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Écriture « inclusive » : ça ne passe pas

Bien qu’en désaccord sur l’idée même de cette écriture dite inclusive j’ai tenté de dépasser ma légitime résistance. Depuis quelques temps je lis tout texte, politique ou non, sans savoir s’il contient cette forme. Histoire de tester la forme dans la pratique.

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Ainsi hier je regardais les entames de billets sur la page d’accueil du portail de la TdG. En lisant celle de Didier Bonny ma lecture s’arrête à mi-chemin de la première phrase. Comme si je franchissais un dos d’âne en voiture ou si un violent coup de frein était donné. Ou comme une panne d’électricité. Un petit saut qui me fait perdre le fil pendant environ une seconde.

J’arrête ma lecture et cherche du regard ce qui cause ce « sursaut aveugle » de mon attention. Ce n’est ni le blogueur ni le contenu de son texte, au demeurant pédagogique en vue des prochaines élections genevoises. C’est l’inclusion. Voici la phrase en question:

 « Les bulletins de vote pour élire le 15 avril un nouveau Grand Conseil de 100 député.e.s sont entrain d’arriver dans les boîtes. Mais comment ces 100 sièges sont-ils attribués ? La… »

Ce « député.e.s » a cassé mon fil de lecture. Ce n’est pas la première fois. Cette petite expérience d’hier le confirme: les mots doublement genrés (dits inclusifs) sont comme une hydre à deux têtes. Ils perturbent les mécanismes de lecture.

Le cerveau retravaille le texte et anticipe sur les mots à venir. Il peut reconstituer une phrase, ou la bonne orthographe de mots mal écrits. Il analyse en permanence ce qu’il lit, tant pour la grammaire que pour le sens.

 

 

écriture inclusive,inclusif,genre,charabia,cerveau,bonny,élection,députés,parasiteAppendice

Or ce bout rajouté, cette manière d’écrire dite inclusive, avec ce qu’il faut bien considérer comme des points d’arrêt, n’entre pas dans les mécanismes d’anticipation ou de recomposition parce qu’il est d’un autre ordre logique. Sa logique n’est pas grammaticale, elle est idéologique et politique.

Ce « e » entre des points est à la lecture ce que le bruit parasite est à l’écoute d’une symphonie classique: il est non intégrable. Et encore, cette forme-ci n’est pas la plus disgracieuse. D’autres mots invitent à toutes sortes de contorsions pour faire tenir l’idéologie dans la forme: écrit-on courageu-ses-x ou courageux-ses, par exemple? 

Ce bruit parasite de l’inclusion n’entre donc pas dans les automatismes de reconstruction du texte par notre propre esprit. L’inclusion graphique entre des points doit être isolée à la lecture pour être comprise, ce qui nécessite un temps d’arrêt, une sortie du texte, une sorte de panne, un arrêt technique, et non une pause pour comprendre le sens du texte (une telle pause augmenterait la compréhension, ce qui n’est pas le cas pour la discontinuité causée par l’inclusion).

Le « e » du féminin placé entre des points, des parenthèses ou des tirets est, à choix ou tout ensemble: un enfermement graphique et conceptuel, une mise à la traîne du féminin derrière le masculin qui demeure devant, un appendice et non une identité pleine.

 

 

écriture inclusive,inclusif,genre,charabia,cerveau,bonny,élection,députés,parasiteRépétition

En fait cette forme dite inclusive provoque non pas une inclusion mais une mise en dépendance symbolique du féminin et une accentuation du masculin, qui perd dans ce cas sa fonction de neutre universel.

Le résultat est navrant. Député.e.s: le féminin est bien là mais bridé, parcellisé, patchworkisé dans une représentation incomplète et une logique aléatoire. Triste résultat pour les femmes, réduites symboliquement au rang d’ersatz graphique. 

Je reste attaché à la forme du masculin pluriel pour le neutre quand elle simplifie la lecture. Dans la phrase On élira les députés, personne ne se trompe et n’imagine une absence de femmes.

Mais je privilégie souvent le redoublement du mot: On élira les députés et les députées. Ou: On élira les femmes et hommes qui se présentent à la députation. Cette répétition des mots au féminin et au masculin donne de l’ampleur au sujet. Les femmes ne sont symboliquement pas un rajout. Elles disposent de leur entière présence dans le mot mis au féminin.

Et aussi, cette répétition rythme le propos. Elle est comme une danse dans l’oreille: Nous élirons / Nos députés / Et députées. Il n’y a pas de césure à la lecture, pas de discontinuité dans le fil de la pensée, pas de perte d’attention par la rupture inappropriée du rythme.

 

 

écriture inclusive,inclusif,genre,charabia,cerveau,bonny,élection,députés,parasiteCharabia

Je regrette un tel attachement à cette forme faussement inclusive, si désagréable à lire et si inutile idéologiquement. Le billet de M. Bonny en est rempli: une bonne vingtaine pour environ trente lignes.

Je les ai comptées par principe, mais à la lecture cette manière d’écrire un peu précieuse (au sens de Molière) m’a rapidement saturé, au point où j’ai cessé de lire le contenu dès le troisième paragraphe. Je préfère décidément quand on parle un français compréhensible.

Je vote peu pour un parti et bien plus pour des candidats et candidates que j’apprécie, quelle que soit leur appartenance politique. Mais devant son insistance à encourager ce charabia cette forme d’écriture, et la soumission au féminisme qui va avec, je ne voterai pas pour D. Bonny même s’il est sympathique par ailleurs.

Et même s’il renonce au charabia dit inclusif sur son affiche: « … pour l’égalité des droits pour tous et toutes. »

Au fait: pourquoi n’écrit-il pas ce texte en inclusif:… pour l’égalité des droits pour tou-te-s? Ce n’est pas clair. Serait-ce une petite conscience de ce que cela a de répulsif pour la majorité de la population? Ou lui a-t-on fait remarquer que du point de vue sonore, le féminin devient prévalant en excluant le masculin? Car dans cette forme et en lisant à vitesse normale pour une affiche (donc rapide) on ne lit pas tous et toutes, mais toutes seulement. Ce qui découragerait évidemment des hommes à voter pour lui, du moins ceux qui ont une prévalence auditive dans leur relation au monde.

Ah la la, c’est compliqué la politique quand il faut faire allégeance aux unes, donner des gages aux autres et attirer les voix des troisièmes...

 

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Catégories : Philosophie, Politique 5 commentaires

Commentaires

  • En effet cette pseudo-écriture bidon pour bobos donneur de leçons ne passera JAMAIS et il n'y a d'ailleurs pas que ça:

    Mr Bonny le bien-pensant a oublié un point capital dans sa liste de
    CE QU"IL NE FAUT PAS FAIRE, le voici:

    -Voter pour les VERTS BÉTONNEURS de notre beau canton, qui agissent main dans la main avec les spéculateurs immobiliers. HODGERS le bétonneur, donneur de leçons, qui détruit les villas des autres et les dernier espaces de verdure MAIs qui lui vit dans une belle villa avec jardin. Pourquoi ne pas détruire la villa de cet individu pour densifier? ... Ah non pas touche: Faites ce que je dis pas ce que je fais.

    TOUT SAUF les VERTS!

  • Tout-à-fait d'accord avec vous. C'est une honte à notre langue française qui est agressée par l'anglais. Au Canada, le gouv. de Trudeau vient, cette semaine, d'émettre une directive à son principal ministère, comme quoi les fonctionnaires de première ligne devront appeler les clients par leur nom complet et non plus par "Monsieur" ni "Madame". Presque tous les chroniqueurs ridiculisent cette directive qui embarrasse au plus haut point le gouvernement Trudeau.

  • Cette écriture dite inclusive est une aberration aussi grotesque que la féminisation à outrance des mots.

  • La liste des vert.e.s et des pas mûr.e.s, non merci.

  • "les verts" sont des "imposteurs", il n'y a pas de féminin à "imposteur" mais on peut peut-être essayer impostrice????

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