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Houston : « On n’a jamais vu ça ». Sauf que…

Avec ce dernier billet sur Harvey une piqûre de rappel s’impose, images à l’appui. Parce que les humains ont la mémoire courte. Et parce qu’immergés dans l’instant présent, ils n’apprennent que très lentement du passé.

 

Texas-02.jpgRisque zéro

Le 3 janvier 2014 le quotidien Libération publie une interview de Stéphanie Bidault, du Centre européen de prévention du risque d’inondations. L’article, signé Marie Piquemal, est intitulé: À chaque inondation, on entend qu’on n’avait jamais vu ça.

Dans le corps de l’interview Stéphanie Bidault précise d’abord que « Notre civilisation s’est construite autour de l’eau, parce que c’est une ressource capitale et merveilleuse. Mais l’eau présente aussi des dangers. Il faut le garder en tête ». Et alors qu’en France 25% des habitants sont exposés à un risque d’inondation plus ou moins grave, elle plaide pour une culture du risque.

La culture du risque c’est d’abord informer correctement le public des catastrophes potentielles. Et former des personnes capables d’agir de manière appropriée en cas de catastrophe.

« Par exemple, à Orléans, la mairie a formé ses agents aux dangers des inondations pour mieux les préparer. L’idée est toute simple : si les agents ont conscience du risque, ils réagiront mieux si une inondation se produit. Et même s’ils sont personnellement touchés, ils auront un comportement plus adapté et pourront être de retour au travail plus rapidement. »

Stéphanie Bidault suggère de renoncer à l’illusion d’une société totalement protectrice. Le risque zéro n’existe pas.

 

Texas-01.jpgEn chansons

Les anciens le savaient et s’adaptaient:

 « Autrefois, les gens avaient conscience du danger, et la société n’était pas plus anxiogène qu’aujourd’hui, au contraire. C’est important de se souvenir. C’est en se souvenant que l’on fait face. Ce qu’on appelle la résilience. Les anciennes générations se transmettaient la mémoire, les drames vécus. A l’époque, on savait qu’il ne fallait pas mettre à la cave des objets de valeur, que l’on n’installait pas l’électricité au rez-de-chaussée. Qu’on gardait toujours sous le coude bougies, allumettes et piles pour le poste radio, seul moyen de rester informé. Des choses de bons sens qui se sont perdues et qu’il faut réinventer aujourd’hui. »

Le fil de mémoire sur l’histoire météo d’une région et sur le déroulement d’anciennes catastrophes est donc un élément important, tant dans la prévention que dans le traitement des risques. Revenons maintenant à la ville de Houston et au Texas.

Houston pour laquelle un groupe de blues de l’époque, Savoy Brown, écrivait une chanson intitulée: « Flood in Houston », soit: Inondation à Houston (à écouter en haut à droite). C’était dans l’album Getting to the Point, sorti en… 1968! De son côté le chanteur Stevie Ray Vaughan a sorti en 1983 une chanson intitulée: « Texas Flood » (Inondation au Texas). Les inondations au Texas, à Houston et dans les États du sud ont inspiré plusieurs chanteurs et sont entrées dans la culture populaire.

  

Texas-03-houstonfloodallison.jpgFlash Flood Capital

Et pour cause. On peut rappeler l’Ouragan de Galvestone en septembre 1900: 8’000 morts, la ville en partie rasée, et la fin de son apogée en tant que ville portuaire du sud (remplacée par… Houston).

Houston est située dans le comté de Harris. Un comté où les inondations sont fréquentes depuis la fondation de la ville:

« Le comté de Harris a souffert de 16 inondations majeures de 1836 à 1936, dont certaines ont grimpé à plus de 40 pieds (12 mètres!), transformant les rues du centre-ville de Houston en fleuves furieux. Après les inondations énormément destructrices de 1929 et 1935, cependant, les citoyens réclamaient des solutions. »

Après ces inondations majeures le comté a entrepris des travaux de protection de la ville. Jusqu’en 2001 aucune inondation régionale majeure ne fut à déplorer. En 2001 la simple tempête tropicale Allison eut le même comportement que Harvey et fit du sur-place, noyant Houston et sa région sous des mètres d’eau (images 2 et 3, National Weather Service). 

