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Aujourd’hui, Macron gagnerait encore – et mieux – l’élection

Nonobstant les nombreuses meutes et émeutes qui font crisser le pays, la maison France continue à vouloir Macron plus que les autres. Même après un an de pouvoir et quelques bémols, comme pour les 80 km/h.

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Un sondage publié hier crédite le président de 33% des voix au premier tour si l’élection se déroulait ce dimanche. Pour la première fois un président en exercice fait mieux en cours de mandat que lors de l’élection.

Dans un pays qui n’en finit pas de contester la légitimité des élus, soit en minimisant leur résultat électoral par rapport à l’ensemble des français, soit dans la rue, et en particulier sur le fond des multiples tensions actuelles, ce résultat est atypique.

Bien que nourris à la posture autoritaire depuis des siècles, les français serait-ils plus libéraux qu’on ne le pense? Ou est-ce justement le côté déterminé qui séduit? C’est un président qui fait ce qu’il dit, disent les sondés. Et un président porteur d’une vision et compétent.

Que l’on soit d’accord ou non avec ses choix politiques il faut reconnaître qu’il a bien endossé la fonction. Il assume sa verticalité, qui me semble à l’usage préférable à l’horizontalité confuse et mal bricolée de François Hollande.

Quelques décisions sont soumises à l’appréciation des sondés, comme la limitation de vitesse ou la lutte contre le chômage. On découvre que ces sondés ont des avis nuancés selon la mesure prise. Ils acceptent, semble-t-il, un président « en même temps »: il fait ceci qui ne me plaît pas, mais en même temps il fait cela qui me plaît.

Dans ce pays où l’on exprime souvent des idées très radicales et bien arrêtées, où l’un exclut l’autre, serait-ce une manière de faire la part des choses? Un début de mouvement, de reconnaissance de la complexité des choses et des gens? Un peu swing, enfin, dans ce pays arc-bouté sur l’impossible alliance entre un universalisme revendiqué et les particularismes des villages et des régions?

 

 

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Ce sondage est complété par le portrait du président (image 2, cliquer pour agrandir). En tête 73% des Français le voient « autoritaire », et 73% également disent « qu’il a de l’autorité ». Quelle différence font-ils entre les deux? On ne sait pas. Je me méfie car, en France, « autoritaire » est souvent le deuxième prénom… Mais admettons autorité.

On le trouve sympathique (53%), honnête (48%), mais pas très juste (37%). Peut-être parce qu’il est assimilé à une classe de riches (à cause son ancien job de banquier) et que la croyance populaire n’attribue quasiment jamais la qualité d’être juste à un riche. Les stéréotypes de classe ont la vie dure.

On découvre ces jours un autre aspect du jeune président: le besoin de confrontation. Il l’a montré face à Plenel et Bourdin.

Le pays lui offre ces jours de quoi alimenter cette faim. On y voit et entend les velléités d’un remake de Mai 68. Ça beugle, on sent le remugle d’une vieille garde gauchiste qui a influencé l’esprit français au-delà de ses espérances, et qui compte bien renouveler le contrat pour encore cinquante ans.

Ce sondage ne montre cependant pas de plébiscite au profit d’Emmanuel Macron. Les clivages habituels sont toujours sous-jacents. Par exemple la famille d’Arnaud Beltrame, le militaire assassiné dans l’Aude, refuse que son nom soit donné à des rues de municipalités dirigées par le Front National.

C’est regrettable et même contraire à l’esprit républicain. Arnaud Beltrame est un exemple pour tout le monde, donc aussi pour les électeurs ou les villes FN. Mais le pays est malheureusement toujours divisé en clans, coteries, communautés, qui se définissent les unes contre les autres. C’est profondément ancré dans la mentalité.

 

 

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C’est même vu comme normal. En France, consensus est trop souvent synonyme de collaboration, avec tout ce qu’il y a de moisi dans ce mot.

La méthode de Macron s’illustre entre autre par le brassage des thèmes et projets mis en circuit. Par brassage j’entend le renversement de certains acquis et des habitudes de penser. De ce brassage pourrait résulter un remodelage de la culture politique française. Macron a peu de temps: un quinquennat, ou probablement deux. Mais Napoléon n’a-t-il pas restructuré le pays en moins de quinze ans?

Mes réserves à l’égard du candidat Macron étaient sa jeunesse et ce que je vois comme une maturité affective incomplète. Il y avait aussi le flou de son discours ou ses excès de lyrisme portés par une voix trop étranglée pour faire autorité. Ces réserves ont diminué en le voyant aller au charbon. La France va peut-être, enfin, goûter un peu au libéralisme.

En face, de droite à gauche, l’anti-capitalisme se déchaîne. Sous le mot régulation il y a comme une nostalgie de systèmes autoritaires et contraignants. Une part de régulation est souhaitable même en régime libéral. Mais trop de régulation va à l’encontre de la liberté à laquelle aujourd’hui, je crois, nous souscrivons tous.

Quelles que soient les raisons: évolution climatique, redistribution des richesses, lutte sourde des classes et des genres, entre autres, les adversaires de Macron sont quasiment tous passés dans le moule autoritaire et ne l’ont jamais vraiment remis en question pour eux-mêmes.

Ceux qui reprochent à Macron une sorte de dictature, dans un emploi évidemment excessif du terme, sont bien aises de le lui reprocher. Ils savent de quoi ils parlent. Ils sont formés dans le même moule mental.

 

 

 

 

Catégories : Politique 1 commentaire

Commentaires

  • Les Français ne s'intéressent qu'à la politique combat. Ce qui arrange bien les media, car cela leur permet d'alimenter leurs bulletins d'information d'incessants affrontements.
    Cela leur permet aussi de changer d'opinion dès qu'un véritable affrontement se profile, comme c'est le cas actuellement, car l'idée du moindre blessé parmi ceux qui s'en prennent avec violence à ce que l'on appelait autrefois "forces de l'ordre" (au sens de l'ordre républicain fondé sur l'exercice de la démocratie) leur fait chavirer le coeur.

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