Noël 2015 sera l’un des plus chauds connus dans les enregistrements météorologiques. Mais il ne sera pas le premier. Cette année est particulière à cause de la durée de la douceur, commencée en novembre et qui se poursuit toujours dans une large partie de l’hémisphère nord.

Aux Etats-Unis la côte est jusqu’au Canada est prise dans un courant de sud et les températures vont atteindre 20° à New-York et Philadelphie. Seul le centre-nord connaît une vague de froid jusqu’à Denver. C’est ce froid, confronté aux montées chaudes, qui provoque de fortes tornades dans les plaines du centre et centre-est du pays. Cette situation est connue et typique. Les intempéries d’hier sont situées dans la Tornado Alley.

En Europe les masses d’air sont toujours orientées depuis le sud-ouest. Cette situation dure et semble reliée à l’ONA, l’Oscillation Nord-Atlantique. En phase positive les perturbations atlantiques contournent l’anticyclone des Açores, trop puissant, et sont dirigées vers la dépression d’Islande et le nord de l’Europe. Aucune descente d’air polaire n’est attendue. L’anticyclone couvre largement l’Europe. C’est une situation bloquée. Pas rare mais durable.

Ce qui est exceptionnel est la longueur de cette séquence de douceur, qui semble vouloir continuer encore. L’air plus doux pourrait atteindre le cercle polaire en fin d’année. La faible quantité de précipitations est aussi exceptionnelle, l’automne étant une période de recharge des sols en eau.

L’Europe de l’ouest connaît ainsi son mois de décembre parmi les plus chauds, après un été déjà bien épicé. Toutefois il faut faire deux remarques. Cet été, la canicule, courte, n’a pas atteint l’Angleterre ni les pays nordiques. Ceux-ci ont connu un été frais et presque froid. On ne peut parler d’été chaud pour toute l’Europe.

D’autre part les températures du 23 décembre sont certes très douces (image infoclimat.fr No 1, cliquer pour l’agrandir), mais il y a près de 40 ans, les 23 et 24 décembre 1977 (ah que, c’était déjà la pleine Lune) étaient encore plus chaud sur la France et sur une grande partie de l’Europe (image 2 et 3). Or nous étions en fin de cycle frais de 30 ans, époque où les scientifiques craignaient un refroidissement général du climat.

 
La chaleur moyenne de l’année 2015 est une mesure globale qui ne tient pas compte des particularités. Par exemple les pôles peuvent faire monter une moyenne sans que cela ne soit ressenti à nos latitudes. Il faut remarquer aussi que la montagne a plus chaud que la plaine. Les glaciers fondent, comme toujours en période plus chaude, alors que les moyennes de plaine n’illustrent pas à l’identique ce réchauffement de montagne.

L’année 2015 est influencée par El Niño. Ce réchauffement périodique de l’océan Pacifique est actuellement à son maximum et d’une intensité comparable à l’épisode de 1998.

 
El Niño déplace les zones de précipitation à l’équateur et dans l’hémisphère sud, modifie le régime des pluies aux sud des Etats-Unis, et provoque inondations et sécheresses selon les régions. Son interaction avec le climat général est encore à l’étude mais certaines conséquences sont bien connues. 

En Europe il est difficile d’affirmer que le courant du sud-ouest puisse lui être entièrement imputé. Mais le dégagement de chaleur de l’océan réchauffe la planète par le biais des circulations d’air en altitude, d’autant plus qu’El Niño est en cette fin d’année situé en bonne partie au nord de l’équateur (image 4 Earth). On ne peut dès lors exclure totalement une interaction El Niño - Europe.

Noël 2015 sera-t-il aussi chaud que Noël 1977? A voir dans deux jours.

A noter que c’est à partir de dimanche que les jours rallongent. Et que ce soir et demain la pleine lune devrait nous faire un ciel de fête, à défaut de neige, la phase maximale étant prévue pour demain 25 à midi 12.

Animation vidéo de ce jour sur les courants aériens et les températures en Europe, reprise de Meteo Centrale: