«Le catastrophisme des discours politiques et médiatiques est très loin de la réalité sur le terrain»: Esmeralda Longépée, géographe au CNRS, confirme ici une idée qui commence à être documentée. De son côté Simon Donner, maître de conférences en climatologie à l’Université de Vancouver, partisan pourtant du risque réchauffiste, a étudié de près et à plusieurs reprises les îles basses de la République de Kiribati dans l’océan Pacifique.
Alors qu’en 2005 il croyait que les catastrophes climatiques étaient déjà en cours, il a depuis nuancé son discours. Son diagnostic: il n’est pas urgent de remparer les îles, ni de les évacuer. A court terme, les efforts précipités et les nombreuses bonnes intentions de la communauté internationale pourraient générer plus de mal que de bien.
Il fait part de son étude sur le terrain dans le numéro d’août du magazine Pour la Science. En 2005 il était alarmiste à cause d’une marée exceptionnelle qui avait en partie envahi les bandes de terres de ces atolls. 10 ans après rien de pareil ne s’est reproduit. Les passages ci-après entre guillemets sont extraits de son article.
Les îles Kiribati forment un archipel d’îles plates dispersées sur une large portion de l’océan. 103’000 habitants y vivent. Comme pour les Maldives la montée des océans – si elle se poursuit – menace l’existence même ce ces atolls d’origine volcanique, formés par des coraux accrochés aux flancs d’un volcan sous-marin éteint qui s’enfonce dans l’eau. L’archipel des Kiribatis a été choisi par la Banque mondiale comme modèle de la nation insulaire la plus vulnérable aux effets du réchauffement climatique.
Simon Donner est un scientifique atypique. Non seulement il ne regarde pas le climat au travers du seul écran de son ordinateur et des modélisations abstraites, mais sur le terrain il se lie aux populations:
«… j’ai aussi étudié leurs habitants et ils m’ont étudié. Ils m’ont par exemple testé en m’invitant à m’asseoir pendant des heures en tailleur dans leurs assemblées; … ils m’ont soigné de la dengue …».
Cette expérience humaine autant que technique lui a permis de prendre en compte des facteurs que les climatologues n’étudient pas, estimant probablement que l’humain n’est pas relevant dans leurs études. Or ici il l’est et de plusieurs manières.
Bilan des surfaces des îles
Il donne quelques exemple dans son article, que je résume brièvement ici. D’abord, s’il est vrai que les faces océaniques des atolls sont sensibles à une montée (faible) des eaux et perdent de leur matière, la partie lagon en gagne. Le bilan global de surface reste stable. «Si l’érosion et les inondations marines grignotent de la surface insulaire, la sédimentation en produit ailleurs. Ce bilan entre pertes et gains de terre a toujours existé. De plus, une partie des submersions ne peut être imputée à la montée des océans, du moins pas encore.»
Les océans ont monté après la dernière ère glaciaire. Leur niveau est toujours susceptible de changer. Habiter sur une île à deux ou quatre mètres au-dessus du niveau de la mer est pour le moins téméraire compte tenu des grandes marées, des tempêtes, et de l’enfoncement inexorable des volcans auxquels elles sont accrochées. Selon les courants et d’autres facteurs – dont l’effet de l’implantation humaine – certaines îles gagnent des sédiments et d’autres en perdent. Il semble selon d’autres études que la tendance depuis quelques décennies, compte tenu des courants dominants, est globalement à l’extension de surface des terres.
«Certes, le changement climatique rend les attaques de la mer plus probables, mais pour autant, le niveau océanique local continue de dépendre avant tout du régime des marées, de la météorologie marine et de la dynamique des océans à grande échelle.» Une simple variation naturelle de hauteurs de l’océan entre l’épisode El Niño de 1997 et La Niña qui a suivi a produit une différence de niveau de 45 centimètres. Si l’on ajoute une éventuelle grande marée et la houle d’une tempête les îles peuvent être submergées. L’épisode de submersion de 2005 était d’ailleurs, selon l’auteur, la conséquence d’un El Niño et de grandes marées.
