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Assad, allié de l'occident ?

Etrange retournement de situation. Bachar Al Assad était l'ennemi public numéro un il y a encore peu. Des pays occidentaux armaient et soutenaient contre lui des libérateurs. Aujourd'hui ces libérateurs sont eux-mêmes devenus l'ennemi public numéro un. Ils ont annoncé un nouvel Etat, L'Etat Islamique. Sur les terres conquises, on sait ce qu'ils font.

babylon-04.jpgLa coalition

Une coalition s'organise donc pour détruire l'EI.

L'EI étant à cheval sur la Syrie, toute action dans ce pays devra recevoir l'aval de Bachar Al Assad. Et de la Russie, protectrice de la Syrie, qui est aussi un rempart contre l'islamisme. La diplomatie a des voies impénétrables.

On peut remonter à plus de cent ans pour décrypter  la situation actuelle du Proche-Orient. L'identité arabe ou/et musulmane, le pan-islamisme, ont servi de lien fédérateur depuis le XXe siècle. Servi à rassembler des populations disparates à la fin de l'empire ottoman. La création d'Israël a permis de cristalliser et de développer la quête identitaire mais elle n'en est pas la cause. Enlevez Israël: ils se tueront encore entre eux comme ils le font déjà. La région a été le lieu de conflits depuis des millénaires. Le pan-islamisme est un leurre servant les intérêts de quelques dirigeants. De même pour le pan arabisme qui, donnant aux populations l'illusion d'une unité transnationale, à caché les intentions des potentats qui se servaient sous ce prétexte.

La recherche du pouvoir absolu, mémoire peut-être d'une époque où l'Etat absolu était la norme, est la règle. Pouvoir politique, économique, et pouvoir sur les esprits par la terreur ou par la religion, quand ce n'est pas les deux à la fois - puisque selon les musulmans dont on entend la voix, les islamistes, le Coran préconise la violence. Les pays du proche-Orient sont moulés, comme gelés, dans des systèmes politiques autoritaires et népotiques. Ce qui servait de modèle dans les tribus et les clans, et qui fonctionnait à petite échelle, a été transposé à l'échelle des nations. La quête du pouvoir absolu est marquée sur toute la région, à quelques exceptions près et avec quelques nuances. L'Etat Islamique n'est que l'aboutissement logique de cette quête. Il a donc un ancrage culturel fort, où se mélangent identité, défense contre l'ancien colonialisme subi, nouveau colonialisme à l'égard des populations différentes des conquérants, volonté d'expansion. La volonté guerrière est affirmée comme un salut spirituel.


conquête-Muslim_Conquest.PNGUne nouvelle croisade

L'islam s'est largement développé historiquement par des conquêtes militaires et des contraintes sur les populations soumises. L'Etat Islamique, et à travers lui l'islam tel qu'il est proposé, reprend le flambeau. C'est une croisade. Au point où l'EI provoque le monde sans retenue par l'assassinat de journalistes et de populations entières. Se croit-il assez fort pour combattre une coalition mondiale? Du moins ses combattant sont-ils d'une détermination sans faille et ne craignent-ils pas la mort. Et, étant l'aboutissement d'un siècle de quête identitaire, se prévalant d'un véritable (?) islam conquérant et vengeur, il laissera des traces durables - s'il disparaît.

N'imaginons donc pas sa fin facile. Qu'il soit écrasé dans ses fiefs irakiens est possible - même les tribus de l'ouest se lèvent maintenant contre lui. Mais sa théorie, son islam de la terreur, sa revendication identitaire ne cesseront pas pour autant. Les pays de la région devraient participer à la coalition pour ancrer les musulmans dans un nouveau discours. Mais on sait les intérêts multiples et contradictoires, et les alliances douteuses dont l'implication dans la situation est à double discours: l'Iran, opposé à l'occident, est objectivement un allié dans la situation, alors que l'Arabie Saoudite, officiellement amie des Etats-Unis, soutient le djihad. L'entrecroisement des intérêts et des intentions dans cette région est difficile à démêler.

