Mon billet d’humour où je paraphrasais le célèbre « Prolétaires de tous les pays… » a eu quelques effets. Sur certains qui ont besoin de mettre des étiquettes sur les gens. J’ai ainsi été classé, sur un autre blog, lepéniste et monarchiste. Amazing.
Monarchiste? Je ne rejette pas les monarchies parlementaires mais je suis à des lieues intellectuellement du monarchisme. L’idée d’un pouvoir central limité dans le temps, mais indépendant des périodes trop rapprochées de séduction électorale que sont les élections, n’est pas à rejeter d’emblée. Mais un pouvoir illimité, voire dynastique, n’est pas ma tasse de thé. Quant à Marine Le Pen, dont j’ignorais qu’elle fût monarchiste, si je pense que son parti aborde des thèmes politiques qui méritent aussi être étudiés ou envisagés comme hypothèses politiques actuelles, j’ai déjà dit que je n’ai guère d’affinité intellectuelle avec son personnage, que je n’apprécie pas son esprit revanchard, son simplisme et son sourire crispé.
Par ailleurs, si je reconnais que le souverainisme est une option parmi les autres, je ne vois pas comment, sous quelle formule, il pourrait prendre en compte ces deux choses: d’une part des aspirations des peuples à rester maîtres chez eux et à préserver les nations, qui malgré les désastres nationalistes du XXe siècle ont du sens dans la constitution des peuples; et d’autre part des conditions économiques qui font du monde un grand village. Les échanges font la prospérité. Peut-être en privilégiant justement des accords de libre échange entre nations et des pactes militaires supranationaux pour préserver la paix, sans pour autant renoncer à certaine prérogatives politiques et juridiques.
L’usage de l’étiquette politique tend parfois à remplacer la réflexion et l’argumentation. Laxiste serait synonyme de gauche, réactionnaire synonyme de droite souverainiste. C’est évidemment réducteur des deux côtés. On a le droit de soutenir une vision du monde, ainsi que des valeurs, à tous les bords de l’échiquier politique. La gauche se dit souvent porteuse de valeurs, comme pour se donner une plus grande aura morale. Il serait pourtant abusif de prétendre que la droite n’a pas de valeurs. Même le Front National a des valeurs. Et même l’extrême-gauche. Ou plus précisément des visions du monde.
Voyant comment le terme de réactionnaire est aujourd’hui brandi à la place d’une véritable argumentation sur le fond, je me suis amusé à tenter deux petites listes, avec les vertus attribuées aux progressistes et celles attribuées aux réactionnaires.
J’ai posé ces deux listes côte à côte. J’ai donnée à chacune un titre en abandonnant l’opposition progressiste/réactionnaire. J’ai choisi progressiste/réaliste, mettant ainsi les deux termes au même niveau, celui de porter une vision du monde, chose jusque là refusée aux résistants (mal nommés réactionnaires). Ce faisant je prive délibérément le camp dit progressiste de toute légitimité automatique ou de droit divin. Il n’y a pas le camp du Bien et le camp du Mal. Il y a des conceptions du monde. Les étiquettes, on s’en fout.
J’ai établi ces listes en sachant qu’elles ne sont pas exhaustives et qu’elles peuvent être complétées, retouchées, contestées. Par exemple un conservateur peut être libéral dans certains domaines. Il m’importait de modifier le clivage politique traditionnel droite/gauche. Les lignes de démarcation passées vont changer; mais vers quoi?
Je me suis moi-même évalué.
Je me savais conservateur/progressiste, fidèle en cela à la complexité de mes propres paradoxes. Par exemple mon ouverture aux autres s’est complétée d’une conviction que les bonnes relations humaines ne sont pas automatiques mais font suite à un apprivoisement mutuel respectant les différences. Je suis aussi un pédagogue progressiste, et avant-gardiste dans bien des domaines. Mais l’avant-garde n’est pas toujours identifiable au progrès. Par exemple, en théâtre français, en quoi Eugène Ionesco, auteur d’avant-garde en son temps, peut-il être considéré comme progressiste?
Je me coche plusieurs fois dans les deux colonnes sur des points symétriques, qui font apparaître certains de mes paradoxes. J’aurais pu le faire davantage car certains points sont en migration, passent d’une colonne à l’autre et les chevauchent encore en partie. Je constate que je suis moins idéaliste et plus réaliste que par le passé. Je ne pense pour autant pas que l’on puisse simplement renvoyer dos à dos les deux listes. Des valeurs ou vertus sont bonnes à prendre d’un côté comme de l’autre, selon le cas. De plus selon les tendances politiques chaque camp est plus nuancé que ce que la liste ne suggère.
Je n’indique pas ici mes résultats pour que ceux qui ont envie de jouer à ce petit test le fassent sans influence visuelle. On peut cocher le même point dans les deux listes pour rendre compte de nos paradoxes normaux, ou de la migration en cours entre une liste et l’autre.
Bon, allons-y pour ces listes (cliquer sur les listes pour les agrandir).
