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« Sully » : ode à l’Amérique

Des fans de Clint Eastwood se demandent comment il peut soutenir Donald Trump. La valeur de ses films ne correspondrait pas aux valeurs du nouveau président des États-Unis.

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Je pense qu’Eastwood est cohérent entre ses rôles, ses films et ses options politiques, le tout dans la tradition américaine. On ne peut le séparer en deux.

Son bord politique, comme ses films, est une ode à l’individualisme, aux héros femmes et hommes hors normes et pourtant si humains, avec leurs failles (Million Dollars Baby, les Routes de Madison, Mystic River, Invictus, etc).

Une ode à la défense d’une identité américaine, au respect de l’adversaire courageux, aux bosseurs énormes et créatifs que sont les américains, à la masculinité assumée, à être responsable de soi, à la défense de son mode de vie.

Et aussi au mérite personnel plus qu’à l’assistance de la loi, à la réussite individuelle qui indirectement profite à d’autres, au refus du collectivisme, à l’esprit pionnier, à l’idée que la paix ne découle pas de l’amour mais du respect des distances, entre autres.

La société américaine peut être critiquée sur certains côtés. Mais Eastwood montre la profondeur de la perception du monde d’une droite américaine assumée. Sully en est un exemple, pilote se donnant le droit de faire comme il veut parce qu’il pense que c’est bien.

 


sully,eastwood,new york,tom hanks,trump,amérique,heroEst-ce bien raisonnable?

Au moment des faits on a surtout vu en Sullenberg le sauveur. C’est incomplet. Il est aussi un audacieux, qui prend tous les risques pour faire son job: préserver ses passagers.

C’est typique de l’Amérique traditionnelle: audace, responsabilité individuelle, liberté de décision. En comparaison, les démocrates auraient d’abord demandé à Obama si c’est bien de faire comme ça…

Clint Eastwood tranche sur le monde des people. Il est sobre mis à part quelques provocations mémorables, par exemple quand il s’est adressé à une chaise vide représentant Obama en lui disant: tu n’as pas fait le job.

Il est cru et direct quand il parle du politiquement correct:

« … tout le monde "marche sur des œufs" et, signe des temps, on nomme racisme ce qui, autrefois, n’en était pas. Trump, au moins, met les pieds dans le plat : il insulte les Mexicains, déteste les Chinois, veut virer les musulmans et, preuve de son ouverture d’esprit, a épousé une immigrée slovène bien roulée. Enfin, Clint en a marre, de cette "kiss-ass generation" qu’il qualifie aussi de "pussy generation". Traduisons : la génération de couilles molles. »

 

 
sully,eastwood,new york,tom hanks,trump,amérique,heroBorn in the USA

Il incarne personnellement les valeurs qu’il défend et que le Trump bashing a singulièrement réduit à une caricature.

 

Et le film? J’ai aimé. La construction de l’histoire d’abord, inattendue. Mais chut! – je la laisse découvrir à ceux et celles qui ne l’ont pas vu. J’ai aimé Tom Hanks, excellent en Sully. Et puis l’enquête, la mise en cause de la décision du pilote, avant de confirmer qu’il avait eu raison. Et la solidarité entre passagers, et l’excellence des secours.

Et sa petite phrase quand il est mis en cause: « Ça ne colle pas », m’a rappelé une affaire personnelle. Sa répétition: « Ça ne colle pas avec ce que j’ai ressenti ». 

Sully est un héros malgré lui, imprévu pour cette situation exceptionnelle. Cela aurait pu arriver ailleurs. Mais c’était en Amérique et Eastwood aurait tort de ne pas le souligner.

Car Clint, 86 ans, toujours alerte, sait d’où il vient: Born in the USA.

 

 

 

Catégories : Art, Divers 11 commentaires

Commentaires

  • C'est agréable de lire de temps en temps un commentaire qui ne reprend pas la millième version du "Ugly American".

  • En Europe il me semble qu'on a oublié ces fondamentaux de l'Amérique.

  • Je pense que c'est moins le cas dans les pays germanophones et dans le nord de l'Europe en général, où le gens connaissent mieux la culture d'un pays dont ils parlent généralement la langue.

  • Ok. Ici l'influence française est forte et en France on peine à comprendre cette philosophie. L'étatisme et l'autorité supérieure restent très marqués dans la culture française.

    D'ailleurs je constate que la France détient un nombre incroyable de "Haute Autorité" dans tous les domaines. Même pour les primaires. Cette notion d'autorité supérieure à l'individu reste très prégnante. C'est un côté plutôt autoritaire de la culture française, avec quoi j'ai quelques frottements... :-)

  • L'Amérique a été fondé par des pionniers qui devaient se débrouiller face à une Nature hostile.
    Une forme d'entraide est né par nécessité qui continue en ces jours via des fondations. Ou dans d'autre formes, tel celui qui a réussi donne de l'argent à son université.
    Souvent, ces gens fuyaient les Autorités de leur pays d'origine, d'où une méfiance qui perdure à travers les générations.

