour les candidats et candidates? Le fait d’offrir un million de dollars au gagnant ou à la gagnante et la promesse d’un rôle dans un film. Un million de dollars, c’est plus rentable que de vendre sa virginité. Et en plus pas besoin d’être vierge. Mais il faut donner de sa personne.
Le porno a acquis au fil du temps une sorte de socialisation. Dans le passé l’érotisme n’était jamais absent de la culture, et des écrivains de renom ont commis quelques textes dont les dialogues valent bien ceux de «Chattes en furie» ou de «Gorge profonde». Mais cela restait dans des cercles limités, nimbé d’une discrétion post-victorienne un peu hypocrite. Aujourd'hui le jeu de scène de la chanteuse pour ado Miley Cyrus est presque en soi un spectacle porno.
Aujourd’hui les actrices et acteurs pornos se reconvertissent dans l’animation télé, la littérature, la sexologie pratique pour couple en panne d’imagination. La morale sexuelle est pourtant l’aspect le plus restrictif de la morale générale. On peut se vanter d’avoir cassé l’arcade sourcilière d’un adversaire en sortant bourré d’une boîte à danse, mais plus difficilement de ses partenaires multiples dans la même soirée.
Le clivage des sexes est d’ailleurs toujours très vivace. On reçoit Rocco Siffredi avec les honneurs, et les présentatrices ont un sourire coquin à l’évocation de la taille de son pénis. Mais qu’une femme annonce chercher des candidats pour un gang bang avec dix ou vingt partenaires, comme cela avait été le cas en Suisse il y a un ou deux ans, on la plaint et on la présente comme une victime. Il est encore difficile d’admettre qu’une femme veuille sentir défiler en elle l’organe de plusieurs hommes successivement. Pourtant le fait de tourner dans un film ou un spectacle porno est choisi librement.
Un aspect de cette activité est rarement évoqué: pour entretenir des relations sexuelles avec un certain nombre de partenaires différents, il faut développer une attitude intérieure positive et accepter le corps, le désir et la personnalité des différents acteurs et actrices. Ici pas de dégoût de l’autre, pas de sélection particulière. On s’ouvre et l’on apprend à apprécier ou au moins à accepter. C’est à mon sens l’aspect le plus étonnant et dérangeant du porno.
Je ne dis pas que les relations y soient empreintes d’émotions fortes ou que les affinités affleurent. Cela reste joué. Mais le corps, le sexe, la bouche des partenaires sont mutuellement accessibles sans faire appel à un feeling particulier. Cette accessibilité immédiate est une force indéniable de la représentation des relations sexuelles dans le porno. Du moins pour les hommes, ce qui est aisément compréhensible de par le jeu qui voit l'homme demander et la femme disposer. En cela le porno diffère profondément de la vie. Dans nos vies toute relation suit une attraction et une construction autour du désir. Pas dans le X. Concernant les femmes, certaines, de plus en plus nombreuses, reconnaissent qu'en-deçà du jugement moral négatif qui sert de protection contre ses propres désirs et contre la possible opprobre sociale, un spectacle porno ou de Chippendales ne les laisse pas insensibles.
Le porno est troublant en ce qu’il se passe de cette construction, des sentiments, du contexte. Il est brut. Il montre l’aboutissement de ce que les autres oeuvres cachent pudiquement: la pénétration et l’orgasme. Il donne une image attractive de rapidité, de simplicité et de fun.
Et si cela marche c’est qu’il y a une demande pour cette forme de représentation et pour l’imaginaire qui en découle, et une soif pour une sexualité moins contraignante et moins pénalisée.
Pour le reste, il n’est pas besoin de faire des cours de théâtre pour jouer du porno. Il n’en restera pas une trace indélébile sur le plan artistique. Mais socialement et culturellement, c’est une des transgressions les plus totales et abouties que notre société ait à connaître.
Commentaires
coucou Homme Libre,
1 million de dollar!!! je suis curieuse de connaitre les épreuves,ça a l'air d'être plus dure que les treks de Pekin Express parce que les concurrents en bavent pour 50000 pire pour question pour un champion, un dico et une boite de jeu!!!;)))
bizzzouxxx!!!
Pour être dur, ça va être dur, Sarah!... très dur... ;-)
Avec beaucoup de sueur.
La boîte de jeu? un gode en lot de consolation pour la première perdante...
:-D
Bizzzouxxx!!!