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Racines

Trois femmes pour parler de Noël et de nos racines: Joana, Léa, Natacha. Noël est une des fêtes fondatrices de la culture européenne. L’occasion de dire quelques mots à propos de racines. Les racines? Là d’où l’on vient, par où l’on a pris souche.

 

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Nous venons de quelque part. D’une famille, d’une géographie, d’une culture. Le présent nous modèle peu à peu sans ôter les traces de ces racines.

Ainsi je lisais les confessions de Joana Balavoine, fille de l’ancien chanteur, décédé tragiquement il y a trente ans sur le rallye encore nommé Paris-Dakar. L’interview est publié dans Paris-Match sous le titre: « Mon père, ma fierté ».

Elle n’a jamais connu son père: l’accident d’hélico s’est produit cinq mois avant sa naissance. Daniel Balavoine et la mère de Joana n’étaient pas mariés. Elle portait donc le nom de sa mère à la naissance. Sa mère qui a immédiatement engagé une procédure pour qu’elle reçoive aussi le nom de son père. Pour lui donner une filiation, une racine. Pour dire d’où, de qui elle venait. De quel sperme, de quelle biologie, de quelle histoire. De quel univers.

À la question: « Et tu n’as jamais eu envie de renoncer à ce nom célèbre ? », elle répond:

« Dans ce nom, Balavoine, il y a l’idée de se battre. Et il y a la voix. Si on va plus loin, on peut même y lire qu’il va falloir avoiner. [Rires.] Pourquoi je changerais un tel étendard ? Ça donne des ailes. »

 

Et plus loin:

« … j’ai grandi, et compris que l’on ne peut pas avancer dans la vie sans se connecter avec ses racines. (…) A force d’entendre les gens me dire que je lui ressemble, que j’ai parfois un comportement similaire, que je m’emporte avec la même fougue, j’ai accepté de ressembler à ce mec, tout en ne sachant pas réellement qui il était. »

 

 

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Il y a aussi Léa Salamé, chroniqueuse chez Ruquier. Libanaise, arménienne et française: un doux mélange à cause de quoi elle se sentait d’abord étrange, presque étrangère à ce pays de France.

Elle dit d’elle-même:

« J’avais le sentiment d’être différente et je me suis employée pendant mes premières années professionnelles à gommer ces différences, à gommer mes aspérités, mon orientalité, mes rondeurs. »

 

Et encore:

« Les tourments identitaires, je sais ce que c’est. De là, Léa Salamé –qui dressait le bilan des premières semaines de Yann Moix comme chroniqueur dans l’émission de Laurent Ruquier- a évoqué ses origines : Ces thèmes me touchent. Un jour, j’écrirai un livre sur le sujet. Je suis un mille-feuille d’identités. Je suis fière de mes origines… »

 

 

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Ancienne chroniqueuse du même Laurent Ruquier, Natacha Polony vient de publier un livre: Nous sommes la France. Elle revient aussi sur ce qui a formé la France, ses identités multiples, sa diversité (ici sur ONPC le 19 décembre). Tout en insistant sur la différence entre un pays multi-ethnique, ce qui est fortement le cas aujourd’hui, et une multiculturalité qui ne fait que juxtaposer les communautés entre elles.

Le critique du magazine Le Point, Saïd Mahrane, dit du livre:

« … il est le livre le plus rassembleur de tous depuis les attentats de janvier 2015 et pas seulement parce qu'il le proclame en son titre. (…) Ce « nous », sous la plume de l'auteur, est tout sauf un « nous » vain et naïf. C'est un nous national, souverain, multiethnique – et non multiculturel sinon quoi le « nous » devient une addition de « eux ». Ce « nous » est une communauté d'héritiers, un plein existentiel, un attachement, un ancrage, une aventure commune, un peuple old school et new school retrouvé. Bref, la France. »

Il est ici question d’héritage – culturel s’entend. Encore une fois nous venons de quelque part. L’universalité est une nasse, un bassin où se dilue toute personnalité géographique. Pourtant, entre les montagnes du Tibet et les plaines de Russie, entre la psychologie des marins d’Ouessant et celle des cultivateurs du Zimbabwe, n’y aurait-il plus aucune particularité culturelle et ethnique? Plus aucune différence à défendre, aucune singularité légitime par ce qu’elle raconte de nous en tant qu’humains nés dans un univers particulier qui nous a modelés socialement, intellectuellement, spirituellement – et parfois biologiquement?

