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Révolte au Paradis

La fin des temps étant venue tout le monde se retrouva dans le tribunal du Jugement dernier. Une salle immense. Des milliards de milliards d’humains s’y pressaient, y compris ceux qui attendaient depuis l’aube de l’humanité.

Dieu,paradis,enfer,jugement,révolte,Dieu daigna enfin Se montrer. Les appareils photos étant interdits et surtout inutiles au Paradis, personne ne pouvait tirer Son portrait. À quoi ressemblait-Il? À Lui-même. Ce qui signifie, vous l’avez compris, que personne ne Le voyait. Comme d’habitude. Mais les humains, craignant toujours le jugement des autres, et aussi de paraître ridicules, ne tarissaient pas d’éloge sur la beauté incomparable de l’Être Unique.

 

La séance commença par quelques coups de marteau virtuels sur la table transparente qui Lui servait de bureau. Un grand silence s’installa. Dieu scruta longuement le regard des humains présents, chacun  à son tour. Comme Il était invisible chacun se sentait regardé au même moment, ce qui – Dieu merci ( si j’ose dire ) – écourta cette séance fastidieuse.

 

Enfin Il prit la parole. Comment parle-t-on sans bouche ? Ne me le demandez pas, je cherche encore à comprendre. Il divisa l’assemblée en deux groupes. D’un côté Il mit ceux qui méritaient le Paradis, de l’autre ceux que l’Enfer attendait.

 

Aux premiers Il dit :

 

« Toi, et toi, et vous tous, vous avez fait un paquet de conneries. Je vous ai vu et J’ai tout gardé dans mon agenda. Vous avez menti, dit des mots très vilains, pensé du mal, caché vos intentions, entre autres. La liste est longue de vos faiblesses et de vos erreurs. Mais Je vous connais. Je sais qu’au fond vous êtes de bonnes personnes, imparfaites et attachantes. Vous irez donc au Paradis. »

 

Aux autres il déclara : 

 

Dieu,paradis,enfer,jugement,révolte,

« Vous, les purs, les justes, les parfaits, les crucifieurs, les égorgeurs,  votre prétention à la perfection M’a été insupportable. J’ai enduré pendant une Éternité le supplice de vous entendre affirmer votre supériorité morale sur vos frères humains. Il y a parmi vous des criminels plus endurcis que les tyrans et les meurtriers. Ceux-ci peuvent encore être sauvés : vous pas, tant est grande votre certitude d’être dans la voie parfaite. Vous irez donc en Enfer. »

 

À ces mots les condamnés se dressèrent et accusèrent Dieu.

 

« Tu nous as dit comment nous comporter. Tu as tout écrit dans le détail. Nous avons suivi Ta voie et obéi sans dévier à Tes ordres. Et maintenant Tu nous envoies en Enfer ? C’est injuste ! »

 

Les remous dans la foule faisaient trembler les murs du Tribunal. Bientôt les damnés vinrent aux pieds de Dieu – du moins l’imaginaient-ils, Celui-ci restant invisible, et se mirent à L’invectiver et à Lui reprocher Sa décision.

 

Dieu écouta. Puis Il réfléchit. Enfin Il dit :

 

« Je ne vais pas me prendre la tête avec vous. Vos prophètes se sont rebellés contre leur monde, et vous n’avez fait que leur obéir, sans aucune velléité de révolte. Vous vous êtes soumis à des gens qui, eux, ont en général désobéi à leur monde. C’est un peu tard pour vous révolter maintenant. »

 

Les rebelles furent évidemment surpris d’entendre Ses paroles. Dieu continuait :

 

« J’aurais préféré des rebelles qui pensent par eux-mêmes et appliquent ce qu’en conscience ils pensaient juste. L’obéissance était un piège de Ma part. Pourquoi vous aurais-Je dotés d’une conscience si c’est pour vous priver de son usage ? Pourquoi aurais-Je noué tant de connexions entre vos neurones si c’est pour vous voir répéter sans réfléchir des injonctions dont vous n’avez pas compris le sens ? Vous ne Me plaisez pas, et de toutes façons c’est encore Moi qui décide. Vous irez donc en Enfer et Je garderai auprès de moi les imparfaits, les impurs, certains criminels même, car Je préfère les humbles, les ouverts, ceux qui apprennent grâce à leurs erreurs, aux arrogants que vous êtes. Je me plais beaucoup plus en leur compagnie qu’en la vôtre. »

 

Sur ce Il quitta le tribunal du Jugement dernier. 

Mais comme Il était invisible personne ne remarqua son départ. 

La révolte cessa donc faute d’adversaire.

 

 

Catégories : Humour, Philosophie 3 commentaires

Commentaires

  • J'invite Myriam Belakovsky-Kaiser à lire ce magnifique texte.

    "L’obéissance était un piège de Ma part."

  • Le Grand Esprit Invisible à la mode: GEI
    sous trois personnes, troisième féminine.

    Au début du christianisme le Saint-Esprit, celui de Vérité, est féminin/e.

    Souhaitons que cette instance féminine, Avocate, (nous) obtienne la Grâce
    pas que pour quelques-uns, à la longue, pour tous et toutes.

    Vous y compris, Victor-Liviu (si cela ne vous dérange pas à choisir plutôt Myriam que... "Myriam Belakovsky-Kaiser" (je n'ai pas l'accent russe ou allemand mais peu ou prou vaudois de Villeneuve)!

  • Chiche Myriam, échangeons ... Victor, suffira, dorénavant ...
    Je connais bine la boîte de Pandore, par contre ...

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