Depuis un an les camions vibreurs ont fait leur job. Et le résultat est meilleur qu’attendu: le sous-sol genevois est un bon candidat pour des installations de géothermie. Un aubaine pour le canton.
La géothermie est une idée très simple. Les profondeurs du sous-sol sont chaudes, en particulier en dessous de 500 mètres. On peut utiliser cette chaleur et la faire remonter vers la surface. Là elle peut être utilisée directement pour chauffer des bâtiments ou d’autres activités industrielles, ou indirectement en générant de l’électricité grâce à des turbines.
L’étude du sous-sol réalisée pendant un an à Genève a révélé une ressource plus importante qu’attendue.
« Des camions-vibreurs ainsi que des petits boîtiers oranges posés un peu partout sur le territoire cantonal ont récolté plus de 100 téraoctets de données, soit l’équivalent de 20 millions de chansons au format mp3. Cela a permis de générer des images 3D inédites du sous-sol situé entre 150 et 5000 mètres de profondeur. »
Les Services Industriels de Genève, ou SIG, promettent un apport énergétique important:
« Vers 2026, les SIG devraient passer à la phase d’exploitation de cette géothermie de moyenne profondeur, à travers quatre ou cinq sites. Cela participera à couvrir 30% des besoins en chauffage du canton avec la géothermie d’ci 2050. Cela représente 10 points de pourcentage de plus que ce qui était attendu. »
30 % des besoins en chauffage du canton, c’est énorme. Avec une énergie durable, renouvelable, d’origine locale donc souveraine, mais surtout permanente et aisément pilotable. Pas de panne durant les longs anticyclones d’hiver où les éoliennes sont au chômage technique et les panneaux solaires dans l’ombre du stratus.
En Alsace à Rittershofen, une centrale géothermique est en fonction depuis 2016 et alimente l’activité d’une usine d’amidon.
« Le but est d’exploiter 24 mégawatts de chaleur à partir d’eau très chaude située à 2,5 km de profondeur. Un échangeur de chaleur transmet l’énergie calorifique à une conduite extrêmement bien isolée longue de 15 km, qui alimente l’usine sise à Beinheim. »
La centrale en chiffres:
« Deux forages ont donc été réalisés pour constituer un doublet profond (2 500 m) qui puise l'eau à 170 °C et la réinjecte à 70 °C. Le débit moyen d’exploitation est de 250 m3/h avec une puissance installée de 27 MW et une puissance moyenne utilisateur de 22 MW, pour une production annuelle de 180 GWh et une disponibilité supérieure à 8000 h/an. »
Les recherches préalables ont généré des micro-séismes car la technologie utilise la stimulation hydraulique, pourtant plus douce que la fracturation hydraulique utilisée pour les gaz de schistes. En Suisse des recherches continuent pour atténuer cet inconvénient.
En géothermie la profondeur fait la chaleur. Plus on fore profond et plus l’eau sera chaude. Une société américaine, Quaise Energy (émanation du MIT, le Massachusetts Institute of Technology) affirme pouvoir creuser jusqu’à 20 km. À ces profondeurs les forets traditionnels ne peuvent plus pénétrer dans une roche trop dure.
« La start-up originaire du Massachusetts Institute of Technology (MIT) assure en effet avoir développé un moyen de forage en grande profondeur grâce à un système de forage à ondes millimétriques appelé « gyrotron ». »
Cependant:
« Ce système de forage à ondes millimétriques s’appuie sur une technologie théorisée depuis quelques années, mais qui n’a pas encore été produite à grande échelle. L’idée serait d’utiliser des ondes à haute fréquence pour chauffer la roche et la faire fondre ou la vaporiser à mesure de la descente. »
Si cette technologie fonctionne, la géothermie aura fait un bond dans la place qu’elle occupe dans notre bouquet énergétique.
« Quaise Energy a développé une nouvelle approche radicale du forage ultra-profond ou supercritique. Au lieu de forets qui s’usent ou même fondent, ils forent avec des micro-ondes. »
Appelée géothermie « supercritique » à cause de l’état de l’eau à cette profondeur, cette ressource a de nombreux avantages:
« Par rapport aux autres énergies renouvelables, la géothermie est avantagée du point de vue de l’occupation du sol, des matériaux, des métaux, des minéraux et de la main-d’œuvre. Elle ne nécessite aucun combustible et ne produit aucun déchet. Une fois au point, elle sera rapide à mettre en place, n’importe où sur le globe, par le fait des profondeurs facilement accessibles. »
Il faudra davantage de recul et d’installations pilotes pour évaluer sa place dans l’ensemble des ressources. Mais il se pourrait bien que l’avenir de la civilisation technologique passe par aussi cette énergie propre.
Commentaires
Soyons optimistes, la technologie ne cessera de progresser, et l'homme trouvera la solution au réchauffement climatique dans un bon équilibre entre les découvertes scientifiques et les économies d'énergie.
Adieu et merci pour le voyage.