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Mission Rosetta : le bilan humain

Soirée espace hier sur Arte. La chaîne projetait le film de l’intégralité de la mission Rosetta. De la conception jusqu’à la plongée finale sur le gros canard de glace. Un film qui sort de l’ordinaire et qui laisse une large place à l’aventure humaine. Émotions et passion.

 

 rosetta--équipe.jpgMixité

La mission Rosetta est devenue très populaire en raison de l’exploit technologique. Cependant cet exploit n’est possible qu’avec le facteur humain. L’histoire racontée par le film de Jean-Christophe Ribot fait place aux deux aspects, les entremêle et montre leur étroite interaction.

On suit avec passion cette saga moderne. Les débuts en furent contrariés. La sonde était initialement programmée pour étudier la comète Wirtanen. Mais l’explosion d’un lanceur Ariane a retardé son envoi et fait perdre la fenêtre de tir. La mission a été reprogramée pour un vol vers la comète 67P/Churyumov–Gerasimenko, familièrement surnommée Tchouri.

Le film nous invite dans cette communauté de scientifiques multitâches. On découvre davantage l’omniprésence de l’Homme – et des femmes, nombreuses dans ce domaine. La réduction des distinctions entre les rôles sociaux a rendu possible une large mixité des sexes dont tout le monde profite.

Et pas que des sexes: les pays, les nationalités, les couleurs de peau se côtoient et se prolongent dans cette quête de la découverte et de la connaissance de l’univers. Une préfiguration de ce que pourrait être un monde pacifié aux différentes identités et cultures réunies vers un objectif idéal commun.

 

 

Rosetta--philae-trouve.jpegRebonds

Dans chaque étape de la mission il y a des dizaines d’ouvriers, d’informaticiens, d’ingénieurs, de chercheurs capables de créer des outils s’une sophistication inouïe. Il suffit de penser aux programmes informatiques de suivi et de commande de vol pour avoir une petite idée de la complexité et de l’ampleur du projet.

On suit ces équipes dans leurs débats, leurs joies, leurs émotions et leurs larmes quand Rosetta se réveille de son long voyage, quand le petit robot Philae touche la comète avec une précision de 100 mètres par rapport aux calculs.

On scrute leurs visages devenus familiers, mais assombris, préoccupés quand Philae rebondit et se perd avant de se bloquer dans le creux d’une falaise de glace. On est soulagés avec eux de le retrouver après des heures de silence radio.

Maîtres de l’adaptation aux circonstances les scientifiques ajustent la rotation de Rosetta autour de la comète pour tenter de capter le maximum d’information de l’atterrisseur. Soudain la sonde est désorientée à cause d’un dégazage de la comète. Il faut trois jours aux programmes automatiques pour retrouver l’alignement de l’antenne vers la Terre.

Mais où est Philae? Ils le cherchent pendant des mois sur les clichés envoyés par Rosetta. Là, peut-être? C’est trop flou, on ne peut rien dire. D’ailleurs sa localisation n’a pas d’importance scientifique: il a pu remplir 80% de sa mission grâce à la charge initiale de ses batteries. Rosetta se chargera du reste. Mais le voir sur la comète, au moins une fois, serait de l’ordre d’une profonde satisfaction humaine.

 

 

rosetta--4.pngJoie 

Et puis un jour, presque sans le faire exprès, grâce à un survol à très basse altitude, voici un signe presque hors de l’image, une verticale trop parfaite pour être naturelle. Une jeune scientifique regarde son écran, augmente la luminosité, agrandit au maximum l’image: c’est Philae!

Ce film contient des images qui n’ont pas encore été montrées. On découvre des acides aminés constitutifs du vivant. On échafaude une théorie sur l’origine des molécules organiques à partir des très nombreuses données envoyées par la sonde. Ces molécules n’auraient pas pu se former sur la comète elle-même, trop froide pour que des réactions chimiques soient initiées. Elles auraient été formées dans l’espace, par exemple dans des régions relativement chaudes à proximité de la formation d’étoiles.

Nous sommes bien des poussières d’étoiles! Un agglomérat organisé et pensant.

Enfin on reste silencieux, comme eux, lors des dernières minutes de la sonde, ce 30 septembre 2016. Elle se pose sur la comète en douceur, et s’éteint. Mission accomplie. Le coeur se serre de la tristesse de cette fin d’aventure, mais gonfle aussi de la joie profonde de son aboutissement.

Pendant le générique final je pensais à la réincarnation. Si les bouddhistes ont raison, si nous vivons plusieurs vies successives, je me verrais bien pour une prochaine fois devenir scientifique dans l’exploration spatiale et travailler dans l’une de ces équipes.

 

Le film est en ligne jusqu’au premier avril sur ce lien.

 

  

Rosetta survole la comète à 2,7 km et localise enfin Philae avec certitude:

 

 

Dernières images: Rosetta se pose sur Tchouri le 30 septembre 2016, et s’éteint:

 

 

 

Catégories : Science, Univers 6 commentaires

Commentaires

  • Magnifique, juste magnifique.... de quoi être réconforter sur la capacité de l'homme à faire plutôt que détruire. Merci !

  • Merci à vous Uranus. C'est un plaisir que cette vision positive de l'humain soit partagée.

  • "Nous sommes bien des poussières d’étoiles! Un agglomérat organisé et pensant."
    Mais...c'est une évidence : les atomes qui constituent notre corps n'ont pas pu être créés dans notre système solaire. Notre soleil transforme de l'Hydrogène en Hélium et basta. Pour créer le Carbone, l'Oxygène et l'Azote, il faut beaucoup plus d'énergie. Et donc, vous et moi datons en fait et en matière du Big bang...
    (ou à peu près...).
    Par contre, ce n'est pas demain la veille que nous découvrirons comment et pourquoi ces atomes deviennent des acides aminés, eux-mêmes des protéines et que ces protéines décident un jour de se reproduire. Ce n'est pas chez Darwin que l'on va trouver l'explication. Que l'on appelle dieu chez les sociétés primitives...

  • Tu ne voudrais pas faire un petit saut sur mon blog pour expliquer à Charles les bienfaits de la technologie ?

  • Géo: ça donne un coup de vieux...
    :-)

    Le plus fascinant comme vous l'écrivez c'est le comment.

  • Charles n'est autre que Johann! Si vous pensez pouvoir vous en sortir avec un négationniste qui croit mordicus détenir LA vérité vraie - qu'il détient de liens plus que douteux - vous êtes loin du compte Pierre Jenny.

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