Ça castagne dans les étoiles. Pif! d’un côté. Paf! de l’autre. Le tout finissant sous peu dans un grand crash. L’équilibre de l’univers aurait vacillé si les choses avaient été vues en plus grand. Si par exemple la sonde Messenger était de la taille de la Corse: l’explosion serait mémorable.
Sonde et sonde
Je dis la Corse comme ça, sans intention. Parce qu'en Corse, les explosions ils connaissent. Ils ont des bombes. Mais pas de sondes. Sauf les sondes urinaires pour les vieux. Mais c’est une autre histoire. Dites-voir, j’y pense, le vieux avec sa sonde, si les ingénieurs de la Nasa et de l’Esa se trompent, il pourrait se retrouver à tourner autour de la Terre ou en vol pour Jupiter.
Je l’imagine attaché à la coiffe d’Ariane, déroulant avec elle son fil dans un ballet cosmique. Les vibrations du départ pourraient même provoquer chez lui une érection, que le froid du ciel profond aura tôt fait de calmer. On ne fait pas l’amour avec une fusée! Même pas avec une fusée nommée Désir Ariane!
Le vieux devra tenter de s’envoyer en l’air tout seul, malgré le froid. Moins amusant qu’à deux. Mais quelle vue sublime sur la Voie Lactée. Et quelle fierté de se sentir utile comme explorateur avancé de la civilisation. Sauf que la sonde ne filmerait pas vraiment le ciel. La sonde urinaire, bien sûr. Le sol, n’y comprenant rien et dans l’ignorance de l’erreur des ingénieurs, lui enverrait un message: «Vous semblez avoir un problème, nous recevons d’étranges images». Et le vieux de répondre, solidement attaché à la coiffe: «Houston, oui j'ai un problème! Mayday! Mayday! Je commence à manquer d’air et le liquide gèle dans ma sonde!»
Mais trêve de digression. Le premier crash doit avoir lieu aujourd’hui. Sur Mercure. La sonde Messenger va s’écraser à la surface après presque cinq ans d’une mission qui devait initialement ne durer qu’un an. La Nasa a calculé la force de l’impact, qui creusera un cratère de 16 mètres sur le sol mercurien. En principe il n’y a personne dessous.
De toutes façons il est impossible d’envoyer la sonde ailleurs: elle n’a plus d’essence. Mercure gardera un mémorial de la civilisation technologique, sous la forme d’une compression - que le sculpteur César n’aurait pas renié - au fond d’un cratère. Les humains sont comme cela: ils laissent des traces. Grâce à ces traces leurs enfants les suivent et retrouvent leur chemin, ou explorent plus loin. Un jour, le ciel sera un terrain de jeu.
Messenger a permis d’étudier un peu plus le système solaire:
«Messenger a effectué 3 308 orbites, expédiant près de 256 000 photos sur Terre ! Elle ne s'est pas contentée d'expédier des clichés : « Des mesures géochimiques ont trouvé une surface pauvre en fer, mais riche en éléments modérément volatils, comme le soufre et le sodium », explique-t-on à la Nasa. Autre découverte, « les observations de Messenger ont montré que la surface de Mercure a été modelée par l'activité volcanique, et confirmé la présence de grandes quantités de glace d'eau protégées de la chaleur du Soleil par l'ombre permanente de cratères, près des pôles».
Le crash de Messenger sur Mercure est attendu aujourd’hui.
Les aléas du Progress
L’autre crash n’est pas encore daté. Il peut survenir dans une dizaine de jours. Il concerne le vaisseau cargo russe Progress M-27M, inhabité. Ce vaisseau devait ravitailler la Station Spatiale Internationale (ISS) en nourriture et matériel scientifique, entre autres. Les astronautes ont heureusement plusieurs mois de réserve à bord de l’ISS. Ils pourront continuer à boire leur café en admirant le lever du soleil dans la constellation du Sagittaire. Et à prendre l’apéro en racontant des blagues après avoir joué à la pétanque sur les panneaux solaires, surface à peu près plane dans ce fouillis de tôles et de rivets. Seul problème: celui qui réussit un carré envoie la boule adverse loin dans l’espace.
La différence avec Messenger est le point de chute. Progress retombe sur Terre, pas sur Mercure. On ne sait pas où exactement. La menace est heureusement faible, compte tenu de la grandeur de la Terre et des sept milliards d’humains qui pourraient recevoir les résidus à notre place.
«Les Russes semblent prévoir une dizaine de jours avant la rentrée. C'est une très bonne chose. 70% de la surface du globe est occupée par l'eau et seule une fraction des terres sont habitées. Le risque de dommages est donc déjà satistiquement faible. Mais surtout, cette entrée lente laisse beaucoup de temps aux Russes pour tenter de reprendre le contrôle. Et en cas d'échec, pour prévoir le point d'entrée dans l'atmosphère, en déduire une zone d'impact et prendre des mesures en conséquence. Je pense que ce sera le cas d'ici quelques jours.»
On ignore encore sur qui le ciel tombera. Cette chute sera classée dans les dommages collatéraux: on ne fait pas d’omelette spatiale sans casser des oeufs têtes. Ce sont les aléas du Progress.
Manque plus qu’une supernova et on aurait le feuilleton de l’été 2015.
P.S.: Humour (fictif) sur l’ISS à l’heure de l’apéro, après la pétanque. Un russe dit à son collègue américain: «Tu sais pourquoi Obama sera SDF à la fin de sa présidence? Parce qu’il doit rendre sa baraque...!» A quoi l’américain répond: «Tu sais pourquoi Poutine aime les jeunes femmes russes? Son boulot le crève, les russes teens ça le regonfle!»
Avec un tel humour on se demande s’il est raisonnable de dépenser autant d’argent pour les nourrir...
(Images Nasa - la première en fausses couleurs)
Un cargo spatial russe chute vers la Terre par 6MEDIAS
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Plus d'infos sur le site de la Nasa:
www.nasa.gov/image-feature/overview-of-messenger-spacecrafts-impact-region-on-mercury