Voie verte et abattage d’arbres.
L’on vient de réaliser, mais un peu tard, que la suite de la construction de la Voie verte à Carouge imposait d’abattre des dizaines d’arbres. On le sait, cet axe pour les piétons et les cyclistes est prévu pour traverser tout le canton latitudinalement.
La partie du tracé déjà en service est très fréquentée. La création de cet axe est une réussite au chapitre de la mobilité dite douce. Il a quelques défauts, comme la bande médiane qui sépare les vélos des piétons: une bande de caillasse pointue et stressante.
Un autre matériaux pour dissuader les cyclistes de rouler sur la partie piétonne devrait être trouvé. La largeur a été conçue pour modérer la vitesse des deux-roues. Soit tout le monde ralentit et, aux heures de pointe, personne ne peut plus dépasser. Soit certains forcent et font monter la tension.
Soit encore on élargit la bande roulante pour absorber plus de vélos en même temps, en laissant la vitesse jouer son rôle: permettre de remplacer l’auto pour le temps de déplacement professionnel. Une autre solution avait été évoquée puis abandonnée: limiter la vitesse à 20 kmh, puis à 10 kmh.
À cette vitesse la Voie verte ne devient qu’un lieu de ballade du dimanche. Or il faut rendre le vélo compétitif quand c’est possible.
Un ou une cycliste doit déjà rouler par tous les temps, sec ou humide, froid ou chaud, et tenir compte des autres cyclistes présents.
Si en plus on impose 10 kmh cela n’a plus autant d’intérêt. Et si l’objectif est de renforcer la part du vélo dans les déplacements urbains et péri-urbain, il faut s’en donner les moyens.
Il semble que le paramètre de la vitesse n’ait pas été considéré à sa juste importance.
Maintenant les travaux se sont déplacés. La suite de la Voie verte passe par Carouge, comme l’illustre le plan édité par le site officiel genevois ge.ch en 2017. Et son tracé a été conçu en condamnant plusieurs dizaines d’arbres.
Dans un éditorial du 27 janvier la Tribune de Genève constate ce paradoxe et le regrette: à l’heure de la lutte contre le réchauffement, dans laquelle les arbres sont si importants, l’abattage de ces arbres adultes et bien implantés passe maintenant pour un non-sens, voire un sacrilège pour employer le langage religieux écologiste.
« C’est regrettable, sachant qu’en termes d’absorption de CO₂ ou d’ombre produite, un arbre «préservé» vaudra toujours mieux que toute compensation, fût-elle d’«un arbre abattu pour trois replantés. »
Allons, il faut voir plus loin. Plus de vélos c’est moins de voitures, donc moins de gaz, de pollution, d’embouteillages, etc. Ces arbres à abattre retiennent une certaine quantité de CO2. Les nouveaux arbres ne les remplaceront pas immédiatement, mais laissez leur trente ou cinquante ans.
Bien sûr, abattre des arbres dans le but de préserver l’environnement peut paraître paradoxal. Mais c’est un paradoxe nécessaire.
Selon l’édito un autre tracé pouvait être choisi, un tracé qui aurait comporté des points chauds:
« Passer par le pont de la Fontenette pour rejoindre la piste cyclable existante? Les arbres auraient été préservés, mais les vélos auraient dû retraverser l’Arve plus en aval, au prix de dangereux croisements de routes. »
Évitons de faire de l’écologisme. Évitons de mettre en place une chape de plomb inhibant tout projet de nouvel aménagement. Il faudra parfois abattre des arbres, parfois en replanter. Si l’approche écologique est profondément conservatrice, elle ne devrait pas glisser dans l’immobilisme.
Je crains hélas que mon espoir ne reste qu’un vœu pieu. L’écologisme est en train de gagner. Il suffit de lire, dans cet édito de la Tribune, les termes « dérèglement climatique » et: « notre maison brûle depuis des décennies et nous avons tous regardé ailleurs. »
Rien ne démontre que le réchauffement actuel des températures de la Terre soit un dérèglement plus qu’une variation. Ou alors le climat se dérègle en permanence depuis des millénaires, vers le froid comme vers le chaud.
Je comprends bien l’intérêt de ce mot dérèglement pour alimenter l’angoisse qui domine les débats sur ce sujet. Changement (variation serait plus juste) ne fait plus assez peur. Mais je crains que les mots au superlatif ne préparent la venue d’une ère de coercition morale.
Pour moi qui me penche de près sur la question depuis des années, ce langage exprime surtout l’absence de réflexion et d’éléments contradictoires chez ceux et celles qui l’utilisent. Mais il n’informe pas sur une situation climatique non démontrée.
Je note que la Tribune de Genève glisse peu à peu dans les dérives langagières actuelles. Outre les deux exemples ci-dessus, je lis en page « Offrir des articles » la phrase suivante:
« Cette nouvelle fonctionnalité est disponible pour nos fidèles abonné.e.s sur chaque article. »
Angoisse climatiste, féminisation barbare par le point dit médian: la TdG endosse peu à peu le discours dominant sans autre forme de procès.
L’image 2 est extraite du site d’Urbaplan, société mandatée en 2001 pour étudier d’autres tracés du CEVA et envisager la réalisation de la Voie verte franco-genevoise.
Commentaires
"Allons, il faut voir plus loin" comme vous l'écrivez, il ne s'agit pas là de déshabiller Paul pour habiller Jacques.
Mais bien de débattre.
Bon après-midi.
J'aime bien l'expression! Surtout par temps de bise glaciale...
:-)
Ce genre de situation pourrait bien se renouveler à l'avenir. Gros orage de paradoxes en vue.
Bonne soirée.
Oui, vous avez raison. J'ajouterai que, depuis mon enfance, j'ai toujours abondamment pédalé dans le canton, et toujours sur les routes, à droite de la chaussée. Je n'ai jamais eu le moindre problème! Les vélos doivent utiliser les routes, c'est aussi une manière de limiter le trafic automobile! Et abattre des dizaines d'arbres pour une piste cyclable, c'est juste un scandale!
Par ailleurs, votre Temps présent n'était pas encore visible sur le site web de la RTS, mais je guette!
Enfin, mon dernier poème a été privé de fil auhourd'hui! Je peine à comprendre pourquoi. Bien à vous!
J'ai regardé le premier volet du Temps Présent. J'attends de voir le deuxième pour me faire une opinion définitive. Je dirai, à ce stade, que cette émission est très intéressante pour ce qu'elle dévoile de notre société. Et j'ai bien apprécié votre prestation! Bien à vous!
à hommelibre, j'aime aussi l'expression "un mal pour un bien".
Un peu beaucoup votre sujet non ?
ça roule, Merci!
Dérèglement ou variation ? Il semblerait que les variations climatiques sont naturelles et se mettent lentement en place. Le dérèglement s'installerait plus rapidement en bousculant les cycles réchauffement-refroidissement. Cette évolution vers un accroissement de la température moyenne dans le Monde serait relativement récente et accompagnerait le développement de l'industrie, du charbon et du pétrole comme source d'énergie. Le réchauffement serait donc lié en partie aux activités humaines qui agiraient sur le climat. C'est sans doute la raison de l'emploi du mot "dérèglement".