 

 

Crèches

Il y a des différences, une origine, une histoire avec un petit et un grand H. En faire état est une simple légitimité. Le mondialisme n’est pas l’effacement des identités de moindre représentativité. Il n’est que l’assouplissement de barrières, l’ouverture de voies de communication physiques et culturelles entre les mondes différents.

racines,souche,origine,appartenance,noel,crèche,culture,tibet,différence,christianisme,paganisme,Personne à ma connaissance ne reproche aux tibétains et aux hindous d’ériger de petits autels ou d’égrener des signes religieux dans la nature et de les manifester dans l’espace public. On y voit même une fidélité à la tradition, à leur culture. Ce qui serait bon et louable chez les tibétains serait-il mauvais et méprisable en Europe? Qui a tracé la ligne entre ce Bien et ce Mal opportunistes et incohérents?

En Provence les crèches sont des oeuvres artistiques autant que des actes de dévotion. Que des crèches soient visibles dans l’espace public n’a rien de choquant. La laïcité n’est pas une religion, un dogme, seulement un mode de répartition des pouvoirs. L’Europe a des racines chrétiennes. Même l’idéologie fraternaliste de gauche en est un avatar. Pourquoi le nier, le renier, le dénier?

Certes la symbolique et le discours chrétien religieux est aujourd’hui difficile à entendre et à prendre au premier degré. La critique de l’existence réelle ou fonctionnelle de Dieu, la personnalisation autour du Christ, sont des éléments discutables. On peut aussi débattre sur la manière de gérer la verticalité sociale (ceux du haut et ceux du bas, géographie reprise par la gauche) et sur la story telling de la crèche. On peut aussi discuter du culte de la mémoire et des symboles fondateurs d’une religion. Mais on n’évacue pas ainsi des siècles de modelage qui ont fait nos racines. 

Je vois la nouvelle droite française (déjà ancienne mais toujours nouvelle) se réclamer du paganisme. Le besoin d’une spiritualité, de quelque chose qui relie les Hommes entre eux et avec le monde et l’univers reste vivace, j’en suis heureux. Mais pourquoi aller chercher le paganisme, vieille forme obsolète, pour contourner le christianisme aux valeurs et exigence individuelles fortes et élaborées?

Nos racines païennes, avec leurs anciens dieux, tiennent d’un animisme intéressant quoique très folklorique aujourd’hui, mais laissent les humains davantage dans la soumission aux force représentées par ces dieux que dans la responsabilité individuelle. Or nos racines, celles qui modèlent notre culture depuis des siècles, sont aujourd’hui dans l’égalité et la responsabilité, valeurs chrétiennes s’il en est.

 

 

 

Catégories : Art et culture, Histoire, Philosophie, Politique 17 commentaires

Commentaires

  • La culture européenne ça veut rien dire, c'est comme de mélanger une pizza du porridge un schubling avec du couscous. ça n'a aucun goût. La culture plus on la mixe et moins elle est bonne.

  • En Europe comme ailleurs il y a plusieurs couches. Les cultures locales, puis nationales existent. Dans l'exemple des crèches provençales il y a une touche typique avec les personnages, les costumes, les métiers, l'architecture, la végétation, les technologies parfois, propres à la Provence.

    En même temps la culture chrétienne s'est propagée dans toute l'Europe et a unifié le continent, dans certaines pratiques, dans la circulation des connaissances par une langue commune. On a donc une culture régionale et une culture transrégionale. Il est possible d'avoir des éléments communs à large échelle et de les articuler avec des éléments à plus petite échelle.

  • Je ne connais pas Joana Balavoine, je n'en dirais ni du mal, ni du bien.

    Quant aux deux autres, il me semble qu'elle faisait partie du politburo de l'émission ONPC. Les rares fois que je les ai entendues, elles me donnaient l'impression d'être les chiens de garde du système, toujours en train de mordre ceux qui défendaient notre identité, nos valeurs européennes, les souverainetés de nos Nations.
    J'y ai surtout vu deux personnes qui se comportaient comme des animaux dans une meute, il ne fallait surtout pas aller dans le sens des mal pensant comme Onfray, Zemmour et d'autres de la même trempe.

