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Saga du CO2 (13) : ouragans et réchauffement, un lien incertain

L’intensification des ouragans en nombre et puissance était annoncée comme un signal majeur du réchauffement anthropique. Mais est-ce bien la réalité? L’influence humaine est-elle décelable dans l’évolution des ouragans? La presse l’affirme presque quotidiennement. Certains scientifiques sont plus prudents.

 

rechauffement,ouragans,statistique,atlantique,ace,satelliteDoublement?

Deux chercheurs ont tenté de détecter l’influence humaine, anthropique, dans l’évolution des ouragans de l’Atlantique. Ils ont publié en mai 2022 une étude intitulée: « Pouvons-nous aujourd’hui détecter dans les ouragans de l’Atlantique des changements dûs aux modification climatiques d’origine humaine? » 

Ces deux chercheurs sont des experts du climat. Christopher W. Landsea est le chef de la branche d’analyse et de prévision tropicales du Centre national des ouragans (NHC) du Service météorologique national (NWS) à Miami, en Floride. Tom Knutson est chercheur principal au Laboratoire de dynamique des fluides géophysiques (GDFL) de la NOAA à Princeton.

Leur article de 2022 est paru sur le site officiel de la NOAA (administration météorologique états-unienne). Celle-ci ne valide pas expressément l’étude bien qu’elle soit publiée sur son site mais nous verrons plus loin qu’elle reprend quand-même l’argument majeur à son compte.

Dans un premier article de blog en 2021, publié déjà sur le site de la NOAA, Chris Landsea et au autre chercheur, Eric Blake, ont questionné les graphiques officiels du nombre et de l’intensité des ouragans et tempêtes nommées de l’Atlantique nord. Selon l’image 1 il semble que leur nombre ait doublé depuis le début des observations en 1878.

 

rechauffement,ouragans,statistique,atlantique,ace,satelliteÉvolution des moyens

Toutefois si l’on tient compte de l’énergie cyclonique totale (ACE, image 2) l’augmentation est plus faible et moins significative. L’Accumulated Cyclone Energy, préférée par les météorologues, est calculée selon la force des vents de pointe atteinte dans un cyclone tropical et leur durée, mesurées par périodes de 6 heures.

Une rafale locale d’une durée de 5 secondes à 250 km/h n’a pas la même valeur représentative de la force du cyclone que cette vitesse de vent pendant 360 minutes (6 heures). La durée montre davantage la force globale.

On mesure la vitesse du vent au moyen d’un scattéromètre ou diffusiomètre (sorte de radar). Plusieurs satellites en sont équipé depuis la première génération d’appareils en 1978.

La précision dans les mesures a évolué dans le temps. Il y a 150 ans les tempêtes non terrestres étaient découvertes au hasard de la navigation et évaluées avec moins de précision. Les bateaux, puis les avions, puis les satellites dès 1979, ont fourni des relevés de plus en plus complets.

L’image 3 résume en un graphique l’évolution des moyens de mesure. Tout s’est accéléré depuis les années 1980. L’organisation de réseaux de mesures, les prodigieuses avancées technologiques, le détail des données, les instruments ultra-sophistiquées, ont fait plus que doubler le nombre d’événements enregistrés, et nommer davantage de tempêtes tropicales.

 

rechauffement,ouragans,statistique,atlantique,ace,satelliteTempêtes manquantes

Ce que l’on voit aujourd’hui à la surface de la Terre est sans commune mesure avec ce que l’on voyait il y a 150 ans.

C’est la thèse des chercheurs: les mesures telles qu’utilisées dans le passé n’ont pas rendu compte de la réalité globale. Il manque des tempêtes. Elles n’ont simplement pas été vues.

Dans cette lettre d’information la NOAA reprend cet argument (image de fin 7 sous le billet):

« Increases in major hurricanecounts over the past century may be due entirely or in part to our continually improving ability to measure hurricanes. »

En traduction DeepL: « L’augmentation du nombre d’ouragans majeurs au cours du siècle dernier peut être due entièrement ou en partie à l’amélioration constante de notre capacité à mesurer les ouragans. » 

Pour revenir à l’article de cette année les auteurs montrent par un graphique le résultat de leurs recherches: la quantité probable de tempêtes manquantes (image 4). 

