USA-Thaïlande 13-0: le premier match des Thaïlandaises dans ce mondial féminin a tourné à l’humiliation. On croirait à la victoire d’une sélection nationale contre une équipe de 4ème ligue.
La gardienne Sukanya Chor Charoenying (image 1 en jaune) a été, pour son malheur, l’une des héroïnes sombres de ce glissement dans l’abime. Elle était si empotée face aux ballons qu’elle pourrait gagner plus facilement l’épreuve des poteaux de Koh-Lanta.
L’équipe thaïlandaise était au bord des larmes. Certains reprochent aux américaines, championnes du monde en titre, d’avoir célébré leurs buts de manière trop enthousiaste.
« Les tenantes du titre n’ont pas cessé de célébrer leurs 13 buts, dont cinq signés de la seule Alex Morgan. Signe de leur plaisir de jouer, de leur faim constante... et d’un poil d’orgueil? Sur les réseaux sociaux, la joie pleine des Américaines a fait jaser. Et a déplu à certains.
"Les célébrations américaines étaient hautement inappropriées", a par exemple commenté le journaliste américain de CBS, Tom Harrington. "Je n’ai jamais dit qu’elles devaient arrêter de marquer, seulement que leurs célébrations étaient excessives, résume un Américain sur Twitter. Soyons sérieux. A 9-0, je pense que c'est le moment de montrer de la classe. Les Etats-Unis ne l’ont pas et en tant qu’américain, je me sens gêné. »
M’ouais… Si l’équipe du Cameroun balançait 13 buts aux françaises et se roulait au sol de joie à chaque but, on trouverait cela formidable et réjouissant. On parlerait de la spontanéité des joueuses, de leur bonheur. Mais celles-ci sont américaines. Dès lors on trouve leur exultation sans classe après le neuvième but.
À partir de là elles auraient dû faire profil bas et marquer sans manifester aucune émotion ni satisfaction. Au fait, pourquoi le neuvième but plutôt que le septième ou le douzième? Une lubie?
Bien sûr leur score est fleuve. Bien sûr leur domination était écrasante. Et alors? Croient-ils vraiment que des joueuses professionnelles à l’oeuvre dans la compétition la plus excitante pour elles vont faire semblant de rien?
Heureusement des voix s’élèvent aussi pour les soutenir:
« Ancienne internationale aux 255 sélections et victorieuse du Mondial 2015, Abby Wambach a pris la défense des joueuses. "Pour tous ceux qui ont un problème avec le nombre de buts: pour certaines joueuses, c’est leur premier but en Coupe du monde et elles ont le droit d’être excitées. Imaginez-vous à leur place", écrit-elle sur Twitter.
« C'est un rêve de jouer et de marquer en Coupe du monde. Célébrez. Diriez-vous à une équipe masculine de ne pas marquer plus? De ne pas célébrer? interroge la double championne olympique. C’est respecter le jeu et tout le travail accompli que de faire de son mieux en permanence. C’est un signal envoyé à la Fifa pour faire mieux, donner plus de ressources à certaines nations. »
Je partage pleinement ce point de vue. Merde quoi, laissez les filles rêver, laissez-les jouir de leur succès. Treize buts c’est trop? Treize buts célébrés c’est indécent? C’est le jeu, c’est tout.
L’indécence, s’il y en a une, ce n’est pas de célébrer treize buts avec enthousiasme alors que l’équipe adverse se liquéfie sous nos yeux.
L’indécence est le mauvais service rendu au foot féminin par la Thaïlande, en ne se montrant pas à la hauteur. L’indécence est d’avoir osé aligner une équipe nulle, une équipe de bras cassés. Une équipe qui n’est pas à la hauteur d’un mondial et dont on se demande ce qu’elle fait à ce niveau.
La coupe du monde n’est pas le jardin des Bisounours ni le rendez-vous des inclusifs-à-tout-crin. Les joueuses ne sont pas des infirmières. Pourtant on leur reproche quand-même un peu de n’avoir fait aucun cadeau aux Thaï.
Et pourquoi donc auraient-elles fait un cadeau à une équipe nulle? On mélange tout. C’est une compétition, un combat, pas une messe pour l’âme des perdantes.