    Il est vrai qu'aujourd'hui, nos concitoyens sont à la recherche de leurs racines que des malfaisants ont voulu détruire. Voir à ce sujet le billet du plouc à Paris qui veut nous parler de la montée des nationalismes en Suisse et ailleurs en Europe, c'est donc bien tentant de surfer sur cette vague identitaire, quelle hypocrisie!

  • Sur Léa Salamé elle correspond à ce que vous décrivez: gardiennage du système. Je prends son exemple seulement parce qu'il est question d'identité et de racines, puis de cheminement et assimilation française sans reniement de ses origines, ce que je trouve intéressant.

    Natacha Polony n'est pas spécialement gardienne du système, elle me semble plus indépendante d'esprit.

    Joana Balavoine est aussi un exemple du besoin de racines: même alors que son père est mort avant sa naissance elle cherche une identification avec cette figure. Je ne sais pas plus d'elle mais je retiens cette quête d'identité, qu'elle soit individuelle ou associée à un pays.

    C'est invraisemblable que la question de l'identité soit vilipendée par certains. Cela ne devrait pas être une affaire politique.

    Un article qui va dans ce sens sur La Tribune.fr, de Jean-Christophe Gallien:

    "Crèches de Noël : totalitarisme Made in France"

    www.latribune.fr/opinions/tribunes/creches-de-noel-totalitarisme-made-in-france-538734.html

    Petit extrait:

    "Laïcité et vivre ensemble ne peuvent exiger que nous sacrifions et éliminions de l'espace public partagé les éléments nourrissants de notre mythe identitaire au prétexte qu'ils s'inscrivent justement dans un corpus de pratiques traditionnelles ou religieuses qui contribuent à façonner depuis plus de deux millénaires nos identités et nos sociétés. Et c'est bien de faire société dont il s'agit."

  • Bonjour John,

    Je ne partage pas du tout l'avis de Norbert Maendly sur la culture européenne !

    S'il est un domaine dans lequel je me sens vraiment Européen, c'est bien la culture !
    Je ne parle pas ici de l'Europe au sens politique, l'UE, mais bien de l'Europe au sens culturel. Qu'il s'agisse d'architecture, de peinture, de sculpture, de musique, de philosophie ou de littérature, l'Europe s'est bien construite sur des fondations communes. Il y a eu la civilisation grecque, puis les Romains, puis l’avènement du christianisme et c'est bien sur ces strates culturelles et religieuses que l'Europe s'est construite.

    La démocratie est née en Grèce, le Décalogue a donné naissance à l'ordre juridique appliqué dans l'ensemble des pays d'Europe, l'invention de l'imprimerie a donné accès à la lecture, celle de la Bible en premier lieu, ce qui a permis la propagation de la Réforme, sans parler des "humanistes", puis des "Lumières" au XVIIIème siècle ...

    Tout cet héritage autant spirituel que culturel est européen. Oui, nous avons bien des racines européennes communes comme l'affirmait Denis de Rougemont, lui qui voyait la construction européenne sur des bases culturelles : l'union dans la diversité ...

    Je ne regarde pas l'émission de Ruquier, mais il m'arrive de lire la chronique de Natacha Polony dans Le Figaro, souvent très pertinente ...

    Meilleurs voeux à toutes et à tous !

  • Parler de culture européenne, cela revient à dire que les Anglais, les Russes, les Bosniaques, les Norvégiens, les Allemands, les Portugais, les Lettons, etc. font tous partie d'une culture unique. Il est même faux de prétendre que la Grèce antique est le berceau de la civilisation européenne. (tout comme il est faux de prétendre qu'une civilisation européenne existe) Les Russes par exemple sont issus des peuples nordiques et ils ont fortement été influencés par les peuples Tatar venus de l'Extrême-Orient. La Chrétienté n'est même pas une religion commune, certains peuples ayant subi la domination ottomane se sont convertis à l'Islam. L'orthodoxie est quand à elle issue de l'Empire romain d'Orient, devenu Bizance. C'est donc avant tout une religion asiatique.

