C’est beau l’amour. Il n’y a pas mieux pour faire danser les petits coeurs anémiques. Parfois un coeur s’emballe comme un piranha oublié dans la baignoire. Il s’agite, crie, mord, ou fait des tours pendables. Quelques exemples.
Anokhin n’est pas un personnage de Star Wars. Il est Russe. De son prénom Maxim, il habite à Moscou, où se dresse le Centre Médical Kulakov dédié à la gynécologie et l’obstétrique.
Maxim et son épouse Yana ont des difficultés à concevoir un bébé. Ils font donc appel à ce centre pour avoir un enfant par la FIV (Fécondation in vitro). Mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Le mari ignorait qu’il était cocu:
« Le Russe a donc transmis un échantillon de sperme au laboratoire et payé pour la procédure. Dans le dos de son mari, et avec le consentement de la clinique, la jeune femme a échangé son échantillon de sperme avec celui de son amant… »
Cocu deux fois, quoi. Il paie pour un enfant fait dans son dos et croit être un heureux papa. Sauf qu’au bout d’un an un test ADN a démontré la supercherie. Maxim et Yana ont divorcé, la belle vit avec son fils et son amant, et la clinique a été condamnée à verser des dommages et intérêts au « père » abusé.
C’est beau l’amour.
L’une se nomme Chelsea Ambriz, l’autre Erica Bivens. L’une tient la rubrique météo, l’autre est chef d’antenne et présente les nouvelles. L’une est célibataire, l’autre mariée. Après le travail elles se croisent dans un bar.
On ne sait pourquoi, Chelsea tente alors de flirter avec le mari d’Erica. Qui la rabroue. Mise au courant sa femme s’en prend à Chelsea. Non mais, elle va voir qui je suis, elle croit quoi celle-là?!
Ah, la jalousie! Ah, le sentiment de possession! Ah, la culture de l’appropriation! Ah, la domination féminine!
Elle veut remettre les choses à leur place. Mais reprendre ses droits n’est pas forcément de tout repos. Il faut d’abord que votre adversaire y consente. Ce n’est pas le cas de la présentatrice météo. La miss est explosive comme un cumulonimbus.
En effet Chelsea prend une fureur pire qu’une tornade de Tornado Alley et agresse Erica. Laquelle s’en sort avec le crâne fracturé et un tympan percé. Des garçons n’auraient pas fait mieux.
C’est beau l’amour.
L’amour et la politique ne s’entendent guère. L’un reproche à l’autre sa dureté, et l’autre lui reproche sa complaisance. La politique s’appuie sur la loi, sur la gestion régalienne des migrations. L’autre sur une vertu supposée supérieure qui fait de l’accueil inconditionnel une obligation morale. La tendance actuelle n’est pas vraiment à la réconciliation.
Les deux M, Merkel et Macron, dénoncent les discours de haine contre l’immigrant. On suppose qu’Angela joue du pipeau puisqu’elle est une actrice majeure de la crise migratoire. L’accueil immodéré d’immigrants/réfugiés en 2015 au nom de l’amour (prononcez: de l’économie) piétinait la loi et le sentiment de beaucoup d’Allemands et d’Européens attachés à leur pays, leur culture et leur mode de vie.
On peut toujours les traiter d’égoïstes, stigmatiser leurs discours de haine, ça ne mange pas de pain. L’amour s’établira de force contre les mauvais sans qu’on ait besoin de débattre. On ne leur accorde aucune légitimité dans le débat.
C’est beau l’amour.
Mais en voyant les images des manifestants de Chemnitz, les défenseurs du pays-nation, je me demande de quelle souveraineté il est question. La mienne est incompatible avec l’amour du pays tel que caricaturé sur cette banderole où il est écrit: « Étrangers dehors! »
Ou alors c’est pas de l’amour.
