Sa conférence jeudi matin devait porter surs la démocratie et le terrorisme. Il aurait pu rester au-dessus de la mêlée et s’affirmer comme gardien de l’État. Mais il a pris implicitement date pour 2017 en attaquant son principal rival à ses yeux. Grâce à une anaphore.
L’anaphore fut un must en 2012. Son Moi Président lui avait valu un tapis rouge dans les médias. Quelle anaphore mémorable! Et enfermante par la suite, comme on l’a vu.
L’anaphore est cette forme incantatoire du discours qui procède par la répétition d’un mot ou groupe de mots dans la même phrase en vue de maximiser leur importance rhétorique. Ici, l’épanaphore en est l’exacte désignation, soit la répétition en début de phrase. Voici la teneur de l’anaphore présidentielle de jeudi:
« Argutie juridique, la liberté d’aller et venir ? Argutie juridique, la liberté d’expression ? Argutie juridique, la liberté de culte ? Argutie juridique, la présomption d’innocence, bien commode à brandir quand il s’agit de plaider pour son propre compte ? »
L’anaphore sonne bien. Elle coupe court aux analyses de texte et à la recherche du fond perdu: le ton, la solennité qu’elle inspire, le rythme qui scande et hypnotise la valident bien plus que l’utilité cognitive des arguments qu’elle propose. Il s’agit non de convaincre mais d’enrober pour enrôler.
Cela a marché en 2012. Cela marchera-t-il en 2017? C’est moins que probable. L’effet est éventé. C’est la même chanson, dirait Clo-Clo. François Hollande prendrait vraiment les électeurs pour des ânes s’il croyait pouvoir encore les enchanter. Une fois suffit, deux fois c’est un peu (ana)fort de café.
En tapant immodérément sur Nicolas Sarkozy le parti socialiste et Fanfrelande espèrent bien le voir perdre des places dans le compteur pré-électoral des sondages ou rendre insupportable l’idée d’un remake de 2012. Si Fanfrelande arrivait en deuxième place au premier tour, derrière Marine Le Pen, il aurait plus de chances d’être réélu.
Peut-il remonter à la deuxième place? Problèmo. Il y a très peu de chances. Mais en politique rien n’est dit avant la fermeture des bureaux de vote. Mathématiquement il espère retrouver les voix des frondeurs. Les citoyens qui votent à gauche ont-ils encore envie de sauver le soldat Hollande? Car c’est bien de cela qu’il s’agit.
D’ailleurs il le sait. Il pris une posture qui lui convient et lui évite d’avoir à rendre trop de comptes: celle de challenger. Nicolas Sarkozy annonce, François Hollande réagit et conteste. Hollande ne donne pas le ton de la campagne, comme un président sortant peut le faire: il se place dans sa posture la plus confortable, celle de challenger, de réactif.
C’est cette posture qui lui permet de se positionner avec un discours pour une fois audible, et d’user de l’anaphore comme d’un slogan publicitaire. Elle offre l’avantage de minimiser le bilan du passé au profit du projet d’avenir. Le commis-voyageur a plus d’un tour dans son sac.
Depuis son élection je pense que la posture de président, de tenant du titre, le fait plonger dans ses blocages émotionnels et communicationnels, et le met dos au mur comme une peluche sur le stand de tir. Ou sur le pas de tir, au cas où sa position de challenger le fasse exploser en vol comme la navette spatiale du même nom il y a trente ans.
En attendant il déroule son plan médias. Aujourd’hui l’idée de sa candidature paraît plausible et presque normale: la première étape de sa reconquista est accomplie.
Commentaires
On se consolait de certains aspects de la vie politique en se disant qu'il fallait bien se faire élire pour appliquer un programme politique et que cela devait inciter à quelque patience face aux péripéties de ce parcours.
On se demande aujourd'hui si se faire élire n'est pas le seul projet des candidats.
Mère-Grand:
"... il fallait bien se faire élire pour appliquer un programme politique et que cela devait inciter à quelque patience face aux péripéties de ce parcours.":
C'était plus réaliste, moins fantasmatique. Certainement préférable. Aujourd'hui le court terme prévaut, semble-t-il, donc la séduction prévaut car adaptée au court terme.
C est étrange et ahurissant l inertie voire l insouciance criminelle auto-destructrice du peuple français quand vues par la presse étrangère. Bien que ce peuple compte 70 millions d âme dans un pays dit 5ème puissance mondiale et garant des droits de l homme et des 3 Valeurs de la France qui sont: l Egalité, La fraternité et la 3 ème, autant moi je ne me souviens plus lequel et eux, les concernés, non plus ...
Comment ce peuple accepte t il de rentrer en matière ou d imaginer avoir un soupçon de penser que les deux gds présidentiables 2017 sont et seront Sarkosy et Hollande?. Le premier traîne tellement de casseroles dont avoir fait la peau à la Libye(demi million de massacrés et pays aujourd hui en cendres) et qu il arriverait à cette élection de mai 2017 mais peut être menotté? Il le sait bien et c est pour ça il fait tout, même l in-imaginable afin de se faire élire. Il aurait l immunité présidentielle et un sursis ce qui est son seul objectif.
Quant au 2ème, Hollande, il a oublié toutes ses promesses le lendemain de son élection. Non, c est faux ce que je dis, oui, il a eu un seul projet pour la France et il l a appliqué. Son seul projet cité ci dessus était de virer Sarkosy et prendre sa place et il l a réussi. A t il des casseroles, lui aussi? Pas tellement sauf qu il ne préside rien, il ne décide de rien mais combien il est bavard?. A t il rendu la France un pays pro-terroriste et un pays qui a des alliances contre nature avec les viviers du terrorisme? Il n y a qu à voir la "réussite" de sa politique étrangère via son ancien ministre des Affaires Etranges, Fabius gradé aujourd hui en Président du Conseil Constitutionnel, SVP, malgré que a clamé ceci haut et fort, Urbi et Orbi à Marakech en septembre 2012:" Al Nosra( =branche principale d Al Qayda selon Zawahiri chef-successeur d Al Qayda de Ben Laden) fait du bon Boulot en Syrie" ... No more comment.
Bien à Vous.