Commentaires
Cher hommelibre,
- « Les échanges font la prospérité. »
Plutôt ... "stimulent la prospérité".
- « Par ailleurs, si je reconnais que le souverainisme est une option parmi les autres, je ne vois pas comment, sous quelle formule, il pourrait prendre en compte ces deux choses: ... »
Qu'est-ce qui vous fait croire que le souverainisme ignore "ces deux choses" ?
- « L’usage de l’étiquette politique tend parfois à remplacer la réflexion et l’argumentation. »
????????? ?
Je plaisante ;-)))
- « J’ai donnée à chacune un titre en abandonnant l’opposition progressiste/réactionnaire. J’ai choisi progressiste/réaliste, mettant ainsi les deux termes au même niveau, ... »
!!!!!!!!!! !
Faute d'être catholique ou orthodoxe ou ... , bref, remplacer "réactionnaire" par "réaliste" sans remplacer "progressiste" par "irréaliste", c'est pas très ... "réaliste".
Peut-être pourriez vous expliquer pourquoi "réactionaire" = "réaliste".
Et pour éviter de vexer quelques susceptibilités, pourriez vous expliquer aussi pourquoi "progressiste" != "irréaliste" ( "!=" = "n'est pas égal à", j'ai pas de "=" barré. ).
- « Ce faisant je prive délibérément le camp dit progressiste de toute légitimité automatique ou de droit divin. Il n’y a pas le camp du Bien et le camp du Mal. Il y a des conceptions du monde. Les étiquettes, on s’en fout. »
Dans ce cas, il faudrait sans doute expliquer ce qu'est "Le Progrès", mot qui est à la racine du nom "progressiste" que vous employez pour votre comparaison "progressiste/réaliste".
Parce que, ce n'est pas la "légitimité" des "progressistes" que vous niez, mais *** leur valeur *** fondamentale.
Qu'est ce qu'un "progressiste" sans "Le Progrès" ?
Qu'est-ce qu'un "communiste" sans "Le Manifeste"
Qu'est-ce qu'un "islamiste" sans "L'Islam" ?
Qu'est-ce qu'un "humaniste" sans "L'Humain" ?
- "l’étiquette politique tend parfois à remplacer la réflexion et l’argumentation."
C'est possible.
Mais cela ne signifie pas qu'il faut aussi abandonner "la réflexion et l'argumentation".
Et ce sera tout pour aujourd'hui.
La sémantique est importante.
Lorsqu'on parle de monarchie parlementaire, je ne sais pas de quoi on parle.
Et j'ai la flemme de chercher.
Pour moi, un des grands défauts de la délégation parlementaire vient du travail en commissions qui est à la base des décisions du législateur. C'est en ce sens que j'estime qu'il serait judicieux d'envisager une présidence professionnelle sur la durée de la législature.
http://posttenebraslux.blog.tdg.ch/archive/2015/02/04/limites-de-la-democratie-parlementaire-264296.html
"Les échanges font la prospérité. Peut-être en privilégiant justement des accords de libre échange entre nations et des pactes militaires supranationaux pour préserver la paix, sans pour autant renoncer à certaine prérogatives politiques et juridiques."
Danger !
Les accords de libre échange cachent assez mal le besoin de suprématie de certains. TISA, TTIP sont les prochains dans le pipeline, non seulement ils interdisent un retour en arrière avec des renationalisations, mais surtout ils contribuent à uniformiser le monde et nient la richesse des différences qu'elles soient culturelles, géographiques, économiques ou politiques.
http://posttenebraslux.blog.tdg.ch/archive/2015/07/24/tisa-ttip-la-gauche-tient-son-os-268951.html
Je m'abstiens de commenter les éventuels coalitions militaires. Non seulement parce que je suis incompétent dans ce domaine, mais surtout parce que je resterai encore longtemps un idéaliste sur ce sujet.
Ceci dit, en parcourant la liste, je suis incapable de cocher une seule case. Ce langage est trop réducteur et ne traduit absolument pas mon sentiment. Je ne puis me résigner à dire oui ou non.
Pierre, je comprends. J'ai coché la moitié des cases de même niveau. Je me reconnais dans l'une et en même temps dans l'autre. Alors je coche les deux et à la fin il se dessine quelque chose, d'utile ou non je ne sais pas.
Si on ne peut se caler dans cette grille de lecture mais que cela crée d'autres formes de représentations ou déborde sur d'autres choses c'est intéressant. C'est un premier jet, un test où le but est de déplacer des lignes, ou simplement de voir où elles sont en réalité. Enfin, ta réponse m'inspire ça.
Mais le gouvernement militaire, je n'ai pas compris.
Ce qui m'a frappé à la lecture de la colonne de gauche ( "Progressiste"), ce sont les formulations très catégoriques.
Dans cette colonne-là, on trouve des mots comme :
toute- absolu - toujours
Ces mots n'apparaissent pas dans la colonne de droite.
