Manbij? Une petite ville de 75’000 habitants située entre Alep et Kobane, au nord-ouest de la Syrie. 75’000 habitants avant la prise par Daech, qui avait fait fuir des milliers de résidents.
Ceux qui sont restés ont dû se soumettre à l’ordre daechien. Pour les femmes, le voile intégral; pour les hommes, la barbe.
Pendant deux ans ceux qui n’avaient pas pu fuir s’étaient conformés aux règles de leurs maîtres. Ils ont connu la terreur. Des témoignages décrivent les décapitations en place publique et la menace permanente des snipers de Daech.
Aujourd’hui Manbij, un des fiefs de l’organisation Etat Islamique, est à nouveau libre des forces nationales-islamistes. Grâce aux forces terrestres kurdes et aux missions aériennes de la coalition. Ceux qui avaient fui reviennent. Des femmes brûlent publiquement leur voile, des hommes se coupent la barbe. Les habitants descendent dans les rues et montrent leur soulagement dans une ambiance de fête.
Dans leur grande majorité ils n’avaient visiblement pas adhéré à l’idéologie religieuse de Daech. La Syrie n’est pas l’Arabie saoudite. Les habitants des villes, descendants des civilisations mésopotamiennes, ne sont pas les bédouins compteurs d’étoiles dans les sables d’Arabie.
De cette libération je retiens deux points. Le premier est le rejet de Daech par la population occupée. Il n’y a pas d’allégeance populaire à l’idéologie religieuse, pas d’identification collective à l’idée d’un califat.
Le second est que les populations, qui ont fui la terreur, la guerre et la mort, reviennent sur leur terre et dans leurs maisons. C’est un mouvement naturel qui rappelle la doctrine à propos des réfugiés de guerre: les héberger dans des pays limitrophes, plus proches de leur culture et d’où ils pourront renter chez eux plus facilement.
Que la Turquie en ait délibérément laissé passer autant vers l’Europe, qu’elle négocie aujourd’hui leur sort en échange d’avantages pour ses propres migrants, montre que l’islamiste Erdogan se moque parfaitement des drames humanitaires qui se jouent et bafoue la doctrine du retour. Les réfugiés et migrants économiques sont pour lui une monnaie d’échange.
De leur côté les européens, en acceptant une migration massive qui ne dit pas son nom, contribuent à ce déracinement durable des populations et au choc des cultures. Et au risque de ghettoïsation des nouvelles populations arrivant sur son sol.
Manbij, après la libération:
Commentaires
Sauver sa peau, c'est dans un premier moment ce qui importe. Fuir ou accepter la barbe et le voile, peu importe tant qu'on reste en vie, si c'est dur et vrai.
Là où je ne vous suis pas c'est votre dernier paragraphe: je ne pense pas du tout que la plupart de ceux qui fuient et que nous accueillons en Europe (qui n'est guère hospitalière, soit dit en passant) aient une autre idée que celle de retourner chez eux dès que possible.
Certains trouvent du travail, se marient avec une personne du lieu, mais c'est en général une petite minorité.
Je l'ai vécu ici avec les Espagnols: Franco mort des milliers sont revenus "chez eux" après un temps passé en France, en Belgique, ailleurs. Mon mari le premier d'ailleurs...
Bon 15 août cher HL, j'espère que la Vierge aime les danses, les pétards et le gin de Mahon car ce sont les fêtes de mon village et on ne s'ennuie pas!
Foin de toutes autres considérations; une libération qui touche ainsi la libre disposition de son apparence physique et toute l'oppression qui va avec, fait du bien au coeur !
Vous auriez pu utiliser une carte plus récente, la vôtre date d'avril !
Colette, je reviens sur votre comm, auquel j’ai pensé ces derniers temps.
Il est probable que beaucoup retourneront dans leur pays d’origine dès que cela sera possible. En attendant il est bien d’accueillir, (et nul doute que dans leur situation nous souhaiterions qu’on nous tende la main), mais hors du moment de l’émotion il y a une réflexion plus large qui doit être faite, en se fondant sur des principes qui ne sont pas seulement générés par l'émotion. J’y reviendrai probablement dans un billet ultérieur.
Bonne soirée!