    Clint est simplement un type qui se veut dans la continuité de cet héritage d'un temps où la vie était dur, mais qui a finalement créé cette Nation.

    La masculinité n'a rien à voir. Comme partout ailleurs, chez certain, il y a ce besoin de se rappeler ses racines dans un monde où tout change rapidement, surtout à partir d'un certain âge.

    Il n'a ni tort ni raison. C'est l'évolution humaine qui veut que dans la jeunesse il faut tout changer, et vieux revenir en arrière.

    C'est la raison pour laquelle, le conservatisme a toujours perdu. Chaque nouvelle génération crée un nouveau conservatisme qui apparaît comme progressiste par rapport aux générations précédentes.

    Ainsi,le chef de famille écrit dans la loi n'existe plus et n'existera plus

  • Ce dont vous parlez, c'est l'Amérique à l'interne. Très bien. Voir le dernier billet de Sylvie Neidinger.
    L'anti-américanisme date principalement de l'opération de piraterie internationale qu'a été la 2ème guerre du golfe. Ne confondons pas tout...

  • Géo, la 2ème guerre du Golfe a me semble-t-il amplifié un mouvement qui existait déjà. Elle a fait tourner des esprits qui n'étaient pas anti-américains. Mais à gauche il me semble que cela existait déjà, autour par exemple du rejet d'Israël et d'une posture pro-palestinienne inconditionnelle. J'ai mémoire que l'élection de Reagan avait déjà été vertement critiquée par nombre d'acteurs culturels et politiques en Europe, mais aussi aux USA.

  • Motus,

    La fin du chef de famille écrit dans la loi a eu sa raison d'être mais je pense que c'est bien que cela ait changé. Pas seulement pour un meilleur partage des responsabilités mais aussi pour que l'homme ne soit plus le seul pénalisé juridiquement ou économiquement en cas de problème dans la famille.

    Le masculin ce n'est pas cela, pas une simple fonction. C'est aussi une attitude. Par exemple c'est le fait que l'homme ne se laisse pas dicter son émotionnel par la femme. Qu'il reste centré sur lui-même et non sur ce que l'on veut faire de lui. Qu'il cesse de se laisser culpabiliser d'être un homme. Qu'il cesse aussi de croire que l'homme doit être centré sur les demandes de sa compagne, quitte à la perdre si elle se trouve désappointée (80% des cause de divorces demandées par les femmes).

    Ce n'est cependant pas si schématique non plus. J'entendais une interview de la Ministre des "droits des femmes" en France, qui répondait à des pères demandant plus de systématique dans la résidence alternée. Sur ce point la ministre a étrangement quitté le principe absolu d'égalité pour dire que les petits enfants sont mieux d'être d'abord avec la mère et que la résidence alternée convient mieux aux plus grands ou aux ados.

    Retour d'un certain essentialisme, qui reconnaît des fonctions inégalitaires malgré la loi. Je suis d'ailleurs plutôt d'accord avec cela, sauf qu'une fois que c'est fait le père n'arrivera en général pas à remettre en place une résidence alternée qui assurerait une vraie place dans l'éducation.

    Cela laisse aussi la place à l'idée que la mère souhaite plus que le père s'occuper de ses enfants et travailler moins à l'extérieur. L'homme redevient donc le pourvoyeur. Et donc il doit assurer à l'extérieur.

  • HL@ En effet, il y avait un anti-américanisme de gauche dans l'affrontement est-ouest d'antan, bien sûr. Le Vietnam et tout le tralala...
    Mais le mien date sans aucun doute de 2003, la 2ème GW, la plus grosse erreur politique jamais commise dans l'histoire de l'humanité à mon avis, et dont on n'a pas fini de payer le prix, très loin de là...

  • Motus,

    Votre "sociologie" de l'évolution humaine est simpliste. Les générations, l'âge, c'est très convenu. Je vois et je parle avec des gens de 20 ans actuels: ils ne veulent pas changer le monde. Votre théorie n'est pas démontrée. D'ailleurs beaucoup de gens restent fidèles à leur bord politique jusqu'à la fin de leur vie. Le conservatisme aurait toujours perdU? L'écologie est un conservatisme, elle n'a pas perdu. Sur ce point Trump ne pourra rien car l'industrie elle-même y trouvera son compte.

    L'évolution n'est pas une fatalité, sauf que quand on n'a pas encore créé sa vie on a moins à perdre qu'après. Ma propre évolution a des raisons et est le fruit d'une réflexion et de remises en questions personnelles.

    Pour autant je n'ai renoncé ni à mes rêves ni à mes combats importants. L'adversaire a changé, pas la raison de me battre.

    Je n'entre pas dans votre schéma.

  • Géo, d'accord avec vous sur 2003 et les conséquences.

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