Il est plus simple de combattre ceux qui se montrent aux yeux du monde comme les plus cruels et qui menacent ou défient ouvertement l'occident. Ce combat servira également les pouvoirs locaux qui sinon risquent de tomber sous les coups de l'EI. EI dont les limites territoriales revendiquées ne sont pas encore atteintes par les soldats. On sait combien l'idéologie de la haine, portée par ce qu'il reste du pan-islamisme, est contagieuse sur des populations subissant des pouvoirs autoritaires. Le développement économique et culturel étant aux mains de quelques-uns, la frustration face à l'occident si libre est immense, et il semble plus simple de le haïr que d'appliquer son modèle sur place. Son modèle? Liberté d'expression, libre choix religieux, meilleure répartition politique du pouvoir, entre autre. Et une certaine liberté affective et sexuelle, qui est une des antidotes à l'oppression culturelle et spirituelle imposée par le pouvoir. Mais un jour, quand les dominants et les tueurs se seront retirés, viendra le temps des réformateurs de l'islam. Cela viendra. 


assad-comptes.jpgUn Dieu bourreau

Aujourd'hui l'islam est encore au stade du dieu bourreau. Il est présenté dans ces régions comme une culture de mort et de soumission. Soumission à Allah ou aux autorités politiques? Le mélange est le même que celui appliqué dans certains pays d'Europe dans le passé. Et puis, la légitimité à couper des têtes a été largement assise par la Révolution française.

Où, dans la nature, les humains ont-ils pris modèle du pouvoir absolu? D'où ont-ils reçu ce que l'on nomme la violence aveugle, la cruauté, le besoin de suprématie? Le droit d'excommunier, de lapider, de couper des têtes au seul prétexte de la volonté divine - ou humaine par volonté divine réappropriée? 


Il y a encore loin de la guerre à la joie, des conflits à la paix. Depuis cent and des leaders conditionnent leurs frères et leurs soeurs à détruire les ennemis désignés. Leur chef, Allah, voudrait cela. La haine accumulée est aujourd'hui à l'oeuvre. Elle ne s'en ira pas rapidement. C'est un fond de commerce autant qu'une conviction. C'est une entreprise de soumission à une idéologie à laquelle l'EI fait référence et qu'elle démontre. Ce Dieu-là est un criminel. A voir faire l'les musulmans de l'EI, son plan est de tuer sans raison, en masse, des populations entières. De dresser les humains contre eux-même.

Ce dieu-là est un monstre. Un bourreau. Ce dieu qui exalte le martyr et la mort en masse sans forme ni procès est chef d'une religion de mort. Ceux qui honorent la vie ne s'y retrouvent pas. Ils ne peuvent se mettre à genoux devant un être qui demande de décapiter leur frère. Ce dieux détruit les racines-mêmes de la construction des sociétés humaines.

neurones.jpgMal aux neurones

Ceux qui aujourd'hui crient, menacent et tuent en masse au nom d'un dieu sont sur le devant de la scène. L'EI montre malheureusement ce qu'il faut comprendre aujourd'hui de l'islam, dont la violence conquérante est affirmée sans détours et référencée à un livre paraît-il immuable.

Je ne crois pas que tous les musulmans adhèrent à cette vision, et la foi se pratique plus dans le silence du coeur que mitraillette au poing. Mais l'EI impose un premier degré dans la perception de l'islam, perception qui n'est pas vraiment contrebalancée par les musulmans non-violents. L'EI prétend être l'aboutissement de l'islam, et l'on ne voit pas les foules musulmanes dans les rues pour dénoncer cela. A force, cela devient troublant même pour ceux qui respectent le libre choix de vie et de croyance. Je comprends que des musulmans souhaitent développer leur propre modèle culturel. Mais là, ce n'est plus un modèle acceptable. Il y a bien quelques signes de refus de la part de certains, mais bien peu en regard de l'étalement de violence à laquelle nous sommes maintenant accoutumés. Qui faut-il croire? Ceux qui tuent et le revendiquent très haut, ou ceux qui se taisent ou parlent à bas bruit?

Je suis partisan de la liberté religieuse mais je rejette toute notion de jugement dernier qui ferait de la croyance la matrice de la pire violence physique et morale sur les humains. Si la coalition en préparation veut éliminer durablement l'EI et ses croyances érigées en dogme politique, elle devra frapper en Syrie. Dans cette bataille, Bachar Al-Assad était et est encore un allié de l'occident (comme la Russie). Dictateur, certes, mais ayant redistribué une part de pouvoir économique aux différentes populations qui forment la Syrie. Assad, allié de l'occident? Cela va faire mal aux neurones.


Catégories : Philosophie, Politique, société 0 commentaire

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