    Bref, l'identité européenne ne peut exister, car il existe autant d'identités que de peuples.

  • Il me semble qu'il faut définir les termes, pour ne pas se retrouver avec un porridge ou un birchermüesli de notions diverses et variées.

    Culture (définition du Larousse en ligne):
    Ensemble des phénomènes matériels et idéologiques qui caractérisent un groupe ethnique ou une nation, une civilisation, par opposition à un autre groupe ou à une autre nation : La culture occidentale.
    Dans un groupe social, ensemble de signes caractéristiques du comportement de quelqu'un (langage, gestes, vêtements, etc.) qui le différencient de quelqu'un appartenant à une autre couche sociale que lui : Culture bourgeoise, ouvrière.

    Il n'y a pas de culture unique dans un pays donné, même pas en Suisse !
    Et même pas l'époque d'avant-internet. Si on compare les traditions et productions artistiques ou architecturales tessinoises avec les bâloises, bernoises ou vaudoises, on ne peut que constater qu'il y a de grandes différences. Et pourtant, nous sommes tous suisses.
    Les influences mutuelles sont la règle, la culture est justement basée sur des échanges et la création de nouveautés. La culture n'est pas seulement du folklore immuable.

    Et l'identité,
    l'identité culturelle ,
    l'identité culturelle européenne ?
    Vaste champ ...
    On peut décider d'aller dans le micro-détail : en quoi la culture d'un Fribourgeois d'Outre-Sarine est-elle différente de celle du Gruyérien ou de l'habitant de la ville de Fribourg ?
    On peut aussi décider de rester dans des généralités et dire que ce continent aux contours pas bien définis à l'Est a en commun des racines gréco-romaines, chrétiennes , une prédilection pour le progrès technologique, les sciences. C'est une culture particulièrement dynamique. La culture européenne est basée sur les échanges multilatéraux depuis des centaines d'années et elle a toujours cherché la mobilité et le dépassement de ses frontières.

    Il me semble qu'il serait plus facile de définir " la culture européenne" par opposition à des identités culturelles non-occidentales.
    Par exemple, en Australie, il doit y avoir des personnes de culture européenne, aborigène, chinoise, etc. En Afrique du Sud, des personnes de culture européenne ( subdivisons linguistiques boer - anglais), zouloue, xhosa, bochimane etc .
    Cette opposition ( ou discrimination) permettrait à un observateur averti de dégager des spécificités communes à tous les Européens, qui ne peuvent qu'être d'ordre général, car je pense que nous vivons sur un continent incroyablement riche, en ce qui concerne les aspects culturels. Il n'y a pas besoin de faire des milliers de kilomètres pour se retrouver dans un environnement culturellement dépaysant.
    Faut-il absolument se poser la question de ces différences en se hérissant ?
    Peut-être est-ce inévitable, puisqu'on se hérisse déjà à l'intérieur de notre propre aire culturelle : on va détester l'opéra ou le cor des Alpes ou le schwytzerdütsch ou la saucisse aux choux ou Bastien Baker ou la poésie ou Ballenberg.

    Et puis, tout est si relatif !
    Lorsque je suis en voyage sur un autre continent, je vais me sentir proche d'autres Européens. Lorsque je suis à Genève, je vais assez vite distinguer les non-genevois, que ce soit par leur accent, leur méconnaissance des lieux ou des us et coutumes, parfois leur aspect extérieur. Ainsi, un Belge ou un Espagnol me semblera davantage étranger à Genève qu'à Bali.

  • @hommelibre

    - « En même temps la culture chrétienne s'est propagée dans toute l'Europe et a unifié le continent ... »

    Est-ce vraiment "de la culture" ?

    N'est-ce pas le propre des peuples (ou ethnies ?) (les bretons, les corses, les alsaciens, les genevois, les fribourgeois, les valaisans, etc, etc ...), et de leur culture que d'assimiler et de s'approprier ***sélectivement*** une partie seulement des éléments constituants d'une autre culture qui viendrait à exercer une influence sur leur société, ou certains aspects distinctifs d'évenements ayant marqué la mémoire des gens, ou la pratique dirigée et répétée de certains rituels ?


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    Et quelques crèches en style postmoderne-conceptuel ...

