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Il y pense quand-même

Il y a quelques temps il déclarait ne pas y penser. Il posait comme un Monsieur Loyal, au-dessus des contingences du calendrier. En mai dernier, au micro de Jean-Pierre Bourdin, il affirmait ne pas s’y intéresser. Pourtant il y pense. Il y pense sans cesse.

france,francois hollande,candidature,président,chomage,emploi,Il l’a confirmé hier soir sur TF1: François Hollande pense sans cesse à sa réélection. Il le fait dans une formulation négative qu’il affectionne depuis au moins un an: 

«J'avais parlé de l'inversion de la courbe du chômage. Ce n'est pas venu, je m'en suis fait reproche parce que c'était une espérance pour beaucoup, notamment ceux qui étaient demandeurs d'emploi. (...) Si je n'y parviens pas à la fin de mon mandat, vous pensez que j'irai devant les Français en 2017? Les Français seraient implacables et ils auraient raison.»

Il lie donc sa candidature aux résultats sur le chômage. Cela ne mange pas de pain. L’important est qu’il envisage bel et bien d’être candidat, et qu’il le dise en creux. Dans sa basse popularité il ne peut le faire que par la négative. Il se profile ainsi en victime expiatoire de sa propre foi naïve et des circonstances économiques internationales. Ce qui lui laisse une marge pour se représenter même si le chômage ne baisse pas.

Pourtant, un président qui ne parle que par la négative, qui se lie à un résultat sur lequel il n’a presque pas de pouvoir - sauf à bénéficier d’une embellie mécanique de l’économie - est fragile, trop fragile. La transparence a ses limites et l’on ne peut, sous prétexte de vérité, se mettre soi-même sur un siège éjectable quand on est à ce poste. Même le ton, souvent plaintif, montre un désir de rattraper l’amour des français par l’affect. Mauvais plan. Il est en position de soumis. En France, moulée pour des siècles par l’image de la monarchie absolue et de l’autoritarisme napoléonien, on n’aime pas qu’un haut responsable se présente habillé de doutes et de confusion. Le pays cultive le mythe de l’homme providentiel, or un être qui se montre affaibli ne peut jouer pleinement le rôle du sauveur.

François Hollande ne sait pas ce qu’est d’être président. La preuve? Il ne cesse de dire, discours après discours: «Je suis un président comme ceci, comme cela», comme s’il avait besoin de s’en convaincre - pire: d’esquisser quel est ce rôle dans lequel il est si peu identifiable et dont il hésite encore à cerner les contours. Même sa photo officielle montrait qu’il n’a pas de représentation mentale de la fonction. Les discours sous la pluie ne forgent pas une image ni un caractère bien trempé. Elles montrent plutôt des lunettes embuées et une vue brouillée à courte et longue distance. Hier, il a repris son ton haché, essoufflé, montrant qu’il a retrouvé son haut niveau de stress d’avant 2012. Un ton que j’identifie comme une parole d’enfant que l’on n’écoute pas. Et c’est bien sa caricature. Car on ne l’entend pas et il semble non concerné par ce qui se dit sur lui, comme un enfant jouant tout seul dans le bac à sable. 

Cet aveu sur sa future candidature vient nous rappeler que la France est déjà, à nouveau, en campagne. Le «Président de la pluie» bénéficiera-t-il d’une embellie météo au baromètre de l’emploi?

 

Catégories : Politique 2 commentaires

Commentaires

  • "Le «Président de la pluie» bénéficiera-t-il d’une embellie météo au baromètre de l’emploi?"

    Impossible, réchauffement climatique oblige.

  • Dommage que la France soit incapable de mettre, au moins une fois, ses divergences sur la table de discussion plutôt que de procéder à des tirs de missiles contre l'ennemi d'en face. Quel que soit le gouvernement, des réformes, toujours des réformes. Quand est-ce que ça va vraiment changer ?...

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