D’ailleurs les inondations graves et répétées ont fait surnommer Houston la Capitale de la crue subite. En effet avant Harvey il y eu les inondations historiques d’avril 2016, et aussi la tempête Allison, entre autres.

 

texas-04-.jpgConclusion

Il semble peu objectif de prétendre qu’On na jamais vu ça, comme l’ont affirmé la météo, la presse, et Donald Trump.

On l’a vu bien avant notre époque. C’est donc su, connu, au moins par une partie des responsables de la société civile.

Alors, Harvey, la faute au réchauffement? Cette affirmation est plus opportuniste que réaliste.

 

 

Inondations d’avril 2016:

 

 

Catégories : Environnement-Climat, Météo, Ouragans 13 commentaires

Commentaires

  • Pour y avoir travaillé et connu l'un de ses cyclones mémorables, la population de Houston-Texas sait ce qui l'attend, périodiquement. La différence que suivent autant les chasseurs de cyclone que les habitants en attente des dégâts qu'ils devront subir, est autant l'évolution des ouragans en cyclones classe 4 voire 5, que l'ordre de puissance, des forces qui s'amalgament. Où les experts se perdent en conjectures prévisionnelles, autant que dans l'analyse des sources les provoquant.

    Bondo. En Suisse, pays de montagne "jeunes", la chaîne des Alpes sur plaques en mouvement, produisant avalanches et éboulements, on connaît, x membres de ma famille ont perdu leurs habitats dus aux "lois de la Nature".
    Plaques océaniques, tsunamis, éruptions volcaniques. Semble qu'il en soit de même partout dans le monde quant à la prévision des risques dits naturels, côtés experts, quant aux forces sismiques. Mais ne suis que témoin, pas géo-climatico-expert.

  • A propos "jamais vu":
    http://www.nhc.noaa.gov/outreach/history/
    Liste avec tous le détails:
    GALVESTON 1900
    ATLANTIC-GULF 1919
    MIAMI 1926
    SAN FELIPE-OKEECHOBEE 1928
    FLORIDA KEYS LABOR DAY 1935
    NEW ENGLAND 1938
    GREAT ATLANTIC 1944
    CAROL AND EDNA 1954
    HAZEL 1954
    CONNIE AND DIANE 1955
    AUDREY 1957
    DONNA 1960
    CAMILLE 1969
    AGNES 1972
    TROPICAL STORM CLAUDETTE 1979
    ALICIA 1983
    GILBERT 1988
    HUGO 1989
    ANDREW 1992
    TROPICAL STORM ALBERTO 1994
    OPAL 1995
    MITCH 1998
    FLOYD 1999
    KEITH 2000
    TROPICAL STORM ALLISON 2001
    IRIS 2001
    ISABEL 2003
    CHARLEY 2004
    FRANCES 2004
    IVAN 2004
    JEANNE 2004
    DENNIS 2005
    KATRINA 2005
    RITA 2005
    WILMA 2005
    IKE 2008

  • Bonsoir hommelibre

    Que de justesse dans votre billet...vous parlez comme certains "vieux paysans" que je connais dans une contrée tributaire des Cévennes parfois...

    S'y trouvent nombre de vieilles bâtisses en pierres et ceux qui ont bétonné leurs caves ont bien des soucis, je ne vous dis pas...:-)

  • "Parce que les humains ont la mémoire courte." C'est un élément, que j'avais souligné dans un commentaire précédent. Pour la Suisse et Bondo, il y en a un autre. La Suisse et ses géologues est un des pays qui a le plus apporté à la géologie en tant que science. Jean de Charpentier, Albrecht von Haller, Albert Heim, Emile Argand, Eugène Wegmann, Louis Agassiz, Maurice Lugeon, etc, etc...

