Cela devient compliqué. Même les bonobos, pourtant habitués aux postures acrobatiques, n’y trouveraient pas leur compte. Mais il ne s’agit pas des mêmes postures. Ici ce sont des postures politiques. Et cela se passe où? En France, tiens...
Qu’est-ce qu’elles vont bien pouvoir porter, les gamines musul de Charleville-Mézières? Elles sont à la double-peine: interdiction de porter le voile à l’école, et maintenant refoulées de cette même école pour cause de port d’une jupe (image: modèle de mode musulmane).
En dix jours, la directrice du collège Léo-Lagrange de Charleville-Mézières a par deux fois refusé l’entrée du collège à une élève. La raison? Elle portait une jupe trop longue, signe religieux selon elle. La lycéenne de 15 ans aurait voulu provoquer la direction par cette jupe, habit qui accompagne habituellement le port du voile chez les musulmanes traditionalistes. Elle avait bien ôté son voile avant d’entrer en classe mais sa robe aurait servi à garder un signe religieux.
Donc, si je comprends bien, le voile est interdit à l’école en France, et en cas d’absence de voile la jupe devient ou peut devenir elle aussi objet d’exclusion. Pourquoi? Parce que ce type de jupe laisse présumer qu’elle portait le voile avant d’entrer en classe. La jupe serait donc également un symbole religieux. Comme Causeur.fr le rapporte:
«... la jeune fille, qui porte une tenue avec le voile, enlève seulement ce dernier avant d’entrer au collège. (...) Pour madame le principal de l’établissement, la loi sur la laïcité à l’école interdit ce port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse».
Une robe à 2 euros de chez Kiabi devient le nouveau curseur de l’actuel conflit des religions. Et la lycéenne, devra-t-elle se rendre à l’école en culotte comme le suggère Causeur avec humour?
Qui aurait pu penser que la journée de la Jupe accoucherait d’un message aussi contradictoire: les filles peuvent porter ce qu’elles veulent, sauf une jupe trop longue.
Et mieux: la lycéenne de 15 ans est refusée non pour un acte déjà commis, mais parce que la direction du collège estime qu’elle montre une intention de transgresser la loi, même si cela n’est pas réalisé.
Je ne suis pas certain que la clarté politique et la cohérence judiciaire y trouvent leur compte.
Quant à l’interdiction des signes religieux à l’école, qui ne me convainc pas encore, on peut se demander s’il n’y a pas une forme de discrimination contre les personnes qui adhèrent à une religion - fussent-elles jeunes et conditionnées par leur milieu! Que le foulard soit ou non un signe religieux n'a pas d'importance: le consensus est qu'on le considère comme tel.
L’Education nationale française est un instrument politique anti-religieux. On le sait cela ne s’arrange pas. A quant un décret présidentiel pour préciser les longueurs de jupe autorisées?
- à la cheville, interdiction: trop musulmane;
- au genoux, interdiction: trop collégienne catho;
- au mollet, interdiction: trop secrétaire des années 1950 (ou trop protestant);
- au pubis, interdiction: trop sexe.
Il reste une seule longueur politiquement correcte: à mi-cuisses. Pour autant qu'on ne soit pas plus large que haute. Et les pantalons? Ils devraient bien être interdits: il cachent l’érotique scintillement des chevilles...
- Comme vous dites ça bien, m'sieur Tintouin: l'érotique scintillement des chevilles.
- Votre compliment me fait perdre le nord, mâme Michu. Le tête-à-queue est assuré!
Cela a toutefois un côté positif: si l'on continue à voter des lois liberticides pour un rien, il faudra un jour faire le nettoyage, refonder l'ensemble de notre appareil législatif, en repenser les bases mêmes. Parce que l'on pourrait oublier l'indispensable cohérence du code pénal. Par exemple d'un côté la liberté religieuse est garantie et de l'autre elle ne l'est pas. Comment faire avec cette contradiction, sinon redéfinir les principes - perdus au profit d'un vrac de réactions émotionnelles et vaguement morales?
Commentaires
Heureusement que le ridicule ne tue pas ...
Pourquoi les garçons n'ont-ils aucune restriction d'habillement ?
Mme la Ministre n'aurait-elle rien de mieux à faire ?
Hommelibre mais n'est-ce pas le coté le plus rigolo de la religion ? faites comme je dis surtout quand on entend des sermons du genre l'argent est un mauvais maitre mais n'oubliez pas d'en donner quand on passera dans les rang pour solliciter votre bon cœur,mais pas comme je fais
La religion c'est comme la médecine voire même l'amour on prend ce qui nous convient le mieux et le reste on le laisse à ceux qui ne partagent pas les mêmes valeurs.C'est simple et pas compliqué/rire
Très belle journée
Oui Lise. Et cela continue en France, la polémique bat son plein. On est devant une interprétation extensive et sujette à l'arbitraire des prosélytes de la neutralité confessionnelle.
http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20150430.OBS8279/la-jupe-longue-un-signe-religieux-le-flou-des-chiffres-et-de-la-circulaire.html
Extraits du lien:
"Le sociologue Jean Baubérot, historien de la laïcité, interrogé par l'AFP, estime que "l'école récolte ce qu'elle a semé.
Plusieurs membres de la commission Stasi [commission sur la laïcité constituée avant la loi de 2004, NDLR], dont moi-même, avaient fait remarquer que n'importe quoi pouvait devenir un signe religieux, qu'on risquait d'entrer dans le jeu stupide du chat et de la souris, soupçonnant sans cesse les élèves."
"Ça devient quelque chose d'obsessionnel qui ne peut qu'engendrer la révolte des adolescents, le sentiment qu'ils sont persécutés, victimes d'injustice. C'est catastrophique", juge Jean Baubérot. "On voudrait que les jeunes soient attirés par l'extrémisme, on ne ferait pas mieux", grince le sociologue."
De toute façon les lois ont besoin d'un refondement. Depuis que les féministes ont fourré leurs sales paluches avec leur connerie d'harcèlement et autres, les lois ne veulent plus rien dire.
Faut pas s'étonner si les lois civils n'impressionnent plus grand monde tant ils sont devenu un champs de bataille idéologique avec bien sur une défaveur envers les mêmes catégories de personnes : homme, blanc ...