Je rebondis sur le dernier billet de Philippe Meyer. Il tient le blog PremiAirClasse sur le traffic aérien. Dans ce billet il s’exprime sur notre irréductible besoin de voyager.
Il parle même de gène du voyage dont l’humain est doté. Jolie image.
« Au-delà des raisons professionnelles ou familiales, notre envie de voyager n’a jamais été aussi forte. L’homo sapiens est sorti d’Afrique parce qu’il est curieux de voir ce qui se trouve derrière la colline, explique l’ethnobiologiste Evelyne Heyer. Certes, il en est sorti progressivement mais nous parlons toujours des mêmes gènes. Nous continuerons à voyager, quoi qu’en disent certains. »
Découvrir le monde, ses paysages, ses populations. Étudier la flore et la faune des antipodes. Chercher des opportunités d’échanges commerciaux. Partir pour vacances, ou pour changer de vie. Ces raisons et bien d’autres nourrissent notre curiosité naturelle.
Je partage la vision de Philippe Meyer.
Mais on a entendu divers écologistes dont Greta Thunberg dénoncer le traffic aérien comme trop polluant. Philippe Meyer y répond avec compétence.
Je reviens sur le cas Thunberg qui avait défrayé la chronique lors de son voyage à l’ONU, où elle s’est adressée à l’assemblée. On se souvient de son refus d’aller en avion (alors que des collaborateurs de son équipe s’envolaient), son choix de traverser sur un voilier de course, etc.
La première remarque est qu’elle aurait pu faire son intervention par visioconférence. Tranquillement chez elle, elle n’aurait produit aucune pollution sauf internet pendant moins d’une heure. Elle n’a pas fait ce choix, le plus vertueux pourtant en regard de la pollution générée par le moindre déplacement.
La seconde remarque est que si elle est allée personnellement, physiquement, à New York c’est pour donner plus de force à son message. Ce faisant elle valide l’importance du déplacement physique et non seulement virtuel. Si ce principe est admis, avion ou voilier de course, ce n’est pas différent, seul le moyen diffère. Le CO2 émis ne l’est pas par l'avion mais par le long voyage de Greta et sa médiatisation.
Les écrans télé nous montrent les gens, les paysages, mais pas les odeurs, les vrais bruits, l’état de l’air, les sons des voix. Il n’y a pas d’interactions.
Voyager c’est traverser l’écran à deux dimensions et plonger dans le vrai monde, où nous allons avoir froid, transpirer, où nous serons pris au nez par l’odeur âcre des terres africaines, entre autres.
Voyager c’est s’ouvrir au monde. C’est un appel profond.
On peut voyager sans voler. Mais quand j’ai découvert l’Afrique subsaharienne, au Nigeria, j’ai fait six heures d’avion, À pieds, en train et bateau, en bus, cela aurait été beaucoup plus long et je n’aurais pas pu m’y rendre.
Je ne prends pas souvent l’avion, faute d’occasions. Mais je ne m’en priverai pas si j’en ai à nouveau l’opportunité. Sans aucune culpabilité.
Voyage, voyage.
Commentaires
* Tranquillement chez elle, elle n’aurait produit aucune pollution sauf internet pendant moins d’une heure." Savez-vous Homme Libre qu'en matière d'émissions de CO2, internet pollue 1,5 fois plus que le transport aérien. La moitié des gaz à effet de serre produits par internet provient de l'utilisateur, l'autre moitié étant divisée entre le réseau et les data centers !
Merci et bravo! Le replis sur soi n'a jamais été bénéfique dans l'histoire de l'humanité. Et n'oublions jamais: les voyages forment la jeunesse!
En effet. Une heure d'internet aurait pollué un peu moins, j'imagine.
Là sa médiatisation en particulier sur le net a dû faire monter les compteurs.
Non, une heure internet aurait pollué une et demi fois plus, selon des études scientifiques. On se braque sur les transports, mais qui aurait le courage, moi inclus, de se priver ne serait-ce qu'un jour par semaine d'internet, de vidéos et de toutes les informations numériques. C'est pourquoi tous ces manifestants, tous ces médias, qui manifestent, qui prônent pour lutter contre la pollution CO2, sont des hypocrites, et moi, je le répète, inclus.