    Malgré cela et malgré sa configuration, la géologie n’est pas abordée dans le cycle scolaire. La géologie est complétement négligée jusqu’à peu dans les constructions. Un mépris total, alors que ce pays est à l’évidence fortement à risque géologique. On y vient peu à peu, surtout en Valais pour des raisons évidentes, mais au niveau étatique seulement. Et universitaire dans le canton de Vaud.

    Lors de mon introduction sur mon terrain de diplôme, le professeur Gabus, créateur du Geolep de l’EPFL, m’avait fait remarquer que les Vaudois étaient seuls au monde à remblayer une route avec du gypse, très soluble comme chacun sait (route du Col de la Croix, reliant Villars aux Diablerets).

    De retour d’Afrique, entre autres idées pour me trouver du travail, j’avais envoyé il y a une vingtaine d’années à tous les architectes et agences de promotion immobilière du canton (Vaud) une offre d’expertise géologique pour les bâtiments à construire ou à acheter, suite à l’aggravation du glissement du Cergniat sur la route de Leysin, une des zones les plus touchées par ce genre de problème. Vous le constatez encore aujourd’hui si vous empruntez la route des Ormonts…
    Je n’ai eu qu’une réponse, plutôt négative. Précisons que l’assurance vaudoise obligatoire pour les incendies et dégâts d’eau ne rembourse pas du tout ce genre de dommages…

    Un peu plus tard, je me suis aperçu que des immeubles étaient construits à la Barboleuse (près de Gryon), tout près du départ de la télécabine, dont l’un directement sur une doline (effondrement de la couche géologique sous-jacente) signalée sur la carte géologique. Ce qui signifie que ni l’architecte, ni l’ingénieur civil, ni les autorités responsables n’ont consulté cette carte…

    A Lausanne, lors de la construction du métro, une place s’est effondrée juste devant le McDo : le bureau responsable n’avait pas consulté les cartes géologiques qui indiquaient un terrain tout-à-fait différent et qui aurait mérité un traitement en conséquence. Mais le bureau était celui de l’homme politique qui dirigeait le projet du métro, alors pas trop de problème grâce à une presse complaisante…

    Récemment, la même presse a sorti un article sur les dangers dans les Alpes vaudoises. Il y en a un qui n’y est pas mentionné. Si le réchauffement déstabilise le pergélisol, l’homme destabilise le terrain en exploitant la brèche salifère des mines de Bex. De 1961 à 1987, ces mines ont produit 850'000 tonnes de sel en injectant de l’eau pour dissoudre le sel dans la roche même, où il joue le rôle de ciment. Il occuperait de 21.5 à 24 % de cette roche. On peut donc considérer que ce sont deux millions de m3 qui ont été décimentés sur cette période. Mais personne ne s’occupe de ce léger détail et l’exploitation continue. N’achetez pas une maison à Bex…
    Réf : H. Badoux, (1966) :Description géologique des Mines et salines de Bex et leurs environs.
    Mat. géol. Suisse, série géotechnique 41
    + série géotechnique 60 (1981)

    Anecdote : vers la fin du 18ème, de Haller avait vu et compris le Grand Chevauchement de Glaris. Mais il s’est abstenu de le publier, ne voulant pas finir à l’asile de fous…
    Ce n’est pas mentionné sur ce site : https://www.swissinfo.ch/fre/une-fen%C3%AAtre-g%C3%A9ologique-ouverte-sur-le-pass%C3%A9/201318

  • Et maintenant, il serait bon de s'interroger sur le rôle du réchauffement climatique sur les éboulements de Bondo, Randa ou autres. De même sur l'érosion des côtes au bord de mer. Il s'agit tout de même d'un phénomène naturel inéluctable dont le moteur essentiel est d'abord la gravité. La fonte du pergélisol me paraît être un phénomène de surface. J'espère que les tenants de la théorie du réchauffement ont des arguments pour prétendre que "c'est la fonte du pergélisol qui produit ces éboulements".
    Il me semble que cela reste à prouver...

