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Automne

Il est arrivé cette nuit. Discrètement. Personne ne l'a remarqué. La bise avait hier déroulé le tapis bleu, et hormis cette fraîcheur ç’aurait aussi bien pu être le printemps, ou même un bout d’été imprévu.

Vendange au Domine Genoux.JPGMais c’est l’automne. Les stratus ce matin devraient être exactement au rendez-vous. J’écris à l’aube dont j’aperçois, derrière mes fenêtres, les premières lueurs. Je vais sur le balcon. L’air est froid. Les premiers stratus, gris clairs, déchirés, apparaissent dans le ciel pâle.

Cette année le passage est brusque. Dimanche nous étions encore caressés par un flux de sud-ouest, doux, un peu humide et instable, et hier déjà le flux a tourné à l’est, glissant une coulée d’air frais sous une grosse crête anticyclonique allant de l’Atlantique à l’Allemagne et même la Pologne, l’Ukraine et la Russie.

La météo se moque des frontières et de nos guerres.

 

Automne: tout va changer, comme cela change toujours. Nous perdons de la lumière. Le soleil se retire au rythme de 4 minutes par jour. Une heure en deux semaines! La mécanique céleste est implacable. Cela se sent. Les matins ont fraîchi depuis plusieurs semaines. Le soleil nous a encore gratifiés de chaudes journées mais aubes et soirées ne trompent pas: il se passe quelque chose.

Toutefois l’abrupt du changement reste progressif. Jusqu’où va l’été? Il dure tant qu’il y a du soleil. Quand débute l’automne? Quant, imperceptiblement, quelque chose tremble en nous de cette balance des saisons, de cette chute vers l’ombre. Quand les grillons se taisent.

Orff02.jpgMais, comme l’été et ses hautes herbes fleuries de juin, ses champs moissonnés et jaunes de juillet et  ses fruits ventrus dont le rire s’étend d’août à l’hiver, l’automne est lui aussi multiple. Il commence collé contre l’été: on peut s’y tromper. On ne l’identifie vraiment qu’aux longues pluies d’octobre, ou lors des tempêtes de novembre, ou dans les premières neiges scintillantes aux matins de décembre.

Il est là aujourd’hui, et la fête est encore toute proche. La fête des vendanges. Septembre nous offre l’abondance de la vigne et les ivresses qui s’en suivront. L’automne, ce n’est pas que Verlaine et sa petite chanson lancinante:

 

«Les sanglots longs

Des violons

De l’automne

Blessent mon coeur

D’une langueur

Monotone.»

 

Ni qu’Apollinaire:

 

«Une chanson d’amour et d’infidélité

Qui parle d’une bague et d’un coeur que l’on brise»

  

Orff01.jpgL’automne c’est aussi la vendange, et bien tôt le vin que des étudiants boiront sans retenue dans des tavernes et sur les bateaux. Ils le célèbrent par des chants que Carl Orff a groupés dans son Carmina Burana. Ils sont parfois mis en danse comme une bacchanale, cette ancienne fête religieuse en l’honneur de Bacchus, dieu du vin.

La mort n’est jamais loin de l'automne, la fin de quelque chose, mais ici on ne voit que la fête. Point de tristesse: de la démesure, cette démesure si nécessaire à l’avancement humain! C’est aussi cela, l’automne: la fête du vin qui tourne les têtes vers les étoiles.

 

 

Carmina Burana, de Carl Orff: In Taberna - Estuans interius

 

 

 

Catégories : Art, Art et culture, Météo, Poésie 2 commentaires

Commentaires

  • coucou Homme Libre,

    ah c'est pas faux,la fête du vin qui tourne les têtes vers les étoiles et le lendemain la t^te dans le cul^^.;))))
    bonne journée, bizzzouxxx!!!

  • Coucou Sarah,

    ça c'est ce qui arrive quand on ne s'arrête pas de tourner la tête: on fait le tour complet...
    :-)))))

    Bonne journée à vous zaussi. Bizzzouxxx!!!

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