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1er août : Esther Alder, son patriotisme, son sexisme et ses pompom girls

La Maire de Genève, élue des Verts, a tenu discours samedi soir pour la Fête nationale. Dans un doux bourdonnement concurrent aux Fêtes de Genève elle a parlé de patriotisme agricole. Patriotisme est décidément un mot revenu en grâce. 

 

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Patriotisme « in »

 

Comment ce vocable habituellement jeté au visage des adversaires pour les classer dans les cases «  conservateur », « réac » ou « extrême-droite » a-t-il atterri dans le bac à sable des Verts? C’est sans doute le miracle de l’époque.

 

Donc le patriotisme couleur rose-vert est celui qui défend l’environnement – valeur conservatrice mais légitime – et l’agriculture de proximité. Cette agriculture, incarnée pendant les Fêtes de Genève par l’association des Jardins de Cocagne, se veut proche des gens. Les producteurs et les consommateurs habitent en gros le même coin. Cela garantit une moindre pollution par moins de transports.

 

En son temps j’ai été tenté par les Jardins de Cocagne et leur cornet de légumes hebdomadaires. Je ne sais si le système a changé depuis, mais je n’ai pas continué: c’était trop contraignant. Les cultivateurs fournissaient ce qu’ils avaient, ce qui est logique, mais des carottes, des navets et du céleri toutes les semaines pendant deux mois c’était répétitif. Sans compter des quantités non négociables et excessives pour mes besoins familiaux d’alors.

 

Je me suis tourné vers les marchés de rue ou vers les rayons bios de certaines grandes surfaces. Je reconnais cependant que les Jardins de Cocagne étaient une bonne idée et ouvraient des réseaux de distribution inexistants, au bénéfice des consommateurs et des producteurs bios, et complémentaires à la grande distribution.

 

 

 

verts,esther alder,geneve,maire,solidarité,agriculture,productivismeSolidarité « out »

 

Par contre dans son discours très convenu, synthétisé sur la Tribune de Genève du 3 août et youtubé ici, Esther Alder se lance dans une comparaison entre la production de proximité et le productivisme du passé. Entendez par là l’agriculture intensive aux engrais libéraux. Et là je dis que la solidarité, qu’elle devrait soutenir puisque c’est l’intitulé de son Département en Ville de Genève, n’y trouve pas son compte.

 

En effet une agriculture locale pour des consommateurs locaux produit selon les besoins de ceux-ci. Pas plus. Par exemple est-elle capable de produire de très grandes quantités et de les stocker, pour envoyer des vivres à des centaines de milliers de personnes en cas de catastrophe humanitaire comme au Tibet ou en cas de famine comme en Somalie? Je n’ai rien trouvé sur ce sujet. L’agriculture de proximité est patriotique, nationaliste (les pubs télé jouent beaucoup sur cette fibre) et localiste. Les somaliens et les tibétains, eux, remercient les grandes exploitations américaines, françaises et autres qui produisent à grande échelle.

 

Enfin reconnaissons que bien que ronronnante, Esther Alder a le sens du spectacle. Elle a fait lire des extraits du Pacte confédéral de 1291 par… des jeunes filles. Chacun ses pompom girls! Mais pourquoi uniquement par des jeunes filles? Pourquoi ne pas avoir mixé filles et garçons dans un esprit de parité si cher à la gauche, fut-elle verte? 

 

 

 

verts,esther alder,geneve,maire,solidarité,agriculture,productivismeEt encore des

pompom girls

 

Ah mais, ça jamais! Vous ne connaissez pas Esther. Sous ses rondeurs tranquilles, son ton un peu monotone (excellent contre l'insomnie) et sa bouche en boomerang, se cache un véritable caporal féministe au front. L’absence de garçons pour ces lectures en est un signe mais il y en a d’autres. 

 

Par exemple dans sa campagne 2014 pour sa réélection au Conseil Administratif de Genève elle a parlé des femmes, puisant dans le fond de commerce victimaire du féminisme. A aucun moment elle n’a parlé spécifiquement des hommes, de leurs besoin, des pères désocialisés, du fait que 4 suicides sur 5 sont commis par des hommes. Elle n’a su dire d’une qu’une phrase: «Cependant, la forme la plus courante de violence subie par les femmes est celle qui est infligée par le partenaire masculin.» 

 

Ben tiens. Madame Alder reprend le discours misandre. Elle ne semble pas avoir pris connaissance de l'entièreté de la question. Ou bien cela ne l'intéresse pas.