  • @Géo: Encore un autre événement à mettre sur le dos du réchauffement:

    Le 2 Septembre 1806 un éboulement de 40 million de m3 a dévalé sur une hauteur de 1000m du flanc tu Rossberg et a enterré les villages de Goldau et Röthen sous une cinquantaine de mètres de roches et de boue. 457 victimes, plus que 300 maisons et étables, deux églises et deux chapelles ont été ensevelis. Le lac de Lauerz a été amputé d'un tiers de sa surface et une vague de 20 mètres a été propulsée sur les rives.
    http://www.wikiwand.com/de/Bergsturz_von_Goldau#/Folgen

  • ... En 563 : Ecroulement partant de la région du Grammont (Chablais), qui a enseveli un village et provoqué un mini-tsunami sur le lac Léman. La vague a atteint Genève et a détruit plusieurs villages.
    Mars 1584 : Une quantité de roche importante se détache des Tour d'Aï et se dépose sur le plateau de Luan, en amont d'Yvorne. Suivent deux jours de pluies intenses, qui induisent une lave torrentielle de 107 m3 de matériaux, ensevelissant 328 personnes à Yvorne (source).
    En 1714 et 1749 : Derborence. Au total, environ 50 millions de mètres cubes de roches se sont détachées de la montagne, ensevelissant maisons, habitants et bétail.

    Et il n'y a pas le moindre doute qu'il y en aura d'autres. Avec ou sans réchauffement...

  • @geo
    Vous parlez de l'érosion du bord de mer.
    J'avais vu un reportage très intéressant sur la disparition du sable sur les plage et qui justement ne protège plus les cotes.
    https://www.arte.tv/fr/videos/046598-000-A/le-sable-enquete-sur-une-disparition

  • J'avais aussi vu ce reportage. Il y a plusieurs facteurs qui favorisent l'érosion des côtes.
    Sur ce site, on ne parle que de l’élévation du niveau de la mer :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89l%C3%A9vation_du_niveau_de_la_mer
    mais les phénomènes météorologiques me semblent jouer un rôle plus important. C'est la force des vagues qui est le facteur déterminant...

    Lisez aussi ceci, à propos de la marge d'incertitude sur la mesure du niveau de la mer par satellite :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Niveau_de_la_mer
    "En haute mer, une définition moderne fait appel à un géoïde de référence, une surface couvrant le globe de telle façon que la gravité terrestre lui soit toujours perpendiculaire en tout point. En l'absence de forces extérieures, le niveau de la mer coïnciderait avec ce géoïde, puisqu'il s'agirait d'une surface équipotentielle du champ de gravité terrestre. En réalité, les différences de pression, de température, de salinité et les courants marins font que ce n'est pas le cas, même sur une moyenne à long terme : à l'échelle du globe, le niveau de la mer n'est donc pas constant et les variations atteignent ±2 m par rapport au géoïde de référence."

    Si les marégraphes indiquent une montée, ils ne sont jamais que le long des côtes. Donc, quand on nous parle d'élévation de 1 ou 2 mm/an, il serait honnête d'ajouter "avec une marge d'erreur de +/- 2 m" (deux mètres !)...

    Cela dit, ces deux sites sont remarquablement bien écrits et c'est tout de même fabuleux de trouver de telles informations si rapidement et si facilement...

  • Merci Géo pour ces liens que je ne connaissais pas encore. Et comme vous dites, faciles à trouver pour démonter les Fake News qui nous ensevelissent ...

  • Ben Palmer@ Ce soir sur France 2, Envoyé spécial (avec Elise Lucet...): un des sujets, c'est l'érosion des côtes. Curieux d'entendre ça...

  • Pas un mot sur le réchauffement climatique ! Si on comprend bien, le réchauffement est seulement en cause pour les îles Tonga, Vanuatu, Maldives...
    Là où on espère tirer du fric des Blancs avec la complicité de la 5ème colonne tiers-mondiste...

  • En effet Géo.
    Les deux reportages (Cap Ferret et Lacanau) étaient plus anecdotiques qu'autre chose.

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