Imaginons: nous sommes un groupe de copains qui jouent au foot dans un parc. Nous avons posé nos marques de but. Un autre groupe vient alors sur l’espace que nous occupons. Que se passe-t-il? Cela grince. C’est comme ça, à l’échelle d’un pays comme d’un groupe de copains. Est-ce du racisme?
Mais qu’est-ce que le racisme?
Sur son blog Charly Schwarz propose l’affirmation suivante: « L’axiome selon lequel les espaces du racisme s’élargissent à mesure que l’identité nationale se contracte est confirmé dans un nombre grandissant de pays. » Il faudrait s’entendre sur le terme de racisme. Je prends la définition de Wikipedia, assez claire:
« Le racisme est une idéologie qui, partant du postulat de l'existence de races humaines considère que certaines races sont intrinsèquement supérieures à d’autres. »
On peut se demander si c’est le mot race en lui-même qui dérange, ou plutôt l’idée que certains groupes seraient supérieurs – avec ce qui en découle: volonté de domination, exploitation, aliénation de l’identité, suppression des droits naturels fondamentaux. C’est d’évidence la deuxième proposition qui dérange.
Race, ethnie, type, ne sont que des catégories parfois utiles, qui n’impliquent pas automatiquement de supériorité et de subordination, pas plus que les sexes et les genres entre eux.
De même la notion d’identité nationale n’implique pas une volonté de domination sur l’autre, ou une tentative d’aliénation de son identité ou de suppression de ses droits naturels fondamentaux. Il y a là un amalgame abusif. On peut revendiquer sa différence et son appartenance sans aliéner celle de l’autre.
On a en Suisse les romands et les alémaniques, concurrents et concitoyens, comme en France on a des régions très différentes et concurrentes. Il n’y a pas de racisme pour autant. Il y a différence, oui. Terme mal vu semble-t-il, alors même que toute l’évolution libérale dans la société est fondée en particulier sur la reconnaissance de la différence. Sans différence, pas d’identité. Sans identité, pas d’individu responsable de ses propres actes, pas de pays administrable.
La différence commence par la frontière du corps: la peau. Toucher physiquement sans le consentement est possiblement une agression, de nos temps. Nous devons donc admettre que l’altérité suppose le respect de la limite et qu’il doit s’en suivre un apprivoisement.
Aimer l’autre sans discernement, sans d’abord respecter une distance que l’on réduira progressivement, n’est pas souhaitable. C’est ne pas reconnaître à l’autre son altérité. L’amour inconditionnel se passerait du nécessaire apprivoisement mutuel? C’est un colonialisme émotionnel. Il faut changer cette croyance de l’accueil automatique, sans aucune discrimination (au sens originel du mot). L’égalité n’est pas au-dessus du respect.
Les stratégies antiracistes actuelles génèrent du racisme par la stigmatisation de toute parole non conforme, et par le forçage à aimer et accueillir. Elles n’enseignent pas le respect. Elles poussent à l’interdit et à la peur d’être non conforme. Elles moralisent le débat, l’enferment et l’annulent, alors que l’apprivoisement le rend nécessaire. Elle rendent suspecte toute déclaration de différence. Il y a même là un paradoxe: une organisation comme la Licra défend à la fois le droit à la différence (plaidoyer pour la diversité culturelle) en refusant l'assimilationisme, mais refuse aussi le droit à la différence.
L’antiracisme tel qu’il est pratiqué aujourd’hui est une parole de gendarme. On ne pourrait que se soumettre. Pourtant les idées antiracistes, auxquelles j’adhère, sont largement acceptées par la majorité des populations européennes. C’est donc autre chose qui se joue. Ceux des antiracistes qui ne veulent pas se laisser enfermer dans cette posture de gendarme se retrouvent soudain traités de racistes par quelques ayatollahs de circonstance. Il y a à la fois le besoin narcissique de certains d’être dans le Bien, et une bataille idéologique entre un camp qui veut être la mesure morale du monde et un autre camp qui récuse ce monopole de la morale.