Le meilleur cadeau à faire à cette équipe qui a voulu jouer dans la cour des grands, c’était de jouer pleinement, de la terrasser, de l’écraser, afin que les joueuses thaï prennent la mesure de ce qu’elles devront donner à la prochaine coupe en 2023, ou pour leurs prochains matchs dans celle-ci, si elles veulent faire autre chose que pleurnicher sur elles-mêmes. La stimulante cruauté du sport fait parfois des miracles.
Ces larmes sont ridicules. On pleure quand, ayant tout donné, on est passé à côté de l’exploit. Mais on ne pleure pas quand notre échec fleuve est dû à nous-mêmes.
À 0-13 il faut éclater de rire!
Malheureusement les perdantes en débandade ont la faveur d’un public sentimental. Il y a toujours plus perdant que soi. C’est rassurant.
Mais les gagnantes, elles, auront la coupe parce qu’elles n’auront rien lâché. Avec la fierté en plus.
Commentaires
A vaincre sans péril ou triomphe sans gloire. Les thailandaises sont nulles on se demande dans quelles conditions elles ont été selectionnées. Quand on s'acharne sur quelqu ' un de catégorie 10 foiste inférieure c'est pire.
A vaincre sans péril ou triomphe sans gloire. Les thailandaises sont nulles on se demande dans quelles conditions elles ont été selectionnées. Quand on s'acharne sur quelqu ' un de catégorie 10 foiste inférieure c'est pire.
J'avoue ne pas partager votre point de vue. Les manifestations de joie, d'accord, mais sans excès, sinon cela ressemble trop au fait de donner des coups de pied à quelqu'un qui est déjà à terre.
Mère-Grand,
Nous ne sommes pas souvent en désaccord alors j'en profite!
... :-)
La joie exprimée au premier but serait-elle plus innocente, moins chargée de la rage de battre que la no 7? Ne contient-elle pas aussi le plaisir d'avoir vaincu l'adversaire? Pour moi le premier ou le 7e ce n'est théoriquement pas différent. Chaque joueuse qui marque exulte.
Et puis c'est le jeu. On pourrait imaginer d'autres règles, par exemple le KO: à 10-0 l'arbitre met fin à la rencontre. Ou bien chronométrer le temps d'exultation et le volume de décibels des joueuses et mettre un carton rouge collectif en cas de dépassement?
En fait les américaines sont super fortes et motivées et les autres doivent se hisser à ce niveau. Cela donnera peut-être envie aux thaïs, comme un sursaut d'orgueil. Un "plus jamais ça".
L'Equipe rappelle chez les hommes un 10-0 en 82, un 7-1 en demi-finale Allemagne-Brésil en 2014, entre autres.
J'ai toujours eu un problème avec l'exultation due à la victoire, dans laquelle je vois un manque de dignité et de respect pour le vaincu.
Il m'est même arrivé, à l'époque lointaine ou je pratiquais un sport de combat en compétition, de me sentir quelque peu mal à l'aise lors d'une victoire.
Plus tard j'ai regardé pendant une période le sumo à la télévision, en partie parce que les combattants ne sont pas sensés manifester leur joie ou leur déception.
J'ai aussi horreur lorsque je lis dans les journaux qu'une équipe à été "giflée", "humiliée" ou autre expression qui rabaisse. C'est comme cela, je n'en tire ni gloire, ni honte, mais il m'arrive, comme ici, d'exprimer ce sentiment auquel je trouve, malgré son excès, une part de justification.
J'ai tjrs eu un petit faible ;-) pour les commentaires de Mère-Grand. Les arts martiaux c un peu ma religion.
J'avoue être totalement d'accord avec mère-grand. Un minimum d'empathie, de respect et de savoir vivre dans le monde du sport (entre autre) serait plus que bienvenu. Tant pour les hommes que pour les femmes. Je ne vois aucune trace d'esprit sportif dans le comportement des vainqueurs.
PDO
De l’empathie ou équivalent? Il y en a eu. Au moment fait pour: à la fin du match. On le voit quelques instants sur ce résumé, à partir de 1’27’’, et c’est très touchant et dans l’esprit positif du sport:
https://www.youtube.com/watch?v=p0b5XGbT4mY
Mais le match c’est le match, la bagarre. Personne ne trouve que Federer manque d’empathie quand il fait son regard déterminé et ses coups qui tuent. Personne n’est choqué quand Djoko est surnommé Dracula. Imagine-t-on un boxeur s’arrêter de frapper pendant une compétition mondiale, par « empathie » envers son adversaire, du genre « Ça se passe où dans ton corps »? Sûrement pas. Alors je comprends mal ce procès contre les actuelles championnes du monde. J’espère qu’elles donneront envie aux autre de faire comme elles.
