Tout avait pourtant bien commencé. Nicola avait trouvé un job chez PwC en Grande-Bretagne. PwC: une entreprise de conseils et d’audits. Une maison qui a entre autres travaillé avec l’UBS dans le cadre d’une étude sur la répartition de la richesse mondiale.
Cette étude a révélé ceci: il y a aujourd’hui dans le monde plus de femmes que d’hommes milliardaires. Moi qui croyais qu’elles étaient toutes pauvres à cause du méchant patriarcat, je dois réviser ma croyance. Les femmes sont majoritaires dans la gouvernance des entreprises familiales et contrôlent une plus grande fortune globale que les hommes milliardaires.
Et Nicola? J’y viens. Notre héroïne est une jeune femme de 27 ans. Elle a postulé chez PwC, a été engagée et a contribué à rendre la compagnie – et elle-même – mondialement visible. Pourquoi? Parce qu’elle a été licenciée au premier jour de son engagement.
La raison est qu’elle a refusé de porter des chaussures à talons hauts.
« La jeune britannique a refusé de répondre positivement à la remarque de son patron pour la simple et bonne raison qu'elle ne se voyait pas être perchée toute la journée sur des chaussures de plusieurs centimètres. Elle a voulu avoir une explication sur le sujet avec lui car elle ne comprenait pas en quoi ses chaussures plates portaient atteinte à son travail. »
Sauf que l’entreprise a édicté un code vestimentaire pour ce poste, lequel code stipule précisément que le port de talons hauts est exigé. Et Nicola a signé ce code en même temps que son contrat.
Elle savait donc ce que l’entreprise attendait d'elle. Elle l’a accepté en toute conscience et sans contrainte. Dans ces conditions, ne pas respecter ce code, ce dès le premier jour, ressemble un peu à une provocation. D’autant plus que Nicola a voulu organiser une fronde au sein de l’entreprise, qu’elle a lancé une pétition sur internet, et qu’elle dispose de soutiens assez organisés pour que cette information négligeable devienne un buzz sur la toile.
Pourquoi une pétition? Parce qu’en Grande-Bretagne:
« … une société peut licencier un employé qui ne respecte pas les exigences du code vestimentaire, à condition qu'il soit donné aux employés assez de temps pour acheter les vêtements et chaussures appropriés. »
C’est la loi. Une loi qu’elle voudrait faire changer.
Soit. On pourrait presque la soutenir en pensant à la fatigue causée par des heures de posture debout sur dix centimètres ajoutés. Mais la question n’est pas là. Une entreprise dispose d’un droit légitime à s’identifier par un look. Ce look peut, dans certains cas, concerner également les employés, comme chez McDo et ailleurs. Tout employé le sait.
Et puis si l’on signe un code c’est que l’on prend librement la responsabilité d’y adhérer. Or Nicola déclare que la loi sur la tenue vestimentaire est discriminante pour les femmes (puisque les hommes ne sont pas contraints par PwC à porter des hauts talons).
Et alors? Connaissant ce code elle pouvait refuser le poste. Et question discrimination, les hommes sont également contraints de porter certaines tenues en fonction de leur activité. Une banque ne place en principe pas des employés hommes sans cravate au contact du public, par exemple.
Ah la la, toutes ces victimes, victimes des entreprises, des hommes, des femmes, de ci, de ça: le business victimaire est florissant et pour un dédommagement ou un peu de notoriété on se déclare victime comme autrefois on se revendiquait héros.
Sauf qu’un monde de victimes glisse et plonge dans l’irresponsabilité individuelle, ce qui favorise l’émergence d’un État de plus en plus fort et de nouvelles contraintes. L’égalitarisme, vision totalitaire et déraisonnable de l’égalité, fer de lance des crypto-marxistes, est au final incompatible avec le constat de différences femmes-hommes et de comportements spécifiques selon les situations.
L’égalitarisme est à la culture ce que l’agriculture intensive est aux paysages: une désertification intellectuelle et situationnelle. Bienvenue à VictimeLand.