Nous sommes fondés sur la différence: notre culture de liberté, notre droit basé sur le consentement, l’antiracisme originel, la décolonisation même. Nous reconnaissons et affirmons le fait que l’autre n’est pas soi. Nous agissons ensemble par consentement et contrat mutuel reconnu et exprimé. Aujourd’hui l’antiracisme s’est inversé, par je ne sais quelle opération mystérieuse. Aujourd’hui c’est en son nom qu’on stigmatise, qu’on exclut, qu’on lynche médiatiquement. De ce point de vue l’antiracisme moderne est une faute morale et une manipulation de l’opinion. Ce qui s’impose malheureusement aujourd’hui est le sophisme de l’opposition, qui consiste à dire que l’opposé d’une affirmation aboutit obligatoirement à son contraire. Cette mise en clivage n’est qu’une tentative totalitaire que nous devons dénoncer sans relâche si nous croyons encore en la liberté.
Le respect
La différence a ceci de précieux que les relations sont l’objet d’un contrat. Elles sont donc basées sur le respect mutuel. Il faut donner des signes clairs de ce qu’est le respect. Et de ce qu’il n’est pas.
Par exemple des réfugiés musulmans déclarent vouloir imposer la charia dans un centre pour réfugiés allemands. Ils agressent verbalement ou physiquement des réfugiés chrétiens, sans que les autorités ne reconduisent à la frontière ceux qui propagent cette charia et cette violence. On est en droit de garder une distance par rapport à eux, et par rapport au ventre mou de l’antiracisme officiel.
Bien sûr tous ne sont pas pareils. Il ne doit pas y avoir plus d’intégristes parmi les réfugiés qu’ailleurs. On ne sait d’ailleurs pas précisément comment cela s’est produit, on n’y était pas. On peut aussi tenir compte de la déstabilisation de l’exil, de la surpopulation des centres, pour comprendre des replis identitaires que l’on pourrait aussi qualifier de racistes. Et de la difficulté à organiser des cultes de deux religions dans le même espace. Il ne s’agit donc pas de généraliser. Mais ce n’est pas à nous de comprendre: c’est à eux de s’en expliquer. Notre rôle est d’envoyer des signaux très clairs pour éviter toute reproduction ailleurs.
Autre exemple: un lycée de Bavière recommande aux élèves filles de ne plus porter de jupes courtes et délocalise des cours à cause de la présence proche d’un centre de réfugiés syriens, « pour ne pas causer de malentendu » dit son directeur en rappelant les différences culturelles avec les réfugiés d'origine musulmane. Quel malentendu? Est-ce du racisme de sa part de considérer les musulmans syriens comme des agresseurs sexuels potentiels, ou seulement la démonstration que la différence n’est pas sans risque et que cela demande apprivoisement? Je ne dis pas que ce directeur a tout faux. Je suis d’accord de m’habiller normalement si je reçois quelqu’un chez moi. Mais ici, passé un premier temps, les jeunes collégiennes ne sentiront-elles pas ces limitations comme une oppression culturelle due aux réfugiés? Et combien de temps l’accepteront-elles?
On peut, on doit aussi poser à l’autre ces questions fondamentales, qui à la fois reconnaissent notre réalité et respectent la sienne:
« Qui es-tu et que me veux-tu? »
Pendant longtemps je donnais par principe ma foi à l’humain. Puis j’ai appris à ne pas croire en l’autre sans preuve ni vérification de sa bonne foi, enfin autant que possible.
Le respect est pour moi au-dessus de l’égalité. Il est fondateur du véritable antiracisme. Et le respect est réciproque ou n’est pas. Il ne saurait y avoir de capitulation sur ce point.
Commentaires
Scwartz est un raciste des idées, il croit que les siennes sont supérieures à celles des autres.
Rare peut-être, mais néanmoins réel, il existe aussi la position qui consiste à accuser les autres de racisme pour éviter d'entrer en compétition avec eux dans des domaines de compétence.
La "discrimination positive", née aux Etats-Unis et justifiée dans une certaine mesure lorsqu'il s'agit d'assurer l'accès de certaines minorités aux études supérieures, par exemple, est alors dévoyée et transformée en un mélange, que l'on retrouve dans de nombreux cas actuellement, la religion musulmane en particulier, de "victimisation" souvent teintée de haine proprement "raciale" à l'encontre de ceux qui détiennent ce que l'on convoite.
À propos de la définition :
Inutile de ressortir les définitions du dictionnaire ou de wikipedia du racisme.