« Chris a également démontré (dans le Bulletin de l'American Meteorological Society de 2015 ) que le nombre d’ouragans affectant les États-Unis (sans ajustements nécessaires) ne montre aucune tendance significative depuis 1900, en accord avec Vecchi et al. reconstructions estimées à l’échelle du bassin et avec des séries chronologiques actualisées des ouragans et des ouragans majeurs aux États-Unis. »

 

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Variation naturelle

Ils s’intéressent précisément à l’un des cycles de l’océan Atlantique pour expliquer certaines variations et corrélations avec la courbe des ouragans: l’indice de variabilité multidécennale, qui consiste en des alternances relativement régulières de la pression et de la température de surface (anciennement nommée Oscillation Atlantique Multidécennale, image 6). Elle influence les conditions météorologiques du bassin et de l'Europe.

En conclusion, l’augmentation relative du nombre de tempêtes nommées depuis les années 1980 est probablement due à une meilleure observation des événements et à l’évolution des moyens de mesure. Elle est spectaculaire dès le début de l’observation par satellite, ce qui relativise singulièrement l’interprétation de la courbe (image 5). Du point de vue de l’énergie cyclonique ACE la variation est faible et non significative (image 2).

Les chercheurs n’excluent pas que les aérosols des années 1970 aient pendant un temps contrarié l’influence des gaz à effet de serre, et que leur diminution ait pu ensuite libérer cette influence. Mais cela reste au conditionnel.

Dans une autre recherche mentionnée ici, l’équipe de Johan Nyberg (Geological Survey, Uppsala, Suède) relate la découverte suivante:

« Vers 1730 les ouragans violents étaient très fréquents et leur nombre a progressivement décru à partir des années 1760, expliquent les chercheurs dans la revue Nature publiée aujourd’hui, atteignant un niveau très bas dans les années 1970 et 1980. »

Quelle est donc la norme? Tous nos choix actuels en dépendent. L’enjeu est important: il s’agit de déterminer la variation naturelle du climat dans l’ensemble des données, alors que nous ne disposons que de peu de recul et de moyens de comparaison avec le passé.

 

rechauffement,ouragans,statistique,atlantique,ace,satelliteDouter, résister

Ouragans et températures sont-ils découplés? Les analyses des données sur les ouragans sont parfois contradictoires. Il faudrait peut-être tout revoir en détaillant ces données. Les auteurs que je cite ont en partie fait ce travail, et la relative augmentation des ouragans est compatible avec une variation cyclique et pourrait n’être due qu’à l’amélioration des moyens de mesure.

L’article conclut ainsi:

« … non, nous ne pouvons pas détecter avec confiance une tendance aujourd’hui dans l’activité observée des ouragans dans l’Atlantique en raison du changement climatique d’origine humaine (conduit par les gaz à effet de serre). Une certaine influence humaine peut être présente bien qu’elle soit encore inférieure au seuil de détection fiable. »

Voilà qui réduit la portée du discours alarmiste. Mais le mouvement climatiste s’est mué en une grosse machine de guerre et son tintamarre bouche le ciel. J’essaie de rester indépendant, de vérifier, où que cela me mène, orienté par ma propre expérience qui me conduit à douter nécessairement, et à repenser.

C’est une grosse tâche, je ne sais pas si j’en aurai le temps et les moyens, et je reste ouvert à la possibilité que je fasse fausse route.

Mais je ne crois pas que la Terre soit foutue et que nous allions collapser. Nous ne sommes pas dans un film catastrophe. Les annonces négatives, comme des prophéties, sont très prégnantes, contagieuses, il faut y résister.

 

 

Images extraites de ces articles, clic pour les agrandir.

 

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Catégories : Environnement-Climat, Saga du CO2 1 commentaire

Commentaires

  • Voilà une information qui devrait inciter les médias à prendre plus de précautions, le moindre phénomène météorologique étant, à leurs yeux, la preuve du réchauffement climatique. Ce dernier existe, mais il est déterminé par une augmentation moyenne de la température, augmentation mesurée depuis de nombreuses années. Quant aux ouragans, H.L. vient de montrer que leur nombre n'est pas toujours fiable.

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