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Harcèlement de rue à New York : gros coup de pub

Une vidéo a fait son apparition sur le net. Son objet: démontrer le harcèlement de rue qu’une femme peut endurer. Le film est tourné par une équipe comportant Shoshana B. Roberts, actrice inconnue, et une personne marchant devant elle avec une caméra. La caméra enregistre les sollicitations dont la jeune femme est l’objet. Je propose de démonter l'objet. Vous serez surpris du résultat.

Shoshana B. Roberts, qui grâce à ce film vient de gagner une grosse notoriété aux Etats-Unis, marche pendant une dizaine d’heures dans les rues de Manhattan, en particulier le quartier de Soho où ont lieu régulièrement des shootings de mannequins et diverses exhibitions (image 1). Shoshana B. Roberts marche en silence, précédée d’une autre personne portant discrètement - à ce que l’on en croit - la caméra cachée. Le très faible tremblement de la caméra montre que l'on a affaire à des pros bien équipés. Le résultat des dix heures tient en 1’56’’. 

Je mets en doute très nettement ce document, qui bien évidemment présente les hommes comme des harceleurs et des prédateurs dans leur ensemble puisque Shoshana est supposée représenter toutes les femmes.

  

new york,femmes,harcèlement,shoshana b roberts,rob bliss,pub,vidéo,caméra cachée,hommes,manhattan,soho,hollaback,Remarques préliminaires:

1. Les propos des hommes qui sollicitent sont dans l’ensemble plutôt sympas.

2. On pourrait dire qu’il sont les signes d’une belle vitalité masculine, puisqu’historiquement ce sont les hommes qui sollicitent et les femmes qui disposent. Madame Roberts, en ne répondant pas, trouble les codes tout en les jouant. Ne pas répondre c’est ne pas poser de limite et c’est aussi en poser une par l’indifférence.

3. Les hommes doivent tenir compte du fait que si certaines femmes sont flattées par quelques mots dans la rue, d’autres n’apprécient pas du tout, ni le fait, ni la manière. Mais il est difficile de savoir qui acceptera avant d’avoir essayé.

4. Que montre la vidéo? Une centaine de sollicitations en 10 heures, soit 10 par heure, soit une toutes les 6 minutes. Soit, si toutes les sollicitations sont authentiques et s’il ne s’agit pas d’acteurs, un très faible pourcentage d’hommes actifs. En six minutes on peut croiser des dizaines de personnes, même plusieurs centaines. Faites le compte vous-même dans une rue passante. On peut donc dire qu’environ un homme sur 50, ou sur 100, ou sur 500, a un comportement de sollicitation verbale. C’est très, très peu.

Il est dans la norme des comportements que les hommes et les femmes désirent se rencontrer. Pour cela il faut s’aborder. On remarque que certaines femmes sont beaucoup plus abordées que d’autres. Une jeune femme que je connaissais en ligne se plaignait d’être fréquemment sollicitée: paroles, sifflements. Elle n’aimait pas dut tout. Un jour elle m’a invité sur Facebook. J’ai vu ses photos. Et j’ai compris: elle avait tout du magazine de mode, une séduction à fleur de peau, des vêtements et une manière d’être montrant une forme de disponibilité - ce qui était bien sûr sa liberté, mais ce qui est aussi un code social.

new york,femmes,harcèlement,shoshana b roberts,rob bliss,pub,vidéo,caméra cachée,hommes,manhattan,soho,hollaback,J’ai pris du temps récemment pour examiner nombre de rues, les halles d’un aéroport, les bus et trams. Jamais, pas une fois je n’ai vu ce que cette vidéo montre. Des regards furtifs, plus ou moins rapides, une ou deux approches très cool, oui, mais pas d’approche verbale aussi directe. Cela dit, aux Etats-Unis, le fait de regarder une femme plus de quelques secondes est déjà passible d’une plainte pénale. Merci le féminisme misandre. Hommes et femmes ne sont décidément pas pareils en tout! Et pourtant on peut voir des terrasses de café à Soho sans le moindre signe de harcèlement envers des femmes (image 2). Et toutes ces femmes qui marchent, toujours dans Soho (image 3), sans qu’un homme ne vienne les solliciter. Où sont les hommes¿

 

 

Critique du tournage

On a deux personnes (au minimum) dans la rue, en file indienne, et dont l’une porte un foulard sur la tête pour masquer une caméra. Elles marchent exactement au même pas, au même rythme, à la même distance. Celle qui est filmée marche sans but particulier. Ses habits moulants montrent des formes, disons, généreuses.

