Certaines ressemblent à des cacahouètes. D’autres à des ballons cabossés. Ou encore à de grosses patates. On le savait, elles ne sont pas toutes rondes et polies comme des billes brillantes. Mais deux presque boules soudées l’une à l’autre, c’est original.
Car Chury a bien deux boules. Deux coeurs collés-gelés, kolé-séré, attachés par une tranche claire. On dirait une tête de fémur. Cela va compliquer la tâche pour poser Philae à la surface. Philae, c'est le module que la sonde Rosetta doit envoyer à la surface de la comète Churyumov-Gerasimenko.
Aujourd’hui Rosetta touche presque à son but. Le 6 août prochain elle sera enfin au voisinage de la comète, soit 100 km. Puis elle se rapprochera encore à environ 30 km, voire 10 ou moins si les conditions le permettent. Mais déjà au début juillet la forme de Chury était apparue. La recomposition d’après les images pixellisées ne laisse place à aucun doute: les yeux des caméras montrent un objet presque double. Churyumov-Gerasimenko est formée de deux coeurs.
Quelle est donc la nouvelle difficulté due à cette forme particulière? Philippe Lamy, directeur de recherche émérite au laboratoire d'astrophysique de Marseille (CNRS) qui suit la mission depuis le début, répond au Point:
«Du point de vue de la mise en orbite de la sonde, les ingénieurs estiment que ce ne sera pas plus compliqué que si la comète avait eu, disons, une forme plus simple. En revanche, pour l'atterrissage de son module indépendant Philae, il est évident qu'il va y avoir des limitations dues à la forme biscornue de ce noyau. Vu que sa trajectoire de descente prend la forme d'un arc de cercle, si celle-ci est mal calculée, on risque, en visant la partie la plus plate du noyau, de percuter sa partie saillante arrondie. C'est clairement une contrainte supplémentaire, car il nous faut trouver une surface plate, peu rugueuse et, d'un point de vue scientifique, on doit aussi chercher à se placer au niveau d'une zone active de la comète.»
Prochain rendez-vous le 6 août.
Illustrations ESA et NASA, juillet 2014.