François Bayrou est silencieux comme un tracteur électrique en panne de batterie au milieu du champ. Allez chercher une borne au milieu du sainfoin! Pourtant il progresse dans le coeur des français. Se taire est peut-être le meilleur discours dans cet Hexagone chiffonné.
Lolette – François Hollande – devrait l’imiter. Parce qu’il n’arrive désespérément pas à remonter le talus. Au début juillet, juste après la corrida grecque, il était remonté de 5 points. Son entourage lui avait attribué un rôle magique et mystérieux comme médiateur pour éviter le Grexit. Lolette aurait donc eu l’occasion de parler à Bruxelles? Peut-être lors d'une pause, pendant qu’Angela Merkel discutait avec ses partenaires européens autour d’un café.
Cette embellie de 5 points n’a pas fait long feu. Le talus est trop glissant. Vendredi un sondage montrait qu’il a perdu la moitié de ses électeurs enseignants, traditionnellement plutôt à gauche. Ils lui préfèrent Bayrou. Najat Vallaud Belkacem, ministre du conditionnement et de la propagande – je veux dire de l’Education Nationale, et pour qui les garçons sont des filles comme les autres, est détestée à hauteur de 77% par ces mêmes enseignants. Il y a une justice! Peut-être sa manière d’écarter l’histoire du christianisme au profit de l’islam et de politiser l’école était-elle un peu grosse à avaler. La féministe radicale, double nationale franco-marocaine, qui vient refaire la culture française, ça passe mal.
Mais Lolette, déjà considéré comme le plus mauvais président de la Ve République, n’est pas au bout de sa glissade. Un nouveau sondage paru ce jour ne le crédite même pas d’une place en finale. Il n’obtiendrait que 18% à 21% des voix au premier tour, loin derrière Alain Juppé (28%) et Marine Le Pen (27%). Mélanchon reste à 9% et Cécile Duflot prend l’eau à 3%. Manquerait plus que Ségolène se représente contre lui à la primaire! Une primaire qui sera peut-être oubliée pour ne pas amplifier l’affront au président de la pluie.
Il avait tout en 2012, Lolette. Tous les pouvoirs, toutes les chambres et les régions. Il aurait pu foncer et trancher dans les éternels pas de danse et contradictions du parti socialiste, pour en faire un parti de pouvoir à l’allemande. Il serait entré dans l'Histoire. Non: il a perdu son temps dans un débat de société clientéliste sur le mariage gay, histoire de satisfaire les couples homos qui n’attendaient que cela pour aller acheter un bébé à une indienne pauvre. Il a bien tenté de réformer les régions, histoire de faire croire qu’il s’occupait de quelque chose quand la vulgarité de Valérie Trierweiler et ses escapades en scooter lui en laissaient l’occasion. Cela ne suffit pas.
Pire: en cas de nouveau référendum sur l’Europe les français voteraient contre à 62%. Et lui, dans sa pédagogie confuse et illisible, en profite pour proposer un gouvernement unique de la zone euro. Il doit avoir les pieds troués à force de se tirer des balles. Ses tout petits pieds, qu’il a mis dans de grandes chaussures de clown.
Je lui accorde que la tâche est difficile. Face à l’ampleur des problèmes il est coincé entre l’image du monarque puissant et la présidence discrète à l’allemande ou à l’italienne. Cette apparente régression n’est pas au programme: les français ne semblent pas prêts à renoncer au culte du chef suprême, si possible coupeur de têtes. Et puis il n’est pas aidé. Son ministre du Travail, François Rebsamen, déclarait vendredi: « Il ne s’agit pas d’inverser la courbe du chômage, il faut faire diminuer le nombre de chômeurs. »
… La novlangue est une maladie sénile du socialisme… Comment faire l’un sans faire l’autre? Rebsamen a trop fréquenté Lolette: il est contaminé. Aussi illisible que lui. C’est beau, la loyauté.
Ah, le Hollande bashing, c’est quand-même très agréable. Il s’y prête si bien. Allez, une petite suggestion pour l’aider à remonter dans les sondages: qu’il descende les Champs Elysées en tracteur électrique. Cela lui redonnerait des couleurs. Mais sans oublier de charger les batteries, hein? Parce que se retrouver en panne Place de la Concorde, le symbole serait meurtrier. Dans les villes de grande solitude, il n'y plus de bornes quand on enlève les limites.
Commentaires
En fait François Hollande mérite et à la fois ne mérite pas sa mauvaise image. Il la mérite parce qu'il est juste un autre valet du vrai pouvoir, celui du capital, et qu'il s'est fait élire sur un mensonge éhonté. (Le changement c'est maintenant...) Il la mérite parce qu'il refuse de dire aux Français la seule vérité, à savoir qu'il n'existe pas de démocratie depuis que le pouvoir de Bruxelles a spolié le pouvoir au peuple. Il refuse de dire que les décisions prises en France ne sont plus que des retranscriptions des décisions prises à Bruxelles.
Par contre, il ne la mérite pas parce que c'est juste un pantin, qui fait de son mieux pour donner l'impression qu'il tient les rènes. En réalité, personne ne pourrait faire mieux que lui à moins de faire complètement éclater un système dont il est forcément dépendant pour être arrivé à la place où il se trouve. Personnelement, je le considère comme un colabo du pouvoir de l'argent, mais j'ai tout de même une certaine compassion pour lui, à le voir tenter de donner l'impression qu'il a une stature de chef d'état.
Et il ne faut pas faire de faux constat. Si les Français votaient contre l'Union Européenne ça ne veut pas dire qu'il s'agirait d'un vote de rejet du gouvernement. Les Français voteraient contre l'Union Européenne parce qu'une majorité d'entre eux a compris qu'elle est la vraie source de leurs problèmes. Et c'est bien pour ça que la dictature européenne ne leur donnera pas l'occasion de se prononcer à son propos.
De même, le sujet sur le mariage gay, sans doute un sujet de société important mais qui ne valait pas les empoignades qui ont eu lieu en France, n'est que le reflet du manque de pouvoir du gouvernement français. Le problème est qu'il y a tellement peu de sujet sur lesquels il peut encore se décider de lui-même, que lorsqu'il en tient un, il le transforme en croisade personnelle. C'est vrai pour le gouvernement de François Hollande mais ça serait aussi vrai pour n'importe quel gouvernement qui refuserait de remettre en question le pouvoir de Bruxelles. C'est à dire n'importe lequel y compris un gouvernement Le Pen...