Ainsi, le progressiste serait un fanatique, ignorant toute nuance, incapable de s'adapter à des situations imprévues et qui ne fonctionnerait uniquement par réflexes idéologiquement conditionnés, au point de laisser sa fille partager le lit d'un délinquant sexuel. Cela demande une abnégation d'esprit critique assez exceptionnel !
Les formulations de la colonne gauche me rendent impossible d'y mettre une seule croix !
Et très difficile de mettre des croix à droite, mais comme les formulations décrivent des attitudes moins bornées, on se sent moins étranger.
En fait, je crois que je suis incapable de fonctionner en binarité ou de répondre à des QCM, comme dans les tests des journaux féminins !
Les réponses proposées sont insatisfaisantes et répondre par défaut amène, au moment de la comptabilisation des points, à se retrouver dans une typologie, avec laquelle on n'arrive pas à s'identifier !
L'attitude appelée "progressiste" est certainement idéaliste et un peu abstraite, souvent liée à la jeunesse et une certaine inexpérience.
Le "réalisme" est par définition moins idéaliste et lié au fait qu'à force de rouler sa bosse, on a compris qu'il ne suffit pas d'être soi-même pétri de bonnes intentions. Au fil des ans, on devient un chat échaudé.
Que dire des vieux babas, qui continuent à affirmer les mêmes idéaux que dans leur jeunesse et de jeunes complètement au diapason de discours de leurs aînés ? Ils doivent être des partenaires de débat très inspirants !
A un moment donné l'étiquette politique se mélange avec la définition de la personne.
C'est bien cela qui ne joue pas et qui ne laisse personne satisfait à mettre des croix dans une case.
Les définitions dépendent des intentions et des besoins de ceux qui posent les questions.
Etre défini par des questionnaires conçus par des sociologues permet à toutes sortes d'entreprises d'élaborer des stratégies pour nous atteindre à notre corps défendant, donne des outils à d'autres organisations pour manipuler l'information ( ex.nombre de violence). Bref l'individu que nous sommes devient une matière à donner du chiffre manipulable, ou donne des indices pour être manipulé.
Les étiquettes politiques c'est encore un autre niveau qui peuvent servir à être sommairement classés, voir être stigmatisé par un interlocuteur.
L'un comme l'autre démontre une pauvreté des rapports humains lorsqu'on étiquette les choses et cette manière de faire relève du rapport de pouvoir. Etre étiqueté c'est donner un pouvoir.
Certes c'est le jeux en ce qui concerne la politique, puisque dans ce registre, ce qui compte c'est avoir raison.
Quant à la monarchie, que l'on aime ou pas, est issue d'une sacralisation d'un rôle de cohésion qui a eu une chaîne ininterrompue plus que milénaire. Couper la tête du roi au lieu de simplement le déposer fût un acte d'automutilation psychique dont la France ne s'est pas encore remise.
J'évite de m'exprimer sur les questions militaires car je suis mal à l'aise.
Je n'ai pas fait mon service militaire et j'ai été considéré par le tribunal militaire comme un réfractaire et non pas comme un objecteur de conscience.
Huit mois de prison, dont cinq avec des détenus de droit commun à Bellechasse, ont été très formateurs je pense. Peut-être même plus que de servir à l'armée.
Aujourd'hui, la réponse aux menaces reste violente et répressive. J'ai un peu le sentiment que cette force est celle du désespoir. On frappe lorsqu'on ne sait plus que faire d'autre.
Il me semble que nous devrions avoir le courage et l'honnêteté de reconnaitre notre part de responsabilité à tous dans les dérives telles que le terrorisme pour ne prendre que cet exemple d'actualité. La réponse armée semble produire des effets inverses à ceux escomptés. Les rangs se renforcent, les fronts se durcissent.
Mais comme je n'ai pas de solution miracle dans mon chapeau, je m'abstiens de commenter sur les alliances militaires qui se font et se défont selon les opportunités.
Bon sens, bonne direction
Ecouter, entendre
Observer (mais sans fouiner ni regarder par le trou des serrures)
Sortie des clichés, préjugés, schémas
Mentalité. comme fondement... avant tout
Pouvoir pour qui, pouvoir pourquoi...
Motivations, visées
ou chantant au gré du vent ou du souffle qui nous entraîne feuilles tourbillonnant un bref instant si peu si peu mais jamais "rien"!
Après quoi roi, ministre...
Pendant que certains "petits suisses" (un peu trop sucrés) se faisaient la belle dans les prisons capitonnées pour objecteurs d'inconscience, l'ensemble des voisins de la virginale Europe torturaient à la lampe à souder, que du bonheur !
Maintenant que vont bien pouvoir faire nos apôtres de la non-violence vis-à-vis des enragés qui violent leurs femmes ?
Au plus, tenir la chandelle et prier pour que leur, tout aussi virginal de Jésus pardonne aux égarés de la foi chrétienne et multiplie l’avènement d'un nouveau croisement de races.
C'est marrant comme l'on passe du pacifisme à l'étreinte forcée dans ce continent.