5. Un tel équipage doit se remarquer et attirer l’attention, donc faciliter la prise de contact. L’équipage pose un biais initial dans la rue. Imaginez deux personnes se suivant fidèlement, en ligne, à même vitesse et distance, toutes deux impassibles et silencieuses: l’expérience est déjà faussée.

6. Une lecture attentive de la vidéo montre que certaines rues de Manhattan sont privilégiées. Elle passe à plusieurs reprises devant des hommes ou groupes d’hommes assis et disponibles. Ils ont possiblement, pour certains, amené eux-mêmes leur chaise, posée devant une vitrine vide qui n'est pas une terrasse. On les voit assister passivement au spectacle de la rue. Leur intervention en fait des acteurs l’espace d’un instant. Mais ces rues-là sont-elles représentatives de l’ensemble de la ville et des comportements masculins? On n'en sait rien. 

new york,femmes,harcèlement,shoshana b roberts,rob bliss,pub,vidéo,caméra cachée,hommes,manhattan,soho,hollaback,7. On remarquera que pour beaucoup les sollicitations proviennent d’hommes black ou bruns. A Bruxelles, Sofie Peters avait filmé principalement des beurs, ici il y a une importante proportion de noirs: les petites blanches font-elles leur pub sur les minorités de couleur?

8. La lecture attentive de la vidéo montre à différentes reprises, en arrière-plan, d’autres femmes à l’image. Pas une n'est interpellée ni sollicitée. Etrange non?

9. A la fin de la vidéo on peut lire un appel aux dons pour l’association Hollaback. Eh bien voilà: encore un groupe d’inspiration féministe qui veut capter de l'argent sur le dos des hommes. De plus, la semaine de la violence faite aux femmes (et pas aux hommes) est pour bientôt. La promo commence. Ces femmes font décidément vendre. Elle squattent beaucoup du temps de cerveau disponible.

La cerise sur le gâteau maintenant. On a lu et entendu des femmes réclamer la possibilité de se promener partout, librement, dans l’habillement qui leur plaît. Elle réclament le droit d’user à leur guise de la voie publique, sans être importunées. Normal. Par contre elles contraignent l’homme et limitent sa liberté quand il passe près d'une femme. Ainsi sur le site français de Hollaback on peut lire cette recommandation à l’intention des passants:

«La nuit, n’adressez pas la parole à une femme seule. Changez de trottoir ou éloignez-vous d’elle. Dans un endroit clos (parking, etc) ne vous attardez pas.»

 

new york,femmes,harcèlement,shoshana b roberts,rob bliss,pub,vidéo,caméra cachée,hommes,manhattan,soho,hollaback,Hommes, vous l'avez compris: elles veulent contrôler votre comportement. Signe évident d’une domination féminine qui ne se cache plus.

Mais cette vidéo pourrait bien n'être qu'une pub. Car comme l’indiquent les infos à la fin, c’est une agence de pub qui a réalisé cette vidéo: «Rob Bliss Creative», spécialisé dans les vidéo virales et dans les événements à fort pouvoir spectaculaire et émotionnel. La philosophie de Rob Bliss Creative est d’ailleurs très claire et classique de la manipulation d'opinion:

«Giving people the content they want (donner aux gens le contenu qu’ils veulent).»

«By giving people the content they embrace instead of resist, they have a collective power to promote it far better than any television commercial or billboard can. Instead of trying to force people to watch our messaging, which they then mute or walk away from, we create content that is shared and recommended by the friends and family they trust the most. This audience is of much greater quality to you because they want to participate; they’re not forced.»

(En donnant aux gens le contenu qu’ils désirent plutôt que de susciter leur résistance, ils disposent d’un pouvoir collectif pour le promouvoir bien mieux que n’importe quelle télévision ou média. Plutôt que de forcer les gens à regarder notre message, qu’ensuite ils oublient, nous créons du contenu qui est partagé et recommandé par les amis et la famille. L’audience est de bien meilleure qualité parce qu’ils veulent y participer; ils n’y sont pas forcés).

«Donner aux gens ce qu’ils veulent voir... donner aux gens le contenu qu’ils désirent... créer du contenu...»: cette vidéo donne aux gens ce qu’on pense qu’ils attendaient. La vidéo est conçue et réalisée pour montrer ce que le peuple veut voir. Pour info, le directeur de l'agence est également journaliste. Et Shoshana B. Roberts a fait sa pub perso.


