C’est un petit gars d’une banlieue de l’ancienne ceinture rouge parisienne. La population y est d’origine ouvrière. Elle a plus que doublé dans les années 1960 avec l’immigration africaine. C’est là qu’il a grandi et foulé ses premiers gazons.

Star

De ses origines bondynoises et camérounaises Kylian garde une attitude simple. Elles sont un garde-fou. À Bondy il y aura toujours d’anciens potes et des parents dignes pour lui rappeler d’où il vient, au cas où il commencerait à se prendre pour le roi du monde.

Pourtant cela lui arrivera peut-être. Quelle jeunesse ne désire pas régner sur le monde? Qui peut garder humilité dans la célébrité quand il ne sait pas encore jusqu’où le désir de puissance le conduira?

Il ne faut pas juger les gens trop vite, même si la gloire planétaire acquise à 20 ans pousse déjà Kylian Mbappé, le très talentueux attaquant du PSG, vers un monde auquel les 99,99% de gamins de Bondy n’auront jamais accès.

Car il en veut. À 20 ans il devient le joueur le plus cher du monde avec une estimation entre 250 et 300 millions d’euros sur le mercato. Lui-même touche 1,73 millions d’euros par mois, selon Foot01. De quoi voir venir.

L’argent est fait pour être dépensé. Aussi, bien qu’il ne dispose pas du permis de conduire (mais quand-même d’un chauffeur), Kylian Mbappé s’est offert une Ferrari à 486’000 €.

Posséder un objet de valeur est un marqueur social. Cet objet doit être en rapport avec nos revenus et avec l’idée que nous avons de nous-mêmes. Avec cette voiture Kylian Mbappé soigne son image. Il est entré dans le star système. Autre signe de son nouveau statut: la presse est invitée quand il va visiter des enfants malades dans un hôpital. Comme toujours quand une star veut prendre place dans le coeur de ses fans (et clients).

Grâce

La presse: elle contribue à construire l’histoire publique du petit gars sympa, nature et capable de beaux gestes. L’autre histoire, celle plus personnelle de l’homme doué et adulé, grandira à la vitesse de sa collection de voiture de luxe.

Le petit gars de Bondy est entré dans le club très fermé des très grands. Dans le monde où l’argent ruisselle et où la célébrité dé-nature les relations sociales et pousse à l’entre-soi. Le consumérisme est prêt à satisfaire des millions de petits gars qui rêvent de posséder, à défaut de Ferrari, un moins une Rolex. Posséder, c’est être.

Personne ne lui fait de procès pour l’argent qu’il gagne. C’est le jeu. Il en fait ce qu’il veut. D’ailleurs il est possible qu’il soutienne financièrement des groupes ou des personnes sans l’étaler sur la place publique. On n’en sait rien. C’est sa vie et nous ne sommes pas ses juges de moralité.

Dans la ville de Bondy, ancrée à gauche depuis un siècle, Mbappé est une fierté. C’est comme ça. Et même s’il est déjà l’objet d’un culte, ne lui demandons pas d’être éternellement le parfait petit gars de banlieue. Son appétit est déjà très gros. Ses finances et son caractère suivront.

Et puis au diable la Ferrari: Kylian Mbappé est comme enveloppé d’une grâce, pétri d’innocence, et personne ne voit de mal dans cette montée en puissance très rapide. Lui non plus, qui s’offre ingénument la voiture la plus chère de tous les joueurs de ligue 1. Pour une fois qu’en France on ne tire pas sur la réussite individuelle, ne boudons pas notre plaisir.

Son immense talent et ses origines simples devraient durablement préserver la grâce qu’il communique avec enthousiasme. Il donne envie à d’autre jeunes.

Alors, ma foi, s’il compte ses sous pendant que son chauffeur le conduit à l’entraînement dans sa Ferrari, c’est son affaire. Après tout il n’y a pas de mauvais endroit pour compter ses sous.