Si on va à la compétition on accepte les conséquences, si on ne les veut pas on n’y va pas. L’adversaire n’a pas à baisser sa garde pour demander au terrassé « comment il se sent avec ça ». L’humiliation n’est pas le fait des américaines mais des thaïs elles-même, à leurs yeux, aux yeux de leur staff et de leur pays.
Le jeu a été loyal et les gagnantes ont eu l’attitude qui convenait: viser la gagne maximale, comme n’importe quelle équipe. Elles se sont fait leur fête, faute d’adversaire de rang.
À moins que cela ne soit pour les Thaïs un acte de bravoure répété, malgré tout car, pour info, les USA ont déjà battu la Thaïlande 9-0, en 2016.
Et puis être en phase finale d’un tournoi mondial, c’est déjà énorme.
C’est sûrement très dur pour les joueuses thaïlandaises. Nous, en tant que spectateurs, nous pouvons avoir un pincement au coeur devant le contraste 13 fois répété de la joie et de la défaite. Mais pas les joueuses, et surtout pas pendant le match.
Mère-Grand,
l'exultation est un moment, pas une fin en soi. Dans certains sports, peut-être moins physique, elle s'exprime moins. Dans le foot c'est la réussite d'un but marqué, mais à la pétanque c'est pareil. Si une équipe ne pavoise pas quand elle remporte un match – un peu d'humilité sied au gagnant parfois – chaque joueur montre une satisfaction pour un point ou un tir réussi: le "yes" poing levé, le pincement de la bouche, etc.
Dans les sports d'équipe et très physique il est coutumier de voir des démonstrations de joie, amplifiées par la réponse des fans. Cela accentue le ressenti douloureux de la défaite pour le perdant, mais c'est ainsi, et c'est aussi un apprentissage.
Celles qui gagnent sont dans la lumière des gagnantes. C'est la société du divertissement et le star system. On ne peut vouloir contrarier cette lumière et la détourner sur "les faibles, les mal préparés, les victimes par leur propre faute" sans envoyer un bien étrange message au monde.
La compétition ne m'intéresse pas. Je déteste ça. Ça n'a aucun sens.
On me propose souvent de participer à des "concours". Je décline toujours.
Conan Doyle disait par l'intermédiaire d'un de ses personnages qu'il trouvait complètement non-sense et délirant qu'un Anglais puisse s'étonner chaque semaine qu'un cheval courre plus vite qu'un autre.
J'abonde dans son sens.
Le seul dépassement qui puisse avoir un sens c'est celui qu'on exerce vis à vis de soi-même, et encore, ce ne doit pas pour être le meilleur, mais pour que le geste s'approche davantage de inatteignable perfection. Bref, une recherche.
Je considère le reste comme totalement dénué d'intérêt et ne menant qu'à la ruine de l'âme.
Si on rajoute à cela les débordements visqueux et immoraux de l'expression de la joie d'avoir "écrasé" l'adversaire, ça fait beaucoup de motifs pour changer de chaîne. Et persévérer dans mes valeurs.
PDO
@hommelibre
"On ne peut vouloir contrarier cette lumière et la détourner sur "les faibles, les mal préparés, les victimes par leur propre faute" sans envoyer un bien étrange message au monde."
Vous allez beaucoup trop loin, du moins si vous commentez mon message. J'avoue que je n'ai pas vu le match en question, pas plus donc que les célébrations dont il est question.
Je n'exprime que mon sentiment général par rapport à ce qui à ce que devrait être la célébration d'une victoire sans devenir un triomphe qui implique l'humiliation de l'adversaire, comme le laisse entendre le titre de votre billet, qui reprend le vocabulaire typique des commentateurs sportifs (ce qui vous exempt personnellement de tout mauvais sentiment ;-))
Il y a certes compétition dans le sport, donc affrontement. Cependant l'affrontement sportif ne doit pas emprunter à la guerre ce que celle-ci a de nécessairement violent, puisqu'elle exige des hommes qu'ils fassent fi d'une des valeur morales premières: ne pas tuer, ne pas transformer un être semblable en un simple objet à abattre.
