La liberté d'expression est devenue un enjeu majeur et un marqueur de civilisation. Plus même: un objet de confrontation. L'affaire des caricatures et la réponse de nombreux français aux attentats le démontre. Dès lors, il semblerait que toute issue soit bloquée: les uns dessinent ce qu'ils veulent, les autres les tuent. La crise peut ainsi durer jusqu'à extinction totale des combattants, sans que l'on ait à prévoir d'autres grandes manifs d'indignation: on ne pleure qu'une fois. Après, on s'habitue.
Tout est-il bloqué? Est-ce le point final? Peut-être pas. Un sage aurait trouvé une porte de sortie. On peut l’espérer. L’honneur de tous serait sauf.
La possible solution est proposée sur Le Monde par Ruth Grosrichard, professeur agrégée de langue arabe et de civilisation arabo-islamique à Sciences Po Paris. Elle revient sur la question de l’image dans l’islam: toute représentation est-elle bannie de la culture musulmane? Si, comme elle l’explique, les versets du coran sont peu diserts, les hadiths sont plus précis. Extraits:
«Quant aux hadiths (recueils des dires et actes attribués au Prophète, fixés plus de 150 ans après sa mort), nombreux sont ceux qui font référence à l’image. Qu’ils soient sunnites ou chiites, ils la proscrivent pour trois raisons : d’abord l’image est impure et souille le lieu où elle se trouve, le rendant impropre à l’exercice de la prière : «les anges n’entreront pas dans une maison où il y a un chien, ni dans celle où il y a des images» ; ensuite elle présente le risque que le musulman ne succombe à l’idolâtrie ; enfin celui qui la produit (le peintre, par exemple) se pose en rival de Dieu.»
Ah, ce dieu jaloux, qui veut tous les humains pour lui seul. La grande pourvoyeuse d’images, la télévision, doit lui causer bien du souci: l’idolâtrie y est à son comble. Ce n’est pas tout. À propos de la dernière une de Charlie (image 1) Ruth Grosrichard demande:
«Qui nous dit qu’il s’agit bien là du Prophète Mahomet ? C’est le dessinateur Luz. En 2011 déjà, il avait croqué le personnage sous ces traits. En le nommant, Luz est dans son rôle de caricaturiste attaché à la devise « ni Dieu ni Maître », farouche défenseur de la liberté d’expression et de l’esprit libertaire qui anime Charlie Hebdo. Mais la parole de Luz doit-elle être forcément prise pour parole d’Évangile ?»
Cet argument va plus loin:
«... le prophète est au commun des mortels ce que la langue du Coran est à l’arabe profane, à savoir inimitable. Du coup, de ce point de vue, toute image qui prétend le représenter – a fortiori si elle charge le trait comme il est de règle dans une caricature – ne devrait-elle pas être considérée comme une représentation invraisemblable plutôt que comme négative ou dégradante ? L’invraisemblance se justifiant précisément par l’inimitabilité du prophète Mahomet aux yeux des musulmans.»
Par définition, par nature prophétique, le prophète serait inimitable. On en pense ce que l'on veut. Peu importe la réalité physique et historique du personnage: 1’400 ans après la naissance de l’islam il est figé dans un statut de symbole. Et on a vu le 7 janvier à Paris la puissance des symboles.
Si Mahomet est inimitable, toute tentative de le représenter est impossible et aboutit à une invraisemblance. Dans cette logique les caricatures ne représentent pas Mahomet mais seulement l’imaginaire des dessinateurs. Mahomet serait trop en dehors des normes pour pouvoir être illustré de manière vraisemblable. Il n’y aurait dès lors plus d’injure au fondateur de l’islam, ni d’offense que ses croyants endosseraient personnellement. Les caricatures ne devraient mériter qu’un haussement d’épaules de la part des musulmans.
L'opération n'est d'ailleurs pas vraiment rentable pour Allah Enterprise & Co, à part peut-être donner de quoi s'identifier aux jeunes en errance - donc préparer la next generation de tueurs. Pas vraiment rentable car les soldats de cette branche armée de l'islam ont au final fait une pub d'enfer pour Charlie et lui ont permis de remonter ses finances! Pour un canard symboliquement important mais qualitativement nul et au bord de la faillite malgré l'aide de l'État, c'est inespéré.
Commentaires
Mahomet était un humain comme les autres, donc faible.
Surtout d'esprit ...
Quelle cruauté de votre part: voulez-vous vraiment priver tous ces gens tellement épris de paix et d'amour de leur principale raison de rejeter leurs problèmes de développement sur l'Occident?
"Français, dégagez de Gaza ou nous vous égorgerons, ont scandé devant le Centre culturel français de Gaza ces hommes qui brandissaient le drapeau noir des jihadistes et portaient des tenues traditionnelles et de longues barbes."
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/01/19/97001-20150119FILWWW00161-charlie-hebdo-les-francais-de-gaza-menaces.php
Etrange, c'est pourtant ce même drapeau, celui des égorgeurs, que la TDG, en parfaite connaissance de cause, aura permis à Hani Ramadan d'afficher sur son blog. Que conclure ?
P.S. autre fin: "de rejeter sur nous leur incapacité de s'échapper de la prison intellectuelle dans laquelle ils se sont eux-mêmes enfermés" et mille autres images qui illustrent la même idée.
P.S. autre fin: "de rejeter sur nous leur incapacité de s'échapper de la prison intellectuelle dans laquelle ils se sont eux-mêmes enfermés" et mille autres images qui illustrent la même idée.
@Giona
Sans aucun doute ce que vous en concluez vous-même ...
C'est vrai que les musulmans échappent à l'idôlatrie.....
En toute logique, ils devraient aussi renoncer à Facebook, la télé, tout appareil photo, Skype avec vidéo, la télé, les ordinateurs etc....
Il faut également supprimer les bonhommes de neige.