Commentaires
Encore une qui a signé son contrat sans le lire :-)))
Il y a des codes à respecter et en règle générale ils sont prévus pour éviter les décolletés provocateurs, les jupes trop courtes, les jeans trop moulants, les mules/tongs, etc...
Cette femme pouvait très bien arriver en chaussures plates et prendre avec elle une paire de talons hauts pour respecter ce qu'elle avait signé.
La question du code vestimentaire est vraiment intéressante.
Et celle de la possibilité de contester, après coup, les paragraphes d'un contrat.
Je ne suis pas persuadée qu'il s'agisse toujours d'un discours victimaire.
Si on considère que toute contestation est déjà un cri de victime,( comme vous semblez le faire, à la fin de votre billet), cela signifierait qu'il faille se taire à jamais, quoi qu'il arrive, de petit ou de grand, afin de ne pas tomber dans cette catégorie misérable.
Les suicides liés au travail ou au statut ( je pense aux paysans) sont une réalité et nous savons tous, qu'il existe des façons de manager qui sont délétères.
La semaine passée, on a appris qu'aux USA, les cadences du travail en chaîne ont tellement augmenté, que les employés n'ont plus le temps d'aller aux toilettes ! Signer pour un job dans cette entreprise signifie qu'on accepte de porter de couches, même si ce n'est pas stipulé dans le contrat. Ça se sait, mais la direction conteste.
Nous avons discuté ici, il y a quelque temps déjà, du problème de port de bermudas par des conducteurs des transports publics dans une ville suédoise, si mes souvenirs sont exacts.
L'idée de ces hommes était, que le port de pantalons était une torture dans la chaleur estivale et ils avaient trouvé une façon imparable de faire avancer leur cause : le port de la jupe, autorisée pour les femmes-conductrices. Ils ont gagné leur "combat".
Au sujet de cette polémique autour des talons hauts, j'ai entendu un homme dire que le port de la cravate ne faisait pas aussi mal que les talons hauts pendant 8 heures et qu'il comprenait le problème de Nicola. Si elle se trouve en plus derrière un comptoir, toute cette histoire est un peu montée en épingle. Mais il est vrai que de se démarquer le premier jour n'est pas une bonne stratégie. Cette insoumission pouvait augurer d'autres rebellions plus graves et cela est certainement insupportable.
De nos jours, il n'est pas compliqué pour les femmes de se plier aux codes vestimentaires "corporate". Des rayons de ce genre de vêtements existent dans presque chaque grand magasin, ou des magasins de marques à large diffusion. Il s'agit de déclinaisons très subtiles du tailleur-jupe ou tailleur-pantalon sombre, avec des hauts à la fois discrets, féminins et chics. ;-))
L'exigence des talons hauts était une nouveauté pour moi.
Au service de la clientèle, il y a l'image de l'entreprise. C'est indiscutable.
A une femme, on peut demander un décolleté avantageux, une mini-jupe, des talons hauts.
Elle devrait avoir le courage de ne pas signer pour de tels jobs et préférer rester en recherche d'emploi, c'est un fait. Travailler pour une entreprise qui a besoin de cela pour son image n'est pas très attractif, mais que dire à l'équivalent de l'Office de l'emploi ? " Je refuse ce travail, qui correspond à mes qualifications, parce que je ne supporte pas les talons hauts ?"
Pourquoi pas !?!
Je connais bien un homme, qui a été exempté de Service militaire, parce qu'il ne supportait pas la cravate. ( phobie de l'étouffement certifié par un médecin). Il s'est proposé pour faire quelque chose dans les coulisses ( informatique, logistique) où on ne le verrait pas. Mais ça a été impossible, sans cravate, pas de soldat. Il s'est retrouvé à devoir payer la taxe militaire.
Le monde du travail peut être impitoyable, les règles également. Ainsi, cette histoire est pleine d'enseignements, aussi pour les collégiens qui auront à se soumettre aux ukases de leurs futurs employeurs.
Toutefois, je pense qu'il n'est pas inutile de discuter de la pertinence d'un code vestimentaire, qui n'est pas forcément gravé dans le marbre. Les mentalités peuvent évoluer, les performances des matériaux également.
Il faudrait que le code ait un sens. Mais c'est peut-être trop demander ...