Ne nous fions pas à ce que nous voyons sans l’avoir analysé en détail. Et, contrairement au racolage en fin de vidéo, ne donnez RIEN à Hollaback.

 

 

Vidéo 1 avec Shoshana B. Roberts:

 

 

 

Vidéo 2 - Shoshana B. Roberts, qui a visiblement inventé la poudre et cherche à le faire savoir, se présente sur son site:

 

 

 

Catégories : Féminisme, société 17 commentaires

Commentaires

  • good morning (...) j'ai envoyé en lien ton/ce papier sur l'Obs; même sujet

    http://tempsreel.nouvelobs.com/video/20141029.OBS3471/accostee-suivie-10-heures-dans-la-peau-d-une-new-yorkaise.html

    mais où il n'y a pas son auto interview à la fin (ni le point de vue !) buen dia

  • good morning (...) j'ai envoyé en lien ton/ce papier sur l'Obs; même sujet

    http://tempsreel.nouvelobs.com/video/20141029.OBS3471/accostee-suivie-10-heures-dans-la-peau-d-une-new-yorkaise.html

    mais où il n'y a pas son auto interview à la fin (ni le point de vue !) buen dia

  • Cool. Bonne journée!

  • "«La nuit, n’adressez pas la parole à une femme seule. Changez de trottoir ou éloignez-vous d’elle. Dans un endroit clos (parking, etc) ne vous attardez pas.»

    on est en plein délire toujours aussi connes ces féministes !!!

  • @leclec a raison c'est une tartuferie de la part de ces nanas qui ne savent plus quoi inventer juste pour faire parler d'elles
    Ce qui devrait inciter à ce méfier de nombreuses vidéos surtout quand on sait que la majeure partie des images et articles parlant d'Ebola ont tous disparu dés l'entrée des recrues en caserne
    Apprenons à réfléchir à qui profite le crime dirait Sherlock Holmes

  • Bien vu.

  • J'étais sûre que vous alliez en faire un blog !

    C'est une obsession chez certaines femmes de vouloir absolument prétendre que tous les hommes sont des harceleurs ... :-)))

  • https://www.facebook.com/Liberation/posts/10152768920347394

    https://www.facebook.com/lenouvelobservateur/posts/10154795424130037

    Merci, je me sens moins seule , même si ça ne me posait pas problème , pas plus que la contradiction, voire l'agression! ;)

  • leur faire un compliment dans la rue ça serait le harceler, mais de s’exhiber sur internet a la vue de n'importe qui, certaines ça ne les dérange pas, ça s'appelle l'époque de la communication.

    https://fr.chaturbate.com/female-cams/

  • @ leclerq : excellent raccourci !

    Je connais une femme qui va travailler en mini-jupe/robe ou short mais qui refuse de prendre un ascenseur seule avec un homme ...

  • Confirmation de l'orientation raciste de cette vidéo, par l'héroïne elle-même: les images avec des blancs ont été coupées au montage.

    www.slate.fr/story/94075/harcelement-de-rue-racisme

  • "Ces femmes font décidément vendre. Elle squattent beaucoup du temps de cerveau disponible."
    Bof, si les gens n'ont pas un cerveau suffisamment indépendant et prennent pour argent comptant la néo-bible; la téloche et autres vidéo et blogs douteux ... Comme quoi il faut se méfier de tout ce qui circule sur le Web.

    Au fait ? c'est pas du voyeurisme de filmer des gens dans la rue comme celà ? Qui plus est les diffamer ? Mais c'est pas comme si les féministes n'ont jamais été hors-la-loi, ni même été impuni ?
    Il serait temps que la législation se lève comme un seul homme pour corriger cette évidente injustice.

    @Lise

    J'ai remarqué que bien souvent les pires puritaines étaient justement les moins pudiques chez la gent féminine.
    Les femmes et leur inconséquence...

  • @ Spartacus : entièrement d'accord avec vous, ce qui pourrait signifier : regardez-moi mais ne faites aucune réflexion quelle qu'elle soit, c'est moi qui décide !

    On peut tout aussi bien imaginer que - dans quelques mois - nous pourrions lire/entendre la réflexion inverse : regardez-moi et draguez Messieurs, je me sens si seule ...

  • www.slate.fr/story/94075/harcelement-de-rue-racisme

    cette analyse mélange tout autant, il est anormal d'avoir enlever "les blancs" dans la vidéo aux états unis, video où les gens de couleurs n'insultent pas les femmes autant il est anormal de crier aux racisme par rapport au reportage en Belgique.

    ce quelle a dit est vrai

    "elle estimait que «les musulmans ont un comportement assez insistant par rapport à la sexualité: porter une jupe pour une femme, c'est déjà risqué.» "

    et elle n'avait pas à baisser son froc comme elle là fait par rapport à la communauté musulmane.

