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Theresa May : voici les nouveaux conservateurs

Le Premier ministre britannique a présenté hier le programme de son parti en vue des élections anticipées du 8 juin prochain. Elle rompt avec l’héritage ultra-libéral thatchérien et entend ce que dit le Brexit.

Conservateurs01-may.jpgEn avant ensemble

Trois phrases en résument sa philosophie:

« Nous devons rejeter les modèles idéologiques de la gauche socialiste et de la droite libertarienne et adopter à la place l’opinion largement répandue qui reconnaît les bonnes choses que le gouvernement peut faire.  Nous ne croyons pas dans l’économie de marché débridée. Nous rejetons le culte de l’individualisme égoïste. Nous exécrons la fracture sociale, l’injustice, le manque d’équité et l’inégalité. »

Elle répond ainsi à la demande formulée dans le vote du Brexit: protéger les administrés contre un modèle européen mal vécu. Ce faisant elle réoriente son parti. Selon le correspondant du Monde à Londres, Philippe Bernard:

« … elle se fait fort de repositionner les tories, formation traditionnelle de la grande bourgeoisie et des affaires, en celle des « travailleurs ordinaires », apte à redistribuer les richesses et à actionner le levier de l’Etat. »

Les sondages donnent actuellement une large avance aux conservateurs: 49% des intentions de vote. Les travaillistes sont à 34%. Ces estimations la confortent dans le projet de renouveler la philosophie des Tories.

 

 

conservateurs-côte.jpgLa question migratoire

En clin d’oeil ironique et légèrement provocateur aux Français elle a intitulé son programme: « Forward Together », qui se traduit par: « En avant ensemble ».

L’un des points forts de ses propositions est la limitation de l’immigration, dans un premier temps extra-européenne. Elle augmentera en particulier la taxe des employeurs, taxe qui sert à alimenter un fond de formation pour les travailleurs nationaux. Les immigrés non-européens devront payer davantage pour contribuer aux services de santé. Une manière de rendre le Royaume-Uni moins attractif.

Dans un deuxième temps elle limitera également l’immigration en provenance de l’Union Européenne. Elle souhaite à terme ramener le solde migratoire positif à 100’000 personnes par an. En 2016 il était de 273’000 personnes.

La question migratoire était centrale lors du vote du Brexit. Elle est importante dans de nombreux pays européens. Theresa May dit ce que beaucoup vivent:

« Il est difficile de construire une société unie lorsque l'immigration est trop élevée et augmente trop vite. »

Cette vision n’a rien d’égoïste. Elle est au contraire raisonnable. Il semble que le conservatisme relève peu à peu la tête après avoir été pendant des années sous la coupe psychologie de l’idéologie progressiste.

 

 


F2débat-Eugenie-Bastie.jpgModernité

C’est une évolution logique: les progressistes ont vocation à la dépossession culturelle de soi, à l’annulation de l’Histoire, à l’effacement des racines et filiations, à la déconstruction des identités, au cosmopolitisme anonyme, à considérer l’humain comme produit commercial jusque dans le ventre des femmes pauvres (par la GPA). Ils ne peuvent survivre que par un contrôle croissant sur la masse des individus – ou en se radicalisant.

Le progressisme c’est également un pseudo-humanisme, en réalité un néo-colonialisme à parure d’agneau qui favorise le déplacement en masse d’immigrés – bras et cerveaux – pris aux pays pauvres à leur détriment. En caricature on leur arrache leurs ressources et on leur demande de nous dire merci.

Si le conservatisme a été accolé (et l’est encore) à des connotations inexactes, comme le repli sur le passé, le refus de la modernité, la fermeture aux autres, il est aujourd’hui soutenu par des personnalités émergente, jeunes, dont des femmes de tête et de coeur.