Commentaires
Ou comment faire comprendre que "tu ne m'intéresses plus" pour la première, la deuxième c'est de la jalousie violente et là difficile effectivement de faire mieux ! ou comment donner raison aux hommes lorsqu'ils parlent de la violence féminine ...
Quant à la troisième mini-histoire d'amour, la Chancelière a obligé les allemands à accepter des réfugiés sans réaliser que la Saxe avait beaucoup souffert des bombardements, des villes pratiquement entièrement détruites, reconstruites par la RDA alors que la RFA avait des moyens financiers plus élevés dès 1945 pour le faire.
De plus, dans la Saxe, les marches du lundi soir ont existé bien avant la réunification de 1989, en particulier à Leipzig et plus tard à Chemnitz. Je pencherai plutôt pour la crainte de perdre une liberté retrouvée en voyant arriver des personnes ayant une autre culture, la peur de se retrouver une deuxième fois avec un occupant n'ayant pas les mêmes valeurs que la sienne.
La Chancelière a ouvert par son "Nous y arriverons" une boîte infernale difficile à fermer alors que du côté ouest, on se félicite d'en accueillir une centaine ... la réponse est sans doute à chercher de ce côté !
Lise, votre remarque à propos de la Saxe est très intéressante et propose un autre angle d'analyse. Merci.
Un autre Angle au Saxon ... bravo john joli !
:-D!
Je n'avais pas vu la chose ainsi mais j'ai bien ri!
@ Hommelibre : merci pour votre réponse très appréciée !
Je dévore les livres d'histoire et découvre des parallèles entre les réactions actuelles et celles plus anciennes et c'est de cette façon que j'ai appris "les marches du lundi". Les occupants de l'ex-RDA ne les appréciaient pas du tout et procédaient assez régulièrement à des contrôles et arrestations.
Lise, nous avons en commun d'apprécier l'Histoire. Pour moi c'est aussi par lectures. Cela donne des pistes pour comprendre le présent.
La banderole porte l'inscription "Kriminelle Ausländer Raus" : kriminelle en rouge. Rouge sang, sang de tous ces gens poignardés, égorgés, un peu partout en Europe, désormais quasiment tous les jours.
Soit: "Etrangers criminels dehors" - Toute votre argumentation conclusive tombe à l'eau. A mes yeux en tout cas.
Oui, je l'ai lu aussi, mais en fait on voit surtout et d'abord la grosse inscription en noir, puis seulement, si l'on veut bien y regarder, la petite rouge. Graphiquement ils ne sont pas associés, dans le but probable de ne faire ressortir que le noir. Mon argumentation est valable.
Si je peux me permettre: pour un "chroniqueur" rompu à la visualisation/lecture des images, je vous trouve d'une affligeante mauvaise foi!
Au sujet de Chemnitz, j'aimerais signaler cet article paru sur les blogs du Temps. Il est écrit par Gilbert Casasus, professeur à l'uni de Fribourg, qui essaye d'expliquer toute la complexité de la situation.
https://blogs.letemps.ch/gilbert-casasus/2018/09/04/chemnitz-cest-moche/
Il y dit ceci, entre autres :
"Chemnitz, c’est la Saxe, région de l’ex-RDA, qui plus que toute autre a largement bénéficié de la péréquation financière des finances publiques allemandes. Après Berlin, la Rhénanie du Nord-Westphalie, c’est le Land qui en a le plus profité en 2017. Chemnitz, aussi !"
J'étais dans cette région, il y a deux ans, et ai constaté que les rénovations éclatantes ne datent pas de l'époque de la RDA, mais bien de l'époque post-réunification. Les quelques maisons non-renovées (p.ex. à Wernigerode, Saxe-Anhalt) sont dans un état attristant. On peut lire les dates des rénovations sur les bâtiments publics.