 

Un autre signe? L’organigramme de son département. On le trouve ici en pdf. Il est aussi en image 3 (cliquer pour agrandir). Que voit-on en lisant les noms des 27 cadres (dont elle-même) qui dirigent son Département? Que sur ces 27 cadres il y a 22 femmes, pour 5 hommes. 22 pompom girls. Soit 81,48% de femmes!

 

 

verts,esther alder,geneve,maire,solidarité,agriculture,productivismeSeins nus?

 

Egalité, parité, mixité, thèmes souvent défendus par la gauche, n'ont aucune place dans cet organigramme. C'est, de fait, de la discrimination par le sexe. Donc ce que l'on nomme du sexisme. Le même qu’elle prétend combattre au nom des femmes. Hypocrisie de la posture ou inconscience? 

 

Dans les faits Esther Alder pratique donc la discrimination par le sexe. Délibérément ou par hasard? Je ne me prononce pas. Mais je propose que lors de sa prochaine campagne elle dise ouvertement: les mecs dehors. L’achèvement de la société féministe. Au moins les hommes qui votent pour elle n’auront plus besoin de cacher leur castration intellectuelle ni leur soumission à la domination féminine.

 

Esther Alder est l’exemple d’une société maternante, improductive mais «citoyenne», et sexiste sans dire son nom. Au secours! Qui invitera-t-elle la prochaine fois? Les Femen? Défilera-t-elle seins nus avec elles, ou avec les filles qui réclament de pouvoir se promener torse nu comme les hommes? 

 

Bôf, Delacroix avait bien peint le fameux tableau de La Liberté révolutionnaire bronzant topless au milieu d'une marée de mecs.

 

Au fond la parité n’est pas importante dans les affaires publiques. Cet organigramme le démontre. Je ne me sens pas dépossédé en tant qu’homme dans un gouvernement composé majoritairement de femmes. Je leur fais confiance a priori, comme aux hommes. Je ne me permettrais pas de penser qu'une direction féminine pourrait privilégier les citoyennes au détriment des citoyens. Je ne distingue pas entre les catégories dans la représentation politique tant que la gouvernance n'est pas catégorielle. Seules les compétences et l'impartialité comptent. La démocratie existe pour prendre acte des besoins de toutes les catégories. Elle ne saurait être utilisée pour défendre une catégorie particulière.

 

Ou alors je me serais-je trompé? L’égalité ne serait-elle qu’une stratégie de guerre, un cheval de Troie?

 

  

Catégories : Humour, Politique 4 commentaires

Commentaires

  • Je me suis toujours demandé qui était Esther Alder. Sa voix et son ton traduisent apparemment mal son caractère. Je la croyais cruche.
    Aussi fus-je particulièrement étonné de l'entendre se prononcer sur un sujet plutôt ardu que peu abordent, l'ubérisation de la société. Comme je le relève dans un de mes derniers billets (http://posttenebraslux.blog.tdg.ch/archive/2015/07/24/tisa-ttip-la-gauche-tient-son-os-268951.html) la gauche tient là un moyen de rebondir en touchant un public plus large que sa base.
    Je ne l'ai plus entendue sur le sujet depuis. Elle a du se rendre compte de la difficulté de faire comprendre que moins cher c'est souvent trop cher.
    Mais j'apprécie son discours sur la proximité qui est le pendant incontournable d'une mondialisation réussie. Et pas seulement sur les questions alimentaires. Au final ce n'est pas par des décisions politiques aussi arbitraires qu'absurdes, mais par des besoins économiques et écologiques ainsi que par des affinités culturelles et géographiques que le monde se redessinera en régions plutôt qu'en nations. Bon d'accord, c'est pas pour demain, mais apprécions ceux qui participent à l'aventure quelles que soient leurs motivations.

  • http://www.manicore.com/documentation/club_rome.html

    J'ai trouvé ce lien sur le dernier billet de Mabut. J'ai pensé qu'il t'intéresserait.

  • Oui intéressante synthèse du rapport. Il a pour moi deux mérites principaux:

    - d'une part le monde où nous vivons n'est pas infini et cette idée devra tôt ou tard être prise en compte globalement; elle l'est de fait localement, par exemple dans les oasis du Sahara où l'agriculture et l'utilisation de l'eau sont très étudiées en vue d'une production maximale avec le moins de ressources possible;

    - penser notre monde plutôt que d'avancer sans savoir.