Par exemple Eugénie Bastié, journaliste au Figaro et à Limites:

« … le conservatisme n’est rien d’autre que la défense des « trésors du passé », des sanctuaires de beauté et des refuges d’intelligence, menacés par la double emprise de l’État et du consumé­risme, de la poigne de fer bureaucratique et de la main invisible qui ignorent la valeur des ruines. »

 

 

conse-marionm.jpgUne certaine vision

« Il ne s’agit pas d’un conservatisme purement patrimonial, qui veille­rait au maintien de l’ordre social pour protéger les inté­rêts des privilégiés, mais du « sentiment que les choses bonnes peuvent être aisément détruites, mais non aisé­ment crées ».

« Contre ceux qui veulent tout déconstruire, les apôtres de l’innovation et les traqueurs de stéréo­types, contre une modernité qui confond l’esprit critique et la haine de soi, le conservateur se fait le défenseur des usages, de la coutume, comme nous l’explique Max- Erwann Gastineau dans son petit éloge des préjugés. »

Mais aussi Marion Maréchal (qui abandonne le patronyme de Le Pen), interviewée dans Valeurs Actuelles de cette semaine:

« Il peut s’agir de conservation de l’identité, d’un mode de vie, mais aussi du patrimoine, des entreprises, d’un modèle économique à défendre en régulant la mondialisation.

Vous revendiquez-vous conservatrice ?

Oui, car je défends la conservation de ce qui est beau et juste dans notre histoire, je souhaite conserver les leçons de nos expériences passées ainsi qu’une certaine vision de l’homme, de sa dignité, du refus de sa marchandisation… »

La refondation conservatrice pose les repères d’une société mesurée, non coupée de sa mémoire, non reniée, repensée à l’aune des temps modernes.

 

 

 

Catégories : Philosophie, Politique, Refondation 3 commentaires

Commentaires

  • Bonjour Homme libre,

    Ai oublié qui a écrit (à peu près) : « Les conservateurs voudraient arrêter le cours des événements qui les submergent, les réactionnaires le remonter et les révolutionnaires le précipiter. »

    Ainsi, conservateur n’est plus un gros mot… Votre billet remarquable comme très souvent (cela dépend du thème, mais c’est affaire personnelle…) montre bien que les propositions du Premier britannique visent essentiellement à recentrer le curseur en matière de politique migratoire, donner en quelque sorte des gages à tous ceux qui, échaudés par la politique de l’UE, ont choisi le Brexit. L’arrière-pensée électoraliste est évidente. Ce discours plaide pour une refondation conservatrice garante d’une société mesurée, écrivez-vous. Il serait temps. Bel optimisme, mais acceptons-en l’augure.

    Pour terminer par un (demi)-sourire, cet aphorisme d’Ambrose Bierce, un Américain maître de l’humour noir : « Conservateur : politicien qui affectionne les maux existants, à ne pas confondre avec le Libéral qui souhaite les remplacer par d’autres. »

    Bon WE.

  • Visiblement, nous sommes sur la bonne voie. Mais derrière tout cela, il y a l'idéologie américaine de la "political correctness", qui a salement pollué notre continent par le biais des partis UMPS, chez nous en Suisse l'alliance socialistes-radicaux, qui prône le pseudo-multiculturalisme, l'abolition des particularités nationales, (voir la haine des socialistes suisses centralisateurs contre le fédéralisme, le pilier central de la construction suisse...), la haine des gens de chez nous pour favoriser les soit-disant citoyens du monde.
    Ces Américains vont-ils avoir la peau de Trump ? Si oui, le camp Clinton, c'est-à-dire le camp de la destruction de notre culture, sera de nouveau aux commandes...
    Et ils ont un nouvel allié en France, la face sombre de Macron...

  • Bonsoir Gislebert,

    non ce n'est plus un gros mot...
    :-)

    Je ne souhaite pas que "progressiste" le devienne. Il s'agit de courants de pensée et de choix, que l'on peut refuser ou critiquer.
    L'aspect électoraliste est ici intéressant, elle accepte ce que les urnes ont dit et transforme le message en projet politique. Recentrage du curseur, il semble en effet.

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