C'est cette dimension du triomphe qui me déplaît et m'inquiète, le fait d'accompagner la joie de la victoire par le besoin d'infliger l'humiliation, ne serait-ce que par le vocabulaire. L'humiliation n'aboutit qu'au besoin de se venger et ne pas transférer cet aspect de la confrontation de la guerre au sport me semble une nécessité aussi bien morale que quasiment politique.
Feu mon maître de judo nous encourageait toujours à considérer comme un partenaire et non comme un adversaire celui avec qui nous pratiquions le "rendormi", car sans lui non ne pouvions rien (on pourrait faire de cela un commandement pour une société idéale, puisque en tant qu'êtres essentiellement sociaux nous ne sommes rien non plus sans les autres).
Il est vrai qu'il ma'a aussi dit une foi que je n'étais pas assez "méchant" dans les compétitions, mais j'ai toujours pensé que ce "méchant" avait une limite et ne devait jamais sous-entendre la haine.
Dans son livre "On Agression" qui date des premiers pas de l'éthologie, Conrad Lorenz distinguait déjà l'agression de la violence, la première étant la qualité nécessaire à la survie, la seconde, la négation de la vie.
Je ne critique donc pas la joie du vainqueur, ni son expression, généralement plus mesurée que celle des "fans" les plus hystériques. Il n'y a d'ailleurs pas d'embrassade de sportifs plus amicales (presque tendres parfois) que celles de la plupart des boxeurs après le combat Ce sont des sportifs qui savent ce que leur sport implique de douleur, une douleur partagée par le vainqueur aussi bien que par le vaincu.
Je n'ai jamais non plus entendu un très grand sportif déclarer qu'il avait humilié son adversaire, ni qu'il lui avait donné une gifle ou une fessée. Ceux qui ne connaissent pas la souffrance du sport y sont beaucoup plus prompts.
@PDO
Sans aller aussi loin que vous, je vous comprends, d'autant mieux qu'une partie de votre détestation obéit aux mêmes raisons que les miennes.
Il semble que la compétition fasse partie de l'héritage animal de l'homme, même si dans le règne animal ce sont presque essentiellement les mâles qui se battent pour assurer leur descendance.
Une partie de cette fonction est toujours vivante, comme le montre le succès des vainqueurs auprès des femmes. Il n'y guère l'argent qui, sur le long terme, soit aussi efficace dans la conquête des partenaires et, pour faire un aparté de plus, le sport est parfois un des seuls moyens d'acquérir renommée et argent pour les garçons (autour) d'origine très modeste, comme les coureur de hauts-plateaux africains et les boxeurs irlandais et afro-américains d'antan.
Contre les évolutions sociales aussi puissamment fondées que celles des sports et des spectacles de masse, il n'y a rien à faire, sauf éventuellement changer de chaîne, comme vous le faites. Personnellement, ayant pratiqué de nombreux sports dont un en compétition, je reste encore quelque peu accroc, mais je réserve toujours mes faveurs à ceux qui pratique sport de la manière la plus moralement élégante (cela s'appelait le *fair play", souvent une fiction dans la réalité).
Je dois dire aussi, que j'ai toujours considéré, dans l'esprit très amateur de l'époque, la compétition comme un moyen de mettre à l'épreuve les techniques apprises et entraînées le reste du temps.
13-0 pour les USA et alors?
Pour rappel lors de la coupe du monde 2014 l'Allemagne a battu le Brésil (chez elle) 7-1, les allemands on célébré chaque but alors que dans les tribunes les brésiliens étaient en train de pleurer.
Personne ne fut choqué.
Quant au niveau des thaïlandaise, il faut aussi se rendre compte que les différences de niveau de jeu entre les nations sont beaucoup plus marquée chez les femmes que chez les hommes. C'est en train de changer, mais ça prend du temps.
On peut comparer cela au Rugby masculin, vous avez les 4 grosses d¨équipes de l’hémisphère sud et les 6 européennes, et ensuite le néant (ou presque). On pourra le constater lors de la coupe du monde.