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  • Je suis d'accord avec Caluenda, les différences culturelles ne sont pas marquées et ne suivent pas les frontières des Etats. Il s'agirait plutôt d'une sorte de dégradé. Ce ne sont pas non plus les religions qui forment les cultures ou en tout cas pas entièrement. Ce n'est qu'un aspect de la culture.

    Et s'il ne peut y avoir de culture européenne, c'est que la culture ne suit pas les contours des continents. La culture d'Alger est-elle identique à la culture de Dakar, de Djibouti ou du Cap ? La culture de Vancouver est-elle identique à celle de Mexico, de Lima ou de Mar del Plata ? La culture de Vladivostock resssemble-t-elle à celle de Shangai, de Bombay ou de Jeddah ? Même en Océanie, il n'y a aucune identité culturelle entre Jakarta et Sydney. Je ne vois donc pas pourquoi il en irait différemment en Europe.

    Par contre pour ce qui est de l'identité, je pense qu'il s'agit d'un facteur plus marqué. L'identité c'est le sentiment d'appartenir à un même ensemble. L'identité est indissociable de la souveraineté.

    La souveraineté vient de "souverain" c'est à dire le monarque qui a reçu de droit divin la mission de gouverner une terre. A la révolution, c'est le peuple qui est devenu souverain et la souveraineté est ainsi devenue une émanation du peuple et non plus de Dieu. La souveraineté populaire, c'est donc la fin d'une époque où le divin régissait la vie des hommes.

    Pour en revenir à l'identité, il s'agit donc de la conscience d'appartenir à une communauté de bien commun. C'est pourquoi il est très important que l'espace de souveraineté corresponde à l'espace identitaire. C'est à ce niveau que doit se placer la nation. Si la nation et l'identité ne correspondent pas, on assiste à une situation où une partie du peuple souverain va soumettre une autre partie, qui aura du mal à l'accepter car ces deux parties n'ont pas d'identité commune.

    Actuellement, l'Europe cherche à transférer la souveraineté des nations vers l'UE. C'est une grosse erreur car il n'existe pas d'identité européenne. C'est ce qui explique qu'on accuse l'Europe de manquer de démocratie. Il existe bien une démocratie pourtant, mais une démocratie ne correspondant pas à l'espace identitaire des peuple. C'est pour cela que cela ne peut pas fonctionner. Certains voudront le secret bancaire d'autres non. Certains voudront des OGM, d'autres non. Certains voudront augmenter les salaires, d'autres augmenter la productivité. Et personne ne se laissera imposer une solution par la majorité des états. En Suisse on peut dire qu'on a une solution proche, et pourtant cela marche mieux. C'est parce que l'espace souverain correspond à l'espace identitaire. Donc chacun accepte les décisions de la majorité.

    De même, la monnaie unique suisse, le Franc, est utilisé dans des zones à l'économie très différente. Places financières, zones rurales, zones montagneuses, etc. Si cela fonctionne, c'est que tous les citoyens souhaitent que chaque région puisse bien vivre et sont prêts à faire des sacrifices pour cela. Dans la zone Euro en revanche, les plus riches ne sont pas prêts à faire des sacrifices pour laisser les plus faibles vivre dans de bonnes conditions. Cela donne par exemple des Allemands refusant d'aider les Grecs. Dans une zone à monnaie unique digne de ce nom, les Allemands contribueraient à l'économie grecque pour qu'elle puisse vivre dignement. Mais sans identité commune, il n'y a pas de solidarité. Et sans solidarité, une monnaie se disloque à plus ou moins brève échéance.

    Donc les nations doivent correspondre, non pas à un espace culturel ou religieux, mais à un espace identitaire. Et les monnaies doivent correspondre à cet espace national et non à un espace multi-national. C'est pour cette raison que je suis convaincu que l'Europe fait fausse route et que c'est cela qui va causer sa perte.

  • Je suis d'accord aussi sur le fait qu'il n'existe pas de culture unique en Europe, ni même dans le même pays. Je l'ai constaté concrètement entre la Suisse romande et la Suisse alémanique: la loyauté de nos confédérés d'outre-Sarine tranche avec l'impertinence romande. Là-bas, quand quelqu'un prend l'autorité, on la lui laisse et il faut du temps pour l'en défaire. Ici c'est presque l'inverse. Deux cultures, deux attitudes intellectuelles par rapport à l'autorité.

