Durable, pas durable.
Vous avez peut-être remarqué qu’aujourd’hui on veut se montrer gentil, bienveillant, altruiste. À la télé des gagnants aux divers jeux annoncent vouloir aider leur famille, d’autre des assos caritatives, etc.
Qu’ils le fassent me paraît normal, bien que ce ne soit pas obligé. Mais qu’ils le fassent discrètement. À qui veulent-ils montrer combien ils sont de bonnes et belles personnes? Et pour quelle raison prendre à témoin des téléspectateurs qui n’ont rien demandé et que l’on ne connaît pas?
Je ne crois pas aux grands élans spectaculaires. Paroles, paroles. Dans les actes chacun retrouve en général ses réflexes égoïstes naturels. L’altruisme n’est pas une position durable. Elle ne s’applique que pour un moment donné. Pour le reste chacun doit prendre soin de soi.
Sans compter qu’en se montrant sous un jour idéal, en délivrant une parole attendue par un public à faible niveau d’exigence (fini le temps des provocations de Gainsbourg) on construit sa propre prison. Prisonnier d’une image qui n’est pas vous dans sa totalité, vous ne saurez plus quoi faire de vos contradictions. Dorénavant chacun scrutera votre moindre faille.
Ne soyons pas trop parfait, le travail sur soi est un long chemin qui emprunte les sentiers de l’humilité. Certaines choses ne devraient pas être ainsi exposées. Une parole attendue parce qu’on nous regarde, ne fait pas l’Homme Bienveillant.
Les entreprises aussi se sont attelées à faire briller leur image. L’environnement est parfait pour cela. De plus en plus nombreuses elles affirment leur engagement pour la planète, sans que l’on puisse vraiment vérifier ce qui est fait.
D’autres valorisent ce qu’elles ont toujours fait sans le dire. Par exemple diminuer la consommation d’essence – ce qui est une priorité de beaucoup de constructeurs depuis des décennies.
Les pubs instrumentalisent à fond les enfants, qui sont mis dans des situation fictives où ils font la leçon aux adultes ou explosent dans la certitude de leur toute-puissance de sauveurs. Ou bien ils servent à nous rassurer: « Pour l’avenir de nos enfants ». Comme si les affamés du XIXe siècle pensaient à l’avenir de leurs enfants. La gonflette psychologique trouve dans l’écologie un nouveau terrain de jeu.
Durable, à l’échelle du psychisme humain, c’est quelques années en arrière et quelques années devant. Même pas une génération. Enfin, sauf nos arrière-arrière-grands-parents qui achetaient des meubles durables pour les transmettre aux générations suivantes.
Ce n’était pas de l’Ikea. C’était souvent sombre, massif, lourd, encombrant, comme ces commodes au pied du lit, ou la table assez grande pour accueillir une troupe.
Je ne dirai pas de mal d’Ikea. Ses étagères Billy m’accompagnent depuis peut-être 40 ans. Ce n’est pas du bois noble, dur et solide comme le roc, mais c’est facile à déplacer.
Durable encore, du moins l’espéraient ses fondateurs, la start-up (autrefois on disait en français La jeune entreprise) Britishvolt n’a pas survécu. Cette entreprise avait pour objectif l’électrisation de la Grande-Bretagne.
« Britishvolt disait vouloir œuvrer pour le bien des acteurs partie prenante et des « communautés locales », voire pour « l’avenir de l’humanité » tout entière… Toutes les activités de la start-up se trouvaient ainsi être en permanence évaluées au regard des critères de RSE. »
La RSE est la Responsabilité Sociale de l’Entreprise. Dans son élan d’idéal l’entreprise voulait même rendre propre et durable toute la filière. Le site de l’entreprise ajoute:
« Notre mission est d’accélérer l’électrification de la société. Nous fournirons des batteries durables à faible émission de carbone sur la feuille de route de la décarbonation. »
Mission? Cela sent la religion. Je ne partage pas cette mode de faire des entreprises morales. Mais voilà, deux ans après sa création l’entreprise est en faillite:
« Faute d’argent et de clients, Britishvolt a dû déposer le bilan mardi. »
Elle n’a pas su motiver les investisseurs. C’est même un cas d’école d’une planification ratée.
« Sur un coût total du projet de 3,8 milliards de livres, Britishvolt n’avait levé jusqu’ici que 200 millions. (…) La start-up visait une production annuelle de plus de 300.000 batteries de véhicules électriques et l’embauche directe de 3.000 personnes. »
L’Europe peine à mettre en oeuvre une politique commune pour la production de batteries. Chine et États-Unis tirent les marrons du feu. Les voitures électriques chinoises, au coût modéré, peuvent-elle à terme annuler les grandes marques françaises ou allemandes?
Est-ce la fin de l’industrie automobile européenne? Le moteur électrique est plus simple que le thermique. La motorisation électrique n’apporte que très peu de valeur ajoutée par rapport au thermique, qui est une mine d’or des constructeurs. Il génère une impressionnante liste d’innovations technologiques audacieuses et rentables.
En Allemagne le gouvernement vient d’abaisser ou de supprimer les aides à l’achat de véhicules électriques ou hybrides. Résultat:
« … les ventes de véhicules entièrement électriques (VE) ont chuté de 13,2 % en janvier 2023 par rapport à janvier 2022 et celles de véhicules hybrides, de 6,2 %. Parallèlement, on note une augmentation de 3,5 % des ventes de voitures neuves à essence et une légère baisse de 1,2 % pour le diesel. »
L’Allemagne est un pays qui a pris des mauvaises décisions, comme de renoncer au nucléaire. Les pépites de charbon y roulent à flots comme un champagne pétrifié. Et le gaz de schiste américain y remplace le gaz naturel russe.
L’oncle Sam est ravi: il tient une partie des ressources énergétiques européennes et vassalise le vieux continent en prenant la première place dans l’envoi de matériel militaire en Ukraine.
Deux pays protectionnistes, Chine et USA, réussissent mieux que le monde ouvert d’Europe (non-protectionniste). Je ne sais s’il y a un lien, c’est juste un constat.
Commentaires
Hola John,
J'ajouterais, parce que c'est vital, les semences. Monsanto, avec ses produits et semences non fertiles a poussé à la ruine - même au suicide- des milliers de paysans.
Alors, s'il y a une chose qui doit absolument être durable, c'est la pain quotidien, c'est donc garder et resemer ses propres réserves.
Je sais, je reviens toujours à la terre, chacun ses intérêts et dadas, non ?
Hasta pronto.
Hola Colette,
Je ne vous reprocherai pas d'évoquer la terre, si importante. Je fonctionne parfois avec le sens symbolique des 4 éléments, et celui-ci est fondamental.
Et, oui, les graines, l'autonomie alimentaire autant que possible.
Autrement, je ne suis pas sûr que Monsanto soit le diable. Je dois creuser plus loin. L'idée de produire des graines résistantes à certaines maladies est ancienne, Monsanto continue une longue filière. Ce qui me dérange est justement la perte de souveraineté alimentaire. Mais la possibilité de semer des graines plus résistantes est attirante. Cela dépend aussi des produits et méthodes que l'on utilise.
Bonne soirée, merci de votre visite.
Il vaut mieux dépendre de l'oncle Sam que du maître chanteur du Kremlin.
En effet, l'Europe démocratique est proche parente de nos cousins américains, mais de plus en plus éloignée des despotes soumettant le monde russe.