Des biais du catastrophisme
L’auteur explique comment des constructions récentes sont habituellement inondées: un mouvement religieux a par exemple utilisé une plage pour construire un abri, faute de terrains disponibles. La submersion était inévitable et n’a rien à voir avec un quelconque réchauffement.
Il pointe un phénomène culturel dû au catastrophisme: les habitants d’une des îles Gilbert – partie des Kiribatis, connus pour leur ardeur au travail, leur combativité face à l’adversité et leur esprit communautaire, incriminent aujourd’hui tous leurs problèmes au réchauffement global. Celui-ci étant comme une vérité absolue et trop grande pour être combattue, ils baissent les bras et ne luttent plus.
Une ONG, pleine de l’allant du missionnaire faisant sa bonne action, a récemment installé des éoliennes pour tirer l’eau des puits, en remplacement des anciennes pompes à essence. Un jour l’eau des puits est devenue saumâtre. Les habitants ont accusé le réchauffement, la montée des océans et l’excès de salinité qui en serait la conséquence, sans chercher par eux-mêmes d’autres raison. Or les éoliennes en étaient la cause: en ne s’arrêtant jamais elles avaient vidé les puits bien au-delà du besoin des habitants.
«… Le problème a été corrigé depuis, mais cet incident illustre les effets pervers produits quand des étrangers bien intentionnés accourent sauver les insulaires… Le discours ambiant sur la menace climatique peut conduire les gens les plus autonomes à blâmer le monde pour leurs problèmes au lieu d’agir. (…) il pousse aussi les insulaires à se prétendre victimes: ainsi, un citoyen des Kiribati a demandé un statut de réfugié en Nouvelle-Zélande, en arguant du fait que le changement climatique menaçait sa maison.»
Conclusion
Là comme ailleurs il est urgent de ne pas se précipiter. L’avenir de ces îles passera d’abord par une étude approfondie des besoins et par des projets pensés en partie par les autochtones. Certains projets extérieurs, comme la création récente de digues, ont abouti à de nouvelles catastrophes, soit, en plus d’une destruction rapide de ces digues, la mise à nu de plages et dans un cas la mise à nu d’un tuyau d’acheminement de l’eau potable.
De cela l’auteur retient que le possible changement climatique à venir doit être pensé, ce qui demande du temps. La précipitation n’est pas porteuse de bonnes solutions, et il n’y a pas de solution toute faite, linéaire, aux problèmes posés. Enfin les décisions prises d’en haut démotivent les populations et les poussent à s'en remettre aux spécialistes et aux autorités, devenus les grands-prêtres du monde à venir.
Mais peut-être est-ce le but pour contrôler le monde?
Commentaires
Un récent reportage de la télé sur l'érosion des côtes atlantiques françaises parlait d'un effet du réchauffement climatique. C'est bien la preuve que le Grand Délire a déjà emporté la tête de la plupart des journalistes...
Les décisions qui vont être prise à la conférence de Paris n'étant pas adaptées à la réalité, réalité surestimée, ils vont prendre de mauvaises décisions qui engageront la planète sur ces mauvaises décision. Le désastre pourrait bien être autre chose que le réchauffement... Que l'on vise à une moindre pollution, à une moindre dépendance énergétique, à des ressources plus durables, ok, mais pour le reste la controverse continue.
Judith Curry, climatologue de renom, a témoigné devant le Congrès américain de la surestimation, et de la moindre sensibilité que supposée de la réponse du climat au CO2:
http://www.pensee-unique.fr/news.html#indc
A chercher dans la page sous son nom.
Mais c'est vrai Géo, quand les falaises étaient prises dans le permafrost, elles ne s'érodaient pas. C'était il y a... disons, 12000? Le réchauffement climatique qui a eu lieu à la fin de la dernière période glaciaire est bien la cause de cette érosion ! =D