Les Verts et les caisses automatiques.

Suis tombé sur Facebook sur une litanie de plaintes et de reproches contre les systèmes de caisses automatiques mises en place par de plus en plus de supermarchés. Tous les intervenants regrettent le temps d’avant.

Progrès

Quel curieux débat!

Daté du 9 janvier cette publication montre un cortège d’âmes en peine grattant leurs plaies. Ce thème ne sert-il qu’à alimenter une mauvaise humeur réactionnaire?

Perso j’aime bien parler avec les caissières (plus qu’avec les caissiers) mais j’aime aussi les caisses autonomes que je prends régulièrement, sans état d’âme. Ça ne me dérange pas et souvent je gagne un peu de temps. Cela ne consomme pas plus que les caisses des caissières. Et je peux aussi parler un peu avec la personne qui surveille le coin.

La perte d’emplois à cause de l’automatisation est mise en avant par nombre de détracteurs. Faut-il maintenir tous les emplois par principe? Si oui, à quand faut-il revenir? Aux années 1900? 1800? Voyons cela.

Par exemple par quoi a-t-on remplacé les milliers de travailleurs agricoles d’antan? Par des tracteurs. Je cite et commente quelques remarques lues sur cette page Facebook d’un élu Vert genevois.

« Faut aussi se rendre compte que cela n’apporte rien au consommateur, contrairement par exemple, quoi qu’on en pense sur le fond, aux courses en ligne. »

Ces caisses n’apportent-elles rien aux consommateurs? C’est un avis, pas une vérité.

« Et quand ça n’apporte rien aux consommateurs, eh bien il est abusif de parler de progrès. »

Bénévole

Si cela apporte à l’entreprise c’est déjà un progrès. La gestion informatisée des stocks a remplacé de nombreux employés, c’est ainsi.

« favoriser les circuits courts »

Oui, pour les quelques produits pour lesquels un tel circuit est faisable. Et en sachant que les circuits courts suppriment de nombreux postes liés aux circuits plus longs.

« en s'affiliant à une épicerie participative ou non et favoriser la vente directe dans votre région, même si de telles solutions ne sont malheureusement ni accessibles, ni abordables pour tout le monde… »

Participative: on devrait donc s’attacher à une forme de commerce qui comporte de nombreuses contraintes pour « être quelqu’un de bien, écoresponsable et tout et tout »?

Au fait c’est quoi une épicerie participative?

« Souvent appelées «participatives», ces épiceries sont organisées sous la forme juridique d’une coopérative, dans laquelle les coopérateurs et coopératrices s’engagent à travailler quelques heures par mois pour assurer le fonctionnement de l’épicerie. Ce travail «bénévole» permet de prendre des marges réduites et donc de proposer à la clientèle des prix abordables tout en rémunérant justement les producteurs et productrices. »

Pompon

Donc on ne paie pas moins cher et l’on doit du travail bénévole pour que le système soit viable pour les producteurs. Faudra-t-il aussi donner des heures bénévoles pour tous les autres produits, alimentaires ou non?

Ce système n’est pas pour moi, je laisse cela aux bobos oisifs en quête d’exemplarité morale.

« A ce rythme, il n'y aura bientôt que ce genre de machines, et ce ne sont pas elles qui vont m'aider, si je fais un malaise ou une crise d’épilepsie. »

Là, il faut aux caisses des médecins diplômés…

« et toutes ces femmes peu qualifiées se retrouverons toutes au chômage dans peu de temps. »

Heu, les hommes aussi au cas où… À moins qu’ils ne soient plus malins que les femmes,  et qu’eux ne  trouvent un nouveau job ailleurs… Un commentateur fait remarquer que l’arrivée de l’eau courante à Paris a fait perdre leur emploi aux 30’000 porteurs d’eau. Fallait-il renoncer à l’eau courante?

« Même les vieux vont à ces caisses... c’est cool de cree du chômage. Bravo les frustré »

Là on frise le code, l’insulte au « mauvais consommateur ». On ose tout chez les Verts.

« Ce que je trouve humiliant par dessus tout, c’est que dans notre beau pays, on est présumé coupable, voleur, menteur, abuseur et j’en passe… La présomption d’honnêteté n’existe pas… »

Ça c’est le pompon. Le vol existe, le contrôle des sacs ne me dérange pas. Je me suis déjà fait contrôler et non, ce ne fut pas un traumatisme!

Bref, ces caisses, je n’y gagne pas forcément du temps mais mon goût pour l’autonomie personnelle y trouve son compte.

Conservatrice

Au fait: ne mélange-t-on pas un peu les attentes ici, comme dans les fleurons de débats populistes? Je ne parle même pas du dénigrement des boulots à la con comme ils disent. Les Verts n’occupent visiblement pas ces jobs de caissier ou caissière – ces jobs de cons. Ne devrait-on pas valoriser le travail plus que de le salir? Je connais pourtant des caissières heureuses.

Le passé ancien c’était une myriade de petits commerces où l’on faisait de longues queues pour être servi. De commerce en commerce on finissait parfois par avoir tout ce dont on avait besoin.

J’ai l’impression, à lire toutes ces interventions  (il y en a trop pour les détailler toutes), d’une chorale de pleureurs et pleureuses qui ne trouvent rien de mieux que de dire: « C’était mieux avant ». Dans cet esprit en effet on ne peut y voir le progrès, et bien sûr c’est biaisé car on sait déjà ce qui est bien: l’ancien, sans même avoir correctement analysé le moderne.

Je sais bien que l’écologie est profondément, fondamentalement, conservatrice et que c’est plutôt bien. Mais là, moi qui suis pourtant plutôt conservateur sur certains sujets, je ne m’y retrouve pas. J’ai rencontré plus passéiste que moi! Et j’ai lu ici les positions les plus ringardes.

Au fait, dois-je penser que les clients qui utilisent ces caisses automatiques sont des ploucs? À lire les propos des Verts on le dirait. Moi je ne suis pas assez passéiste et parano pour penser cela.

Précédente note: Pantin Pantine, la féminisation poussée à l’absurde.