Les assoc' , puisqu'il est question de la conception "moderne de la chose , préfèrent se baser sur le "power + prejudice" de Patricia Bidol...et veulent se rendre inattaquable par cela.
coucou Homme Libre,
chaud chaud ici,vous avez sorti le kilt,
mdrr le clip,c'est quelque chose le Jojo Hallyday arabe!!!
bizzzouxxx!!!
@ Némotyranus:
J'ai commencé à regarder, rien trouvé en français, mais je me débrouille. Oui drôle de théorie, j'en avais déjà des bribes sans savoir d'où cela venait. Je vais creuser.
Coucou Sarah,
Coïncidence: je pensais à vous ces jours!
Chaud oui, faut mettre les olives au frigo (hé, pas au congèle!... :-)
Ouaip le clip est collector, ça le fait bien! Le Jojo est plus vrai que nature, et la musique mélange bien les styles, avec un petit côté James Bond par moments.
Et les filles sont mimi, quoi, ahhhhh... Enfin je ne sais pas si chez elles elles sont habillées comme ça... Elles doivent vivre à Londres!
Bizzzouxxx!!!
Je pense qu'il faut revenir à des définitions claires et simples, Némotyranus.
Les dérives langagières, spécialité d'une certaine avant-garde de la fin du siècle passé, sont à remiser, à mon avis. Elles sèment la confusion et entretiennent une inhibitions intellectuelle.
C'est ainsi dans pas mal de domaines. Il faut, à mon avis, épurer les idées, rafraîchir la page et revenir à un discours accessible.
Quand une personne de couleur traite un blanc de lépreux n'est-ce pas une forme de racisme ?
Toutes remarques à l'encontre d'une/plusieurs autre(s) personne(s) pourraient-elles être du racisme ?
Le sujet est vaste, très vaste surtout actuellement on veut bien accueillir des réfugiés mais pas chez nous, ni trop près : Est-ce du racisme ou de la peur ?
Il faut bien avouer que les bagarres qui se sont déroulées en Allemagne il y a une dizaine de jours dans des maisons d'accueil ont très mal passé dans la population : on accueille et vous vous bagarrez parce qu'entre vous vous ne vous aimez pas !
C'est le message qui passe auprès de la population, raison pour laquelle PEGIDA a repris ses défilés dans le calme à Dresde, la belle ville de la Saxe, lundi soir.
On peut comprendre le ras-le-bol de la population car les Etats dépensent des millions d'euros - milliards pour bientôt sans doute - alors que dans les pays de l'UE et en Suisse des familles doivent "quémander l'aide sociale", se font couper le RI parce qu'ils auraient gagné CHF 200.- de plus en effectuant un travail pour un tiers donc "terminé le RI" : un vrai scandale !!!
Le chômage augmente dans tous les pays y compris en Suisse et certains collectifs de défense des requérants, certains politiciens crient au scandale lorsque la population dit "son ras-le-bol" sous-entendu "occupez-vous aussi des suisses qui vivent sous le seuil de pauvreté et qui n'osent pas s'exprimer publiquement car ils craignent d'être montrés du doigt : là est aussi une question importante "racisme ou pas" ?
A Copenhague, une manifestation a eu lieu récemment contre l'immigration car la population craint une augmentation des charges en raison des infrastructures qu'il faudra créer :écoles, habitations, réseaux bus, cars et train, etc... le tout à la charge des collectivités publiques : Est-ce du racisme ou tout simplement réaliser qu'il y a des limites à tout ?
On peut aussi se poser la question suivante : si les européens immigraient dans les pays actuellement en guerre au Proche-Orient, en feraient-ils autant sans rechigner ?
Hommelibre, une fois de plus votre blog donne à réfléchir car "racisme" finalement cela signifie quoi exactement puisque deux réponses donnent deux avis différents. Merci de soulever un problème devenu un enjeu mondial.
Bien à vous.
Heuuuu
Est-ce que les antiracistes sont racistes envers les racistes ? (ÕÔ)
Réponse : Ben oui
Moralité: Blancs, rouges, jaunes, noirs Tous racistes ! (ÒÓ)
Enfin si j'en crois les antiracistes, qui ne le sont pas en définitive puisqu'ils sont racistes contre les racistes ...
Donc, est-ce que l'antiracisme existe ? (Ó.Ò)
Ben non puisque tout le monde est raciste (óÔ)
Pour ces raisons, pour les questions que vous posez, Lise, je pense qu'il faut une définition claire et bien délimitée, sinon on ne sait même plus de quoi on parle.