Les privés ont également reçu des subventions généreuses pour rénover des maisons pour des projets touristiques. J'ai habité dans un appartement dans une sorte de mini-château très luxueux, selon mes critères, à Thale ( lieu très touristique), pour le prix d'une modeste chambre d'hôtel en Suisse. Le propriétaire a expliqué, sans s'en cacher, qu'il a profité du coup de pouce de l'état allemand. Ces travaux ont crée beaucoup d'emploi et d'échanges commerciaux, pas mal de monde a pu en profiter et le toursime continue à amener de l'argent.
Je conseille chaleureusement d'aller découvrir l'ex-RDA, c'est vraiment intéressant et l'accueil est à la hauteur.
Les personnes qui se sentent très défavorisés, sont les Allemands de l'Ouest, habitant p.ex. proches de l'ex-rideau de fer et n'ayant pas reçu grand chose de l’État pour améliorer leur sort et qui ont vu les subventions affluer en ex-RDA.
A Chemnitz, les raisons du mécontentement sont certainement multifactoriels. On peut s'y sentir loin de tout, un peu relégué dans le dernier recoin d'un pays, dont l'épicentre est forcément plus loin qu'autrefois.
Il se peut que la jeune génération pense que c'était mieux autrefois, dans la DDR qu'ils n'ont pas connue. Penser que les gens ordinaires avaient le pouvoir de décider des grandes orientations de la politique de leur pays...
@ Madelaine:
Mauvaise foi, je ne prends pas.
Le graphisme aurait été différent si l'intention avait été de mettre l'accent spécifiquement sur les étrangers criminels. Ici c'est fait du bout des lèvres. Et l'on pourrait faire un test: que lisent les gens spontanément et immédiatement en voyant la photo? Ici on ne peut pas le faire car le sujet est déjà défloré.
Cela dit nous pouvons être en désaccord sans que cela ne fasse problème.
Pour le reste je ne suis pas intéressé par votre jugement.
@ Calendula : j'ai lu son blog mais il ne parle pas des "marches" du lundi soir dans la Saxe !
@ Lise,
C'est vrai qu'il ne parle pas de ces marches.
G. Casasus ne prétend pas, je crois, faire un tour complet de l'état des lieux.
Est-ce que ces marches du lundi n'ont pas lieu dans plusieurs villes de l'Est ? Elles ne sont pas une création de Chemnitz- ex Karl Marx Stadt.
Je crois que le propos est de nous décrire Chemnitz, son histoire récente et ce qu'elle pourrait avoir de particulier. Cette ville n'est pas connue par le plus grand nombre, contrairement à Leipzig ou Dresde.
"Chemnitz est un condensé de ce que la RDA a laissé de triste et de ce que l’Allemagne unifiée n’a pas encore réussi à faire. Ce que s’y déroule n’est pas le fruit du hasard. C’est une suite logique de ce qui n’aurait jamais dû exister, mais dont tout le monde savait que cela pouvait arriver un jour. Ce n’est pas que l’héritage de l’Allemagne de l’Est, c’est aussi le présent plus qu’imparfait du train-train quotidien dans l’est de l’Allemagne."
A mes yeux, l'enjeu prioritaire, c'est le slogan "Wir sind das Volk!"
Comment faire pour que les citoyens n'aient pas l'impression qu'on les méprise ? Angela Merkel a grandi en RDA, elle devrait donc avoir une sensibilité et la compréhension de la situation des "Ossies".
Plus de 25 ans après la réunification, les deux parties du pays ne sont pas homogénéisés. Faut-il s'en étonner ? Les Allemands sont considérés comme des gens très efficaces, mais il ne faut pas non plus les prendre pour des magiciens.
La réunification s'est passée de façon hyper-rapide, avec une efficacité des milieux économiques de l'ouest. Les esprits n'ont pas forcément suivi ces changements. En deux semaines là-haut, je n'ai pourtant vu qu'un signe de protestation ostensible : "Scheisskapitalisten" tagué sur un mur.
Mais on sait que la population en a encore gros sur le cœur.