    Dans la musique dite populaire, c'est-à-dire traditionnelle, la schlagermusik n'a pas vraiment d'équivalent en Romandie. Les costumes ont des significations selon les régions. Les armoiries désignent des faits ou contextes locaux. Derrière cela il y a possiblement une expérience collective locale.

    Ensuite la plaine et la montagne montrent des symboliques et des psychologies différentes, des littératures différentes, comme le nord et le sud.

    Il y a cependant des grandes données. Par exemple qu'implique l'ancienne écriture chinoise, en idéogrammes synthétiques, par rapport au déroulement analytique de l'écriture latine? Il y a une circonstance mentale profonde commune à une vaste région.

    Les religions impriment les cultures, et vice-versa. Le christianisme et sa notion de responsabilité individuelle est très différent de l'animisme et les pratiques qui en découlent sont différentes. La médecine ici s'est développée sur la recherche biologique, et un peu psychosomatique. La tradition africaine invoque des esprit ou un membre de la famille comme cause d'une maladie.

    La musique: pourquoi s'est elle développée si différemment? Quel en est l'effet sur le psychisme et sur la représentation intime du monde, sur les images dans lesquelles nous nous reconnaissons?

    Quand j'entends parler un américain, ou une américaine, je ne me sens pas pareil. La manière de parler est si bruyante et si peu sensible que je ne pourrais pas tomber amoureux d'une américaine!

    L'Europe a développé le concept de l'Homme révolté, mais pas l'Asie. Il y a quelques généralités qui se superposent aux régionalisations. L'Afrique a été un continent plus terrien, peu navigateur, comparé à l'Europe. Le mythe du retour en Afrique est moins fort, bien qu'il se soit développé aussi, différemment, et suite à l'exil de l'esclavage. Alors qu'il est très présent dans la Bible: le retour des Hébreux, le retour au Paradis.

    Donc pour moi il y a des cultures qui recouvrent un territoire assez vaste, où une expérience en partie commune a forgé une représentation du monde en partie commune elle aussi.

    Pourquoi la Chine n'a jamais envahi d'autres continents? Parce qu'elle s'est vue comme le centre du monde, l'empire du Milieu? Alors que l'Europe s'est constamment projetée vers un ailleurs, qui imprègne jusqu'à la poésie. En Europe "Demain" est un mot magique. En Afrique c'est un simple repère temporel flou. En Europe l'unité est un mythe, un idéal à atteindre et pour lequel la mystique entre en compte (le Graal). Chez les amérindiens l'unité était morcelée en autant de tribus et de territoires qui se faisaient régulièrement des guerres violentes.

    En Europe on cherche une forme de vérité objective. En Afrique on cherche à être d'accord, après la palabre.

    J'aime le désert. J'aime le bush africain. Les étoiles sont partout les mêmes, ou presque, et j'aime l'idée que nous sommes rien de plus que des poussières d'étoiles. Mais quand je reviens en Europe je reconnais les odeurs, les sons, les langages corporels. Cela fait partie de mon identité, intimement, comme la culture démocratique de la Suisse. Question d'habitudes, de repères, d'appartenance.

  • Chuck,

    Quelle belle collection! Merci. Cela montre que l'iconographie et la symbolique chrétiennes sont répandues à la surface de la terre.

    Mais l'Europe reste la matrice, la géographie la plus imprégnée. Actuellement en Chine des mouvements liés au protestantisme se développent, plus que toute autre religion. Pourtant la Chine reste confucéenne pour longtemps. Une culture, locale ou globale, met des siècles à s'installer et à devenir le moule. D'ici là le nouveau doit s'adapter et s'assimiler pour faire sa place. Seule une adhésion intérieure fait réellement progresser le nouveau.

    La "diversité" qui se met en place en Europe par exemple est un pur fruit intellectuel désincarné, fondé sur la culpabilité et le déni. Il donnera de mauvais fruits et l'avenir est sombre. La violence reprendra l'Europe, malheureusement.

  • Kad, du point de vue sémantique il est juste de différencier identité et culture d'appartenance.