Je pense que les américaines ont eu énormément de respect pour leur adversaire ne diminuant pas leur niveau de jeu. Elles ne les ont pas prises de haut et ont toujours été fond. Elles auraient pu jouer à la baballe et ridiculiser encore plus les thailandaises.
Mère-Grand, en effet je ne répondais pas seulement à votre commentaire.
Et, oui, j'ai voulu ce titre exactement comme ça, comme les titres des journalistes. Bien vu. Cela ne m'exonère pas vraiment car je n'ai pas vérifié par moi-même si elles se sentent réellement humiliées. Mais c'est fréquemment le cas, cela se dit, cela est intimement lié à la culture de la confrontation, et c'est souvent le regard des autres qui en est le vecteur,
Dans humiliation il y a le fait d'être remis un une plus juste place que celle que l'on croyait peut-être avoir.
"C'est cette dimension du triomphe qui me déplaît et m'inquiète, le fait d'accompagner la joie de la victoire par le besoin d'infliger l'humiliation, ne serait-ce que par le vocabulaire. "
Je constate parfois dans l'humain une jouissance cachée ou visible à voir l'autre à terre. Mais cela ne me semble pas le cas ici. Le terme humiliation est celui que l'on applique dans ce cas de figure et c’est un cadre sportif et non guerrier. Les codes sont connus et je subodore que beaucoup de téléspectateurs ont pensé à "humiliation" avant même qu'un média ne l’emploie.
Le mot a évidemment une connotation dévalorisante. Mais en sport la vengeance, s’il en faut une, est de faire mieux la prochaine fois. On n’atteint pas le corps, on atteint seulement l’image, et cela se travaille.
Omar, je partage ce point de vue:
"les différences de niveau de jeu entre les nations sont beaucoup plus marquée chez les femmes que chez les hommes. C'est en train de changer, mais ça prend du temps.". Oui, cela prend du temps.
On peut alors se demander si le terreau de base du foot féminin est suffisant pour assurer une coupe du monde et un niveau global élevé. En accélérant la visibilité du foot féminin au nom de l’égalité on offre des moyens que la demande ne justifie peut-être pas. C’est en particulier le cas des primes féminines vs masculine. La demande du public, si elle existe suffisamment, les fera monter. Mais les faire monter avant que la demande n’existe, ce n’est pas mettre en valeur le mérite personnel de chaque joueuse ni des équipes et des staffs. L’égalité ne dit pas être un passe-droit ou une forme d’indulgence.
Le sport élève la confrontation. Pour l'élever, quoi que l'on pense de la compétition du point de vue philosophique, elle produit de l'émulation, des vocations, de l'amélioration des méthodes et des capacités individuelles, elle pousse à développer une forte discipline et une volonté soutenue vers un objectif.
« Je pense que les américaines ont eu énormément de respect pour leur adversaire ne diminuant pas leur niveau de jeu. Elles ne les ont pas prises de haut et ont toujours été fond. Elles auraient pu jouer à la baballe et ridiculiser encore plus les thailandaises. »
Conclusion que je partage pleinement et qui me paraît être la plus proche du vrai, ou du juste. Lever le pieds, mettre es buts comme des fonctionnaires sans émotion, cela aurait jeté un blâme tellement plus grand contre cette équipe des USA. En effet elle ont fait ce qui était juste et par là ont témoigné du respect à leurs adversaires.
Plus généralement je constate que je suis parfois en compétition avec des gens (pour avoir raison, par exemple, ou pour divers motifs), de manière parfois très isolée et ponctuelle, comme un instinct de valider ma place au monde. Je pense que c'est le cas de beaucoup de gens. Parfois je l’exprime avec des civilités, mais il arrive que cela soit cru et momentanément sans empathie (laquelle n’est à mon avis pas toujours appropriée, cela dépend de la situation). J’y travaille.
La compétition apprend la victoire et la défaite, la gagne et la peur, la joie et les larmes, des faits psychiques qui participent à nos structure profondes. Elle permet parfois de nous révéler à nous-mêmes.
Gérer la défaite peut être le temps d'une profonde mutation.
Sur la compétition encore: dès que l'on pose une échelle de valeur sur les êtres ou les situations, ou les idées, il y a un mieux et un moins bien. Il y a une compétition quelque part. Enfin, c'est mon opinion. Dès lors s'opposer à la compétition ne me paraît pas être un combat pertinent. Par contre l'intérêt du sport et de la compétition me paraît être, entre autres, de codifier la confrontation.