    " Ce qui n'avait pas manqué de faire réagir la communauté musulmane, la poussant à nuancer son propos: «s'il y a une forte proportion d'étrangers parmi les garçons qui me font des remarques, c'est parce qu'il y a aussi une forte proportion d'étrangers parmi les populations fragilisées.»"

    "Dans un article sur Rue89 de juin 2014, une étudiante en sociologie se saisissait du même problème en dénonçant un «féminisme bourgeois» qui n'incriminerait le sexisme que de manière sélective, «faisant le jeu d’un mépris de classe et d’un racisme terrible.»"

    quelle arrête de dire des conneries cette étudiante en Sociologie et quelle regarde la réalité en face !!!

    http://hommelibre.blog.tdg.ch/archive/2012/08/01/7a0486a236ca65d7b2ad7bf348c4d386.html

  • @leclercq

    en fonction de la culture, la pudeur est relative. Certains vont voir de l'impudeur alors qu'une femme est fringuée élégamment non vulgaire tandisque d'autres ignoreront la femme même si cette dernière se baladait entièrement nue.

    C'est un peu comme ces musulmanes qui se disent féministes et qui disent que le voile est le symbole du féminisme.

  • "Que montre la vidéo? Une centaine de sollicitations en 10 heures, soit 10 par heure, soit une toutes les 6 minutes. Soit, si toutes les sollicitations sont authentiques et s’il ne s’agit pas d’acteurs, un très faible pourcentage d’hommes actifs. En six minutes on peut croiser des dizaines de personnes, même plusieurs centaines. Faites le compte vous-même dans une rue passante. On peut donc dire qu’environ un homme sur 50, ou sur 100, ou sur 500, a un comportement de sollicitation verbale. C’est très, très peu."
    Et alors ? Le but de la video n'est pas de dire que tous les hommes sont des harceleurs, mais de montrer ce que vit une femme quand elle se promène dans la rue.

    Se faire enquiquiner en moyenne toues les 6 minutes, c'est beaucoup.
    Qu'on croise un seul gros lourd, ou 49 hommes normaux (ou 99, ou 499) et bien éduqués + 1 gros lourd, quand on a juste envie d'aller d'un point à un autre sans être sollicitée, en terme de désagrément c'est exactement la même chose.

  • Lulu, comme vous dites: "ce que vit une femme quand elle se promène dans la rue". Une femme. Pas les femmes. Et le nombre de sollicitations ne tient que si l'on pend les propos pour argent comptant. Encore faudrait-il avoir accès aux rushes, et enquêter pour savoir comment se sont passées les prises de vue, ou si les hommes sont des acteurs. A un certain degré de manipulation, que reconnaît implicitement Rob Bliss, tout est possible. Ce ne serait pas la première fois.

    Que dit l'Obs et Rob Bliss?

    "ce que vivent au quotidien les femmes quand elles se trouvent dans l'espace public". Les femmes. Donc toutes les femmes, selon lui. C'est bien ce qui rend la vidéo virale: laisser entendre que c'est une généralité.

    Possible qu'une femme vive cela. Possible même que l'homme harcelé sur cette vidéo vive aussi une sollicitation par 6 minutes:

    www.tdg.ch/vivre/societe/hommes-subissent-harcelement-rue/story/20942469

    Mais c'est montrer peu d'exigence que de se contenter d'images brutes sans se questionner sur la majorité de blacks et d'hispanos montrés sur la vidéo de Rob Bliss. De ne pas chercher à savoir quelles rues ont été visitées, combien de fois, quel effet a pu faire sur le public ce curieux équipage, comment le montage a été fait, pourquoi le choix de certaines images et pas d'autres, pourquoi d'autres femmes apparaissent sans être sollicitées, si l'actrice est bien dans sa tête (vidéo 2), bref de consommer sans aucun discernement ni discrimination intelligente des images brutes dont la forme est jetée selon une technique de mise en stress du spectateur. Mais de vous, sous cette identité-là, je sais que je ne dois pas attendre autre chose.

    Maintenant on peut aussi considérer qu'il faut castrer moralement les hommes et refuser le fait qu'ils sont intéressés par les femmes. C'est à mon avis le but de cette manipulation de Rob Bliss et Shoshana B. Roberts.

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