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Les étreintes salutaires

L’actuelle campagne publicitaire d’Helsana chevauche les bonnes émotions, celles qui font du bien au corps et à l’esprit. Enfin, surtout au corps, ici. Déclinée en une série d’affiches elle incite à se toucher mutuellement, à s'éteindre, à échanger les contacts physiques.

 

helsana-02.jpgC’est bon pour la santé, disent-elles, en reprenant une étude sur les émotions: « Le contact physique détend l’esprit », ou « Embrasser, c’est énergisant ». J’ai mis du temps à trouver à quoi cette compagnie me faisait penser. Quelque chose me parlait. J’ai cherché dans ma mémoire, et j'ai trouvé une piste.

Dans les années 1960-70 une théorie des relations s’était installée à la suite du mouvement libertaire de 1968 et d’une génération en rupture. J'ai déjà eu l'occasion, ici et ici entre autres, de revenir sur ce que la culture libertaire de l'époque avait produit, et de mettre en question certaines croyances que comme beaucoup j'avais développées dans cette ambiance intellectuelle.

L'idée était que les êtres humains ne se touchent pas assez physiquement. Ils ont besoin de se toucher. Un bébé qui grandit sans contact physique ne se développe pas normalement.

Appliquée aux adultes, une certaine permissivité s'était installée. On se prenait dans les bras, parfois longuement, et l'on échangeait des signes considérés comme bienveillants. Poser la main sur une épaule, gratter amicalement un bras ou une main, et donner un bisou comme un père ou une mère le feraient. C’était un geste plutôt inclusif.

helsana-04.jpgCette tendance s'est beaucoup développée dans les milieux liés au divertissement et au spectacle. Par exemple l’animateur Nagui en est friand. Il touche beaucoup, amicalement, et il n’est pas le seul. Dans certaines émissions de divertissement il n’est pas rare de voir des invités s’embrasser à l’improviste, parfois sur les lèvres. 

Daphnée Burki, co-animatrice de Culture Box, ne manque jamais d’envoyer un baiser de la main à ses téléspectateurs et de les assurer avec affect qu’elle les aime.

Une telle pratique suppose que tout le monde la connaît, la comprend, et l’accepte. Sans quoi, bonjour les malentendus, même si cela reste en principe plutôt chaste. Cela peut être perçu comme intrusif plus qu’inclusif.

À l'époque il était normal et de bon ton de se rapprocher les uns des autres, de donner des signes que l'autre n'est pas un simple objet mais une personne à laquelle on offre un petit supplément d'attention et de gentillesse.

Pour ma part j'étais sensible à cette théorie. Cependant, il n'est pas anodin de se toucher, et aujourd'hui, par les temps qui courent, il vaut mieux garder ses distances. Garder ses distances, est devenu plus important pour moi que d’être trop proche. Cela fait partie de ma propre évolution. Et je trouve que c'est une bonne chose.

 

 

Catégories : Philosophie, société 1 commentaire

Commentaires

  • Par les temps qui courent, il faut surtout se méfier d'une interprétation erronée de cette proximité. Depuis longtemps, les Hommes, en Amérique, sont tenus de garder leurs distances avec leurs collègues femmes, sous peine de sanction devant les tribunaux. Aujourd'hui, l'Europe connaît les mêmes suspicions d'agression sexuelle dans une atmosphère entretenue par les féministes. Un signe d'affection deviendra un baiser volé sans autorisation. Triste époque !

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