L'uniforme de McDo p.ex.: l'employé de salit pas ses propres vêtements, il doit par ailleurs assurer une certaine hygiène.
Une souffrance physique au travail existe, mais ne serait-il pas souhaitable de la diminuer, lorsque c'est facile ?
Les vendeurs n'ont, en principe, pas le droit de s'asseoir, les serveurs de restaurant non plus. Les ouvriers généralement non plus. Mais on n'exige peut-être pas d'eux de porter des talon hauts, des habits trop ou pas assez chauds. L'idée étant qu'on ne soit pas entravé ou empêché de faire son travail et, en tout cas autrefois, on essayait de ne pas nuire à la santé et à la sécurité de l'employé.
A l'opposé de l'entreprise, qui exige les talons hauts, il y a ces employeurs à la pointe du progrès, qui offrent des salles de repos, des tables de ping-pong etc. Qui pensent qu'on obtiendrait un meilleur rendement, si les employés se sentent à l'aise.
Je ne sais pas qu'en penser, mais je dois admettre que j'aurais bien apprécié avoir 30 minutes de silence et d'être en position horizontale, pour pouvoir mieux rebondir et repartir à l'attaque d'un bon pied.
Cher hommelibre,
- « Sauf qu’un monde de victimes glisse et plonge dans l’irresponsabilité individuelle, ce qui favorise l’émergence d’un État de plus en plus fort et de nouvelles contraintes. »
Oui, le thème favori du FN ... un état fort pour défendre toutes les victimes.
Si ce code vestimentaire est si important le patron n avait qu'a porter lui aussi des talons hauts et se trimballer avec toute la journée.
@ Chuck Jones
les spécialistes pour défendre les victimes c'est j'usqu'a nouvel ordre la gauche et leurs amies les féministes.
et effectivement comme vous le dites ils ont tendance à aller dans le sens d'un état "fort" euh dictatorial répressif, spécialiste en tout genre pour interdire, Staline ne renierait pas leur mode de dictature douce.
@general leclercq
- « les spécialistes pour défendre les victimes c'est j'usqu'a nouvel ordre la gauche et leurs amies les féministes. »
A vos ordres mon général!
Et les victimes elles doivent aussi aller à gauche ?
Et les victimes elles doivent aussi aller à gauche ?
quelles y aillent à gauche elles ne peuvent pas mieux trouver pour les défendre.
Je suis tombée par hasard sur cette nouvelle, en rapport avec le présent billet :
"Le sourire jusqu'aux oreilles, la belle actrice a monté les marches pieds nus. Une surprise à Cannes, qui avait été frappée l'an dernier par une polémique sur le port obligatoire des talons hauts. Pour rappel, le site "Screen Daily" avait épinglé le festival car des femmes en chaussures plates avaient été éconduites d'une projection de Carol, le film de Todd Haynes avec Cate Blanchett, qui avait lieu dans le Grand Théâtre Lumière du Palais des Festivals."
Voir l'article complet et les photos ici :
www.huffingtonpost.fr/.../festival-de-cannes--2016-julia-roberts-faux-pas_n_993492.
Cela prouve deux choses :
-les talons hauts sont un "must", dont l'absence peut coûter une interdiction d'entrée
- si on est suffisamment indispensable, on peut même se permettre les pieds nus
Si la réceptionniste est trilingue, belle et jeune, mais réfractaire aux talons hauts, est-ce qu'on lui préfèrerait une moins jolie et seulement bilingue et aux talons hauts ou une autre un peu moins jeune , mais encore belle, trilingue et aux talons hauts ?
Il serait intéressant de connaître les critères prioritaires ;-)))
En temps de fort chômage, les travailleurs ne sont pas en position de force et ne doivent pas imaginer être en position de relativiser les codes.
Si le DRH a un vaste choix de candidates, il privilégiera celle qui peut cocher toutes les cases de la meilleure des façons.
Les talons hauts provoquent des douleurs au dos et font pousser des oignons (hallus valgus) aux pieds.
Il me semble que ce sont des critères suffisant pour interdire le port obligatoire de ce genre d'accessoires.