    L'identité très basique c'est l'appartenance à une famille donc à un nom, à une ethnie, et à une région administrative ou un pays. La culture véhicule le langage, le sens, les valeurs, choses auxquelles nous adhérons ou non mais à quoi nous ne pouvons nous identifier. Culture et identité sont parfois superposée mais pas toujours. N'y a-t-il pas d'identité européenne? Pas vraiment d'identité majeure comme aux USA, ou malgré les grosses différences de mentalités entre le nord et le sud les patriotisme est un ciment identitaire pour tous.

    En Europe il y a eu les villes, les échanges artistiques dès le XIXe siècle, la science, la religion. Le goût de la littérature et de la poésie, même si là les particularisme existes. Je pense pour ma part que l'Europe a un certain mode de vie commun, pas encore entièrement remis à jour, mais certains auteurs on décrit la culture urbaine, qui est devenue dominante surs les diverses campagnes.

  • @hommelibre

    - « La "diversité" qui se met en place en Europe par exemple est un pur fruit intellectuel désincarné, fondé sur la culpabilité et le déni. »

    De quoi les "européens" de l'époque n'ont pas accusé le protestantisme lorsqu'il émergea ?

    De quoi les "américains" de l'époque n'ont pas pas accusé le catholicisme lorsque les premiers migrants catholiques débarquèrent dans les colonies déjà établies ?

    De quoi les "français" de l'époque n'ont pas pas accusé les espagnols, le italiens, et les polonais lorsqu'ils arrivèrent au milieu du XIXème ?

    De quoi les "suisses" de l'époque n'ont pas accusé les italiens après 1945 ?

  • Les arabes auraient-ils une culture commune, compacte ? Non.
    Les musulmans alors ? Non plus.
    Au sein de l'Islam, il y a tant de vues divergentes, qu'ils s'entretuent tout au long de l'année.
    C'est d'ailleurs pourquoi l'on dit sans se tromper que les premières victimes des terroristes, sont les musulmans eux-mêmes.
    Entre chiites et sunnites, il est vrai que ce n'est pas cette idée de paix que l'on a.

    "C'est donc avant tout une religion asiatique.
    Bref, l'identité européenne ne peut exister, car il existe autant d'identités que de peuples.
    Écrit par : Kad | 26 décembre 2015"

  • Chuck, ce que vous mentionnez n'est ni comparable ni dans l'esprit de ce que j'ai écrit. Vous simplifier un peu trop sans argumenter.

  • Bonjour Kad,

    Après votre dernier commentaire, je crois comprendre que nous deux ne parlons pas de la même chose, lorsque nous évoquons la culture européenne ou l'identité culturelle européenne.
    Il me semble que vous pointez du doigt l'impossibilité de créer une identité politique en Europe, alors que moi, je parle de l'identité culturelle, au sens de la définition du Larousse. ("phénomènes matériels et idéologiques" définis par opposition à d'autres)

    Vous écrivez, en conclusion .
    "Donc les nations doivent correspondre, non pas à un espace culturel ou religieux, mais à un espace identitaire. Et les monnaies doivent correspondre à cet espace national et non à un espace multi-national. C'est pour cette raison que je suis convaincu que l'Europe fait fausse route et que c'est cela qui va causer sa perte."

    J'essaye de suivre votre démonstration et je bute sur une question :
    comment définir "l'espace identitaire", comment le créer ?

    Si on pense, que certaines nations européennes se sont formées par amalgames successifs de micro-identités, sur de longues périodes (p.ex. la Suisse) ou d'autres suite à des mouvements d'indépendance et de la naissance d'une conscience nationale( l'Allemagne, l'Italie), d'autres encore ont vu leur frontières modifiées de façon drastique par des forces extérieures, suite à des guerres (la Pologne), j'aurais tendance à dire que tout est possible ! Tout dépend de l'échelle du temps et de l'espace que l'on veut considérer.
    Je pense que les europhiles se voient au début d'un long processus douloureux mais dont l'objectif est atteignable.
    Personnellement, je pense que l'UE va beaucoup trop vite, que son agrandissement devrait être beaucoup plus lent et chaque entrée mieux préparée. La consolidation du noyau initial ne se fait pas suffisamment, ce qui donne cette cacophonie, où beaucoup veulent jouer leur propre partition et il n'y a même pas vraiment de chef d'orchestre !