    Il y a d'autres élément plus techniques utilisables, toutefois j'émets les critiques suivantes – idem en bonne partie à l'égard du Giec dont l'affirmation du "changement du climat" est déjà polémique et politique, alors qu'en regardant en arrière de seulement quelques siècles on peut au mieux parler de "variation" du climat.

    - les modèles produisent ce qu'on leur met dans le ventre. Certaines grandes tendances peuvent être solides et utilisables, mais beaucoup d'autres sont très aléatoires et chaotiques, voire totalement imprévisibles compte tenu de paramètres comme l'innovation technologique, l'apparition de maladies inconnues et décimantes, ls guerres toujours possibles, la pensée même qui prévaut à l'architecture et au roulement de ces modèles, etc

    - la mondialisation de fait contenue dans ces rapports (Rome, Giec) est intéressante car elle tend à faire valider le global plus que le local. Mais la prise d'appui en vue de démonstration de certains paramètres seuls (CO2 ou plus généralement GES pour le Giec) me paraît intellectuellement faible et dangereuse.

    - dans les variables imprévues peuvent se trouver des modifications des traditions alimentaires, des ressources, des modes de culture nouveaux, et là je doute que l'on puise avoir une vue prédictive et complète de l'évolution; il est possible ou probable que l'on évoluera dos au mur, mais on évoluera; la régulation par la famine est un phénomène naturel qui gouverne toutes les espèces, plantes comprises: les cactus de certains déserts survivent à des années sans aucune pluie et par des chaleurs extrêmes, ils se sont adaptés. La longévité actuelle des humains est-elle un gain, quand on voit que pour beaucoup le corps devient un lieu de souffrance?

    - la courbe de démographie a baissé en trente ans dans les pays du Maghreb. On peut penser que la population mondiale a déjà enclenché le mode frein, même si cela ne se voit pas encore partout ni globalement.

    - la technologie a déjà permis de diminuer l'utilisation des matériaux par la miniaturisation; les nanotechnologies vont peut-être permettre un saut encore plus grand dans ce sens; c'était imprévisible en 1970.

    Cela demanderait à être détaillé mais en gros ce sont quelques réserves.

    Pour le climat les réserves sont encore plus grandes car l'imprévisible est encore plus grand. On n'a pas, et de loin, une connaissance exhaustive des rétroactions naturelles régulatrices; l'arrêt du Gulf Stream rafraîchirait l'Europe – ce qui conduirait à avoir besoin de plus de chauffage mais pas forcément grâce au carbone. La production d'essence à partir d'algues existe, je ne sais pas encore ce qu'il manque pour le faire à plus grande échelle; et les algues se reproduisant naturellement, la réserve n'est pas finie comme le pétrole. L'explosion d'un volcan peut modifier la chimie de l'air, la couverture nuageuse est directement incidente sur le climat, etc. Le nombre de facteurs est impressionnant.

    Un modèle astronomique peut prévoir la position des planètes ou l'envoi d'une sonde avec précision au moins sur des siècles et plus. Dans ce cas, lié essentiellement à des corps inertes et à des lois physiques simples où les interactions sont bien connues, c'est possible. Pour le climat c'est bien plus aléatoire, surtout quand on sait que le réchauffement actuel est la suite de la montée des températures depuis plus d'un siècle, et que les variations ont toujours existé. On peut mesurer l'effet possible d'une donnée prévisible comme l'axe d'inclinaison de la Terre, dont on suppose qu'il restera identique sur des millions d'années, ou les effets possibles de l'orbite terrestre autour du soleil (plutôt arrondie ou plutôt elliptique selon les périodes), mais cela même ne suffit pas à expliquer la cause des grands changements climatiques du passé, ni par exemple le réchauffement très rapide après la dernière ère glaciaire.

    Vouloir tout contrôler en mettant toute cause sur un seul facteur (p.e. GES) est probablement une autre manière d'aller dans le mur. On ne contrôle pas tout, d'ailleurs si c'était le cas la vie ne serait pas aussi diverse.

    Pour moi ces rapports sont des outils limités de réflexion multiniveau (données prises en comptes, pensée qui préside à leur interprétation, etc), et ils ont une valeur certaine de ce point de vue. Mais ils ne sont pas des outils de prédiction. Une certitude: si la population augmente, sans épidémies, sans diminution des ressources, il arrivera un moment où nous nous marcherons sur les pieds: nous serons alors bien tenus de nous limiter... :-)

    Le local est en partie un réflexe de reprise de possession de nos vie, mais assez aléatoire.

  • Très en forme, l'ami John! Très bon billet sur la tartufferie écolo. Bel été et amitiés.

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