J'ai regardé le journal de TF1, un reportage sur le match France-Norvège. Plusieurs commentaires présenté parlent d'un foot différent, moins violent que chez les hommes.
Croit-on que l'on va éradiquer la violence dans les sports de combat? Ou dans l'être humain? Cela n'a pas de sens.
Les filles sont en apparence moins violentes, mais elles savent l'être – attentions, images violentes:
https://www.youtube.com/watch?v=PJiRQsyrBoI
"Plusieurs commentaires présenté parlent d'un foot différent, moins violent que chez les hommes"
Les hommes ne sont pas violent sur le terrain, ils font plus de cinema. Ce sont des acteurs qui jouent avec les règles et les arbitres.
Ce qui change aussi ce sont les gains financiers qui font que les hommes sont plus en compétition que les hommes.
Le jour où les footballeuses gagneront autant que les hommes, elles seront tout aussi "violente"
C'est bien possible Omar.
Le match Angleterre-Argentine hier, dont j'ai regardé quelques moments, illustrait bien les différences de niveau entre les pays. Mais même si toutes ne sont pas au même niveau (chez les hommes non plus d'ailleurs) le fait de participer a sûrement de bonnes incidences sur les jeunes filles des pays concernés.
Je reviens un instant sur le terme "humiliation". Je comprends les réticences et détestations à cette idée dans la plupart des domaines: école, copains de classe, parents, relation amoureuse, etc. L'humiliation peut être réellement destructrice de confiance dans ces cas.
La connotation prise par ce mot dans le sport est un peu différente. Plus que la simple défaite, elle contient le constat d'une atteinte à l'orgueil collectif. Mais elle contient aussi la possibilité de revanche. On admirera un joueur ou une équipe qui, ayant été "humilié", se relève et efface cet épisode par sa progression.
Le sport propose ceci entre autre: une lourde défaite peut devenir le levier psychologique d'une victoire future.
@hommelibre
Votre propose sur l'humiliation sont très intéressants.
Elles me rappellent les propos d'un psychothérapeute disant (en substance) à une personne qui souffrait d'un terrible chagrin d'amour: "considérez que c'est n'est pas vous qui n'avez pas eu les qualités nécessaires pour être aimé, mais que c'est votre partenaire qui a été incapable de les déceler en vous.
Tous les sujets touchant aux sentiments intimes vont éveiller et faire surgir chez celui qui les traite des affects personnels, propres à influencer son regard, même si celui-ci se veut objectif.
Il n'est donc pas étonnant que le sujet de l'humiliation, sentiment qui peut prendre d'infinies variantes, soit l'occasion d'oppositions d'idées qui sont autant de différences de ressentis.
Cela vaut aussi pour ce que l'on a appelé parfois les "consciences collectives", l'exemple le plus célèbre étant le sentiment de revanche contre l'humiliation ressentie par le peuple allemand suite au conditions imposées par le Traîté de Versailles.
En effet Mère-Grand.
On a vu les dégâts du traité.
Revanche, vengeance, sont des sentiments que nous pouvons ressentir, mais qu'en faisons-nous? Le sport me paraît être un domaine où la revanche est sous contrôle. On n'est pas obligés de tuer pour de vrai...
Cela me fait réfléchir à la vengeance, Que faire des petites humiliations (non constructives) et autres incidents de la vie? Cela fera peut-être un prochain billet.
"Que faire des petites humiliations (non constructives) et autres incidents de la vie?"
Je suis certains qu'elles détruisent des vies. Je pense notamment à toutes celles qui sont de type préau d'école, où l'on s'en prend toujours aux plus faibles physiquement ou du moins au moins populaires.
Tous les bizutages, souvent camouflés en "cérémonies d'initiation" sont du même type, et permettent à ceux qui en sortent indemnes à se glorifier de leur vigueur physique ou mentale.
Rien de plus vil que ces actes généralement sadiques, qui font vraiment de ceux qui s'y complaisent des "bêtes humaines".
P.S. J'ajoute, pour essayer de rendre ma révulsion plus objectivement crédible, que je n'ai jamais été personnellement victime d'aucun de ces actes, ayant toujours eu la chance (et non le mérite) d'avoir été parmi les plus "forts".