    Dans presque chaque pays européen, il y a des minorités linguistiques ou religieuses, des sous-groupes aux identités particulières. Si on pense simplement à la France, avec la Corse, les DOM-TOM, le pays Basque, la Bretagne etc, on peut se dire que l'espace identitaire n'est pas un acquis et il est sans cesse ébranlé par des poussées identitaires particulières.

    Certains pensent qu'en Suisse, la fracture principale se placerait désormais davantage entre le monde rural ( montagnes) et le monde urbain et péri-urbain ( Plateau), qu'entre régions linguistiques. Ce n'est pas idiot et j'en conclus que les identités à l'intérieur d'un pays aussi petit soit-il évoluent avec les circonstances et que nos appartenances vont être multiples à l'intérieur d'un même pays ( agriculteur romand ou agriculteur tessinois, citadin alémanique ou citadin romand, auxquels on peut rajouter des couches de complexité : le tessinois peut être d'origine alémanique et l'alémanique un immigré de deuxième génération).
    En Suisse, nous sommes au clair sur le fait que notre pays est une nation par volonté. On a beaucoup discuté de l'identité, de sa définition et l'un des derniers épisodes a été la modernisation de l'hymne national et toute la discussion autour de ce chant méconnu.
    L'élection de Guy Parmelin a également été un moment très intéressant, puisqu'il a fallu se mettre d'accord sur une personne, qui réunirait le maximum de qualités rassembleuses et donc acceptées par un maximum de parlementaires votants.

    Je crois que vous idéalisez un peu le fonctionnement de la Suisse et que vous minimisez la dose d'auto-discipline nécessaire pour que le système marche !
    Dans votre parallèle entre la Suisse et l'UE, vous passez un peu vite sur le fait que les Allemands (en tant que citoyens)sont soumis à des contraintes fiscales et salariales fortes, ils ont de la peine à ouvrir leur portemonnaie, sans rechigner, pour un pays à l'état quasi inexistant et au fonctionnement très rock n' roll, pour dire les choses un peu rapidement.
    Vous décrivez la Suisse ainsi :
    "Si cela fonctionne, c'est que tous les citoyens souhaitent que chaque région puisse bien vivre et sont prêts à faire des sacrifices pour cela. Dans la zone Euro en revanche, les plus riches ne sont pas prêts à faire des sacrifices pour laisser les plus faibles vivre dans de bonnes conditions. Cela donne par exemple des Allemands refusant d'aider les Grecs. Dans une zone à monnaie unique digne de ce nom, les Allemands contribueraient à l'économie grecque pour qu'elle puisse vivre dignement. Mais sans identité commune, il n'y a pas de solidarité. Et sans solidarité, une monnaie se disloque à plus ou moins brève échéance."

    A mes yeux, la solidarité ne peut pas fonctionner dans un seul sens. Ca devrait être " un pour tous, tous pour un".

    En attendant, en Suisse, on râle dans tous les coins et également au centre, mais tous savent pertinemment qu'il n'y a pas de moins mauvaise solution.
    Chaque votation soulève des espoirs d'améliorations et à chaque fois, une partie des votants se retrouve déçue. L'abstentionnisme provient probablement en partie de là, on peut être amené à penser que "voter ne sert à rien".

  • Je reviendrai plus tard mais juste pour répondre à votre question: "comment définir "l'espace identitaire", comment le créer ?"

    Je pense qu'on ne le peut pas. L'identité se construit d'elle-même. Des peuples qui ont l'impression d'avoir des valeurs communes peuvent décider de s'unir, mais on ne peut pas les y forcer. Voir la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie ou l'Union Soviétique. Lorsque des peuples qui ont été forcés à vivre dans un même espace étatique recouvrent la liberté, ils détruisent d'eux-mêmes l'unité.

    Je trouve à ce titre très dangereux de mettre en avant les euro-régions et les langues locales, car en construisant des identités régionales, on prend le risque de miner de l'intérieur l'identité nationale. C'est à mon sens la raison de l'indépendantisme, par exemple en Catalogne, en Ecosse, dans les Flandres, en Bretagne ou en Corse. Mais n'est-ce pas une volonté consciente des autorités européennes ?

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