Exemplaire ce détricotage des réflexes qui (se) sont imposés dans le mainstream à la fois politique et social !
Les mots ont pris tout l'espace de la conscience et comme une alarme automatique ils ne résonnent plus que dans les neurones réflexes du cerveau émotionnel, au détriment du sens.
Cela ressemble beaucoup d'ailleurs à la notion de dressage ou de l'auto-hypnose par le verbe.
Merci de militer pour redonner aux mots leurs vrais sens et de décortiquer de manière posée les attitudes que l'on devrait regarder en face
@ Hommelibre : actuellement on parle beaucoup de racisme à propos de tout et de rien et c'est ce qui donne plusieurs sens au mot "racisme".
Le chômage augmente et on entend "c'est normal on donne du travail aux étrangers" et pas aux suisses : racisme ou pas !
Les Etats dépensent des montants en faveur des réfugiés que ce soit pour le logement, la nourriture, etc... alors que des habitants desdits Etats ont de la peine à nouer les deux bouts : racisme ou pas !
Ces deux exemples démontrent que finalement beaucoup de personnes sont un peu racistes alors qu'ils vivent confortablement en refusant d'ouvrir les yeux sur ce qui se passe à quelques heures de vol de notre pays.
Aoki dans son deuxième commentaire - 2ème phrase - a tout à fait raison avec son explication.
Je pense sincèrement que les Etats doivent faire très attention à ne pas provoquer le retour des groupes d'extrême-droite tels que Action Directe, la Bande à Bader etc... en dépensant finalement ce qui est l'argent des contribuables de leur pays respectif (entendu hier sur France Inter).
Aoki, cela me fait bien bouillir les neurones! :-) Je vais continuer dans ce sens, et tenter de contribuer à décortiquer les dogmes et croyances héritées du XXe siècle. Il semble que ce décorticage commence à être reçu. Il m'apparaît de plus en plus nécessaire pour sortir de l'enlisement intellectuel, les peurs, les culpabilités, la perte de sens, les errements politiques de notre époque. L'égalitarisme, l'antiracisme institutionnel, la théorie du genre, et quelques autres choses font partie de la confusion induite et des causes de l'enlisement.
Il y a du boulot, mais il faut oser faire ce pas et refondre un certain nombre de notions. Un cycle me semble s'achever, hérité des deux guerres mondiales (et avant mais la Shoah a été un tsunami moral qui a entre autres poussé à vouloir abandonner le terme de race, j'y reviendrai prochainement). Je vois mieux de quoi a été fait la 2eme moitié du XXe siècle, ce à quoi j'ai moi-même cru au détriment d'autres chantiers, et par peur d'assumer un héritage. Les choses m'apparaissent de plus en plus clairement. Bientôt je n'aurais même plus l'impression de heurter mes loyautés car elles seront réellement obsolètes par rapport à un nouvel apport de lucidité, à un nouveau fondement.
@aoki
Vous faites remarquer, par votre jeu de mots (qui sont évidemment aussi des jeux de l'esprit), que ce qui occupe le "devant de la scène" (il s'agit en effet de théâtre au sens le plus superficiel) ce sont des jeux et des mots.
Qui se soucie encore des actes eux-mêmes, puisqu'ils ne sont même plus identifiables tant ils on été recouverts et dévoyés par le vocabulaire.
"et tenter de contribuer à décortiquer les dogmes et croyances héritées du XXe siècle."
Alors commencez par vous-même :
"Un cycle me semble s'achever, hérité des deux guerres mondiales"
Il n'y a évidemment pas deux guerres mondiales mais une seule en deux épisodes.
Remember le Traité de Versailles...
Oui, d'accord Géo, bien sûr. J'ai utilisé l'expression courante par rapidité de réponse.
"Qui se soucie encore des actes eux-mêmes, puisqu'ils ne sont même plus identifiables tant ils on été recouverts et dévoyés par le vocabulaire."
Mère grand, votre phrase reflète parfaitement ce que je voulais exprimer
Pourquoi ne pas lancer un blog collectant les mots utilisés à contre-sens ?
On y parlerait d'"anti-sémitisme", "pédéraste/pédophile", "homophobie" au lieu d'"homosexuelophobie", etc, etc...
(Je suis interdit de blog sur ces plateformes TdG/24 heures, donc ne pas compter sur moi...)